Gauche Et Droite En Politique

Gauche Et Droite En Politique

Gauche et droite en politique

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Les notions de droite et de gauche renvoient à une opposition en politique qui, depuis la France de 1789 s'est étendue dans une grande partie des systèmes politiques d'assemblée. L'évolution et les nuances de cette bipolarisation opposent globalement :

- la défense d'un ordre efficace respectant l'autorité des élites (droite)

- la revendication d'un progrès juste structurant l'organisation égalitaire de la cité (gauche)

Les notions de droite et de gauche étant détaillées séparément, cet article vise à en effectuer un positionnement relatif (voir Le Cru et le cuit).


Sommaire

Origines et extension du clivage

L'origine historique de ce clivage se trouve dans un vote ayant eu lieu en France à l’assemblée nationale d'août-septembre 1789. Lors d'un débat sur le poids de l'autorité royale face au pouvoir de l'assemblée populaire dans la future constitution, les députés partisans du veto royal (majoritairement ceux de l'aristocratie et du clergé) se regroupèrent à droite du président (position liée à l'habitude des places d'honneurs). Au contraire, les opposants à ce veto se rassemblèrent à gauche sous l’étiquette de «patriotes» (majoritairement le Tiers état).

Après la Révolution, cette opposition s'est instituée dans la culture politique des systèmes d'assemblées, même si d'autres comme groupes antagonistes émergèrent, tels les «montagnards» proches des tribunes du peuple, et la «plaine». Au XIXème siècle, elle s'est étendue à l'Europe et, en 1830, à l'Amérique du Sud sous l'influence révolutionnaire, puis durant les XIXe et XXe siècles, aux pays décolonisés.

La culture politique britannique et américaine fut également influencée.

La cohérence des choix collectifs se retrouve assez largement, même si, on considère parfois l'opposition systématique des valeurs de droite et de gauche comme un peu caricaturales. À l'origine de nombreux conflits politiques, bipolarisation peut s’ordonner, mutatis mutandis, sur un axe principal qu'on retrouve, par exemple, aujourd'hui, dans les cas suivants:

D'un point de vue de la théorie des sciences politiques, la bipolarisation semble être le système permettant la meilleure cohérence: on ne dispose pour le moment que d’hypothèses. L’une d’entre elles a trait au paradoxe de Condorcet et au théorème d'impossibilité d'Arrow, qui aboutissent aux conclusions suivantes :

  • Les systèmes de votes simples à dépouiller ne garantissent pas une cohérence des choix d’une assemblée. En particulier, ils peuvent conduire dans certains cas spécifiques à préférer A à B en l’absence de C, B à C en l’absence de A, et C à A en l’absence de B (circularité), ce qui indique un comportement incohérent. Il s’agit d’un inconvénient qui n'est pas inhérent à la démocratie, comme Condorcet l'indique, mais au contraire à ces systèmes de vote. Le système de Hare propose une solution qui fut utilisée à plusieurs reprises au cours du XXe siècle.

On distingue, traditionnellement, la gauche et la droite des extrêmes. Les centre droit et centre gauche ont pu parfois faire alliance: pour les extrémistes l'usage de la force pour évincer définitivement le système adverse du pouvoir est préférable au compromis avec l'adversaire. D'un point de vue politique et social, le mouvement ouvrier s'est positionné à l'extrême gauche dans la tradition révolutionnaire et marxiste . L'histoire de l'extrême droite est marquée par l'évolution de ses courants qui vont de la défense d'un absolutisme monarchique de droit divin à un totalitarisme nationaliste à fondement racial.

En France

Articulation du clivage

Par la nature relative de cet axe, créé par l'évolution des sociétés et donc des regards portés sur celles-ci, sa signification change au cours du temps. L'électorat démocratique lui même peut choisir de rééquilibrer par une alternance.


  • Le thème du retour à la terre cher à Philippe Pétain (donc de droite) a été quelque temps l’une des composantes du mouvement écologiste (surtout dans les années 1970).
  • La colonisation a été, vers 1870, prônée par une partie de la gauche (Victor Hugo, ou du centre Jules Ferry contre le radical Clemenceau puis contre Jaures…) au nom du devoir d’aide aux populations, et combattue par une partie de la droite (en particulier Adolphe Thiers) au nom du détournement de capitaux dont la métropole avait besoin pour se développer. En 1960, les positions s’étaient inversées.
  • Plus fondamentalement

En dépit de l'ouvrage classique de René Rémond, Les Droites en France (1954), le concept reste à géométrie très variable au cours du temps. Depuis les années 1980, gauche et droite semblent se définir en France par consensus sur la devise nationale : la droite mettrait l’accent sur la liberté à qui elle donne priorité sur l’égalité, et la gauche donnerait priorité à l'égalité sur la liberté. Ce positionnement présente au moins le mérite de rappeler que ce qui unit ces mouvements est bien plus grand que ce qui les sépare. Il ne s’agit pas contrairement à la vision de Sartre dans les années 1950 d’un combat du bien contre le mal, mais bien selon l’expression de Norman Spinrad d’une opposition dans le cadre démocratique entre deux visions différentes et partiellement incompatibles du bien.

Rappelons d’ailleurs, qu’en 1914, la notion d’impôt sur le revenu était considérée comme de gauche et celle d’impôt sur le capital comme d’extrême-gauche. En 2004, la contestation de ces deux impôts est devenue plus que marginale sur le principe, les conflits portant davantage sur les taux à adopter. Deux autres impôts ont été créés depuis (TVA et CSG)qui n’étaient réclamés en 1914 ni par la droite, ni par la gauche, puisque la sécurité sociale a été créée en 1945. Pour cette raison, aucune maison n’est vraiment propriétaire de son électorat, qui ne se gêne pas d’ailleurs pour le lui faire savoir.

Toutefois en dépit de positionnements sur des sujets particuliers qui peuvent être appropriés par un côté ou l'autre, le clivage droite/gauche, est avant tout fondé sur l'opposition conservatisme/progressisme, le conservatisme étant fondé, lui, sur la conservation des hiérarchies économiques et sociales au nom des valeurs "transcendantales" (pour la droite religieuse, l'ordre divin moral et, pour la droite libérale, la loi du marché).

Le progressisme a pour but l'égalité sociale et économique des citoyens et leur émancipation des règles traditionnelles, en favorisant la transformation de la société par l'évolution des lois adaptées par et pour les citoyens.

C'est ainsi qu'au cours de l'histoire de la France, les libéraux se sont décalés vers la droite. Au moment de la révolution, les libéraux étaient à gauche de l'échiquier et ont participé aux transformations de la société française de l'ancien régime en participant à la rédaction des constitutions et des lois.

Cependant, avec l'évolution de la société, les inégalités n'étaient plus dues à des privilèges de rang, mais à une propriété économique favorisée par le libéralisme économique. Ainsi, au cours du XIXe siècle, la défense du libéralisme économique s'est-elle rapprochée de la défense des inégalités en faveur d'un patronat capitaliste triomphant au nom de la loi du marché et des libertés économiques.

Dans le même mouvement, la gauche s'est transformée en mouvement d'opposition au libéralisme économique et à la loi "transcendantale" du marché, en faisant la promotion de lois régulant l'économie (Théorie Keynésienne) pour favoriser l'égalité économique et sociale.

Dans l'ensemble, on peut noter un basculement des partis de la gauche vers la droite au fur à mesure des conquêtes sociales. Ainsi on peut prendre l'exemple du Parti radical : à l'extrême gauche au début de la troisième République, il passe progressivement au centre-gauche sous la quatrième, pour terminer aujourd'hui à droite (il soutient l'UMP).
Inversement, lors des retours en arrière, on constate un retour vers la gauche des partis qui étaient passés à droite. On peut citer l'exemple des républicains modérés (ou girondins) : classés à droite dans la république ultra-progressiste de 1792-1794, ils passent au centre au moment du directoire (arbitrant le conflit entre jacobins et monarchistes), puis à gauche au moment de la restauration de la monarchie.

Positionnement

Droite et gauche possèdent chacune quelques figures de proue.

La droite, malgré toutes ses diversités, ne désavouerait pas des personnages historiques comme Caton l'Ancien, Chateaubriant, Adolphe Thiers, Raymond Poincaré, Paul Reynaud. La gauche se reconnaîtrait davantage dans les Gracques, Rosa Luxemburg ou Jean Jaurès.

Dans l’ensemble, il s’agit bien d’un positionnement relatif, leurs électeurs respectifs se réclamant rarement de faire pencher le bateau dans un sens ou dans l’autre, mais plutôt de le remettre droit. On serait ainsi très embarrassé aujourd’hui, pour classer des hommes politiques comme Abraham Lincoln à droite ou à gauche. Républicain, par son souci de l'unité du pays, libéral par son antiesclavagisme, il s'opposait pourtant aux démocrates (à l'époque ceux du Sud étaient favorables à un esclavagisme lié à leur système communautaire) ce qui fait que des agitateurs d'idées, comme Michael Moore (« gauche »), se réclament de ses idées aujourd'hui (2005)… contre les actuels Républicains.

De la même façon, par son évolution personnelle comme par celle des enjeux entre 1865 et 1920, Georges Clemenceau, considéré comme d’extrême gauche en son temps, serait, par ses propos sans illusions sur la démocratie et son comportement (feu ouvert à plusieurs reprises sur des manifestants), vu comme d'extrême droite aujourd’hui.

Filiation du clivage

Deux théories s'opposent pour établir la filiation du clivage droite-gauche :

  • la théorie de l'idéologie. Selon cette théorie, l'idéologie prime sur le positionnement au sein du clivage droite-gauche. Ainsi, un libéral du XIXe siècle (positionné à gauche) aurait pour héritier au XXe siècle un libéral (même si positionné à droite).
  • la théorie relative. Selon cette théorie, le positionnement au sein du clivage droite-gauche l'emporte sur l'idéologie. Ainsi, un libéral du XIXe siècle (positionné à gauche) aurait pour héritier au XXe siècle un socialiste (car également positionné à gauche).

Tableaux et filiations historiques des gauches et des droites

(sur les sites de Dominique Chathuant, professeur d’histoire-géographie)

Notes et références


Voir aussi

Bibliographie

Articles connexes

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