Ghost in the shell (film)

Ghost in the shell (film)

Ghost in the Shell (film)

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Ghost in the Shell est un film d'animation de Mamoru Oshii sorti en 1995.

Sommaire

Synopsis

L'histoire se déroule dans un monde futuriste cyberpunk et nous fait suivre les aventures de Motoko Kusanagi, dite « major », et Batou, deux cyborgs appartenant à une unité spéciale du gouvernement (la section 9, anti-terroriste) qui essaient de capturer le pirate informatique le plus dangereux et insaisissable au monde, connu seulement sous le pseudonyme de Puppet master (« le marionnettiste »).

Cette traque se fait sur un fond de guerre des services avec la section 6, qui s'intéresse elle aussi au Puppet master dans le cadre d'un projet mystérieux, le « projet 2501 ».

Thèmes abordés

Plusieurs thèmes classiques de la science-fiction sont abordés, tel que les rapports entre les hommes dans une société robotisée, mais le thème principal, évoqué tout au long des œuvres de Mamoru Oshii, est le suivant : qu'est-ce qu'être humain ? Une liste non exhaustive des questions à portée philosophique que pose l'auteur peut être :

  • Qu'est-ce qui distingue l'être humain d'un robot pensant ayant conscience de son existence ?
  • Qu'est-ce qui fait la spécificité de la pensée humaine ?

Ces questions sont abordées, entre autres, avec le personnage de Kusanagi qui vit grâce à un corps artificiel depuis sa petite enfance, ce qui l'amène parfois à douter de son humanité.

Commentaire

Outre l'élagage des nombreuses digressions du manga, le film a aussi supprimé la partie mecha (armures mécanisées).

Le film est surtout axé sur la psychologie du major Motoko Kusanagi, et surtout sur l'angoisse métaphysique qu'elle ressent d'occuper un corps qui ne lui appartient pas mais est une création artificielle. Le film comporte plusieurs scènes de « renaissance », la sortie de l'eau étant une métaphore de l'accouchement.

Une des scènes centrales est une scène magnifique qui est une métaphore des interrogations de Motoko où l'on peut la voir naviguer sur des canaux, sur fond d'une musique aux accents zen. Cette scène est forte en symboles, puisque l'on a un échange de regard entre le Major et une femme assise à un bar lui ressemblant étrangement (on voit la femme par les yeux du Major, puis le Major par les yeux de la femme), le reflet du Major qui se superpose à un mannequin dans une vitrine, enfin la caméra s'évade pour s'arrêter sur des mannequins en plastique sans bras ni jambes dans une vitrine d'un magasin au moment de l'extinction des feux.

On voit à deux reprises un basset (sur la photographie d'un des humains piratés et sur une passerelle dans la scène centrale) ; l'image du basset sera reprise dans Avalon ainsi que dans Innocence : Ghost in the Shell 2. Dans ces trois films, le basset est associé à des personnages célibataires ; il est peut-être le symbole de la solitude urbaine. C'est aussi une lubie d'Oshii qui, de son propre aveu, adore les chiens (il possède lui-même un basset).

Les frères Wachowski se sont inspirés de ce film pour plusieurs scènes de Matrix.

Analyse détaillée de l'œuvre

Présentation

Dans un futur proche, les réseaux informatiques ont colonisé chaque parcelle de la société humaine. Le major Motoko Kusanagi, une femme cyborg à la pointe de la technologie appartient à une unité d'élite de la police japonaise, la section 9 ; cette dernière est à la recherche d'un pirate informatique surdoué qui se fait appeler le Puppet Master. Capable de pénétrer le ghost (autrement dit, l'âme) d'individus humains pour mieux les manipuler, il est vite devenu l'ennemi public numéro 1.

La toile de fond scénaristique, une intrigue politico-policière mêlée à une guerre entre ministères aux intérêts différents n'est finalement qu'un prétexte; car Ghost in the Shell, propose une vision du monde, de l'existence, de la condition humaine, un postulat de départ qui est : des humanoïdes sans repères, en pleine course technologique, mais à la recherche de leur essence.

La fin d'un monde, la naissance d'un nouveau

Dans Ghost in the Shell, les hommes sont dépassés par leur propre exigence d'efficacité : la planète est devenue réseau, l'acteur s'est fait numérique. On assiste à l'édification d'un nouveau monde sur les ruines de l'ancien : les deux cohabitent encore, mais le darwinisme étant ce qu'il est, l'un devra bientôt s'effacer devant l'autre.

Une opposition revient constamment dans le film, entre une vieille ville en décrépitude, avec ses ruelles sombres et sales, emplies de déchets (une vision très sombre de la ville et pourtant étrangement familière) et la ville tentaculaire, ses gratte-ciel d'une propreté géométrique effrayante peuplés de cyborgs et d'hommes tellement modifiés par leurs implants qu'ils n'ont justement plus rien d'humain.

Cette opposition se retrouve à travers les personnages : les vrais acteurs du système sont les cyborgs, les hommes eux sont représentés comme totalement dépassés par leur environnement. Chétifs, désabusés, presque désincarnés, on les voit errer dans la ville comme des fantômes.

L'abolition des frontières entre humain et machine

Dans Ghost in the Shell, l'entité Puppet Master arrive à pénétrer le ghost d'êtres humains pour les manipuler. Comme en enlevant et remplaçant les fichiers d'un serveur il est capable de changer et de modifier chaque souvenir, chaque parcelle de l'identité d'un humain.

L'homme est devenu un simple terminal de réseau, piratable comme un simple ordinateur. Le film crée et joue sur les barrières entre humain et machine, entre vie et technologie et pourtant les oppose.

Voilà de quoi traite Ghost in the Shell. Fait intéressant: un des seuls personnages rassurant du début du film est un éboueur. Rassurant parce qu'au milieu d'un monde de cyborgs aux capacités augmentées, il respire l'humanité (angoissé, naturel ...). Mais ce n'est en fait qu'un homme au ghost piraté, une marionnette contrôlée par une machine ! C'est une interpellation du spectateur de la part de l'auteur : si une machine peut rendre une marionnette humaine et incarnée à la perfection, que reste-t-il aux hommes ?

Entre deux mondes, Motoko Kusanagi

Motoko Kusanagi, femme cyborg, est l'héroïne dont on assiste à la naissance dans la première scène du film. Un cyborg avec un ghost : sa partie vivante, son âme, l'infinitésimal qui la rattache à l'humanité. Sans doute celle qui la pousse à se poser des questions sur son existence, sur sa venue au monde avec son âme de femme et son corps synthétique.

Motoko est aussi un fantôme (ghost) à sa façon, hantée constamment par ces questions : est-ce que la conscience détermine l'appellation de vie ? D'où viennent ses souvenirs, sa personnalité ? Qu'est ce qui est intrinsèque à l'humanité, au-delà de la conscience d'exister ? On retrouve là la problématique soulevée par Philip K. Dick, puis par Ridley Scott, dans Blade Runner.

« Gueule de bois métaphysique »

(citation de Robert Escarpit[1])

La vision de la ville délabrée, sombre et comme peuplée de fantômes, laisse comme une impression de désespoir latent. Une lumière étrange baigne les décors et les personnages : une lumière irréelle, comme celle qui inonde les rêves ; elle donne un cachet diaphane, évanescent, à tout ce qu'elle touche.

La musique, une association de chœurs traditionnels japonais et de percussions, provoque un certain effet poétique et une sorte de lenteur.

Mais le réveil est parfois difficile : les scènes d'action pures et dures sont rares mais frappantes. La violence ne se cache pas dans Ghost in the Shell: l'automutilation de Motoko dans la dernière scène de combat du film est très pénible à soutenir. Sans doute nécessaire pour comprendre la psychologie d'un cyborg : un esprit dans un corps étranger, dans une coquille. Le film renvoie son côté inhumain dans la scène de l'automutilation.

Résumé

Bref, Ghost in the Shell est un film visionnaire jouant sur les thèmes, maintes fois repris, de la définition de l'existence et de la frontière entre l'homme et la machine. Mais c'est aussi un film qui n'apporte pas de réponses tranchées et qui force la réflexion.

Fiche technique

Distribution vocale

 

Version originale

Version française

Références

  1. Lettre ouverte à Dieu de Robert Escarpit, Albin Michel, 1966.

Voir aussi

Liens internes

Liens externes

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