Grande Armee (Premier Empire)

Grande Armee (Premier Empire)

Grande Armée (Premier Empire)

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Grande Armée
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Période 1805 – 1815
Pays France
Allégeance Drapeau de l'Empire français Empire français
Taille 2 600 000 personnes
Devise « Valeur et Discipline »
Guerres Guerres napoléoniennes
Commandant historique Napoléon Ier

La Grande Armée était le surnom donné à l'armée impériale de Napoléon Ier entre 1805 et 1807 puis entre 1811 et 1814 et enfin pendant l'épisode des Cents-Jours en 1815. En réalité, il y eut deux « Grandes Armées » distinctes sous le Premier Empire.

Sommaire

Première Grande Armée

La Première Grande Armée fut créée au Camp de Boulogne-sur-Mer le 29 août 1805. Elle succéda à l’Armée des côtes de l'Océan.

Elle comportait au départ sept corps d'armée (les fameux « sept torrents » commandés par les maréchaux Bernadotte, Davout, Soult, Lannes, Ney et Augereau et par le général Marmont) qui s'illustrèrent lors des campagnes de 1805, 1806 et 1807 (ils sont rejoints le 1er octobre 1806 par le 8e corps sous Mortier et le 9e - composé des alliés bavarois, badois et wurtembourgeois de la France - sous le prince Jérôme Bonaparte, en 1807 par le 10e corps sous Lefebvre).

La Grande Armée est dissoute à l'entrevue d'Erfurt entre Napoléon et le Tsar, du 27 septembre au 12 octobre 1808.

Deuxième Grande Armée

La deuxième Grande Armée fut créée officieusement à la fin de l'année 1811 (note de Berthier) en préambule à la campagne de Russie.

Sa composition est toutefois beaucoup moins homogène que la « Première » avec notamment l'intégration de très larges contingents étrangers (notamment autrichiens, prussiens, polonais, italiens, bataves, belges, suisses, etc.) et le recours de plus en plus régulier à la conscription pour compenser les pertes françaises.

En 1813-1814, on assiste ainsi au gonflement considérable des effectifs de la Garde (environ 50 000 hommes en 1812, 90 000 en 1813, 110 000 en 1814). Cette inflation s'explique par la création, à côté des unités mises sur pied dans l'infanterie de ligne ou légère par l'incorporation des Marie-Louise, les jeunes conscrits qui combattent aux côtés des vieux grognards, de nouveaux régiments, notamment 19 régiments de voltigeurs et 19 régiments de tirailleurs, et par l'essor pris par la Jeune Garde, décisive lors des campagnes d'Allemagne en 1813 et de France en 1814.

Elle combattit quasiment continuellement depuis le début de la campagne de Russie en juin 1812 jusqu'à la fin de la campagne de France en avril 1814.

Elle atteignit un maximum de 600 000 hommes en 1812, au départ de l'invasion de la Russie. Cette armée était véritablement « européenne » car elle comprenait :

À l'exception des Polonais, les divers contingents étaient sous commandement de généraux et de maréchaux français.

Une armée mobile

Napoléon fait parcourir de très grandes distances à son armée, et très rapidement : la rapidité de manœuvre est un élément décisif de ses victoires (voir notamment Austerlitz, Friedland). Au total, c’est par dizaines de milliers qu'il faut compter les kilomètres parcourus par les soldats, qui de 1805 à 1814 prennent part aux campagnes d'Autriche, d'Allemagne, d'Espagne et de Russie. Cette mobilité est due en partie à la division de la Grande Armée en plusieurs corps d'armée.

La Grande Armée bénéficie ainsi d'une grande mobilité stratégique qui lui confère un ascendant décisif sur ses adversaires. Cette mobilité est toutefois très réduite pendant la campagne de Russie, une partie de l’intendance utilisant des chars à bœufs.

Fidèle à l'Empereur

Outre le caractère considérable de la Grande Armée, il faut mentionner l'inébranlable fidélité des hommes la composant – des grognards aux « Marie-Louise » et des artilleurs aux officiers de santé – envers l'Empereur et sa politique de conquêtes.

Rompus à une discipline de fer, exténués par les marches forcées et les fréquentes batailles, souvent mal vêtus, mal nourris, mal soignés, payés avec retard, ces hommes feront preuve d'un courage et d'un dévouement héroïques jusqu'à la chute de l'Empire. En effet, après une légère lassitude et un certain découragement à la fin de 1813, la plupart des conscrits récalcitrants vont être stimulés à l'annonce de la résurrection de l'Empire, durant les Cents-Jours, et l'ensemble de la Grande Armée va se battre à Waterloo avec une énergie farouche et retrouvée.

Apparemment surprenant, ce phénomène peut s'expliquer, d'une part, par le fait que les officiers de la Grande Armée ne touchèrent durant la Première Restauration qu'une demi-solde (d'où leur surnom), mais peut-être surtout du fait que rarement l'ensemble d'une armée ne s'était sentie autant motivée et galvanisée pour porter les armes en territoire ennemi. Les hommes de la Grande Armée étaient les héritiers idéologiques d'une Révolution partant en guerre contre la vieille Europe monarchique.

Modèle de courage, de gloire, d'endurance et de fidélité, la légende de la Grande Armée est indiscutablement liée à celle de Napoléon Ier, mais aussi à celle des seize maréchaux lui ayant fait conquérir le plus grand empire territorial - de Hambourg à Rome et de Brest à Varsovie - que la France ait jamais eu.

Dans les pays adverses, la Grande Armée laisse au contraire l'image d'une armée particulièrement violente et meurtrière.

Le Grand Quartier général

L'organisation du Grand Quartier général était assez complexe. Il faut y distinguer, quoique dans la pratique l'un et l'autre concourent aux mêmes missions, le personnel attaché à la personne de l'Empereur et le personnel de l'état-major général.

Le Quartier impérial

Le Quartier impérial contient tout le personnel militaire attaché à la personne de l'Empereur que ce soit sur le champ de bataille ou à Paris. Il est divisé en trois services :

  • le cabinet de l'Empereur, qui contient le secrétariat (qui est chargé de collecter des informations d'espionnage sur les ennemis), le département topographique (qui prépare les cartes et y figure les mouvements des troupes, dirigé par Bacler d'Albe) et les archives (dirigées par Fain).
  • l'état-major particulier de l'Empereur, qui regroupe les aides de camp impériaux (généraux appartenant à toutes les armes, employés soit à renseigner l'Empereur sur des points importants, soit à transmettre sa pensée aux commandants de corps d'armée et à vérifier que les ordres impériaux sont respectés, soit à exécuter sur le champ les décisions urgentes, soit à effectuer des reconnaissances avant les batailles. On y trouve Junot et Mouton, de brillants fantassins, Rapp, un cavalier ardent, Drouot, un artilleur de choix, Bertrand, l'un des meilleurs officiers du génie de l'armée, etc...). Ces aides de camp sont habituellement au nombre de douze. Chacun d'eux dispose de quelques officiers d'ordonnance.
  • la maison militaire de l'Empereur, qui comprend le bureau du grand maréchal du palais (Duroc de 1804 à sa mort en 1813, et Bertrand après) et le bureau du grand écuyer (Caulaincourt). Ils sont employés par l'Empereur pour des missions de confiance d'ordre militaire ou diplomatique et disposent tous les deux de plusieurs officiers d'ordonnance.

L'état-major général de l'armée

L'état-major général de l'armée sert de poste de commandement pour toute la Grande Armée. C'est de là que partent les ordres pour toutes les troupes. Le service du bureau incombait à quelques officiers spécialisés. L'Empereur était particulièrement exigeant pour l'exactitude et la clarté des états, la promptitude et la précision des rapports. Les papiers étaient donc très bien tenus. L'état-major général de l'armée est dirigé par le major général et comprend :

  • le cabinet du major général, divisé en quatre bureaux (secrétariat, mouvements des troupes, comptabilité, renseignements) et composé surtout d'employés civils, d'officiers à la retraite et de commissaires des guerres.
  • l'état-major particulier du major général, qui regroupe les nombreux aides de camp du major général (officiers chargés de porter les ordres aux commandants de corps d'armée. Les qualités requises sont l'énergie, l'audace et l'initiative car les distances qui séparent les quartiers généraux sont souvent considérables et la présence de l'ennemi en rend le parcours dangereux).
  • l'état-major de l'armée proprement dit, composé de trois divisions (ayant chacune à leur tête un adjudant-commandant) chargées surtout des questions administratives.

Le major général est le chef d'état-major de l'Empereur. C'est aussi le « sous-chef » de l'armée française, Napoléon en étant le chef. C'est un poste de confiance qui requiert énormément de qualités physiques et morales. Il ne dépend que de l'Empereur lui-même et non du ministre de la Guerre. Voici les titulaires de ce poste :

  • 1805 : maréchal Berthier,
  • 1815 (Cents-Jours) : maréchal Soult.

Les maréchaux d'Empire

Le maréchalat est une dignité militaire d'Ancien Régime qui avait été supprimée par la Révolution. Le sénatus-consulte du 18 mai 1804 le rétablit sous le nom de maréchal d'Empire, et attribue le lendemain cette dignité à 14 généraux ainsi que 4 « sénateurs ayant le titre de maréchaux d’Empire », récompensés de leurs talents et des services rendus.

Pour ne pas dépasser le nombre maximal de 16 maréchaux en activité, certains abandonnent leur dignité lors de nouvelles nominations. Ainsi en 1809, Berthier, nommé vice-connétable de l'Empire et Major-général de la Grande Armée, Jourdan, qui est nommé chef d'État-major et Murat qui devient roi de Naples abandonnent leur maréchalat. Lannes meurt la même année. Bernadotte devient prince héritier de Suède en 1810

Les boulevards qui entourent la seconde enceinte de Paris, celle des vingt arrondissements, portent le nom de maréchaux d'Empire et sont nommés pour cette raison Boulevards des maréchaux. N'ont pas de Boulevard : Augereau, Bernadotte, Grouchy, Marmont, Moncey, Oudinot et Pérignon. À noter que Augereau, Moncey, Oudinot et Pérignon ont une rue à leur nom. Bernadotte, Grouchy et Marmont considérés comme des "traitres" ne sont pas honorés par la capitale.

Voici la liste des 26 maréchaux d'Empire :

En 1804 :

  • Charles Pierre François Augereau, duc de Castiglione (1757-1816),
  • Charles-Jean-Baptiste Jules Bernadotte, prince, duc de Pontecorvo (1763-1844),
  • Louis-Alexandre Berthier, prince-souverain de Neuchâtel et de Vallengin, prince de Wagram (1753-1815)
  • Jean-Baptiste Bessières, duc d'Istrie (1768-1813),
  • Guillaume Marie-Anne Brune, comte d'Empire (1763-1815),
  • Louis Nicolas Davout, duc d'Auerstaedt, prince d'Eckmühl (1770-1823),
  • Jean-Baptiste Jourdan (comte sous la Seconde Restauration) (1762-1833),
  • François-Christophe Kellermann, duc de Valmy (1735-1820),
  • Jean Lannes, duc de Montebello, prince de Sievers (1769-1809),
  • François Joseph Lefebvre, duc de Dantzig (1755-1820),
  • André Masséna, duc de Rivoli, prince d'Essling (1758-1817),
  • Bon Adrien Jeannot de Moncey, duc de Conegliano (1754-1842),
  • Adolphe Édouard Casimir Joseph Mortier, duc de Trévise (1768-1835),
  • Joachim Murat, grand-duc de Berg et de Clèves, roi de Naples et des Deux-Siciles (1767-1815,
  • Michel Ney, duc d'Elchingen, prince de la Moskowa (1769-1815),
  • Catherine-Dominique Pérignon, comte d'Empire (1754-1818),
  • Jean Mathieu Philibert Sérurier, comte d'Empire (1742-1819),
  • Nicolas Jean-de-Dieu Soult, duc de Dalmatie (1769-1851).

En 1807 :

  • Claude Victor-Perrin dit Victor, duc de Bellune (1764-1841).

En 1809 :

  • Étienne Jacques Joseph Macdonald, duc de Tarente (1765-1840),
  • Auguste Frédéric Louis Viesse de Marmont, duc de Raguse (1774-1852),
  • Nicolas-Charles-Marie Oudinot, duc de Reggio (1767-1847).

En 1811 :

  • Louis Gabriel Suchet, duc d'Albufera (1770-1826).

En 1812 :

  • Laurent de Gouvion-Saint-Cyr, comte d'Empire (1764-1830).

En 1813 :

  • Józef Antoni Poniatowski, Prince de Pologne et du Saint Empire romain germanique, Généralissime des Polonais (1763-1813).

En 1815 (Cent Jours) :

  • Emmanuel de Grouchy, comte d'Empire (1766-1847).

Commandement de la Grande Armée

Garde impériale

La Garde impériale est une unité d'élite qui sert de garde rapprochée à l'Empereur ainsi que de dernière réserve de l'armée. Ces soldats sont les meilleurs de la Grande Armée et sont très souvent décorés et passés en revue par Napoléon. La Garde impériale est encore plus dévouée à son Empereur que le reste de l'armée. Être général dans la Garde, voire la diriger est un grand honneur que Napoléon réserve à ses lieutenants les plus fidèles.

  • 1805-1806 : maréchal Mortier
  • 1806-1813 : maréchal Lefebvre
  • 1813-1814 : maréchal Soult
  • 1815 : maréchal Mortier (mais étant malade, son adjoint, le général Drouot, l'a remplacé)

Ier corps d'armée

IIe corps d'armée

  • 1805-1809 : général Marmont
  • 1809 : maréchal Lannes
  • 1809-1814 : maréchal Oudinot
  • 1815 (Cents-Jours) : général Reille

IIIe corps d'armée

  • 1805-1812 : maréchal Davout
  • 1812-1813 : maréchal Ney
  • 1813-1814 : général Souham
  • 1815 (Cents-Jours) : général Vandamme

IVe corps d'armée

  • 1805-1807 : maréchal Soult
  • 1809-1812 : maréchal Masséna
  • 1812 : prince Eugène de Beauharnais
  • 1813 : général Bertrand
  • 1815 (Cents-Jours) : général Gérard

Ve corps d'armée

  • 1805-1809 : maréchal Lannes
  • 1809-1812 : maréchal Marmont
  • 1812-1813 : maréchal prince Poniatowski

VIe corps d'armée

  • 1805-1812 : maréchal Ney
  • 1812 : maréchal Gouvion-Saint-Cyr
  • 1813-1814 : maréchal Marmont
  • 1815 (Cents-Jours) : général Mouton-Lobau

VIIe corps d'armée

  • 1805-1809 : maréchal Augereau
  • 1809-1812 : maréchal Lefebvre
  • 1812 : général Reynier

VIIIe corps d'armée

  • 1806-1809 : maréchal Mortier
  • 1809-1812 : général Vandamme
  • 1812 : général prince Jérôme, puis général Vandamme, puis général Junot
  • 1813 : maréchal prince Poniatowski

IXe corps d'armée

  • 1806-1809 : général prince Jérôme
  • 1809-1812 : maréchal Bernadotte
  • 1812 : maréchal Victor
  • 1813-1814 : maréchal Macdonald
  • 1815 (Cents-Jours)  : maréchal Brune

Xe corps d'armée

  • 1807-1809 : maréchal Lefebvre
  • 1809-1812 : général prince Jérôme
  • 1812 : maréchal Macdonald
  • 1813 : général Rapp

Corps de réserve de cavalerie

  • 1805-1809 : maréchal Murat
  • 1809-1812 : maréchal Bessières
  • 1812-1813 : maréchal Murat
  • 1813 : maréchal Bessières
  • 1813 : maréchal Murat
  • 1814 : général Grouchy
  • 1815 (Cents-Jours) : maréchal Grouchy.

Les contingents étrangers dans la Grande Armée

Beaucoup d'armées européennes recrutaient des troupes étrangères et la France napoléonienne ne fit pas d'exception. Les contingents étrangers jouaient un rôle important et combattaient avec distinction dans la Grande Armée pendant les guerres napoléoniennes. Presque tous les peuples européens avaient une place dans la Grande Armée. En 1805, 35 000 hommes de la Confédération du Rhin (Hollandais, Belges, Allemands) défendent les lignes de communication et les flancs de la principale armée. En 1806, 27 000 hommes de plus sont appelés pour le même but que précédemment. Plus de 20 000 Saxons sont aussi été utilisés pour des opérations de déstabilisation contre les Prussiens.

Pendant l'hiver de la campagne de 1806-1807, les Allemands, les Polonais et les Espagnols aident le flanc gauche de la Grande Armée à s'emparer des ports de Stralsund et Dantzig situés sur la mer Baltique. A la bataille de Friedland en 1807, le corps du Maréchal Lannes est composé de beaucoup de Polonais, de Saxons et de Hollandais. Les contingents étrangers jouaient un rôle majeur lors des grandes batailles et s'en sortaient avec distinction.

Les Espagnols aussi sont nombreux dans l'armée française. Seulement, après l'invasion de l'Espagne par les français et après l'excommunication de Napoléon par le pape, les Espagnols, loyaux sujets de l'ancien roi espagnol et fervents catholiques, refusent d'aider les soldats français et, soutenus financièrement et militairement par les Anglais, vont même les combattre lors de batailles rangées ou leur tendre des embuscades (la guérilla).

Les Portugais sont également présents au sein de la Grande Armée, avec la Légion portugaise et seront notamment présents aux batailles de Wagram et de la Moskowa.

Lors de la campagne d'Autriche de 1809, un tiers de la Grande Armée était composé de soldats de la Confédération du Rhin et un quart de l'armée en Italie était composé d'Italiens. A l'apogée de l'Empire, plus de la moitié des troupes qui marchent sur la Russie ne sont pas françaises mais représentent plus de 20 pays différents (300 000 Français, Hollandais et Belges, 95 000 Polonais (commandés par le général prince Poniatowski), 35 000 Autrichiens (dirigés par le prince Schwarzenberg) 25 000 Italiens, 24 000 Bavarois, 20 000 Saxons, 20 000 Prussiens (commandés par le général Grawert, puis par le général York), 17 000 Westphaliens, 15 000 Suisses et 3 500 Croates. À l'exception des Polonais, des Autrichiens et des Prussiens, les divers contingents étaient sous commandement de généraux et de maréchaux français.

Seulement, après le désastre de la campagne de Russie, les Prussiens et les Autrichiens déclarent la guerre à la France. Les contingents prussiens et autrichiens intégrés dans l'armée francaise rejoignent donc les troupes de leur pays respectif.

En 1814, pendant la bataille de Leipzig, la division saxonne de la Grande Armée, voyant la supériorité numérique des alliés, rejoint les rangs ennemis de Bernadotte, prince héritier de Suède et ancien maréchal de Napoléon. A la fin de la bataille, c'est au tour des Bavarois de quitter les rangs français et de rejoindre les Autrichiens qu'ils avaient pour mission de contenir. Non content de fausser compagnie à ses anciens frères d'armes, le général baron Wrede (commandant le contingent bavarois de la Grande Armée depuis 1806) se propose également pour leur couper la route en se postant à Hanau. Mais il est battu par les Français.

Après Leipzig, il n'y a guère que les Polonais qui restent fidèles à l'Empereur. Ainsi, lors de la campagne de France de 1814, le régiment des Chevau-légers polonais de la Garde se bat à Brienne, La Rothière dans l’Aube, Champaubert (10 février 1814), Montmirail, Château-Thierry, Vauchamps (Marne), Montereau (Yonne), Troyes, Berry-au-Bac, Craonne, Laon, Reims, La Fère-Champenoise, Arcis-sur-Aube, Vitry, Saint-Dizier, Le Bourget, ainsi que lors de la défense de Paris. Le régiment polonais demeure jusqu’au bout auprès de l’Empereur battu. Le 4 avril 1814, son commandant, le général Krasiński, écrit une lettre à Napoléon, l’assurant que le régiment, à l’inverse des maréchaux, lui restera fidèle envers et contre tout. C’est justement cette fidélité inflexible qui – selon l’historien Robert Bielecki – décide l’Empereur déchu à emmener avec lui dans son exil de l’île d’Elbe un escadron d'environ 110 chevau-légers polonais commandé par le héros de la retraite de Russie, Pawel Jerzmanowski.

En 1815, pendant les Cents-Jours, l'armée française est composée presque entièrement de Français, à l'exception de Polonais. Lors de la campagne de France de 1815, le décret impérial excluant les étrangers du service au sein de la Garde impériale comporte une exception pour l’escadron polonais (élargi à 225 personnes). L’unité conserve l’uniforme polonais et se trouve intégrée aux Lanciers rouges du général Colbert. Les chevau-légers effectuent leur dernier service auprès de l’Empereur malgré l’appel du Grand-Duc Constantin, exhortant Jerzmanowski, sous la menace de peine capitale, de ramener l’escadron en Pologne. Les chevau-légers combattent avec bravoure à Ligny et à Waterloo. Ensuite, l’escadron se retire calmement, en ordre de bataille et en armes, derrière la ligne de la Loire, pour se placer sous le commandement du maréchal Davout. Le 1er octobre 1815, l’épopée napoléonienne des Polonais prend fin – ils sont définitivement demis de leur service dans l’Armée française. Malgré ses demandes, le colonel Jerzmanowski n’obtient pas la permission de faire partie de la petite suite impériale en partance vers Sainte-Hélène.

Les différentes unités de la Grande Armée

L'armée napoléonienne du Premier empire (Grande Armée) comprend des unités d'infanterie, de cavalerie et d'artillerie ainsi que des services de soutien (génie, transmissions, ravitaillement, santé ...).

Infanterie

L'infanterie constitue le gros des troupes de la Grande Armée. On en distingue trois types : l'infanterie de ligne, l'infanterie légère et l'infanterie de la Garde impériale.

Infanterie de ligne

À l'époque napoléonienne, l'infanterie de ligne est l'infanterie de base qui constitue le gros des troupes. Le plastron des soldats de l'infanterie de ligne était blanc.

Les régiments d'infanterie de ligne étaient numérotés de 1 à 156 mais il y avait une vingtaine de numéros qui n'étaient pas attribués. La composition des régiments est variable. Elle est généralement de 2 à 4 bataillons, parfois 5 (mais ce cinquième bataillon était alors un bataillon de dépôt). Les bataillons de ligne comprenaient chacun six compagnies dont deux d'élite (une de grenadiers et une de voltigeurs) et quatre du centre (fusiliers). En bataille, la compagnie de voltigeurs est à gauche du reste du bataillon, les quatre compagnies de fusiliers sont au centre et la compagnie de grenadiers est à droite.

Une compagnie de fusiliers (à effectif complet) comprenait :

  • trois officiers : un capitaine (qui dirige la compagnie), un lieutenant et un sous-lieutenant,
  • cinq sous-officiers : un sergent-major et quatre sergents,
  • quatre-vingt onze hommes de troupes : un caporal-fourrier, huit caporaux, quatre-vingts soldats, deux tambours.

Ces compagnies étaient rarement complètes. De plus, les compagnies d'élite avaient, organiquement, un effectif moindre.

Les compagnies de grenadiers de l'infanterie de ligne ne doivent pas être confondues avec les grenadiers de la Garde impériale. Si les premières sont l'élite de leur régiment, les secondes sont l'élite de l'armée. Malgré son appellation, le grenadier n'est plus, comme à son origine, un lanceur de grenades. Il est sélectionné parmi les soldats des compagnies du centre sur base de sa bravoure, de son ancienneté (minimum quatre ans de service) et de sa grande taille. Les grenadiers de l'infanterie de ligne ne portaient pas le bonnet à poil mais un shako plus haut et plus décoré que celui des autres compagnies. Ils portaient également des épaulettes à franges de couleur rouge.

Les compagnies de voltigeurs de l'infanterie de ligne n'ont été crées qu'en 1805 sur le modèle des voltigeurs de l'infanterie légère. En théorie, le voltigeur est un soldat capable de sauter en croupe d'un cavalier afin d'augmenter sa mobilité. Napoléon s'est toutefois opposé à cette pratique car il estimait qu'elle était incompatible avec l'exécution des missions de la cavalerie. Il souhaitait toutefois que les voltigeurs soient plus mobiles que les autres fantassins. Pour cela, ils devaient être équipés d'un fusil plus léger mais ce fut rarement le cas. Tout comme la compagnie des grenadiers, celle des voltigeurs était d'élite et la solde était aussi plus élevée. Les voltigeurs étaient généralement de petite taille. Ils portaient des cols de couleur jaune (chamois) et des épaulettes à franges vertes. Les voltigeurs avaient des cornets (petits cors de chasse) au lieu de tambours. Les voltigeurs pouvaient selon les circonstances agir comme éclaireurs ou protéger le flanc gauche du bataillon, le flanc droit étant défendu par les grenadiers.

Infanterie légère

En théorie, l'infanterie légère est destinée à opérer dans les terrains difficiles (bois, traversée de cours d'eau, terrain montagneux) mais, de fait, elle est utilisée comme l'infanterie de ligne. Elle ne diffère de cette dernière que par l'appellation et l'uniforme. Son armement, son équipement, son entraînement et ses missions sont les mêmes. L'organisation est similaire à l'infanterie de ligne. La principale différence vestimentaire réside dans le plastron qui est bleu foncé dans l'infanterie légère alors qu'il est blanc dans l'infanterie de ligne. A noter que l'infanterie légère est capable de combattre en tirailleur. Elle est souvent placée en avant des bataillons de ligne lors des batailles. La formation en tirailleur fait d'elle une cible difficile pour les tirs ennemis (mousqueterie ou artillerie), alors que ceux-ci, qui se trouve en "formation dense", sont très sensibles à son tir. En revanche, face à une charge de cavalerie, les tirailleurs ne peuvent pas opposer de résistance efficace.

Le nombre de régiments légers n'a, apparemment, jamais dépassé quarante. Chaque régiment comprend 2 à 3 bataillons (voire 5 pendant les Cent-Jours). Chaque bataillon comprend six compagnies dont deux d'élite (une de carabiniers et une de voltigeurs) et quatre du centre (chasseurs). En bataille, la compagnie de voltigeurs est à gauche, les quatre compagnies de chasseurs au centre et la compagnie de carabiniers à droite.

Les compagnies de chasseurs de l'infanterie légère ne doivent pas être confondues avec les chasseurs à pied de la Garde impériale.

Les carabiniers correspondent aux grenadiers de la ligne et portent également des épaulettes rouges. La haute taille n'est toutefois pas requise. Vu leur nom, les carabiniers devraient être armés d'une carabine mais ils ont généralement un fusil. Ils sont toutefois choisis parmi les tireurs les plus qualifiés de l'armée.

Les voltigeurs ont servi de modèle à leurs homonymes de la ligne puisqu'ils ont été créés un an auparavant, soit en 1804. Ils portent aussi les épaulettes vertes.

Infanterie de la Garde impériale

L'infanterie de la Garde impériale est, par définition, destinée à la protection du souverain. De fait, elle constitue une réserve d'élite. A son apogée, elle comprenait des unités de type suivant : grenadiers, fusiliers, tirailleurs, chasseurs à pied et voltigeurs

Le 1er régiment de grenadiers et le 1er régiment de chasseurs à pied constituaient l’infanterie de la Vieille Garde qui était l’élite de la Grande Armée.

Pour faire partie des grenadiers de la Garde, il fallait avoir fait preuve de bravoure et beaucoup d’entre eux étaient décorés de la légion d’honneur. Il fallait également avoir une taille minimale de 5 pieds et 5 pouces (1 m 76) mais, vu le manque d’hommes grands, on trichait parfois de quelques centimètres. Un service minimum de 12 ans dans l’armée impériale était exigé pour appartenir au 1er régiment si bien que tous ces grenadiers portaient au moins un chevron d’ancienneté ; le premier étant obtenu au terme de 10 ans, le deuxième 15 et le troisième 20. La moyenne d’âge était de 35 ans. Les grenadiers portaient le bonnet à poil garni d’un triangle en laiton sur l’avant. Il était d’usage de porter la moustache et surtout, à chaque oreille, un anneau d’or. Les compagnies étaient fortes de 150 à 200 hommes.

Les chasseurs à pied constituaient l’autre unité d’infanterie de la Vieille Garde. Les critères de sélection étaient comparables à ceux des grenadiers, la taille excepté. A la différence des bonnets à poil des grenadiers, ceux des chasseurs ne portaient pas de pièce métallique. Les chasseurs à pied de la Garde impériale constituaient son infanterie légère. Le plus célèbre des chasseurs à pied de la Vieille Garde est certainement le général Cambronne, un homme qui ne mâchait pas ses mots !

Les fusiliers et les unités étrangères de la Garde étaient regroupés dans la Moyenne Garde qui contenait aussi le reste des régiments de grenadiers et de chasseurs à pied de la Garde.

Les tirailleurs et les voltigeurs constituaient la Jeune Garde ; les premiers étaient le prolongement des grenadiers et les seconds des chasseurs à pied. Ces unités portaient le shako.

Cavalerie

On distingue la cavalerie légère, la cavalerie de ligne et la cavalerie lourde. Un régiment de cavalerie avait un effectif de 800 à 1200 hommes mais suite aux pertes des combats, les effectifs pouvaient parfois être réduits de 30 %. Un régiment comprenait généralement 3 ou 4 escadrons. Chaque escadron était composé de deux compagnies commandées chacune par un capitaine. Le capitaine le plus ancien exerçait, en cumul, la fonction de chef d'escadron. Chaque compagnie avait un effectif de 3 officiers, 4 sous-officiers, 4 brigadiers, 74 cavaliers et une trompette. Ces chiffres variaient légèrement en fonction du type d'unité.

La robe des chevaux correspondait à l'escadron : noir pour le 1e (escadron d'élite), bai pour le 2e, alezan pour le 3e, gris pour le 4e.

Cavalerie légère

La cavalerie légère napoléonienne comprend les Hussards, les Chasseurs à Cheval et les Chevau-légers Lanciers.

Les chevaux de la cavalerie légère avaient une taille de 149 à 153 cm.

La cavalerie légère était intégrée dans des divisions et des corps d'infanterie et, contrairement à la cavalerie lourde et à la cavalerie de ligne, ne faisait pas partie du corps de réserve de cavalerie. Elle attaquait les lignes ennemies par les flancs ou par derrière, de façon à créer la surprise, voire la panique, dans les rangs ennemis.

La cavalerie légère de la Garde comprenait un régiment de Chevau-légers Lanciers (aussi appelés Lanciers rouges) et un régiment de Chasseurs à Cheval de la Garde. Au sein de ce dernier se trouvait l'escadron de Mamelouks, fort de 250 cavaliers ramenés de l'expédition d'Égypte et qui portaient un uniforme pittoresque. En 1813 furent créés trois régiments d'Éclaireurs de la Garde.

Cavalerie de ligne

On classe dans cette catégorie les Lanciers et les Dragons.

La cavalerie de ligne, comme la cavalerie lourde, était utilisée pour créer une faille dans les lignes ennemies et ainsi permettre aux unités d'infanterie de pénétrer à l'intérieur des rangs ennemis. Leurs chevaux avaient une taille comprise entre 153 et 155 cm. Les régiments de cavalerie de ligne appartenaient, pratiquement tous, au corps de réserve de cavalerie.

Les Dragons étaient normalement destinés à se déplacer à cheval et à combattre à pied.

Les Lanciers, comme leur nom l'indique, étaient armés de lances.

Le régiment des Dragons de la Garde (aussi appelé Dragons de l'impératrice) constituait le seul régiment de cavalerie de ligne de la Garde.

Cavalerie lourde

La cavalerie lourde de l'armée impériale est constituée par les Cuirassiers, les Carabiniers et les Grenadiers à cheval.

Dans ces unités d'élite, les cavaliers étaient des hommes robustes tout comme leur monture dont la taille était fixée règlementairement entre 155 cm et 160 cm. La cavalerie lourde appartenait au corps de réserve de cavalerie.

On dénombre 14 régiments de Cuirassiers. Ces unités sont destinées à créer la rupture dans une ligne défensive ennemie préalablement affaiblie par des tirs d'artillerie. Les Cuirassiers peuvent aussi charger la cavalerie ennemie. Enfin, leur dernier rôle était de poursuivre l'armée ennemie lorsque celle-ci se repliait ou battait en retraite . Les Cuirassiers montent des chevaux spécialement sélectionnés pour leur taille et leur puissance. Ils portent, comme l'indique leur nom une cuirasse. Cette protection en tôle de 3 mm d'épaisseur pèse 7 kg. et protège le torse et le dos contre les coups de sabre. Elle n'arrête pas les balles de fusil. Le Cuirassier porte un casque avec un cimier surmonté d'une houppette et avec, pour protéger la nuque, une longue crinière noire. Il est armé d'un long sabre droit, d'un pistolet et d'un mousquet. Ce dernier est souvent laissé à l'arrière.

On ne compte que deux régiments de Carabiniers à cheval. Leurs missions sont similaires à celles des Cuirassiers. Les Carabiniers portent également, depuis 1810, une cuirasse mais de couleur jaune. Cette décision fut prise par Napoléon suite aux nombreuses pertes, en 1809, dues aux lances des Ulhans autrichiens.

Le régiment de cavalerie lourde de la Garde était le régiment de Grenadiers à cheval de la Garde. Ceux-ci, contrairement à leur nom, ne jetaient pas de grenades.

Artillerie

Dans l'artillerie napoléonienne, on distingue trois types d'unité : la compagnie d'artillerie à pied, la compagnie d'artillerie à cheval et la compagnie du train. Certains auteurs utilisent l'appellation batterie plutôt que compagnie. Les compagnies d'artillerie à pied ou à cheval assurent la mise en œuvre des pièces (la mise en place des pièces, leur préparation pour le tir et le tir en lui-même) tandis que les compagnies du train sont en charge de leur transport.

  • Les compagnies d'artillerie à pied ont un effectif de 120 hommes (4 officiers, 10 sous-officiers et 106 hommes de troupe) et n'ont aucun cheval. La compagnie à pied met en œuvre 6 canons et 2 obusiers.
  • Les compagnies d'artillerie à cheval ont un effectif de 100 hommes (4 officiers, 10 sous-officiers et 80 hommes de troupe). Chaque homme dispose d'un cheval de selle. La compagnie à cheval met en œuvre 4 canons et 2 obusiers.
  • Les compagnies du train ont un effectif théorique de 141 hommes (1 officier, 14 sous-officiers, 126 hommes de troupe). Elles disposent de 20 chevaux de selle et de 230 chevaux de trait. Cette organisation a pour but de ne pas laisser les chevaux de trait trop près des pièces lors de la bataille.

Les pièces d'artillerie comprennent des canons dont le calibre peut être de 4, 6, 8 ou 12 livres et des obusiers de 5 ou 6 pouces. L'attelage d'un canon ou d'un obusier est de 4 chevaux de trait sauf pour le canon de 12 livres qui en requiert 6. Les caissons à munitions sont tirés par 4 chevaux. Généralement, 3 caissons à munitions sont prévus par pièce.

La Garde impériale disposait elle aussi d'une puissante réserve d'artillerie.

Services de soutien

Les services de soutien de la Grande Armée, comme leur nom l'indique, apportent un soutien important et efficace aux autres unités de l'armée napoléonienne. On y trouve des ingénieurs, des officiers de santé, des estafettes, des commissaires des guerres ...

Service de santé

Le service de santé de la Grande Armée comprend une poignée d'hommes de haute valeur, tant chirurgiens que médecins, comme Larrey (surnommé « la providence du soldat » mais malheureusement, un peu trop partisan de l'amputation), Percy ou Desgenettes, mais il souffre d'une pénurie de moyens incroyable, en grande part pour les mêmes raisons que celles qui marquent le ravitaillement général. Le peu de matériel existant relève non des officiers de santé, mais des commissaires des guerres de l'intendance, et cette absence d'autonomie paralyse l'organisation du transport des blessés.

L'évacuation des blessés a généralement lieu sur des brancards improvisés avec des fusils ou des brancards ; les compagnies d'infirmiers militaires ne verront le jour qu'après Wagram. Toutefois, dès le début de l'Empire, Larrey se préoccupe sérieusement du problème et conçoit des divisions d'ambulances volantes comprenant chacune 12 voitures légères, couvertes, bien suspendues et bien aérées, les unes à deux roues pouvant transporter deux blessés allongés, les autres à quatre roues capables d'emporter quatre blessés. À côté de ces ambulances de Larrey vont apparaître les « caissons de Wurtz », préconisés par Percy, qui sont de grands coffres roulants très maniables, tractés par six chevaux et contenant les moyens de secours pour 1200 blessés, avec quatre chirurgiens et aides, montés à califourchon sur le coffre pendant les déplacements. Mais ce matériel si utile, réalisé en trop petite quantité, restera la plupart du temps au seul service de la Garde impériale.

L'organisation théorique n'est pourtant pas mauvaise. On y trouve :

  • des divisions d'ambulances volantes, qui sont affectées aux divisions d'infanterie, de cavalerie et d'artillerie et qui s'occupent du ramassage des blessés de leur division, de leur transport vers les dépôts d'ambulance (ou à défaut vers les églises ou les monastères les plus proches), ainsi que de l'enterrement des morts,
  • des dépôts d'ambulance, qui sont des hôpitaux temporaires divisés en hôpitaux de ligne (répartis sur trois lignes de plus en plus éloignées du champ de bataille, ils reçoivent les blessés des ambulances) et en hôpitaux spéciaux (pour les galeux et les vénériens),
  • et enfin, des dépôts de convalescence (pour les soldats convalescents).

Chaque régiment est assisté d'un chirurgien-major, de 4 à 5 aides-chirurgiens et de plus, dans la cavalerie, d'un vétérinaire. Mais, en dehors de la Garde impériale, ces praticiens sont en majorité des opérateurs empiriques ou représentent le rebut de la médecine, et pour tous les soins d'urgence, ils n'ont sous la main pour chaque régiment qu'un caisson contenant 54 kg. de linge à pansements, 12,5 kg. de charpie et une caisse d'outils à amputation.

En arrière de la ligne de combat, lorsque les dépôts d'ambulance de la Grande Armée sont débordés ou pleins, les blessés sont acheminés soit dans les hôpitaux des pays occupés, soit à défaut, dans les couvents ou les églises. Ce sont alors en majeure partie des médecins allemands, voire de nationalité ennemie (prussiens ou autrichiens) qui prodiguent leurs soins, presque toujours avec un grande dévouement et parfois même avec un désintéressement qui les rendront dignes d'éloges. Les conditions d'hygiène y sont généralement lamentables et les épidémies de typhus et de dysenterie y tuent plus que la mitraille sur le champ de bataille.

Génie

La Grande Armée a toujours eu besoin d'ingénieurs militaires de différents types:

  • les constructeurs de ponts de la Grande Armée, les pontonniers, avaient une part importante dans la machine militaire de Napoléon. Leur rôle premier était de faire passer des troupes de l'autre côté d'un obstacle d'eau. Souvent, Napoléon leur a permis de construire des ponts pour permettre à une partie de son armée de déborder les positions ennemies en traversant la rivière, au moment où les ennemis s'y attendent le moins. Ils ont aussi, dans le cadre de la désastreuse retraite de Russie, sauvé l'armée d'une annihilation complète à la Bérésina. Napoléon connaissait la valeur de ses pontonniers et en avait formées 14 compagnies, toutes sous le commandement d'un brillant ingénieur, le général Jean Baptiste Eblé. Leur formation difficile, leur équipement spécial et leurs outils leur permettaient de construire rapidement les différentes parties d'un pont. Ensuite, ils les assemblaient et mettaient le pont en place. Tout le matériel, les outils et les pièces restantes (les parties d'un pont quand elles étaient réutilisables) étaient acheminés par des wagons. S'ils n'avaient pas de pièces déjà fabriquées, ils pouvaient en faire en utilisant les forges mobiles à cheval des pontonniers. Une simple compagnie de pontonniers peut construire un pont de plus de 80 arches en sept heures. La travée mesurait alors de 120 à 150 mètres de longueur, ce qui représente un exploit impressionnant.
  • en plus des pontonniers, on trouvait aussi des compagnies de sapeurs, chargées de détruire les fortifications ennemies. Ils étaient utilisés moins souvent dans leur rôle théorique que les pontonniers, car l'Empereur a appris, pendant ses premières campagnes (notamment lors du siège de Saint-Jean-d'Acre), que les sapeurs sont meilleurs quand il s'agit de contourner des fortifications isolées, et même, si possible, de directement les attaquer (assaillir des forteresses, monter à l'assaut sur des échelles, saper les murs ennemis...).

Les différents types de compagnies d'ingénieurs étaient regroupées dans les bataillons et les régiments formant le Génie (le mot génie signifiait au départ « ingénieur » en argot). Ce nom, employé comme il l'est aujourd'hui est un jeu de mot et une référence à leurs capacités apparemment magiques (tout comme le mythique et légendaire « génie de la lampe »).

Citations militaires de Napoléon

Citations du général Napoléon Bonaparte

  • « A la guerre, l'audace est le plus beau calcul du génie »
  • « Soldats, du haut de ces pyramides, quarante siècles vous contemplent ! »
  • « Est-ce que la cavalerie a juré de tout faire aujourd'hui ? »

Citations de l'Empereur Napoléon Ier

  • « Cette bataille qui aurait dû être gagnée le premier jour fut perdue le deuxième et enfin gagnée le troisième »
  • « Cette bataille, ou je me trompe fort, décidera du sort de la campagne »
  • « Si l'amiral Brueys a fait des fautes, il les a expiées par une mort glorieuse. »
  • « Après Lodi, je me regardai comme un homme appelé à influer sur le sort du peuple »
  • « Marengo est une leçon »
  • « En quinze jours, nous avons fait une campagne. »
  • « Alors la mollesse de Villeneuve vint tout perdre. »
  • « Soldats, je suis content de vous … Il vous suffira de dire : j'étais à la bataille d'Austerlitz, pour que l'on vous réponde voilà un brave ! »
  • « Cette bataille a livré toute la monarchie prussienne. »
  • « La première chose est de savoir contre qui on se bat. »
  • « Vous avez tout bravé, tout surmonté, tout a fui à votre approche. »
  • « Nous faisons la guerre dans toute son énergie et son horreur »
  • « Un père qui perd ses enfants ne goûte aucun charme à la victoire »
  • « Le maréchal Lefebvre montre l'autorité d'un jeune homme »
  • « Friedland est une digne sœur de Marengo, Austerlitz, Iéna … »
  • « L'honneur perdu dans une capitulation ne se retrouve pas »
  • « Vous êtes dignes de ma Vieille Garde. Honneur aux braves ! »
  • « Qui se réjouirait en voyant répandre le sang espagnol et le sang français ? »
  • « Les Anglais sont occupés en Espagne, voilà ce qui m'importe. »
  • « Soult sait beaucoup mieux disposer une armée que commander en chef. »
  • « Marchons donc, et qu'à notre aspect l'ennemi reconnaisse ses vainqueurs. »
  • « Le sort d'une bataille est le résultat d'un instant, d'une pensée … »
  • « La bataille est gagnée. »
  • « Avant un mois, nous serons à Moscou ; dans six semaines, nous aurons la paix. »
  • « A huit cents lieues de la France, on ne risque pas ses dernières réserves. »
  • « A la guerre, un grand désastre désigne toujours un grand coupable. »
  • « Je suis à nouveau maître de l'Europe ! »
  • « Reposons-nous ce soir, et nous recommencerons demain. »
  • « J'appris à Dresde la défaite de Vittoria et la perte de toute l'Espagne. »
  • « La bataille de Dresde est certainement la plus belle action de ma campagne. »
  • « L'étoile palissait ; je sentais les rênes m'échapper et je n'y pouvais rien. »
  • « Pauvre Wrede, j'ai pu en faire un comte, mais pas un général. »
  • « Cinquante mille hommes et moi, ça fait cent cinquante mille hommes ! »
  • « L'ennemi prétend aller à Paris. Je vous charge de l'empêcher. »
  • « Mon devoir et mes inclinations me portent à partager les dangers de mes soldats. »
  • « Rassurez-vous, mes enfants, l'obus qui doit me tuer n'est pas encore fondu ! »
  • « Si je fusse arrivé quatre heures plus tôt, tout était sauvé ! »
  • « La faute que j'ai faite, c'est d'avoir couché à Fleurus. »
  • « J'aurais dû laisser Ney général de division. »
  • « Si mes ordres sont bien exécutés, nous coucherons ce soir à Bruxelles. »

Les grades (ou rangs) dans la Grande Armée

Officiers généraux

  • maréchal d'Empire (il s'agit d'une dignité) ;
  • colonel-général (il s'agit d'une dignité) ;
  • général en chef (grade supprimé en 1812) ;
  • général de division, ou lieutenant-général (ce dernier grade existant seulement lors des Cent-Jours) ;
  • général de brigade, ou maréchal de camp (ce dernier grade existant seulement lors des Cent-Jours) ;
  • adjudant-commandant (grade existant seulement dans les états-majors).

Officiers supérieurs

  • colonel ;
  • major ;
  • chef de bataillon (infanterie), ou chef d'escadron (cavalerie et artillerie).

Officiers subalternes

  • capitaine ;
  • capitaine-adjudant-major ;
  • lieutenant ;
  • sous-lieutenant.

Sous-officiers

  • adjudant ;
  • sergent-major, ou maréchal des logis-chef ;
  • sergent, ou maréchal des logis ;
  • caporal-fourrier, ou brigadier-fourrier ;
  • Caporal, ou brigadier.

Soldats

  • Grenadier, chasseur, voltigeur, tirailleur, etc. (infanterie) ; ou dragon, hussard, cuirassier, carabinier, chevau-léger, etc. (cavalerie) ; ou canonnier, artilleur (artillerie), ou sapeur, pontonnier (génie) selon les corps et les armes.

Voir aussi

Liens externes

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