Histoire de la Rhodésie

Histoire de la Rhodésie

Histoire de la Rhodésie du Sud

Localisation de la Rhodésie du Sud
Cecil Rhodes, fondateur de la Rhodésie

L’histoire de la Rhodésie du Sud correspond à la période durant laquelle le Zimbabwe actuel (alors appelé Rhodésie du Sud) était une colonie britannique de 1890 jusqu'à l’indépendance du pays en 1980.

Les premières incursions portugaises au XVIe siècle en Afrique australe n’ayant pas abouti à l’établissement de zones de peuplement européen, ce n’est qu’avec la « découverte » par l’explorateur britannique David Livingstone des chutes Victoria en 1855 puis avec les explorations de Frederick Courtney Selous dans les années 1870 que les Britanniques commencent à s’intéresser à cette partie enclavée de l’Afrique.

La Rhodésie doit son nom et son existence politique et géographique à l’ambitieux homme d’affaire britannique Cecil Rhodes.

Sommaire

La Rhodésie du Sud de 1890 à 1953

La concession Rudd

Carte du Matabeleland en 1887

En 1887, le roi Ndebele Lobengula, qui régnait alors sur le Matabeleland au nord du fleuve Limpopo, signe un traité de paix avec les représentants boers de la République sud-africaine du Transvaal. Ce traité se traduit par l’envoi de deux représentants de Lobengula à Pretoria, la capitale boer, pour y rencontrer le président Paul Kruger. Celui-ci promettait en retour d’envoyer un consul au Matabeleland. Alerté par ce rapprochement diplomatique qui contrariait l’expansionnisme britannique, Cecil Rhodes, député et richissime homme d’affaire de la colonie du Cap, dépêche dès janvier 1888 à la cour de Lobengula ses propres représentants afin de discréditer les Boers en donnant une lecture tendancieuse et erronée du traité de paix signé par l’illettré Lobengula.

L’Afrique du Cap au Caire selon Cecil Rhodes

Nommé en avril 1888 par Kruger, le consul boer Piet Grobler est envoyé au Matabeleland mais, tué dans une embuscade mystérieuse, il n’arrive jamais à destination. Pendant ce temps, Charles Rudd, dépêché par Rhodes auprès de Lobengula, négocie avec ce dernier un nouvel accord. Les objectifs de Rhodes étaient clairs : faire fructifier ses propres affaires (la Zambézie est alors riche en minerais), étendre l’empire colonial britannique et assouvir son ambition personnelle.

Le 13 octobre 1888, Lobengula, abusé par une mauvaise traduction, « concède » des droits miniers à la British South Africa Company (BSAC) de Cecil Rhodes sur les territoires du Matabeleland, au sud du fleuve Zambèze. Croyant en fait signer un simple droit de passage, il paraphe l’annexion de son royaume (195 000 km2) mais aussi celui du Mashonaland sur lequel il ne régnait pas (la totalité des terres entre le Zambèze et le Limpopo étaient concernées par le document sur lequel il laissa son empreinte digitale). En échange, il reçoit une pension annuelle de 100 livres sterling, 1 000 fusils et 10 000 recharges et munitions.

Frederick Courtney Selous

Le Colonial office britannique, constatant l’expansion à si bon marché de l’influence britannique, accorde le 29 octobre 1889 une charte royale à la BSAC, pour une durée de 25 ans. Cette charte lui donnait l’autorisation d’exploiter la concession et lui attribue tous les pouvoirs normalement dévolus à un gouvernement.

Le 6 mai 1890, la Pioneer Column part de Kimberley sous la conduite de Leander Starr Jameson, premier administrateur de la BSAC, et de Frederick Courtney Selous en direction du Matabeleland. La colonne était composée de 180 colons et de 500 hommes (policiers et missionnaires), tous équipés par la BSAC. Les pionniers (ceux qui voient chaque horizon comme un défi[1]) s’étaient lancés dans l’aventure au nom de l’Empire britannique, pour Cecil Rhodes et pour la Reine Victoria[2]. La BSAC leur attribue également 1 284 hectares de terres et 15 titres aurifères gratuits.

Le 27 juin 1890, ces pionniers fondent Fort Victoria et le 12 septembre Fort Salisbury.

La Rhodésie du Sud de la BSAC (1890-1923)

La Pioneer Colum de 1890
Armoiries de la BSAC

En quelques mois, les Britanniques expulsent les Portugais de l’est du territoire et fondent Umtali.

En novembre 1893, les troupes ndébélés du roi Lobengula entrées en guerre contre les Britanniques sont vaincues et Bulawayo, la capitale ndébélé incendiée par le roi en fuite, est conquise. Lobengula décède quant à lui six mois plus tard de la variole, dans la clandestinité. Ses terres sont partagées par la British South Africa Company : chaque Blanc reçu 3 000 morgens, 20 titres aurifères et une partie du bétail ayant appartenu à Lobengula.

En 1895, la BSAC annexe les royaumes du Mashonaland et du Matabeleland au sein de la Zambézie du Sud. Vaincus, les Ndébélés et les Shonas sont relégués dans des « réserves ».

Les territoires gérés par la BSAC, divisés en Zambézie du Nord et Zambézie du Sud en amont et en aval du fleuve Zambèze, sont baptisés Rhodésie du Nord et Rhodésie du Sud en l’honneur de Cecil Rhodes, initiateur de cette conquête territoriale (le nom faillit être celui de Cecilia, en l’honneur de la marquise de Salisbury).

En janvier 1896, constatant la faiblesse de l’armée de la BSAC après l’échec du raid Jameson sur le Transvaal, les Ndébélés déclenchent la « Chimurenga » (rébellion ou guerre de libération) pour protester contre les conditions de vie imposées par les Britanniques.

La pacification armée du Matabeleland (1896)

Le 24 mars 1896, un premier colon est tué. Puis, suite à vague de crimes sans précédent, les colons des districts isolés du Matabeleland sont évacués pour être mis à l’abri derrière les enceintes de Bulawayo, Gwelo, Belingwe et Tuli qui sont alors assiégées. En juin, le Mashonaland est gagné par la révolte et la route entre Salisbury et Umtali est coupée par les rebelles shonas. Les combats font rage. Les troupes impériales britanniques, stationnées ordinairement au Natal, ont alors la charge de dégager Bulawayo et les villes assiégées. Les colons plaident alors auprès de Cecil Rhodes la mise en œuvre d’une politique d’extermination que celui-ci refuse. Sous la pression du gouvernement de Londres, il vient par contre en personne et seul au milieu des monts Matobo afin de négocier un armistice avec les chefs ndébélés le 21 août 1896. Deux mois plus tard, la paix est signée : les Ndébélés récupèrent une partie de leurs terres et un certain degré d’autonomie sur leurs affaires intérieures mais de leur côté, les Shonas continuent de résister. Rhodes est tenté d’accepter la proposition de paix du chef shona Makoni mais le haut commandement britannique s’interpose, résolu à exiger une reddition sans condition. Celle-ci intervient finalement après la pendaison des principaux leaders, Kagubi et Nehanda, le 27 avril 1898.

Cecil Rhodes et Lord Grey, administrateur de la BSAC, tirent des conclusions identiques de ces évènements. Rhodes, en particulier, considérait favorablement les Ndébélés suite aux liens personnels qu’il avait tissés avec eux lors des négociations pour l’armistice. Il se déclare prêt à pratiquer une politique humaniste et libérale de coopération loyale. Lord Grey est quant à lui convaincu de la capacité des Shonas à moderniser leur économie et ne les juge nullement serviles ou stupides comme les lui avaient décrits les colons[3]. Mais ces derniers, opposants irréductibles à l’assimilation, parviennent à imposer leur point de vue aux administrateurs de la BSAC, mettant à profit les divergences de celle-ci avec le Colonial Office. Après une campagne médiatique dans la presse et la menace d’une rébellion, ils obtiennent un nouveau régime administratif pour la Rhodésie du Sud. Par décret du 20 octobre 1898, un conseil exécutif et un conseil législatif sont créés : les colons élisent dorénavant quatre des neuf membres du conseil législatif (les cinq autres étant nommés par la BSAC). Ce conseil est entièrement composé de Blancs et ne représente que ces derniers.

En 1899, le conseil législatif est installé pour gouverner la colonie. L’importance de la représentation des colons ne va cesser d’y croître à mesure qu’allait diminuer celle de la BSAC.

Par ailleurs, des réserves avaient été créées à l’usage exclusif des indigènes et servant de réservoirs de main-d'œuvre à bon marché. Aucun Européen ne peut néanmoins y pénétrer à l’exception des autorités civiles et des missionnaires. Ces derniers approuvent cette ségrégation territoriale car ils y voient surtout un moyen de protéger les Africains contre l’influences des mauvais Européens[4]. Ils y voient aussi des terres de mission où ils peuvent construire des écoles, des dispensaires, des hôpitaux, des fermes, des églises et enseigner la religion du Christ. Il leur arrive souvent de s’opposer aux moyens employés par les colons mais ils ne s’opposent que très rarement au principe même de la colonisation. Ils deviennent des « administrateurs et des médiateurs entre Dieu, le gouvernement colonial et les Africains »[5].

Les nouveaux Rhodésiens (ou Rhodies pour désigner les Blancs de Rhodésie), comme tout conquérants, sont convaincus de l’infériorité des populations indigènes et que leur tutelle sur ces dernières ne peut se faire qu’à leur avantage.

Sépulture de Cecil Rhodes aux monts Matobo

Les Britanniques sont eux-mêmes satisfaits de voir qu’ils n’ont pas eu à organiser un massacre comme cela s’était passé quelques décennies plus tôt en Nouvelle-Zélande et que, mieux, ils ont fait construire des hôpitaux pour les Noirs et leur ont interdit la consommation d’alcool afin d’éviter qu’ils ne subissent le sort des Amérindiens d'Amérique du Nord[6].

En 1902, Cecil Rhodes meurt au Cap. Il est enterré sur les monts Matobo, près de Bulawayo, salué par des centaines de guerriers matabélés.

En 1904, la Rhodésie du Sud compte 12 000 colons puis 24 000 dès 1911.

En 1914, la charte de la BSAC arrive à terme. Les colons parviennent à ce qu’elle soit renouvelée pour dix ans avec une clause réservée prévoyant l’autonomie des territoires avant la fin de la décennie.

Inauguration en 1899 de la liaison en chemin de fer entre Salisbury et Umtali qui sera poursuivie jusqu'à Beira au Mozambique

En une petite trentaine d’années, les colons sont parvenus à construire des villes avec banques, églises, hôpitaux et écoles, à ouvrir des routes, défricher la brousse et irriguer des terres arides. Le chemin de fer qui part du Cap relie Bulawayo dès 1890 puis franchit les chutes Victoria pour atteindre le Katanga en 1907. Des lignes indépendantes relaient Bulawayo et Salisbury à Beira au Mozambique. Mais toutes les terres proches des voies ferrées ont été accaparées par les colons, reléguant les Africains dans des zones sans réels débouchés. Des mines d’or, d’amiante, de charbon et de chrome sont mises en exploitation alors que, tout comme l’élevage bovin, l’agriculture (tabac, céréales) se développent[7].

Les Shonas et les Ndébélés ne profitent que très peu de cette expansion économique et industrielle et continuent à vivre selon une économie traditionnelle, ne retirant de la terre que le nécessaire à leur survie. Cependant, les colons, trop peu nombreux, sont tributaires de leur force de travail et par la loi vont obliger ces tribus à intégrer la « civilisation du travail » dont la pièce maîtresse fut le Masters and Servants Act du 29 novembre 1901. Selon celle-ci, les contrats de travail, écrits ou oraux, étaient conclus pour un mois mais aucun salaire minimum n’était fixé, les serviteurs étant obligés de suivre leurs maîtres dans leurs déplacements.

En 1922, après de violentes querelles entre les colons et la BSAC, les Blancs de Rhodésie du Sud réclament leur émancipation et l’autonomie politique. Consultés par référendum, ils écartent le rattachement à l’Afrique du Sud.

La colonie britannique (1923-1953)

Drapeau RdS 1923-1953

En 1923, constatant que les bénéfices sud-rhodésiens étaient loin de correspondre à ce qui était attendu, la British South Africa Company transfère les Rhodésies à la Couronne britannique. Un gouvernement autonome, dirigé par Charles Coghlan, est alors installé à Salisbury et chargé de la gestion du territoire de la Rhodésie du Sud. La Rhodésie du Nord et le Nyassaland, beaucoup moins européanisés, demeurent sous le contrôle du Colonial Office.

Charles Coghlan, premier ministre de Rhodésie du Sud de 1923 à 1928

Le monarque britannique était dorénavant représenté par un gouverneur, lequel pouvait agir contre l’avis du premier ministre sud-rhodésien. Le parlement britannique conservait le droit de légiférer pour la colonie, pouvait suspendre sa constitution et intervenir dans la législation interne au titre des clauses réservées (dont celui au titre de la protection des droits indigènes). Le gouvernement sud-rhodésien comprenait un premier ministre élu par les 30 membres de l’assemblée législative (elle-même élue au suffrage censitaire) et un cabinet formé par le premier ministre. Bien que la colonie fût encore officiellement non raciale, le droit de vote se fondait sur la citoyenneté britannique et les revenus annuels, des conditions que très peu de Noirs pouvaient remplir. Quant aux réserves indigènes, la constitution leur garantissait l’inviolabilité.

Le but de cet affranchissement des colons de la Rhodésie du Sud était d’encourager l’immigration vers ce territoire afin d’en faire un dominion comparable à l’Union sud-africaine.

En 1927, il y avait 38 200 Blancs pour 922 000 Noirs en Rhodésie du Sud. À titre de comparaison, il y avait 4 000 Blancs pour un million de Noirs en Rhodésie du nord et 1 700 Blancs au Nyassaland pour 1 350 000 Noirs.

Statue de Cecil Rhodes au centre ville de Bulawayo vers 1925

En 1929, un secrétariat à l’éducation indigène fut créé par le gouvernement d’Howard Unwin Moffat. En 1930, la scolarisation devint obligatoire pour les seuls enfants de colons alors que les crédits alloués à l’éducation des enfants noirs, vingt fois plus nombreux, n’atteignait pas le quart de ceux des enfants blancs.

Dans les années 1930, un régime ségrégationniste fut officiellement instauré avec la Loi de répartition des terres (Land Apportionnement Act) alors qu’en 1934, une loi établissait une législation sociale ségrégationniste, interdisant aux Noirs l’accès à certaines professions ou l’implantation dans des zones déclarées blanches. Ainsi, le territoire était divisé entre zone blanche, les réserves, les fonds d’achat indigène, les terres des missions et les terres de la couronne. Au total, la superficie allouée aux Noirs était sensiblement égale à celles des Blancs mais ces derniers étaient dix fois moins nombreux que les Africains. Par ailleurs, les meilleurs sols et les terres en bordure des voies de communication étaient situés en zone blanche. Les fermiers de ces zones allaient d’ailleurs connaître une très grande prospérité. La réserve indigène, pourtant justifiée par le législateur britannique pour permettre aux Africains de se nourrir selon leur économie traditionnelle de subsistance, allait se révéler totalement insuffisante pour une population en pleine croissance démographique. Enfin, les salaires des Noirs étaient très bas alors que ceux-ci ne bénéficiaient d’aucun avantage social accordé aux Blancs.

Si la production de biens de consommation allait excéder la demande intérieure, elle fut vite tournée vers le commerce extérieur alors que les industries secondaires, implantées également en zone blanche, se développaient. Les villes comme Salisbury, Bulawayo et Umtali étaient les premières bénéficiaires de cette politique alors que les chutes Victoria, à la frontière des deux colonies rhodésiennes, permettaient l’essor d’un tourisme de luxe pour les Européens, les Rhodésiens et Sud-africains aisés.

L’opposition africaine à cette politique ségrégationniste se constituait mais elle restait peu organisée. Il existait ainsi une Rhodesia Bantu Voter’s Association, une Southern Rhodesia Native Association et une Southern Rhodesia African National Congress. Elles ne représentaient que la petite classe moyenne noire et ne visaient qu’à une réforme du système. Il fallait attendre les années 1940 pour qu’une opposition plus virulente voie le jour avec l’African Voice Association.

Timbre commémoratif de 1947 consacré à la visite de la famille royale en Rhodésie du Sud

Jusqu’en 1946, l’éducation des enfants noirs avait été assurée essentiellement par les missionnaires. C’est à cette date, au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, que le gouvernement sud-rhodésien prit en charge la scolarisation africaine en zone urbaine et ouvrit des écoles secondaires. Il s’agissait pour le gouvernement de reprendre l’instruction alors que les premiers chefs politiques noirs sortaient des écoles des missions.

En 1946, le nombre de Blancs était de 80 500 colons pour 1 640 000 Africains (20 000 Blancs en Rhodésie du Nord pour 1 600 000 Noirs et 2 300 Blancs au Nyassaland pour 2 340 000 Africains).

Pour les Africains, le développement économique de la Rhodésie du Sud s’était toujours accompagné d’un durcissement de la ségrégation. Celle-ci était absolue dans les transports locaux. Aucun Africain n’occupait de poste élevé dans l’administration et si, lors de la visite de la famille royale britannique en 1947, plusieurs représentants africains furent invités aux réceptions officielles, ils ne l’étaient qu’à titre de figuration.

Par ailleurs, les Noirs n’avaient pas le droit de prendre les ascenseurs dans les immeubles commerciaux et la ségrégation était absolue dans les bureaux de poste et les écoles. Celles-ci étaient d’ailleurs divisés en trois catégories, selon la race (Africains, Asiatiques[8] et Blancs). Ce développement économique avait considérablement accru le revenu national brut de la Rhodésie du Sud mais les trois quarts de celui-ci allaient au secteur blanc contre un quart au secteur noir, lequel représentait pourtant 92% de la population. Ainsi en 1949, une enquête des Nations-Unies révéla que la Rhodésie du Sud était l’un des territoires où la disparité des revenus était l’une des plus élevées du monde : le revenu annuel d’un Africain était de 31$ contre 1 170$ pour un Rhodésien d’origine européenne.

Contrairement à leurs compatriotes de Rhodésie du Nord, les Noirs de Rhodésie du Sud ne jouissaient pas du droit de grève, ne pouvaient adhérer à un syndicat ou à un parti politique et leurs droits fonciers étaient peu respectés[9]. Ainsi, en 1951, une loi sur la propriété agricole des Africains (Native Land Husbandry Act), répartissant en petites propriétés de six acres les pâturages communs des réserves africaines, déclencha une ferveur nationaliste inconnue jusque là. Ces parcelles étaient notoirement insuffisantes et leur établissement admettait implicitement que les industries européennes pouvaient compter sur les bras en surnombre. En effet, cette loi précipitait la naissance d’un prolétariat « sans droits, sans terres, sans foyer » alors que d’immenses étendues de terres arables restaient en friche en zone blanche[10].

Au début des années 1950, la Rhodésie du Sud comptait alors plus de deux millions d’habitants dont 200 000 Blancs (soit précisément un Blanc pour 13 Noirs)[11].

La Fédération de Rhodésie et du Nyassaland (1953-1963)

Drapeau de la Fédération de Rhodésie et du Nyassaland (1953-1963)
Carte de la Fédération de Rhodésie et du Nyassaland

En 1953, après maintes hésitations, le gouvernement britannique décida d’expérimenter une union administrative et économique de ses colonies d’Afrique centrale en les regroupant sous le contrôle d’un gouvernement fédéral. Cette Fédération de Rhodésie et du Nyassaland (ou Fédération d’Afrique centrale) devait permettre d’assainir l’économie des deux Rhodésies alors que le Nyassaland devait servir de réserve de main-d'œuvre utile à l’industrialisation de la région. L’association raciale envisagée au sein d’un État officiellement multiracial devait enfin permettre de sauvegarder les intérêts de l’Empire colonial britannique et être un exemple politique et économique pour d’autre États en proie à des révoltes nationalistes comme le Kenya.

La Fédération instaurait la mise en place d’un gouvernement fédéral et l’octroi de certains droits aux Africains. Ceux-ci étaient associés aux décisions du gouvernement pour leur permettre d’acquérir l’expérience de la gestion des affaires et la possibilité d’exercer dans le futur la réalité du pouvoir. Les Noirs pouvaient voter mais les conditions pour accéder au droit de vote étaient tellement drastiques que moins de mille d’entre eux possédaient une carte d’électeur. Néanmoins, six des 35 membres du parlement fédéral était des Noirs et trois Blancs supplémentaires devaient veiller au respect des intérêts des Africains. Un comité des affaires africaines pouvait par ailleurs en appeler au gouvernement britannique s'il estimait que les droits des Africains n’étaient pas respectés. Ainsi, plusieurs lois ségrégationnistes furent abolies dans toute la Fédération (les Noirs pouvaient maintenant pratiquer des professions qui leur avaient été interdites et travailler en centre-ville). Les officiels sud-rhodésiens admettaient d’ailleurs que les Noirs pouvaient un jour devenir majoritaires dans les Parlements.

La Rhodésie du Sud conservait son gouvernement autonome pour les affaires intérieures.

Sir Godfrey Huggins, premier ministre de la Fédération rhodésienne de 1953 à 1955

Le poste de Premier ministre de la Fédération revint à Sir Godfrey Huggins (anobli sous le titre de Lord Malvern) qui était depuis 1933 le premier ministre de Rhodésie du Sud. Son successeur à la tête du gouvernement de la colonie était Garfield Todd, un libéral fédéraliste partisan de l’accession au pouvoir en douceur de la majorité noire et opposant à la discrimination raciale.

Le gouvernement fédéral de Godfrey Huggins (du Parti fédéral uni) s’attacha à développer l’industrie, monopole des colons blancs et l’agriculture, particulièrement les plantations de tabac. Il ne put empêcher cependant la paupérisation des zones rurales. L’un des projets phares (et héritage historique) de la Fédération fut surtout la construction du barrage hydro-électrique du lac Kariba dont l’énergie disponible était alors envoyée vers les grandes villes et les zones industrielles comme les mines de la « ceinture de cuivre » de Rhodésie du Nord. Les partis politiques fédéraux étant également non raciaux, bon nombre d’Africains commencèrent à y adhérer comme Joshua Nkomo au Parti fédéral uni de Godfrey Huggins.

Cependant, la population africaine des deux protectorats de Rhodésie du Nord et du Nyassaland concevait d’avantage la Fédération comme un avorton du colonialisme et de la suprématie blanche. Si la Fédération élargissait bien les droits économiques et sociaux des Noirs de Rhodésie du Sud, elle était un obstacle à l’aspiration nationaliste des Africains de Rhodésie du Nord et du Nyassaland.

Roy Welensky, premier ministre de la Fédération rhodésienne de 1955 à 1963

En 1955, la City Youth League était fondée par des nationalistes noirs. En 1957, elle fusionnait avec la Southern Rhodesia African National Congress pour former une nouvelle ANC dirigée par le leader travailliste ndébélé Joshua Nkomo.

En 1958, Garfield Todd fut contraint par son parti, le parti fédéral uni (United Federal Party - UFP), de démissionner de son poste de premier ministre de Rhodésie du Sud. Il était remplacé par un partisan de la ségrégation, Edgar Whitehead. La chute de Todd convainquit les Africains que les colons blancs voulaient aller vers un système d’apartheid et ne croyaient pas au principe d’association prônée par la fédération.

Le 26 février 1959, l’état d'urgence fut proclamé dans chacune des trois colonies. L’ANC de Nkomo fut alors interdite. Elle se reconstitua le 1er janvier 1960 sous la bannière du National Democratic Party. Plus de 500 leaders nationalistes furent arrêtés et internés aux environs de Marandellas. Joshua Nkomo, alors à l’étranger, fut le seul leader nationaliste à échapper aux rafles. La Rhodésie du Sud ne connaissait pourtant pas de violents soulèvements mais plutôt des campagnes de défiance pacifique. Leur inspiration était le mode de protestation alors en cours dans le sud des États-Unis. Vêtus en costumes, ils entraient dans des bars, hôtels ou restaurants réservés aux Blancs et demandaient une consommation. Quant ils n’étaient pas battus ou expulsés, ils ressortaient dignement sous les insultes.

Edgar Whitehead, premier ministre de Rhodésie du Sud de 1958 à 1962

Si les Noirs de Rhodésie du Sud, au contraire de leurs homologues des deux autres territoires, n’étaient pas hostiles à la Fédération, c’était que celle-ci leur avait apporté des avantages. C’était dans ce cadre constitutionnel qu’ils fixaient l’essentiel de leur combat politique. Ils en appelaient à une constitution pleinement démocratique sous le slogan « one man one vote ».

En octobre 1960, le Rapport Monckton commissionné par le gouvernement britannique constata « la haine pathologique et générale des Africains de Rhodésie du Nord et du Nyasaland envers la Fédération ». La raison principale en était attribuée à l’attitude des Blancs de Rhodésie du Sud mais ceux-ci également étaient en partie défavorable à la Fédération par crainte du pouvoir politique croissant des Noirs. Le rapport Monckton proposa néanmoins de sauver la Fédération en abrogeant toute politique de discrimination raciale à l’intérieur des trois colonies.

En décembre 1960, Joshua Nkomo, Kenneth Kaunda et Hastings Kamuzu Banda, les représentants africains des deux Rhodésies et du Nyassaland, quittèrent la conférence constitutionnelle ouverte à Lancaster House dans le but de réviser la constitution fédérale provisoire de 1953. Ils protestaient ainsi contre l’intransigeance des colons blancs de Rhodésie du Sud à refuser l’égalité raciale et politique.

Hastings Kamuzu Banda et Kenneth Kaunda, les leaders africains du Nyassaland et de Rhodésie du Nord ne tardèrent pas à engager des pourparlers avec le gouvernement britannique pour se retirer définitivement du processus de révision et obtenir l’indépendance.

En janvier 1961, une nouvelle conférence réunie à Londres aboutissait à un nouveau projet de constitution pour la Rhodésie du Sud donnant aux Africains 15 sièges de députés sur un total de 65. Joshua Nkomo donna d’abord son accord de principe mais refusa finalement de signer sous la pression de son parti et de l’opinion africaine. Ce revirement fut surtout un échec pour le gouvernement sud-rhodésien d’Edgar Whitehead qui, en signe d’ouverture, avait mis fin aux mesquines discriminations raciales dans les lieux publics, les cinémas et les piscines. Les nationalistes noirs voulaient des droits plus substantiels et l’égalité juridique et citoyenne.

En juillet 1961, la nouvelle constitution était proposée par référendum aux 80 000 électeurs sud-rhodésiens. Boycottés par les 4 000 électeurs africains à l’appel de Nkomo, elle fut approuvée par les électeurs blancs, satisfaits de voir le Royaume-Uni renoncer à ses pouvoirs réservés qui l’autorisait à intervenir pour défendre les intérêts africains.

La constitution fut ensuite approuvée par le parlement britannique le 22 novembre 1961 et entrait en vigueur le 6 décembre 1961.

À la fin de l’année 1961, les premiers cocktail Molotov étaient utilisés dans les rues contre les symboles du pouvoir blanc. Le 8 décembre 1961, le NDP fut alors interdit. Joshua Nkomo créait un nouveau mouvement le 17 décembre, la Zimbabwe African People’s Union (ZAPU), revendiquant l’égalité raciale, le droit de vote et l’indépendance du pays qui prendrait le nom de Zimbabwe en référence aux ruines précoloniales découvertes près de Fort Victoria. Le ZAPU fut interdit en septembre 1962 au motif de son implication dans des actions de sabotage et de vandalisme.

L’afflux de 25 000 réfugiés européens fuyant le Congo belge après ceux qui avaient fuit le Kenya lors de la révolte des Mau Mau finissait de traumatiser les descendants des pionniers de Rhodes. Le Parti du Dominion avait déjà demandé un an plus tôt la création sur le Zambèze d’une ligne Maginot de défense de la civilisation en Afrique australe[12]. William Harper, leader du Parti du Dominion, s’était alors prononcé contre la nouvelle constitution et avait été rejoint sur ce thème par Ian Smith, un vétéran de la Seconde Guerre mondiale et démissionnaire du Parti fédéral Uni. Mais la constitution avait été approuvée à une large majorité.

L’agitation nationaliste grandissant, celle-ci devenait violente et menaçait « le petit paradis » que s’étaient créés les descendants des colons. En mars 1962, le Parti du Dominion, les dissidents du Parti fédéral uni et des membres de quelques groupuscules racistes fusionnaient alors en un Front rhodésien (Rhodesian Front - RF) afin de disputer à Whitehead les élections de fin d’année. Le Front rhodésien s’en prenait à la constitution fédérale qu’il proposait d’amender car selon eux, elle « entendait promouvoir la domination des Africains avant que ceux-ci aient acquis une expérience suffisante du gouvernement démocratique ».

Le 16 mai 1962, pour des motifs contraires, le comité spécial des Nations-Unies sur la décolonisation se prononçait pour la dissolution de la Fédération. Le 28 juin 1962, l’Assemblée générale des Nations-Unies demandait au Royaume-Uni de convoquer une nouvelle conférence constitutionnelle qui garantirait les droits de la majorité de la population.

Le 30 octobre 1962, à la tribune des Nations unies, Roy Welensky, le premier ministre fédéral, tentait encore de sauver la Fédération et déclarait « sans aucun doute, les Africains seront la majorité dans une quinzaine d’années ».

Le 14 décembre 1962, le Front rhodésien mené par Winston Field remportait 55% des voix et 35 sièges contre 44% des suffrages et 29 sièges au Parti fédéral uni lors des élections générales sud-rhodésiennes. Les déclarations d'Edgar Whitehead promettant l’abolition de toutes les discriminations raciales dont la loi de répartition des terres avaient fini par effrayer les électeurs blancs. Cette élection manifesta aux yeux du gouvernement britannique la peur des Blancs de Rhodésie du Sud, affolés par le développement de la politique multiraciale prônée par Whitehead[13]. Le Front rhodésien l’avait emporté de 8 000 voix sur le Parti fédéral uni. Or, il y avait à cette date 10 000 électeurs noirs qui avaient massivement boycottés l’élection suivant les mots d’ordre de Joshua Nkomo.

Le gouvernement prit alors des mesures radicales. Entendant bien repousser le danger communiste, il interdisait sous ce motif les rassemblements et meetings politiques des Noirs. Il calquait alors sa législation sur celle modelée en Afrique du Sud en vue de mettre fin à toute activité politique suspectée de communisme. Ainsi, la peine de mort devenait-elle automatique pour tout crime commis à l’aide de bombes ou d’explosifs. Les services secrets du Criminal Investigation Department (CID) voyaient également leurs pouvoirs et leur efficacité renforcés.

Par ailleurs, le gouvernement du Front rhodésien allait pouvoir compter sur l’appui sans réserves des 622 chefs des conseils tribaux qui depuis longtemps étaient devenus des fonctionnaires, aidant à la perception des impôts, à l’arrestation des criminels et informer les autorités de tout ce qui se passait sous leur juridiction (morts, épidémies, entretien des routes, éducation primaire, etc). Ces chefs étaient surtout très hostiles aux nationalistes africains qui voulaient leur retirer leurs prérogatives. Le Front rhodésien lança alors une politique de développement des communautés créant un conseil national des Chefs renforçant leurs pouvoirs.

Au début de l’année 1963, le Royaume-Uni reconnaissait le droit au Nyassaland de quitter la Fédération désormais condamnée et de préparer son indépendance.

Le 29 mars 1963, la même décision fut prise pour la Rhodésie du Nord.

Elle opposa néanmoins un refus à la demande d’indépendance de la Rhodésie du Sud. Par contre, elle acceptait de recevoir le sous-comité des Nations unies pour discuter du statut de la Rhodésie du Sud.

Le 28 juin 1963, une conférence est organisée aux chutes Victoria par le gouvernement britannique pour statuer sur l’avenir de la fédération. La mort de la Fédération est constatée et entérinée par le parlement britannique le 25 juillet suivant.

Des dissensions internes au sein de la ZAPU aboutirent à une scission et à la fondation de la Zimbabwe African National Union (ZANU) dirigé par Ndabaningi Sithole. Dès la fin de l’année 1963, la ZANU était elle-aussi interdite.

Le 31 décembre 1963, la Fédération de Rhodésie et de Nyassaland était officiellement dissoute.

Vers la déclaration unilatérale d’indépendance (1964-1965)

Drapeau de la Rhodésie du Sud (1964-1968)
Ian Smith, le premier ministre sud-rhodésien

En 1964, la Fédération de Rhodésie et du Nyassaland étant dissoute, le Royaume-Uni avait transféré à la Rhodésie du Sud la totalité des forces militaires terrestres et aériennes de l’ancienne Fédération, prix à payer selon elle d’une dissolution pacifique. Redevenue une colonie autonome, la constitution de Rhodésie du Sud établissait une assemblée nationale de 65 députés élus à deux niveaux. Pour le premier niveau (50 députés), les conditions pour être électeurs sont drastiques et reposent sur un système censitaire combinant différent facteurs dont le niveau d’éducation et la propriété foncière ou immobilière (principe électoral adopté dès 1923). Au bout du compte, 95% du corps électoral de ce niveau était issu de la minorité blanche (8% de la population) alors que le pays comptait 90% de citoyens noirs (5% d’entre eux avaient le droit de vote dans ce corps électoral). Pour le second niveau (15 députés), les conditions pour être électeurs étaient moins contraignantes. Du coup, 90% de ce corps électoral était issu de la communauté noire. Par conséquent, 50 députés étaient issus de la communauté blanche et seulement 16 de la communauté noire. Le Front rhodésien défendait ce principe de représentation à deux niveaux qui évitait les critères raciaux et qui, théoriquement, permettait à très long terme la constitution d’une majorité politique noire dans le pays.

Le Royaume-Uni n’était cependant pas prêt à accorder l’indépendance à la Rhodésie du Sud et Duncan Sandys, secrétaire britannique aux relations avec le Commonwealth, mettait en garde Winston Field dès février 1964 des conséquences d’une telle décision.

Considéré par son parti comme peu virulent à propos de la défense des intérêts de la minorité blanche, Winston Field fut contraint par son cabinet de présenter sa démission le 13 avril 1964. Il était remplacé par Ian Smith, son très énergique intransigeant et charismatique ministre du trésor. Dès sa prise de fonction, Ian Smith réclama immédiatement le droit à l’indépendance et accentua la répression contre les mouvements nationalistes noirs.

Le 1er juillet 1964, le Nyassaland rebaptisé Malawi accédait à l’indépendance, suivi en octobre de la Rhodésie du Nord sous le nouveau nom de Zambie.

En août 1964, la ZANU de Robert Mugabe fut interdite alors que Nkomo finissait par être arrêté par les forces de sécurité sud-rhodésienne et assigné à résidence.

En septembre, des pourparlers étaient engagés entre Smith et le Britannique Alec Douglas-Home, sans aucun résultat. L’arrivée au pouvoir en octobre 1964 des travaillistes britanniques d’Harold Wilson finit par accroître les dissensions entre Salisbury et Londres. Dès le 27 octobre, Wilson mettait en garde la Rhodésie du Sud contre toute velléité de déclaration unilatérale d’indépendance.

A la même époque, plusieurs milliers d’Européens émigrèrent de Zambie et du Malawi pour se réfugier en Rhodésie du Sud et en Afrique du Sud. Roy Welensky, l’ancien champion de la cause fédérale, émigra lui-même de Zambie pour la Rhodésie du Sud où il tentait de structurer un parti loyaliste envers le Royaume-Uni et opposé à toute tentative de déclaration unilatérale d’indépendance. Mais ce nouvel afflux de Blancs en provenance d’ancienne colonie ne faisait qu’attiser la peur des Rhodies, déjà traumatisés par le sort des Pieds-Noirs d’Algérie auxquels ils se comparaient souvent.

Smith convoqua pendant ce temps les 622 grands chefs de tribus à une Indaba (réunion). Au bout de cinq jours de discussions, ceux-ci lui donnèrent leur accord en tant que représentant de la population noire pour réclamer l’indépendance au Royaume-Uni.

Le 5 novembre 1964, Smith organisait son propre référendum sur l’indépendance. L’électorat majoritairement blanc lui apporta son soutien (58 091 voix en faveur de l’indépendance contre 6 096 voix hostile à cette perspective).

Le 7 mars 1965, les élections générales donnèrent une victoire éclatante au Front rhodésien qui lamina tous ses adversaires en remportant la totalité des 50 sièges de députés blancs à pourvoir.

En juillet et août, des rencontres bilatérales eurent lieu entre représentants britanniques et sud-rhodésiens à Londres et Salisbury mais les négociations achoppèrent chaque fois sur la question du droit de vote. Le gouvernement britannique exigeait la mise en place d’un régime non-racial et égalitaire (résumé par le principe du « No independence before majority rule » - pas d’indépendance sans la règle de la majorité). Le gouvernement Smith revendiquait une solution sud-rhodésienne et la préservation des privilèges de la minorité.

Wilson se rendit en Rhodésie du Sud du 25 au 30 octobre 1965 Il y rencontra les membres du gouvernement et les nationalistes africains. Il constata l’intransigeance des sud-rhodésiens blancs alors que les Nations unies commençaient à s’impatienter et semblaient vouloir interférer dans les discussions pour faire respecter les droits des Africains. Ce faisant, ils cristallisaient encore plus la rigidité des Blancs de Rhodésie du Sud.

Le 5 novembre 1965, Ian Smith mit la colonie en état d'urgence.

Face à la fermeté du gouvernement britannique et pour éviter une indépendance imposée par Londres selon ses règles, le gouvernement colonial de Rhodésie du Sud prit alors l’initiative le 11 novembre 1965 à 13h15 (heure locale).

La Rhodésie du Sud sous le régime de l’UDI (1965-1980)

La colonie rebelle (1965-1970)

La signature de la déclaration unilatérale d’indépendance par Ian Smith et les membres de son gouvernement le 11 novembre 1965

Le 11 novembre 1965, Ian Smith, Premier ministre de Rhodésie du Sud, déclarait l’indépendance unilatérale de son pays (Unilateral Declaration Of Independence - UDI) au nom de « la préservation de la justice, de la civilisation et du christianisme ». Il ne coupait pas encore tous les liens avec la Couronne britannique puisque le monarque de Grande-Bretagne demeurait le Chef d’État en titre. Il bénéficiait du soutien de la quasi-totalité des Rhodies mais aussi de celui non négligeable d’une partie de l’opinion publique britannique, à commencer par la Reine mère.

Jusque-là, seule une colonie britannique avait osé proclamer unilatéralement son indépendance : les États-Unis d’Amérique en 1776.

La Rhodésie du Sud compte alors 4 200 000 habitants dont 217 000 Blancs et 20 000 métis et Indiens[14].

Le gouvernement britannique d’Harold Wilson déclara non seulement l’UDI illégale mais il prononça la dissolution du gouvernement sud-rhodésien et la reprise directe du contrôle de l’administration de sa colonie par le gouverneur général. Ses décisions n’eurent cependant aucun effet à l’intérieur des frontières de la Rhodésie du Sud. Le Royaume-Uni tergiversait. Son premier ministre déclarait le 16 décembre 1965 devant l’assemblée générale des Nations unies qu’il n’existait pas en Rhodésie du Sud, à l’heure actuelle, de mouvement nationaliste africain capable d’assumer la responsabilité d’un gouvernement. Il écarta également d’emblée toute intervention militaire pour rétablir la légalité britannique et s’en remit alors aux Nations unies pour prôner des sanctions économiques « non punitives ».

En dépit des déclarations de Diallo Tlli, son secrétaire général (« Si plus de 200 millions d’Africains libres ne parviennent pas à riposter efficacement à 200 000 colons, alors nous n’aurons pas mérité la confiance de nos peuples »), le plan d’action de la toute jeune Organisation de l'unité africaine (OUA) restera lettre morte.

De fait, après le 11 novembre, seule l’Afrique du Sud reconnaissait la colonie sécessionniste qui pouvait néanmoins compter sur le soutien indirect du Portugal colonialiste de Salazar.

Aux Nations unies, la recommandation 2 012 du 12 octobre 1965 condamnait par avance la sécession des Rhodésiens[15]. Au lendemain de l’UDI, le Conseil de sécurité des Nations unies adopta par 10 voix la résolution 216 condamnant cette UDI, priant tous les états de ne pas reconnaître le régime de Smith déclaré illégal et de ne pas lui prêter assistance.

En Rhodésie du Sud même, l’UDI avait été accueillie dans les centres urbains par de violentes manifestations de la part des Noirs et des sabotages mais les campagnes étaient restées calmes.

Dès le début de l’année 1966, en Afrique du Sud, les Britanniques reprirent contact avec les émissaires de Smith.

Le 28 avril 1966, la ZANU et la ZAPU passaient officiellement à la lutte armée. Cette seconde Chimurenga (seconde guerre de libération) fut marquée par une première attaque, suicidaire contre les forces sud-rhodésiennes à Chinhoyi. De fait, les premières actions de guérilla étaient marquées par un manque total de cohésion et une vulnérabilité des camps d’entraînement.

À deux reprises, en décembre 1966 et en octobre 1968, Smith se rendit à Gibraltar négocier personnellement avec Harold Wilson une sortie de crise mais ce fut l’échec. Les Britanniques avaient pourtant offert à Smith la possibilité de prolonger la domination politique blanche pour une période assez longue le temps qu’une élite noire prenne la relève. Les intérêts économiques de la minorité auraient été garantis. Mais les négociations achoppèrent sur le sort du gouvernement rebelle qui aurait du se dissoudre et laisser un gouverneur britannique gérer la colonie sans rendre de compte aux représentants de la minorité blanche.

Le 16 décembre 1966, la résolution 232 imposait des sanctions obligatoires sélectives concernant certaines denrées de première nécessité.

En 1967, le gouvernement sud-rhodésien reçut sur le terrain l’aide des forces de sécurité de la république sud-africaine et l’appui implicite du gouvernement britannique, hostile officiellement à toute solution de violence[16]. Le 29 mai 1968, la résolution 253 est la première à imposer des sanctions obligatoires complètes. Plusieurs États passèrent outre. L’Afrique du Sud et le Portugal salazariste ouvrirent des représentations consulaires à Salisbury. Le gouvernement sud-rhodésien ouvrit des représentations non officielles à Washington, à Tōkyō et à Bonn. Elle disposait toujours de la Rhodesia House à Londres qui lui servait de facto d’ambassade. Quant aux sanctions économiques, elles étaient dans l’ensemble contournées par la plupart des pays occidentaux et par plusieurs États africains dépendants des ressources et des voies de communication de la Rhodésie du Sud.

Drapeau de la République de Rhodésie du Sud (1968-1979)

Les sanctions eurent d’ailleurs d’abord pour effet de stimuler l’économie sud-rhodésienne avec le renforcement et la diversification de la production nationale. La législation restreignit même l’exportation des bénéfices et imposa un contrôle des importations.

En 1968, la Rhodésie du Sud franchissait un cap supplémentaire en remplaçant le drapeau bleu ciel colonial par un nouvel emblème aux couleurs verticales vert, blanc, vert au centre duquel était représenté les armoiries du nouveau pays. La devise demeurait « Qu’elle soit digne de son nom ».

Le 21 mai 1969, la Loi fondamentale établissant une nouvelle constitution était adoptée à une large majorité par les Blancs (54 724 voix contre 20 776). Elle excluait dans l’immédiat toute possibilité d’accession au pouvoir pour la majorité noire. Dans le même temps, les Rhodies se prononcèrent à 61 130 voix (contre 14 372) sur l’opportunité d’ériger la Rhodésie du Sud en République.

La République de Rhodésie du Sud (1970-1979)

Blason de la Rhodésie du Sud (1968-1979)
Répartition raciale des terres en Rhodésie du Sud

Le 3 mars 1970, la République fut proclamée après avoir été adoptée par référendum. Clifford Dupont prenait les fonctions protocolaires de l’ancien gouverneur général et devenait le premier président de Rhodésie du Sud. Smith demeurait le Premier ministre et le véritable homme fort du régime.

La République de Rhodésie du Sud instituait un régime parlementaire sur le modèle britannique de Westminster. Les critères pour être électeurs étaient très stricts. Par conséquent, en 1970, seulement 8 000 Africains (sur cinq millions) bénéficiaient du droit de vote afin d’élire seize députés noirs alors que 82 852 Blancs (sur 243 000 Rhodésiens) élisaient 50 députés blancs. Un sénat de 23 membres était institué où dix Blancs étaient élus par les députés, dix Noirs par les collèges des chefs traditionnels et trois sénateurs, sans distinction de races, étaient nommés par le Président.

En 1970, la loi de répartition des terres était remplacée par la loi d’occupation des terres. Dans les faits, la répartition restait la même avec 49% du territoire (dont les meilleures terres du pays) détenus par les Rhodies (7% de la population) ou par l’administration alors que les Noirs (92% de la population) se partageaient les 51% restant au titre de réserves indigènes. Les terres de mission étaient par contre supprimées. La Rhodésie du Sud était devenu un État policier pour ses opposants, les mouvements noirs de libération étaient interdits et leurs leaders régulièrement emprisonnés. La ségrégation résidentielle était renforcée avec une loi calquée sur le modèle sud-africain.

Les Nations unies continuèrent à organiser l’isolement international de la Rhodésie du Sud. Si certains États et des sociétés internationales contournaient discrètement les sanctions, certains comme la République sud-africaine ou le Portugal défiaient ouvertement les résolutions internationales. Les liaisons entre Pretoria, Lourenço-Marquès (capitale du Mozambique portugais) et Salisbury étaient maintenues. On évoqua même un axe LisbonneTel AvivSalisburyPretoria pour contourner les sanctions internationales.

Le Congrès des États-Unis transgressa publiquement les résolutions onusiennes en autorisant l’importation de chrome sud-rhodésien. En effet, la richesse de son sous-sol en métaux rares et utiles pour les industries occidentales était un atout pour la Rhodésie du Sud[17]. L’amendement Byrd, du nom du congressiste démocrate américain à l’initiative de cette mesure, permit aux États-Unis d’importer des matériaux de Rhodésie du Sud nécessaire au développement des industries américaines.

Quant aux autres pays africains à la pointe du combat contre l’apartheid en République sud-africaine et contre le « gouvernement raciste » de Rhodésie du Sud, ils ne pouvaient s’empêcher eux-mêmes de commercer avec ces parias, étant trop souvent dépendant de leurs voies de communication construits à l’époque de la colonisation et qui en avaient fait les centres de toutes les voies de communication d’Afrique australe.

En novembre 1971, un accord sembla intervenir entre le Royaume-Uni et la Rhodésie du Sud concernant le statut du territoire. Ce projet négocié par Alec Douglas-Home au nom des Britanniques prévoyait la diminution progressive de la ségrégation raciale jusqu’à son abolition complète, l’extension rapide du droit de vote aux Africains et leur participation progressive aux affaires politiques du pays. Avec un tel système, il aurait fallu attendre encore 50 ans pour que les Noirs deviennent prédominants au parlement. En contrepartie, le Royaume-Uni reconnaissait l’indépendance du territoire, la légalité du gouvernement de Smith et mettait fin aux sanctions économiques. Il resterait à faire reconnaître par les Nations unies le bien-fondé de cet accord.

En janvier 1972, une commission royale fut instituée, chargée de vérifier si le projet recevait l’accord de toute la population de Rhodésie du Sud, Noirs compris. Les opposants africains au texte se regroupèrent alors dans un congrès national africain fondé le 10 mars 1972 et présidé par l’évêque méthodiste Abel Muzorewa qui plaida contre le projet devant le conseil de sécurité des Nations unies.

Dans son rapport publié en mai 1972, la commission reconnaissait que 98% de la population blanche était favorable à l’accord anglo-rhodésien (« un oui de lassitude ») de même la quasi-totalité des chefs tribaux reconnus par Salisbury. Mais la commission exposait également que l’accord était rejeté par la grande majorité des Noirs qui n’avaient pas confiance dans le gouvernement blanc et trouvaient injustes la plupart des termes y figurant. Le projet se trouvait alors enterré.

De son côté, le mouvement de libération prenait de l’ampleur. Le 23 mars 1972, la ZAPU et la ZANU annonçaient la création d’un commandement militaire unifié sous les ordres de Herbert Chitepo. Des bases d’entraînement furent installés en Zambie et en Tanzanie alors que Josiah Tongogara, commandant de la ZANLA (affiliée à la ZANU), partait en Chine pour y apprendre les techniques de guérillas maoïstes.

L’ANC était mise sous surveillance à compter du 16 juin 1972 par le ministre Lardner Burke au moment du renouvellement de l’état d'urgence.

La population civile fut alors sollicitée et obligée de choisir son camp. Les récalcitrants à toute aide à la guérilla étaient abattus. Les missions proches de la frontière étaient également la cible des attaques d’une guérilla de plus en plus aguerrie. Une fois les missionnaires tués, les enfants étaient emmenés de l’autre côté de la frontière où ils devenaient des enfants soldats, renvoyés ensuite en mission en Rhodésie du Sud. Les incursions à partir de la Zambie étaient les plus courantes. L’activité principale consistait alors à poser des mines anti-personnel entre les chutes Victoria et Chirundu.

Durant l’été 1972, bien que la Rhodésie du Sud se soit conformée aux exigences du comité national olympique en se présentant avec une équipe multiraciale et en acceptant de défiler sous son ancien drapeau colonial, elle est exclue des Jeux Olympiques de Munich à quelques jours de l’ouverture.

Au début du mois de janvier 1973, la Rhodésie du Sud ferma ses voies de communication avec la Zambie par lesquelles transitaient 40% des importations zambiennes et 48% de ses exportations, constituant ainsi une déclaration de guerre économique envers son voisin du nord[18]. Pour Smith, il s’agissait de mettre en garde la Zambie pour son soutien logistique aux mouvements de guérilla. Ce faisant, il provoquait l’hostilité de son voisin portugais au Mozambique[19] et surtout de son grand voisin, la République sud-africaine dont les intérêts économiques en Zambie étaient considérables[20]. L’état tampon de Rhodésie du Sud devenait un fardeau pour son puissant voisin. Un éditorial d’un journal sud-africain exprima cette mauvaise humeur en demandant à Monsieur Smith de « rechercher des solutions aux problèmes existants » au lieu d’en créer de nouveaux[21]. Ainsi, un pont aérien fut mis en place entre la Zambie et l’Afrique du Sud pour le transport de matériel d’exploitations des mines[22]. La frontière fut finalement rouverte dès le 5 février 1973 marquant un échec diplomatique pour Smith lâché par ses alliés. Cela démontrait par ailleurs que la Rhodésie du Sud était à la merci du bon vouloir de l’Afrique du Sud avec qui elle n’était finalement liée que par un mariage économique et non philosophique. Ce fut aussi à cette époque que les premiers ministres sud-africains et zambiens commencèrent à tisser des liens plus étroits.

À l’automne 1974, des contacts eurent lieu à Lusaka entre des diplomates sud-rhodésiens et les représentants de la guérilla. Le 7 décembre, un accord semblait sur le point d’être atteint sous le patronage de différents chefs d’États africains mais il était immédiatement rejeté par Smith. Les divers groupes nationalistes présents (ZANU, ZAPU, FROLIZI) décidèrent alors de se réunir au sein de l’ANC dirigé par Abel Muzorewa. Le 11 décembre, Smith annonçait la libération de tous les prisonniers politiques, assuré selon lui de la fin des actes de terrorisme en Rhodésie du Sud et de la réunion prochaine d’une conférence constitutionnelle. Joshua Nkomo, depuis peu en exil après avoir été interné pendant près de dix ans, revint dès le lendemain en homme libre à Salisbury. Les libérations de prisonniers furent cependant assez vite ajournées suite à de nombreuses violations du cessez-le-feu.

Pont au dessus du Zambèze entre Rhodésie du Sud et Zambie où eurent lieu les discussions entre Smith et les leaders noirs du Zimbabwe

Le 25 août 1975, sous les auspices de John Vorster, le premier ministre sud-africain, et de Kenneth Kaunda, le président zambien, une rencontre au sommet entre Smith et les leaders noirs des mouvements de guérillas eut lieu aux chutes Victoria, dans un wagon sud-africain stationné sur un pont situé au-dessus des chutes à la frontière entre la Zambie et la Rhodésie du Sud. Au bout de neuf heures d’entretien, cette conférence entre Smith et Abel Muzorewa (ANC), Joshua Nkomo (ZAPU) et le pasteur Sitholé (ZANU) se solda par un échec.

Parallèlement aux discussions directes entamées entre Smith et les leaders des mouvements de libération, l’économie sud-rhodésienne connut un rebond en 1975. Le pays n’était pas fermé au monde puisqu’il recevait 280 000 touristes par an (des Sud-africains et des Européens en majorité) et que de grands projets hôteliers (dont l’hôtel Monomotapa à Salisbury) étaient en cours de réalisation. Le pays connaissait encore une immigration importante de population blanche permettant de compenser l’émigration (la Rhodésie du Sud comptait alors 275 000 Blancs soit 4,5% de la population totale).

Mais l’échec de la conférence des chutes Victoria conduisit à une reprise de la lutte armée des mouvements de guérilla alors que les anciennes colonies portugaises nouvellement indépendantes amenaient au pouvoir des gouvernements marxistes favorables aux mouvements de guérillas. Au Mozambique, les services secrets sud-rhodésiens n’allaient pas tarder à soutenir et à financer la Résistance nationale du Mozambique (RENAMO) contre le gouvernement marxiste du Front de libération du Mozambique (FRELIMO).

En septembre 1975, lors du congrès du Front rhodésien à Umtali, Smith envisagea publiquement de former un gouvernement avec Joshua Nkomo.

Mais de leurs côtés, les nationalistes noirs se déchiraient. La ZANU se scinda en deux tandis que l’ANC expulsait la ZAPU et Joshua Nkomo. Quant à Robert Mugabe, suite à l’assassinat d’Herbert Chipeto à Lusaka par les services secrets sud-rhodésiens, il lui succédait à la direction de la ZANU.

En janvier 1976, la ZANU de Mugabe et la ZAPU de Nkomo se rassemblèrent dans un Front patriotique alors que la ZIPRA (affiliée à la ZAPU) et la ZANLA (affilié à la ZANU) s’associaient dans la ZIPA (armée populaire de Zimbabwe).

De son côté, John Vorster, inquiet de l’évolution politique des anciennes colonies portugaises, entreprit de calmer la situation en Rhodésie du Sud quitte à y laisser s’installer un gouvernement noir modéré. L’état tampon était devenu un avant-poste indéfendable et le nationalisme noir ne pouvait plus être bloqué sur le Zambèze. Il s’agissait maintenant de défendre le cercle industriel blanc quitte à sacrifier la Rhodésie du Sud pour maintenir ou gagner des relations pacifiques commerciales avec les autres États africains. Vorster avait déjà l’appui des Britanniques mais surtout celui des Américains. En effet, Henry Kissinger, le secrétaire d’État américain partisan de la détente avec les régimes « blancs » d’Afrique et d'adoucissement des relations avec l’Afrique du Sud, avait entrepris de mettre en place une « diplomatie globale » à l’avantage du gouvernement de Pretoria. En échange de pressions de Vorster sur Ian Smith afin d’obtenir l’application du principe de majorité en Rhodésie du Sud, le gouvernement américain s’abstiendrait de pressions directes sur les questions concernant l’avenir du Sud-Ouest africain (Namibie) et sur la pérennité de l’apartheid.

D’une manière générale, les Rhodies prenaient déjà conscience de la gravité de la situation et de l’impasse politique où ils se trouvaient. Si certains abandonnaient leurs fermes des eastern highlands ou leurs résidences secondaires en zone rurale, d’autres avaient commencé à fuir le pays depuis 1975. Politiquement, les libéraux, favorables au partage du pouvoir avec les Noirs et regroupés au sein du Rhodesia Party représentaient 20% de l’électorat blanc mais ils étaient incapables de décrocher des mandats[23].

Pour contrer la guérilla, les forces de sécurité du gouvernement sud-rhodésien lançaient des raids contre les bases d’entraînement de la ZANU et de la ZAPU au Mozambique et en Zambie mais les attaques s’amplifiaient d’années en années.

Sous la pression de Vorster et des Américains, c’est en septembre 1976 que Ian Smith céda sur le principe du gouvernement par la majorité noire, ouvrant ainsi la voie à une solution politique en Rhodésie du Sud.

Mais les obstacles s’amoncelèrent vite, relatifs notamment au processus de transition (organisation du cessez-le-feu, le désarmement des forces armées, la surveillance des élections, la coordination interne entre les mouvements de guérilla, etc).

En 1977, les rapports se détériorèrent entre d’un côté le gouvernement sud-rhodésien et le gouvernement sud-africain face de l’autre côté à la nouvelle administration américaine de Jimmy Carter. En mars 1977, la chambre des représentants annulait l’amendement Byrd et rétablissait l’embargo sur le chrome et le nickel sud-rhodésien[24]. En mai, la rencontre à Zurich entre John Vorster et le vice-président américain Walter Mondale aboutissait à une impasse.

Le 31 août 1977, le Front rhodésien confirma sa prédominance chez les Rhodies en remportant 50 des 65 sièges du parlement, marginalisant la Rhodesia Action Party (15% des voix), une dissidence d’extrême droite hostile à toute négociation.

En octobre 1977, une proposition conjointe anglo-américaine de règlement négocié, passablement compliqué, fut rejetée par toutes les parties au conflit.

Le 24 novembre 1977, lors d’une réunion publique à Bulawayo, Ian Smith annonçait néanmoins un virage à 180° de sa politique et annonçait son ralliement au principe du « one man, one vote ». Ce revirement allait aboutir aux accords de Salisbury du 3 mars 1978, signés entre Smith et trois leaders africains modérés, Abel Muzorewa, le révérend Sitholé et le Chef Jeremiah Chirau, prévoyant la formation d’un gouvernement multiracial intérimaire chargé de mettre en place une nouvelle constitution.

Médaille patriotique à l’effigie de Cecil Rhodes

Cet accord faisait écho à l’échec des négociations tentées par David Owen, le secrétaire britannique au Foreign Office, Cyrus Vance, le secrétaire d’état américain et Andrew Young, le représentant américain aux Nations-Unies qui avaient tenté en février à Malte de convaincre les leaders du Front patriotique, Joshua Nkomo et Robert Mugabe d’accepter le plan anglo-américain de règlement négocié.

Le 21 mars 1978, le premier gouvernement multiracial de Rhodésie du Sud était formé avec un conseil exécutif de transition réunissant les signataires de l’accord de Salisbury.

Le 24 juin 1978, les hostilités atteignirent un niveau de cruauté jamais égalé avec le massacre par des guérilléros du Front patriotique à Umtali à coup de haches de douze civils anglais d’une mission religieuse dont cinq femmes (précédemment violées), trois enfants de 4, 5 et 6 ans et d’un bébé de 3 semaines[25].

Le 14 août 1978, Ian Smith était néanmoins à Lusaka en Zambie où il rencontrait secrètement Joshua Nkomo dans le but de le faire rejoindre l’accord de Salisbury.

A la fin d’août 1978, les Nations-Unies dénoncèrent dans un rapport les 593 sociétés (dont de nombreuses entreprises pétrolières britanniques) qui avaient enfreint les règles de boycott édictées par le Conseil de sécurité.

Le 3 septembre 1978, la situation sur le terrain dégénéra, démontrant la vulnérabilité de la société civile. Un avion de ligne d’Air Rhodesia, avec à son bord 59 passagers et membres d’équipage, fut abattu peu de temps après son décollage de l’aéroport du lac Kariba par des missiles Sam-7 tirés par la guérilla de la ZIPRA. Sur les 18 survivants, 10 furent ensuite massacrés à la kalachnikov par les membres de la guérilla[26]. Josuah Nkomo revendiqua la destruction en vol de l’avion mais nia que les survivants aient été abattu par ses hommes[27]. Smith déclara alors que Nkomo s’était mis « au ban de la société » et annonçait qu’il mettait fin définitivement à leurs discrètes entrevues. Dans le même temps, Nkomo écartait toute solution légale et pacifique pour prendre le pouvoir alors que de son côté, la ZANU allait quémander à Addis-Abeba l’aide de Cuba et de l’URSS[28].

En octobre 1978, à l’invitation de 27 sénateurs conservateurs, Ian Smith se rendit aux États-Unis pour plaider sa cause. Ce faisant, il s’agissait d’un manquement volontaire aux sanctions contre les personnes édictées le 29 mai 1968 par le Conseil de sécurité, publiquement regretté par le gouvernement britannique de James Callaghan et condamné par le Conseil de sécurité le 10 octobre 1978[29]. La tournée de Smith fut plutôt fructueuse. S’il ne rencontra officiellement aucun membre de l’administration en place, ses entretiens avec d’importantes personnalités républicaines[30] furent considérés comme une reconnaissance de facto de son gouvernement.

Le 30 janvier 1979, la nouvelle constitution était ratifiée par 84,4% des électeurs blancs. Elle prévoyait la formation d’un régime parlementaire avec un président élu au suffrage universel pour dix ans, un parlement bicaméral composé d’un sénat de 30 membres élus pour cinq ans (dix Noirs, dix Blancs, dix chefs tribaux) et d’une assemblée de cent députés élus où 28 sièges seraient réservés aux Blancs (3% de la population) pendant une période de dix ans. Le projet garantissait la prédominance blanche dans l’administration (justice et armée incluse) durant les cinq premières années.

Bien que cette constitution ait été négociée avec Muzorewa, celui-ci fut désavoué par tous les autres mouvements noirs, les Nations-Unis et le Royaume-Uni.

Le 28 février 1979, le dernier parlement de Rhodésie du Sud à majorité blanche fut dissout.

Du 17 au 21 avril 1979, les premières élections multiraciales eurent lieu. Avec une participation électorale des Noirs de 64%, le parti de Muzorewa remporta 51 des 100 sièges contre 12 à celui de Sithole. Quant au Front rhodésien il remportait sans surprise les 28 sièges réservés aux Blancs (3% de la population représentés par 28% des députés).

Le Zimbabwe-Rhodésie (juin-décembre 1979)

Drapeau de Zimbabwe -Rhodesie 1979
Abel Muzorewa, premier ministre du Zimbabwe-Rhodésie
Article détaillé : Zimbabwe-Rhodésie.

Le 1er juin 1979, Abel Muzorewa devenait le premier Premier ministre noir de la nouvelle Zimbabwe-Rhodésie. Le premier président noir nommé fut Josiah Gumede et succéda au dernier président blanc du pays et un nouveau drapeau national adopté en septembre.

Ian Smith restait ministre dans le nouveau gouvernement qui comprenait douze ministres noirs et cinq ministres blancs.

Pour l’Afrique du Sud, il s’agissait d’un gouvernement noir modéré mais pour les Nations unies, ce n’était qu’un nouveau régime discrédité et illégitime. L’absence de reconnaissance internationale et la pression de la guérilla empêcha le nouveau gouvernement d’assoir sa légitimité d’autant plus que Smith restait l’homme fort du régime au sein du gouvernement.

Aux États-Unis et au Royaume-Uni, ce n’était que de justesse cependant que les demandes de levée des sanctions étaient rejetées. Aux États-Unis, c’est d’ailleurs le président Jimmy Carter qui refusa la levée des sanctions demandée par le Sénat par 75 voix contre 19. Le Sénat tenta de passer outre mais la Chambre des représentants rejoignit la position du président américain qui estimait que les élections d’avril 1979 n’avaient été « ni équitables ni justes »[31] ce qu’il confirma de vive voix à Muzorewa lors de sa visite à Washington le 11 juillet 1979.

Au Royaume-Uni, Lord Carrington, le nouveau secrétaire britannique au Foreign Office, déclara pourtant que le gouvernement de Muzorewa était « l’autorité légitime » de la Rhodésie du Sud et qu’il fallait l’aider.

Constatant l’échec de son projet de constellation d’États amis, le gouvernement du nouveau premier ministre sud-africain Pieter Willem Botha poussa alors Muzorewa et Smith à revenir de nouveau à la table des négociations avec le Royaume-Uni et les autres partis noirs d’oppositions.

Si les sanctions ne firent pas plier la Rhodésie du Sud, elles l’avaient considérablement affaiblie au bout de quinze ans. De plus, le harcèlement des mouvements de guérilla avait fini par lasser une population blanche dont le solde migratoire était devenu négatif depuis 1975.

En septembre 1979 s’ouvrirent des négociations au Royaume-Uni entre le gouvernement britannique, le gouvernement de Muzorewa et les mouvements de libération noir (ZANU, ZAPU, etc). Les négociations sont ardues et pour éviter tout blocage, notamment de la part du Front patriotique, le parlement britannique vota en novembre une loi conférant au gouvernement britannique le droit d’amener unilatéralement le Zimbabwe-Rhodésie vers l’indépendance.

Au 30 novembre, la guerre du Bush de Rhodésie du Sud avait déjà fait 19 500 victimes chez les Noirs (10 300 guérilleros et 7 500 civils) et 953 victimes chez les Blancs et les forces de sécurité (480 soldats sud-rhodésiens blancs ou noirs, 473 civils blancs).

La colonie britannique de Rhodésie du Sud (1979-1980)

Article détaillé : Accords de Lancaster House.
Lord Christopher Soames et Robert Mugabe

Le 12 décembre 1979, dix ans après le début de la guérilla et vingt mille morts, l’ex-colonie rebelle accepta qu’un nouveau gouverneur soit nommé mettant fin à quatorze années d’indépendance convulsives. Le gouvernement britannique nomma Lord Soames gouverneur général de la colonie de Rhodésie du Sud avec les pleins pouvoirs. L’Union Jack était de nouveau hissé à Salisbury en lieu et place du drapeau de Zimbabwe-Rhodésie marquant le retour effectif de la souveraineté britannique sur sa colonie rebelle.

Les négociations constitutionnelles ouvertes à Lancaster House depuis septembre au Royaume-Uni sous l’égide de Lord Carrington, ministre de Margaret Thatcher, aboutissaient à un accord entre Ian Smith, Muzorewa et les leaders de la ZANU et du ZAPU.

Le 21 décembre 1979, les accords de Lancaster House prévoyaient l’instauration d’un régime parlementaire, le maintien au parlement pendant sept ans de vingt sièges sur cent réservés aux Blancs et l’interdiction pendant dix ans de procéder à une nationalisation forcée de la propriété privée. Cependant, une redistribution pacifique des terres avec indemnisation conséquente était encouragée, avec les garanties apportées par le Royaume-Uni. Les accords de Lancaster House furent ratifiées par la Chambre des communes sous le nom de Zimbabwe Act alors que le conseil de sécurité des Nations unies décidait parallèlement de la levée de toutes les sanctions votées contre la Rhodésie du Sud.

Une amnistie générale fut proclamée empêchant toute poursuite au Royaume-Uni pour des actes commis en Rhodésie du Sud entre le 11 novembre 1965 et le 12 décembre 1979.

Le cessez-le-feu entra en vigueur à partir du 28 décembre 1979 et fut effectif à partir du 4 janvier 1980 sous le contrôle de 1 200 hommes du contingent du Commonwealth. Le 6 janvier 1980, l’armée sud-rhodésienne fut autorisée à assister la police dans le maintien de l’ordre suite à la persistance de l’insécurité et au développement du banditisme.

À partir du 21 janvier 1980, quelques 240 000 réfugiés dans les pays limitrophes commencèrent à rejoindre la Rhodésie du Sud alors que 18 500 guérilléros rejoignaient les seize points de ralliements désignés pour leur assignation.

La campagne électorale limitée à six semaines fut traversée d’actes de violence et d'intimidation de la part du parti de Robert Mugabe. Soames choisit cependant de ne pas disqualifier le ZANU alors même que l'accord de Lancaster House prévoyait d'écarter les partis se livrant à l'intimidation[32]. Robert Mugabe fut par ailleurs l’objet de deux tentatives d’assassinat.

Les élections eurent lieu le 14 février 1980 pour les vingt sièges réservés à la population blanche remportées dans leur totalité par le Front rhodésien de Ian Smith.

Du 27 au 29 février 1980, le vote se tint pour les 80 sièges réservés aux Noirs. Le président de Tanzanie, Julius Nyerere, dans l’attente du résultat définitif des élections, prévint alors qu’il ne reconnaîtrait qu’un gouvernement issu du Front patriotique et en aucun cas issu du Zimbabwe-Rhodésie. À la surprise générale, ce fut le parti le plus radical, le ZANU-Front patriotique de Robert Mugabe, qui remporta l’élection avec 62,9% des voix (57 sièges) reléguant loin derrière son rival de la ZAPU de Joshua Nkomo (25% des voix et 20 sièges) ainsi que l’UANC d’Abel Muzorewa (8% des suffrages et 3 sièges).

Le 4 mars 1980, Robert Mugabe, un chrétien marxiste, fut désigné pour le poste de premier ministre par Lord Soames. Il constitua un gouvernement de Front national incluant deux Blancs : Dennis Norman à la tête du ministère de l’Agriculture[33]et David Smith à la direction du ministère de l’industrie et du Commerce[34].

Le 18 avril 1980, l’ancienne Rhodésie du Sud accédait une nouvelle fois à l’indépendance sous le nouveau nom de Zimbabwe. Le nouvel État fut accueilli chaleureusement par la communauté internationale. Le nouveau président de la République du Zimbabwe était Canaan Banana, un modéré.

Le Zimbabwe rejoignait immédiatement les Nations unies puis le Commonwealth et dès septembre 1980, rompit ses relations diplomatiques avec l’Afrique du Sud tout en maintenant des relations économiques et commerciales assez étroites.

Les Rhodies après l’indépendance du Zimbabwe

Médaille du Zimbabwe décernée aux guérilléros du Front patriotique

Au moment de l’indépendance du Zimbabwe acceptée bon gré mal gré par les sud-Rhodésiens, la population blanche n’était déjà plus que de 250 000 personnes soit moins de 4% de la population. Seulement un peu plus de 50% de cette population blanche était née en Rhodésie du Sud (38% d’entre eux étaient nés au Royaume-Uni et 20 % dans un autre pays d’Afrique)[35].

Aux lamentations et inquiétudes des premiers jours succéda assez rapidement chez les Rhodies une acceptation de la perte de leurs privilèges politiques et raciaux. Conformément aux accords de Lancaster House, l’orientation économique du Zimbabwe n’était pas modifiée. Le nouveau gouvernement en appelait à la réconciliation nationale et quelques Blancs rejoignaient même la ZANU, certains en provenance direct du Front rhodésien.

Le nombre de Rhodies, candidats à l’émigration vers l’Afrique du Sud, le Royaume-Uni ou l’Australie n’allait cependant cesser de croître dans les cinq premières années suivant l’indépendance du Zimbabwe[36]. Parallèlement, le système de sécurité sociale jusque là largement avantageux envers les Blancs fut démantelé alors que la discrimination positive à l’embauche se mettait partout en place.

En 1981, le loyaliste Roy Welensky, quitta définitivement l’Afrique pour le Royaume-Uni alors que les fonctionnaires blancs étaient recrutés en Afrique du Sud, au Botswana et même au Bophuthatswana. Pourtant, le régime avait maintenu les lois restrictives sud-rhodésiennes à l’émigration, interdisant à un ressortissant d’emporter plus de 500 dollars hors du pays.

En 1982, le changement toponymique des villes fut mal accepté par les fils des anciens colons[37].

En moins de cinq ans, le nombre de Rhodies allaient s’effondrer à moins de 100 000 personnes vivant au Zimbabwe, souvent des personnes âgées ou des fermiers.

En 1987, ils perdirent en cours de législature leurs droits de représentation séparée de 20 députés blancs. La disparition de ceux qui représentaient encore l’opposition officielle intervint au moment où la ZANU et la ZAPU fusionnèrent, faisant disparaître d’un seul coup tout représentant de l’opposition au parlement.

Le nombre d’habitants blancs au Zimbabwe se stabilisait autour de 70 000 personnes dans les années 1990.

L’expropriation des fermiers blancs au début des années 2000 enclencha une nouvelle vague d’émigration vers l’Afrique du Sud, l’Australie mais aussi vers le Mozambique voisin. En 2005, moins de 50 000 Blancs demeuraient au Zimbabwe, principalement des citadins de grandes villes. Le départ, pour des raisons de santé, de Ian Smith pour Le Cap témoignait en 2006 de la fin de l’histoire des pionniers de Cecil Rhodes.

Voir aussi

Bibliographie et sources

  • Georges Fisher :"Le problème rhodésien", Annuaire Français de Droit International 1965, p41-70
  • Robert Lacour-Gayet, Les voisins de la république’ p414-416, dans Histoire de l’Afrique du Sud, Fayard, 1970
  • Pierre Eiseman : "Les sanctions contre la Rhodésie", Pédone, 1972, 122p
  • Roland Pichon : "Le drame Rhodésien", Idoc-France, 1975, 247p
  • Charles Rousseau : "Chronique des faits internationaux" dans "Revue générale de droit international public", 1978, p 917-922, 1979, p 547-555 et 1980, p 413-417
  • Charles Cadoux: L’ONU et le problème de l’Afrique australe, l’évolution de la stratégie des pressions internationales, Annuaire français de droit international, 1977, p 127 - 174
  • Charles Cadoux : "Le Zimbabwe, naissance d’une nation", Annuaire français de droit international, 1980, p9-29
  • George Lory : "Afrique australe", Autrement n°45, 1990, 265p
  • Doris Lessing, Rires d’Afrique, Albin Michel, 1992, p 19 -21 (Autobiographie de la romancière élevée en Rhodésie du Sud)
  • James Kirchick, How Tyranny came to Zimbabwe , Weekly Standard, 18/06/2007 vol. 12 issue 38

Filmographie

Articles connexes

Liens externes

Documents multimédias

Notes et références

  1. Doris Lessing, Rires d’Afrique, Albin Michel, 1992, p 19 (un peu d’histoire)
  2. Doris Lessing, ibid
  3. Roland Pichon, Le drame rhodésien, Idoc-France, 1975, p 49-51
  4. Roland Pichon, Le drame rhodésien, Idoc-France, 1975, p 71
  5. Selon les mots de Guy Clutton-Brock, missionnaire laïque de Saint-Faith (Rhodésie du Sud) dans les années 1950
  6. Doris Lessing, ibid, p 20-21
  7. Roland Pichon, Le drame rhodésien, Idoc-France, 1975, p 53-55
  8. La Rhodésie du Sud compte 5 000 Indiens au début des années 1950
  9. John Gunther, L’Autre Afrique, NRF, Gallimard, 1958, p364-365
  10. Roland Pichon, Le Drame rhodésien, p 62-63
  11. John Gunther, L’Autre Afrique, NRF, Gallimard, 1958, p336-337
  12. M. Mc Lean, porte parole du parti du Dominion, déclaration à l’assemblée sud-rhodésienne le 17 février 1960
  13. James Barber, Rhodesia, the road to rebellion, Oxford University Press, 1967
  14. Georges Fisher, Le problème rhodésien, AFDI 1965, p 41
  15. La recommandation fut votée par 107 voix. Le Portugal et l’Afrique du Sud votèrent contre alors que la France s’abstenait
  16. L’armée sud-rhodésienne et la police étaient composées à 80% de soldats et de policiers noirs. Mais les officiers étaient très majoritairement Blancs. Seuls les hommes blancs, métis et asiatiques devaient effectuer un service militaire obligatoire de 24 mois alors que ceux âgés de 20 ans à 54 ans étaient appelés périodiquement au sein de la réserve territoriale. L’armée sud-rhodésienne, forte de 100 000 hommes, recevait aussi le concours de mercenaires étrangers, très majoritairement Anglo-saxons
  17. Au début des années 1970, la Rhodésie du Sud détenait 80% des réserves mondiales de chrome et de platine alors que sa production de nickel en 1973 représentait 10% de la production mondiale
  18. Peu après, la Rhodésie du Sud autorisa les exportations de cuivre zambien à transiter par son territoire
  19. Le port de Beira se trouvait ainsi privé de l’essentiel de ses ressources
  20. Le groupe sud-africain Oppenheimer contrôlait les mines zambiennes de l’Anglo-American corporation et l’Afrique du Sud vendait chaque année pour 100 millions de dollars de produits manufacturés à la Zambie
  21. The Sunday Times du 28 janvier 1973
  22. Roland pichon, ibid, p 175
  23. L’essentiel de l’électorat du Rhodesia Party était composé de citadins de Salisbury et de Bulawayo. On y trouvait une sur-représentation des catégories sociales intellectuelles mais aussi des industriels, inquiets de l’évolution de la situation économique
  24. Charles Cadoux, l’ONU et le problème de l’Afrique australe, l’évolution de la stratégie des pressions internationales, Annuaire français de droit international, 1977, p 142
  25. Charles Rousseau, Chroniques des faits internationaux dans la Revue générale de droit international public, 1978, p 922. Pour les détails sur les massacres de missionnaires et de leurs familles, voir [1]
  26. The Hunyani Disaster
  27. En février 1979, un second avion de ligne (Umniati) est abattu au décollage près des chutes Victoria
  28. Charles Rousseau, "Chroniques des faits internationaux" dans la Revue générale de droit international public, 1979, p 549
  29. Le représentant américain s’est abstenu. L’invitation provenait de congressistes et non du gouvernement
  30. Ronald Reagan, l’ancien président Gerald Ford, l’ancien vice-président Nelson Rockefeller, l’ancien secrétaire d’état Henry Kissinger et l’ancien gouverneur démocrate du Texas puis secrétaire républicain au Trésor, John Connally
  31. Charles Rousseau, Chroniques des faits internationaux dans la Revue générale de droit international public, 1980, p 414
  32. voir par exemple James Kirchik, "How Tyranny came to Zimbabwe", weekly standard 18 juin 2007 volume 12 issue 38
  33. Denis Norman avait déjà été ministre de l’Agriculture dans le gouvernement de Ian Smith entre 1968 et 1976
  34. David Smith était le président de l’union nationale des agriculteurs de la Rhodésie du Sud depuis 1978
  35. Entre 1960 et 1979, près de 180 000 Blancs avaient immigré en Rhodésie du Sud tandis que durant la même période, 202 000 Blancs avaient émigré vers un autre pays
  36. Selon un article du Sunday Times Magazine publié en 1984, 49% de ces émigrés étaient partis en Afrique du Sud, 29% au Royaume-Uni et les autres en Australie, Nouvelle-Zélande, Canada et aux États-Unis
  37. Seules Victoria Falls, West Nicholson, Colleen Bawn et Beitbridge gardèrent leur nom colonial. Bulawayo, dont le nom était antérieur à la colonisation, demeura également inchangé.
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