Horace

Horace
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Horace
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Horace

Nom de naissance Quintus Horatius Flaccus
Naissance 8 décembre -65
Vénose, Empire romain
Décès 27 novembre -8 (à 56 ans)
Tibur, Empire romain
Nationalité Romaine
Profession Poète

Horace (en latin Quintus Horatius Flaccus) est un poète romain né à Vénose dans le sud de l'actuelle Italie, le 8 décembre -65 et mort à Tibur le 27 novembre -8.

Sommaire

Biographie

Horace est le fils d'un affranchi de Venusia[1], aux frontières de l'Apulie et de la Lucanie, qui exerçait le métier de coactor, c'est-à-dire de caissier des ventes aux enchères. Le jeune Horace est âgé de sept ans lorsque son père s'installe à Rome afin de lui assurer une éducation soignée. Mais il gardera un souvenir pour le moins mitigé de ses leçons avec le grammairien Lucius Orbilius Pupillus. Horace a environ dix-huit ans lorsque son père l'envoie à Athènes, pour y couronner son cursus par l'étude du grec et de la philosophie. Horace est justement en Grèce lors de l'assassinat de Jules César en 44 av. J.-C.[2]. Il s'enrôle alors dans l'armée des « Libérateurs » et se fait si bien remarquer de Brutus que celui-ci lui confie le commandement d'une légion[3].

Lors de la première bataille de Philippes (première semaine d'octobre 42 avant J.-C.), les troupes de Brutus s'emparent du camp d'Octave, qui échappe de peu à la capture. Mais lors du second combat, le 22 octobre, Octave et Marc Antoine sont vainqueurs. Brutus se suicide. Horace fait partie des fuyards.

Quand une amnistie est accordée aux vaincus, Horace retourne en Italie, où il apprend la mort de son père et la confiscation de ses propriétés. Réduit à la pauvreté, il achète une place de scribe auprès d'un questeur, ce qui ne veut pas dire qu'il ait renoncé à la lutte contre l'autocratie[4]. Il se met à la poésie.

Rapidement, il se lie d'amitié avec Virgile. Vers 38 avant J.-C.[5], Virgile et Lucius Varius Rufus le présentent à Mécène, confident d'Octave, protecteur des arts et des lettres, poète à ses heures. Mécène le prend sous sa protection, l'introduit dans les cercles politiques et littéraires (de là des recitationes), et lui offre une villa[5] près de Tibur.

En 17 av. J.-C., sa réputation littéraire est bien établie et c'est à lui que revient l'honneur de composer le Chant séculaire (Carmen Saeculare) qu'interprètent solennellement, à l'occasion des Jeux séculaires, des chœurs mixtes d'enfants choisis parmi l'élite de la noblesse romaine.

Il meurt en 8 avant J.C., quelques mois seulement après Mécène qui, sur son lit de mort, l'aurait encore recommandé à Auguste[6].

L'œuvre d'Horace

En dépit de sa grande difficulté, l'œuvre d'Horace a eu une influence non négligeable sur la littérature latine ; il est admiré, cité et repris par de nombreux auteurs, dont Jérôme[7], Sidoine Apollinaire[8] ou Prudence[9], parfois au prix de malentendus ou de contresens, comme en témoigne par exemple le détournement de la fameuse devise Carpe diem, ou de la non moins célèbre formule Aurea mediocritas (« juste milieu précieux comme l'or »), tirées respectivement des Odes, I, 11 et II, 10.

Satires

Article détaillé : Satires (Horace).

La satire est un genre typiquement romain créé par Lucilius au IIe siècle av. J.-C.

Les Satires d'Horace forment deux recueils en hexamètres dactyliques, l'un de dix pièces publié en 35 et l'autre de huit pièces publié en 29 av. J.-C.[10].

Le genre est propice à l'autoportrait, et Horace y excelle. Il s'agit de « causeries » (sermones) où sont de mise la liberté de ton et la polémique, que ce soit à propos de questions sociales, éthiques ou littéraires. Mais ce qui était permis à Lucilius sous la République ne l'est évidemment plus sous le Second triumvirat. Aussi, Horace, « qui manque de surface sociale », « évite la satire politique »[11].

Épodes

Intérieur de la maison d'Horace (Venosa)

Publiées en 29 av. J.-C., les Épodes sont au nombre de dix-sept, soit au total 625 vers, dont quatre probablement apocryphes (I, 5-6 et XVI, 15-16). Les Épodes sont écrites en distiques (un vers long + un vers court) de type iambique ; la pièce 17, toute en sénaires iambiques, fait exception.

Horace ne les appelait pas épodes, mais « iambes », se plaçant ainsi tout droit dans la lignée de Catulle, ce qu'il se garde bien de proclamer tant Catulle était maudit de César et des césariens. Il préfère se revendiquer d'Archiloque, inventeur du genre en Grèce, qui s'en était servi comme d’une arme redoutable contre ses ennemis, tant privés que publics. Le ton y est celui de l'invective ; le style est âpre et tendu ; l'érotisme le plus cru peut y côtoyer les accents les plus patriotiques.

Odes

Les Odes furent publiées en 23 ou 22 av. J.-C. pour les trois premiers livres et en 12 ou 7 av. J.-C. pour le quatrième.

Ces quatre livres qu'Horace comparait fièrement aux pyramides d'Égypte, contiennent respectivement 38, 20, 30 et 15 pièces, soit au total 3 038 vers, dont six sans doute apocryphes (IV, 6, 21-24 et IV, 8, 15-16).

On a tour à tour salué[12], dans les Odes, l'exploit métrique (avec la mise en œuvre de quatre types de strophes différentes, six variétés de distiques et trois espèces de vers employés seuls), l'équilibre dans une harmonieuse architecture qui se déploie selon des proportions numériques aussi complexes qu'impeccables, la circulation, les interconnexions, les réseaux, les correspondances, les combinaisons et les symétries diverses, dont l'ensemble constitue une immense et ultrasensible chambre de résonance. Quant à l'incroyable virtuosité verbale qui tire du choix et de la place de chaque mot le maximum d'énergie possible, elle impressionnait Friedrich Nietzsche au plus haut degré par ce qu'il appelait sa « noblesse ».

« On reconnaîtra jusque dans mon Zarathoustra une ambition très sérieuse de style romain, d'« aere perennius » dans le style. — Il n'en a pas été autrement de mon premier contact avec Horace. Jusqu'à présent aucun poète ne m'a procuré le même ravissement artistique que celui que j'ai éprouvé dès l'abord à la lecture d'une ode d'Horace. Dans certaines langues il n'est même pas possible de vouloir ce qui est réalisé ici. Cette mosaïque des mots, où chaque mot par son timbre, sa place dans la phrase, l’idée qu’il exprime, fait rayonner sa force à droite, à gauche et sur l'ensemble, ce minimum dans la somme et le nombre des signes et ce maximum que l'on atteint ainsi dans l'énergie des signes — tout cela est romain, et, si l'on veut m'en croire, noble par excellence*. Tout le reste de la poésie devient, à côté de cela, quelque chose de populaire, — un simple bavardage de sentiments... »

— Friedrich Nietzsche, Le Crépuscule des idoles ou comment philosopher à coups de marteau, chapitre « Ce que je dois aux anciens » 1888.

Mais là où Horace se surpasse, là où il mérite le mieux le « laurier delphique » (Odes, III, 30), c'est dans la maîtrise du contenu. En apparence, rien de plus hétéroclite que les Odes, où semblent interférer de manière aléatoire la sphère privée et la sphère publique, les amours et la politique, le monde grec et le monde latin, la mythologie et l'actualité la plus brûlante, l'épicurisme poussé jusqu’au sybaritisme, et un stoïcisme aiguisé jusqu’à l'ascétisme et à un renoncement presque monacal avant la lettre.

Épîtres

La statue d'Horace (Venosa)

Les Épîtres furent publiées en 19 ou 18 av. J.-C., plutôt qu'en 20, date traditionnellement admise, et probablement après 13 av. J.-C. pour le second recueil.

Le premier recueil compte 20 pièces (soit 1 006 vers, dont sept probablement apocryphes dans la première pièce), le second 2 seulement, mais très longues (270 et 216 vers). S'y ajoute l'Épître aux Pisons, plus connue sous le nom d'Art poétique (476 vers).

Elles sont écrites en hexamètres, comme les Satires, et, comme elles, ce sont des « causeries » d'allure assez libre. Mais les Epîtres étant des lettres fictives, elles s'adressent à des personnes bien précises, et le ton y est moins vif, le style plus détendu.

La première épître du second recueil s'adresse ainsi directement à Auguste : ou comment tirer la queue du lion sans se faire mordre. Florus est le destinataire de la seconde, où Horace a déposé comme son testament spirituel et la quintessence de sa sagesse.

Notes et références

  1. Se fondant sur le patronyme, Zehnacker et Fredouille avancent que le père était peut-être un ancien esclave public de Venusa
  2. Dictionnaire de l'Antiquité, Article « Horace », p. 516, Collection Bouquins
  3. Il a le grade de tribun militaire selon le Dictionnaire de l'Antiquité, Article « Horace », p.  516
  4. Jacques Perret, article « Horace », in Encyclopœdia universalis, tome 11, Paris, 1992
  5. a et b Dictionnaire de l'Antiquité, Bouquins
  6. Jean Bayet, Littérature latine, Armand Colin, Paris, 1996.
  7. A. V. Nazzaro, « Girolamo » dans Enciclopedia oraziana III, col. 29-31.
  8. G. Mazzoli, « Sidonio, Orazio e la lex saturae », dans L. Cristante (ed.), Il calamo della memoria. Riuso di testi e mestiere letterario nella tarda antichità, 2006, p. 171-184
  9. M. Lühken, Christianorum Maro et Flaccus : zur Vergil- und Horazrezeption des Prudentius, 2002.
  10. Hubert Zehnacker, Jean-Claude Fredouille, Littérature romaine, p.  156 donnent respectivement -35/-34 pour le premier recueil et -30/-29 pour le second.
  11. Hubert Zehnacker, Jean-Claude Fredouille, Littérature romaine, p.  155
  12. Jacques Perret, article « Horace », in op. cit. ; Pierre Grimal, Horace, Paris, Seuil, 1967 ; Hubert Zehnacker et J.-Cl. Fredouille, Littérature latine, P.U.F., 1993.

Bibliographie

Œuvres

  • Horace, Œuvres, Garnier-Flammarion, 1993, 374 p.
  • Art poétique (Ars poetica, vers 14 av. J.-C.), Kessinger, 2010, 82 p. [1]
  • Chant séculaire (Carmen saeculare, 17 av. J.-C.) [2]
  • Épîtres ou Lettres (Epistulae, 23-14 av. J.-C.), Les Belles Lettres, 260 p. [3]
  • Épodes ou Ïambes (Epodon Liber, 42-31 av. J.-C.), in Odes et Épodes, Les Belles Lettres, LXXXVIII-429 p.
  • Odes (Carmina, 23-17 av. J.-C.), Les Belles Lettres, 1997, XXIII-356 p.
  • Satires ou Entretiens ou Mélanges (Sermones, Saturae, 42-23 av. J.-C.), Les Belles Lettres, 2001, XXVII-246 p. [4]

Études sur Horace

  • Victor Giraud, Les idées morales d'Horace, Paris, 1907
  • Pierre Grimal, Horace, Seuil, Paris, 1967
  • Jacques Perret, article « Horace », in Encyclopœdia universalis, tome 11, Paris, 1992
  • M. C. Howatson, Dictionnaire de l'Antiquité. Mythologie, littérature, civilisation, coll. "Bouquins", Robert Laffont, 1993, (ISBN 978-2221068007)
  • Hubert Zehnacker et Jean-Claude Fredouille, Littérature latine, PUF, Paris, 1993
  • Jean Bayet, Littérature latine, Armand Colin, Paris, 1996

Voir aussi

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