Joseph Smith, Jr.

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Joseph Smith

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Joseph Smith

Joseph Smith, fils (23 décembre 1805 - 27 juin 1844) est le fondateur du mormonisme. Il est une personnalité de la vie religieuse et politique des États-Unis dans les années 1830 et 1840.

En 1830, Joseph Smith publie le Livre de Mormon, qu'il affirme être la traduction d'un récit ancien gravé sur des plaques d'or qu'un ange lui aurait confiées. La même année, il fonde l'Église de Jésus-Christ des saints des derniers jours dont il devient le premier président. Il attire de nombreux fidèles qui le considèrent comme un prophète de Dieu. Ceux-ci se rassemblent à Kirtland (Ohio) et ensuite au Missouri.

En 1839, après avoir été chassé du Missouri, les mormons fondent la ville de Nauvoo (Illinois) dont Joseph Smith deviendra le maire. Il est alors accusé par ses détracteurs de vouloir établir une théocratie et de pratiquer secrètement la polygamie. Fin 1843, il pose sa candidature à la présidence des États-Unis. Après avoir fait détruire la presse du Nauvoo Expositor[1], journal qui lui était hostile, il est arrêté puis assassiné par une foule d'émeutiers dans la prison de Carthage (Illinois).

Outre l'Église de Jésus-Christ des saints des derniers jours, une quinzaine de mouvements issus du mormonisme se réclament de ses doctrines.

Sommaire

Origines familiales et enfance

Joseph Smith fils était un Américain de la sixième génération. Ses ancêtres, ayant émigré du Lincolnshire (Angleterre), vinrent s'installer au XVIIe siècle en Amérique du nord, dans les collines boisées de la Nouvelle-Angleterre.

Ses parents, Joseph Smith père et Lucy Mack, se marièrent en 1796, à Tunbridge (Vermont), et eurent ensemble 11 enfants dont 9 survécurent après leur naissance : Alvin, Hyrum, Sophronia, Joseph, Samuel, William, Katharine (ou Catherine), Don Carlos et Lucy. Ayant subi quelques revers financiers, la famille Smith dut déménager à plusieurs reprises dans le Vermont, où Joseph Smith fils naquit le 23 décembre 1805, à Sharon, (comté de Windsor), puis dans le New Hampshire, où Joseph Smith père louait ses services chez d'autres fermiers, en faisant du commerce ou en travaillant comme maître d'école.

En 1860, l'explorateur, Jules Achille Rémy, un des premiers Français à avoir visité Salt Lake City, écrivait à leur sujet : "Les parents de Joseph Smith étaient cultivateurs : ils habitaient d'abord le comté de Windsor, dans l'Etat de Vermont. Son père, qui jouissait d'une aisance assez grande, se ruina de bonne heure dans une spéculation de ginseng cristallisé, dont il avait envoyé en Chine un chargement, qu'un consignataire infidèle ne lui paya jamais. Il se releva de sa ruine en cultivant une ferme appartenant à son beau-père, et en faisant l'école pendant l'hiver aux enfants du lieu. Ce n'était pas, il s'en fallait de beaucoup, un esprit religieux : cependant, il changea plus tard de sentiments et se convertit vers 1811, grâce aux prières de sa femme. Il en vint même à avoir des visions, et, à partir de sa conversion, il passa le reste de sa vie dans des pratiques religieuses. Lucy Mack, sa femme, mère du prophète, avait été de tout temps fort pieuse et même adonnée aux rêveries religieuses... Sa vie était toute mystique. Parfois, c'étaient des visions qui lui révélaient que toutes les religions étaient détournées de la vérité. D'autres fois, c'était une intervention miraculeuse en faveur de sa famille..."[2]

Joseph Smith père (1771–1840)

C'est vers 1813, alors que les Smith habitaient à West Lebanon (New Hampshire), que le jeune Joseph contracta la fièvre typhoïde et fut atteint d'une grave infection à la jambe gauche. Il fut opéré par le fameux chirurgien Nathan Smith, fondateur de la Dartmouth Medical School, qui lui évita l'amputation, mais durant quelques années l'enfant dut marcher avec des béquilles et, plus tard, cet accident le dispensa du service de la milice. Joseph Smith en garda toute sa vie une légère claudication.

Vers cette époque, la famille Smith, appauvrie, se rendit à Norwich (Vermont) pour travailler dans une ferme. Puis, en 1816, découragés par plusieurs mauvaises récoltes, ils quittèrent Norwich pour s'installer à Palmyra (New York), dans l'ouest de l'État de New York, non loin du lac Ontario. Joseph Smith père y fit l'acquisition de cent acres de terre où il bâtit une petite ferme et où, à force de labeur, sa famille retrouva une situation plus prospère.

Plus tard, William, un frère de Joseph Smith Jr, évoqua ainsi cette période de leur vie :

"Nous avions un bon terrain. Nous y avions aussi de douze à quinze cents arbres à sucre, et recueillir la sève et faire de la mélasse avec autant d’arbres n’était pas un travail de paresseux. Nous avons travaillé dur pour défricher notre terrain et les voisins étaient un peu jaloux. Imaginez la quantité de travail que cela représente de défricher 24 hectares plus fortement boisés que tout ce que nous connaissons ici, des arbres qu’il n’était pas facile de couper..." [3]

« Étant pauvres », raconta Joseph Smith, « nous avons dû travailler dur pour subvenir aux besoins de notre famille nombreuse… et comme il fallait que tous ceux d'entre nous qui le pouvaient aident à pourvoir aux besoins de la famille, nous avons, par conséquent, été privés des bienfaits d'une bonne instruction. Disons simplement que j'ai appris à lire, à écrire ainsi que les rudiments de l'arithmétique ».[4]

Concernant son éducation et son tempérament d'enfant, Jules Achille Rémy écrit en 1860 : "Joseph fréquenta pendant quelque temps les écoles primaires... mais ses parents ne purent lui faire donner une instruction soignée. Il apprit à lire couramment, à écrire médiocrement et à faire tant bien que mal, les quatre opérations de l'arithmétique. A l'âge de quatorze ans, il était, au dire de sa mère, un enfant remarquablement tranquille et montrant les plus heureuses dispositions. Cette opinion, il est vrai, n'est pas généralement admise, et les ennemis du prophète le présentent, au contraire, comme fort turbulent et comme un assez mauvais sujet. Ils rapportent qu'il fut à cette époque l'objet d'une tentative d'assassinat, et ils prétendent que ses désordres seuls y avaient donné lieu. Mais sa mère, qui ne conteste pas le fait, l'explique par la malice des méchants et par l'inspiration du démon." [5]

A Palmyra, la mère de Joseph, deux de ses frères et sa sœur aînée rejoignirent la Western Presbyterian Church, l'Église presbytérienne locale, mais Joseph, ainsi que son père et son frère Alvin s'en abstinrent. Joseph, pour sa part, se rapprocha des méthodistes et fit partie d’un club de débat, d’abord à Palmyra, puis dans l’école rouge de « Durfee Street » (North Creek Road).[6]

Quand Alvin Smith décéda le 19 novembre 1823, ce fut le pasteur presbytérien Benjamin B. Stockton qui célèbra ses funérailles. William Smith, frère cadet de Joseph, raconta : « [Le pasteur]… laissa fortement entendre qu’Alvin était allé en enfer car il n’était pas membre d’une Église. Mais c’était un bon garçon et cela déplut fort à mon père. » Cet événement fut probablement à l'origine d'une désaffection de la famille à l'égard de cette Western Presbyterian Church qui finit par les excommunier, en 1830, pour « avoir négligé le culte public ».[7].

La mort d'Alvin, ce frère aîné, âgé de 25 ans et qui travaillait dur pour subvenir aux besoins de sa famille, fut une véritable épreuve pour le jeune Joseph. Cet événement fut peut-être un élément déclencheur de sa quête spirituelle. Dès lors, il examina les diverses dénominations (méthodistes, baptistes, etc) afin de trouver celle qui pourrait être dans la vérité. C'est à cette même époque que Joseph Smith, bien des années plus tard, situera la visite de l'ange Moroni (soir du 21 septembre 1823).

La jeunesse de Joseph Smith : Faits et controverses

En octobre 1825, Joseph Smith fils alla travailler dans la ferme d'un certain Josiah Stowell qui vivait à South Bainbridge (Comté de Chenango, État de New York). Ce dernier était convaincu de l’existence d’une mine d'argent espagnole et, désireux d'en trouver l'emplacement exact, il creusait des excavations.[8]

Smith prit alors pension, à Harmony (Pennsylvanie), chez Isaac et Elizabeth Hale, ses futurs beaux-parents, mais cette chasse au trésor déplaisait fortement à Isaac Hale. En 1826, à Bainbridge, un neveu de Stowell, Peter G. Bridgman intenta un procès contre Joseph Smith, au cours duquel son futur beau-père, Isaac Hale, le qualifia de «glass looker», comme en témoignent des notes de frais du juge Albert Neely et du shériff Philip De Zeng, lesquelles ont donné lieu à de nombreuses polémiques.

Le "glass-looking" était une pratique en vogue à cette époque dans le nord des Etats-Unis et qui consistait à promettre, contre de l'argent, la découverte de trésors enfouis. Le "glass-looker" se servait d'une pierre transparente qu'on plaçait dans un chapeau et dont l'éclat était supposé révêler où il fallait creuser.

Pour certains, des documents retrouvés en 1974 par le révérend Wesley Walters[9] attesteraient qu'avant la parution du "Livre de Mormon", Joseph Smith avait eu des activités de voyance et de "money-digging" ("chercheur d'argent").

Cette allégation, très ancienne, fut formulée du vivant de Joseph Smith. En 1833, un certain Philastus Hurlbut, ancien mormon, excommunié pour immoralité, alla recueillir les attestations sous serment de 62 citoyens de Palmyra et Manchester affirmant notamment que les Smith passaient leur temps à chercher, au moyen de rituels magiques, des trésors enfouis et qu'ils auraient fait des trous un peu partout dans la région.[10]

En 1842, dans son livre "Gleanings by the Way", le révérend John A. Clark (1801-1843), qui fut pasteur de l'Église épiscopalienne (anglicane) à Palmyra, rapporta une déclaration de Martin Harris, un mormon des débuts, dans laquelle il évoque les expéditions nocturnes des "money-diggers" (chercheurs de trésors) et qui dit qu'ils avaient employé "Joe" comme guide habituel, lequel mettait dans son chapeau une pierre particulière qu'il observait pour décider où ils devaient creuser, et que ce fut au retour d'une de ces virées nocturnes qu'il eut la visite de l'ange Moroni."[11]

En 1872, Charles Marshall, un journaliste britannique en visite à Salt Lake City et qui aurait eu accès au registre du juge Neely, publia dans le magazine "Fraser" un article précisant que Joseph Smith avait bien comparu devant la Cour de Bainbridge, le 20 mars 1826, sous les accusations d'"agitateur" (disorderly person) et de "charlatan" (impostor), qu'il regardait une certaine pierre pour trouver des trésors oubliés dans les entrailles de la terre et que Stowell l'avait engagé pour prospecter avec lui. Cette thèse fut également défendue par l'historienne mormone, Fawn McKay Brodie, nièce de l'apôtre David O. McKay (devenu plus tard président de l'Église), dans son ouvrage "No Man Knows My History: The Life of Joseph Smith", publié en 1945, où elle affirma que Joseph Smith fut un chasseur de trésor extrêmement imaginatif, qui, dans l'espoir d'améliorer le quotidien familial, inventa l'existence de plaques d'or et un récit religieux, le Livre de Mormon, un imposteur animé de bonnes intentions et qui, peu à peu, finit par se convaincre qu'il était bien un prophète. En 1946, à cause de son ouvrage, Fawn McKay Brodie fut excommuniée de l'Église de Jésus-Christ des Saints des Derniers Jours.

Selon Oliver Cowdery, un mormon de la première heure, Joseph Smith fut invité par Stowell à passer quelques mois pour prospecter avec quelques autres à la recherche d'un trésor. Il ajouta que quelqu'un s'était plaint de lui comme "agitateur" (disorderly person) et qu'on l'avait amené devant les autorités du Comté, mais que, comme on ne put rien retenir contre lui, il fut honorablement acquitté[12]

Pour les auteurs mormons, même si l'existence du procès de 1826 est effectivement attestée, aucun élément ne permet de conclure que Joseph Smith fut déclaré coupable.

Emma Hale Smith (1804-1879)

Joseph Smith rapporte de cette période de sa vie : "Au mois d'octobre 1825, je m'engageai chez un vieux monsieur du nom de Josiah Stoal, qui demeurait dans le comté de Chenango, État de New York. Il avait entendu dire qu'une mine d'argent avait été ouverte par les Espagnols, à Harmony, comté de Susquehanna, État de Pennsylvanie, et, avant de m'engager, il avait fait des fouilles pour tenter de découvrir la mine. Lorsque je fus allé vivre chez lui, il m'emmena, avec le reste de ses ouvriers, faire des fouilles pour trouver la mine d'argent, ouvrage auquel je travaillai pendant presque un mois sans que notre entreprise ne rencontrât de succès, et finalement je persuadai le vieux monsieur de cesser ses recherches. C'est de là que vient l'histoire fort répandue qui dit que j'ai été un chercheur d'or." (Joseph Smith - Autobiographie)[13]

En 1826, Joseph Smith était encore au service de Josiah Stowel quand il demanda la main de la jeune Emma. Malgré le refus d'Isaac Hale, Joseph l'épousa à South Bainbridge (Comté de Chenango -État de New York - Afton depuis 1857), le 18 janvier 1827.[14]

Parution du Livre de Mormon (1830)

Martin Harris (1783-1875) Riche fermier, proche de la famille Smith, il finança la publication du Livre de Mormon. Fut un des "3 témoins" qui attestèrent l'existence des plaques d'or. Excommunié en 1837.

En juin 1829, Joseph Smith se rendit à Palmyra (Comté de Wayne, Etat de New York) pour y déposer un manuscrit du "Livre de mormon" ("The Book of Mormon") à l'atelier d'Egbert Bratt Grandin, éditeur du journal "the Wayne Sentinel".

Le 17 août 1829, avec Egbert et ses associés, John H. Gilbert et Pomeroy Tucker, il signa un contrat concernant l'impression de 5 000 exemplaires. Pour en régler le coût estimé à 3 000 dollars, Martin Harris, un fermier local, ami des Smith, hypothéqua sa ferme de 150 acres. (Plus tard, il vendra 80 hectares de sa ferme pour racheter l'hypothèque).

Le Livre de Mormon fut finalement mis en vente au public dans la librairie de M. Grandin, le 26 mars 1830.

L'ouvrage se présentait comme étant les annales d'un peuple ancien (les Néphites) qui, avec les Lamanites auraient occupé l'Amérique du nord entre 600 av. J-C et 421 ap. J-C. Suivant ce récit, les ancêtres des Néphites et des Lamanites auraient été des Hébreux ayant quitté Jérusalem pour gagner l'Amérique. Les Lamanites (dont descendraient les Amérindiens) auraient finalement éliminé les Néphites, dont un représentant : Moroni, fils de Mormon, aurait enterré quelque part leurs annales sacrées, gravées sur des plaques d'or.

Joseph Smith présenta le Livre de Mormon, non comme un roman, mais comme un texte authentique dont il aurait eu la révélation. Selon lui, Moroni lui-même lui serait apparu, le 21 septembre 1823, et lui aurait indiqué où se trouvaient les plaques d'or, sur la colline de Cumorah, près de Palmyra. Au sommet de cette colline, il aurait ainsi exhumé des plaques, recouvertes d'une écriture inconnue, ainsi que des pierre de voyance (Ourim et Thoummim) qui, quatre ans plus tard, lui auraient permis d'en faire la "traduction".

Récit d'une révélation

La première vision

Première Vision de Joseph Smith

Dans la région de Palmyra où vivait la famille Smith, différentes Églises chrétiennes essayaient d'attirer des convertis. Les différentes dénominations issues de la Réforme étaient souvent secouées par des réveils religieux. Massimo Introvigne, auteur d'un ouvrage sur les mormons[15] indique que cette région « fut le théâtre de manifestations répétées d’enthousiasmes religieux, au point de recevoir le nom de burned-over district, district incendié par la ferveur revivaliste protestante ». Et « dans l’excitation religieuse, nombreuses étaient les personnes sujettes aux expériences et visions mystiques ». De nombreux prédicateurs de la région, tels Elias Smith[16], John Samuel Thompson, Asa Wild[17] pour ne citer que les plus connus, prétendirent avoir reçu la visite du Christ. Mais les récits d'apparitions étaient également courants parmi la population.

Bien qu'encore très jeune, Joseph s'interrogeait sur sa situation vis-à-vis de Dieu et sur la confusion qui régnait alors entre les différentes dénominations chrétiennes. Dans le récit de sa vie, Joseph Smith mentionne en 1820 un réveil religieux qui frappa Palmyra, déclenché par la prédication d’un pasteur méthodiste, Georges Lane. Selon William, le frère cadet de Joseph, ce fut ce prédicateur qui suggéra à Joseph de lire le texte de Jacques 1:5 afin qu’il puisse déterminer l’Église où il serait le plus à l’aise : «Si quelqu'un d'entre vous manque de sagesse, qu'il la demande à Dieu, qui donne à tous simplement et sans reproche, et elle lui sera donnée.»[18]

Inspiré par ce passage de Jacques 1:5, il serait allé prier dans les bois, près de chez lui, un jour de printemps 1820 et aurait eu cette vision :

"Je vis, exactement au-dessus de ma tête, une colonne de lumière, plus brillante que le soleil, descendre peu à peu jusqu'à tomber sur moi... Quand la lumière se posa sur moi, je vis deux Personnages dont l'éclat et la gloire défient toute description, et qui se tenaient au-dessus de moi dans les airs. L'un deux me parla, m'appelant par mon nom, et dit, en montrant l'autre : Celui-ci est mon Fils bien-aimé. Écoute-le."[19]

Selon Joseph Smith, Jésus-Christ lui dit de ne se joindre à aucune des Églises qui existaient alors sur la terre, car elles étaient "toutes dans l'erreur et que tous leurs credo étaient une abomination."[20]

Joseph Smith raconte enfin qu'une forte opposition se manifesta dès qu'il fit part de sa vision : "Je m'aperçus bientôt que le fait de raconter mon histoire m'avait nui auprès des adeptes des autres confessions et était la cause d'une grande persécution, qui allait croissant ; et quoique je fusse un garçon obscur de quatorze à quinze ans à peine, et que ma situation dans la vie fût de nature à faire de moi un garçon sans importance dans le monde, pourtant des hommes haut placés me remarquèrent suffisamment pour exciter l'opinion publique contre moi et provoquer de violentes persécutions ; et ce fut une chose commune chez toutes les confessions : toutes s'unirent pour me persécuter."[21]

À propos de cet épisode, Jerald Dee Tanner et son épouse, Sandra McGee Tanner, issus de vieilles familles mormones et qui ont étudié en Utah les débuts du mormonisme, affirment que les premiers membres de l’Église mormone ne savaient rien d’une Première Vision...[22]

Quand Oliver Cowdery a édité sa version de l'histoire de l'Église en décembre 1834 et février 1835, il n'a pas, en effet, mentionné cette "Première vision".

Dans son ouvrage, Fawn McKay Brodie émet de sérieux doutes sur l'authenticité du récit de Smith.[23]

Par ailleurs, la date avancée par Smith (1820) à propos du réveil religieux (revival) initié par le pasteur méthodiste George Lane est contestée par certains auteurs, considérant que la presse locale de cette époque n'en parle pas. Dans son étude parue en 1967, le révérend Wesley P. Walters[24] a cité de nombreux passages des journaux locaux qui semblent confirmer qu'il n'y eut aucun réveil (revival) à Palmyra et ses environs entre 1819 et 1823. Au contraire, durant toutes ces années, l'Église méthodiste de Palmyra perd ses fidèles : 23 en 1819, 6 en 1820 et 40 en 1821...[25] En revanche, les quotidiens «the Wayne Sentinel» (15.09.1824) et "Palmyra Newspaper" (2.03.1825), parlent bien d'un réveil qui débute en 1824, ainsi que le récit personnel de George Lane, retrouvé par Wesley Walters dans un séminaire méthodiste,[26] et qui indique, en septembre 1825, pour l'Eglise méthodiste de Palmyra une progression de 208 fidèles.

Visite de Moroni et découverte des plaques d'or

Trois ans plus tard, selon Joseph Smith, le soir du 21 septembre 1823, alors qu'il priait intensément,[27] une lumière emplit sa chambre, et un messager céleste, nommé Moroni, lui serait apparu et lui aurait révêlé que des annales anciennes, gravées sur des plaques d'or, étaient enterrées dans une colline voisine et que lui, Joseph Smith, devrait traduire en anglais ce texte sacré.

Joseph raconta que pendant les quatre années qui suivirent, il rencontra Moroni sur la colline, tous les 22 septembre, afin de recevoir des enseignements et des instructions supplémentaires, et que, le 22 septembre 1827, quatre ans après avoir vu les plaques pour la première fois, il les reçut. Smith raconte qu'il se rendit sur le flanc occidental de cette colline de Cumorah, un peu en-dessous du sommet, qu'il y trouva enterrées les plaques déposées dans un coffre en pierre, l'Urim et Thummim et un pectoral en or. Selon lui, les plaques étaient en or, gravées de caractères égyptiens, et reliées avec trois anneaux comme les feuilles d'un livre... L'Urim et Thummim consistait, dit la mère de Joseph qui l'aurait vu, en deux diamants triangulaires, enchâssés dans du verre et montés sur des branches d'argent, un peu comme les lunettes qu'on portait autrefois. Dans le récit de sa découverte, Joseph Smith ne précise pas qu’une « épée » se trouvait à Cumorah, dans le coffre de pierre. C'est plus tard, dans les récits des "témoins", que cet objet, l'épée de Laban, sera mentionné.

Les plaques d'or - Reconstitution selon les récits des témoins, Musée d'histoire de l'Eglise, Salt Lake City
Article détaillé : Livre de Mormon.

Mais, selon Smith, dès que ces plaques d'or lui furent confiées, des bandes locales ne cessèrent de comploter afin de lui voler, et c'est pourquoi, en décembre 1827, le couple Smith serait revenu à Harmony (Pennsylvanie), où Joseph aurait alors débuté la "traduction" des plaques, secondé par Martin Harris, un riche fermier, ami de la famille Smith.

C'est alors que Martin Harris fit le voyage de New-York pour montrer un fac-similé des caractères "égyptiens" du livre de Mormon au professeur Charles Anthon (1787-1867), professeur de philologie classique à Columbia, qui, selon lui, aurait déclaré que les caractères étaient égyptiens, chaldéens, assyriens et arabes et que la traductionqu'en avait faite Smith était correcte. Il ajouta qu'Anthon lui aurait d'abord donné un certificat attestant l'authenticité des caractères, et puis que, se ravisant, il l'aurait ensuite déchiré.

Plus tard, dans une lettre adressé à Eber D. Howe de Painesville et datée du 9 février 1834, Charles Anthon donna une version différente de cette entrevue[28] : Devant le mélange des alphabets hébreux, grecs et romains il aurait perçu le document comme non seulement "un canulard" mais comme une "escroquerie" faisant "partie d'un plan pour voler l'argent du fermier" Martin Harris.[29]

En 1903, les héritiers de David Whitmer vendirent à l’Église réorganisée de Jésus-christ des Saints des Derniers Jours un document dont le papier, ancien, avait la même qualité et la même apparence que celui du manuscrit du Livre de Mormon et des premières "révélations". Selon l’Église réorganisée, ce document (aujourd'hui surnommé "transcription RLDS") serait le fac-similé qu'Harris aurait présenté en 1829 au professeur Anthon. Sur ce sujet, l’Église de Jesus-Christ des saints des derniers jours se montre circonspecte.[30]

Après sa visite à New-York, Martin Harris revint auprès de Joseph, le 12 avril 1828. Deux mois plus tard, selon Joseph Smith, 116 pages étaient déjà écrites quand Martin Harris lui demanda la permission de les emporter chez lui. Joseph Smith finit par lui permettre de les emporter. Harris les emporta et les perdit, et elles ne furent jamais retrouvées.

"Traduction" du Livre de Mormon

En avril 1829, Oliver Cowdery, jeune instituteur originaire de Poultney (Vermont), arriva à Harmony, et se présenta à Joseph pour remplacer Harris. "Le 5 avril 1829, Oliver Cowdery vint chez moi. Je ne l'avais jamais vu auparavant. Il me déclara que comme il enseignait à l'école du quartier où mon père résidait, et comme mon père était un de ceux qui envoyaient leurs enfants à cette école, il avait pris quelque temps pension chez lui. Pendant qu'il y était, la famille lui raconta les circonstances dans lesquelles j'avais reçu les plaques, à la suite de quoi, il était venu me trouver pour me poser des questions à ce sujet. Deux jours après l'arrivée de M. Cowdery (le 7 avril), je commençai la traduction du Livre de Mormon et il se mit à écrire pour moi."[31]

Certains auteurs ont avancé que Joseph Smith et Oliver Cowdery se connaissaient déjà avant cette rencontre, et que leurs pères, Joseph Smith Sr et William Cowdery, auraient tous deux adhéré au mouvement religieux ("Wood Scrape") initié en 1800 par un certain Nathaniel Wood, de Middletown (Vermont), qui affirmait que ses disciples étaient de nouveaux Juifs ("New Israelites") et qu'ils pouvaient guérir les maladies et découvrir des trésors cachés en utilisant des baguettes divinatoires ("divining rod").

Oliver Cowdery a écrit à propos de son expérience : « Ce furent là des jours inoubliables ! Être là à écouter le son d’une voix parlant sous l'inspiration du ciel éveillait en mon sein la gratitude la plus profonde ! Jour après jour, je continuais, sans interruption, à écrire l’histoire, ou annales, appelée ‘Livre de Mormon’, telle qu’elle tombait de ses lèvres, tandis qu’il traduisait à l'aide de l'urim et du thummim. »[32]

Selon Joseph Smith, un mois plus tard, Oliver Cowdery et lui allèrent prier sur les bords de la rivière Susquehanna, quand un être céleste leur serait apparu, se présentant comme étant Jean-Baptiste, puis leur aurait conféré la Prêtrise d'Aaron en leur commandant de se baptiser et de s'ordonner mutuellement. Plus tard dans le mois, raconta Smith, les apôtres d'autrefois Pierre, Jacques et Jean leur seraient apparus à leur tour, puis ils leur auraient conféré la Prêtrise de Melchisédek et les auraient ordonné apôtres.

Oliver Cowdery (1806-1850), secrétaire de Smith, un des "trois témoins" du Livre de Mormon, excommunié en 1838

En juin 1829, la famille Whitmer, de Fayette (État de New-York), lui offrit l'hospitalité pour achever son travail. Le même mois, Joseph Smith baptisa, dans les eaux du lac Seneca, deux des Whitmer en même temps que son frère Hyrum.

C'est alors que furent rédigés les deux certificats des "trois témoins" (Oliver Cowdery[33], David Whitmer[34] et Martin Harris[35]) et des "huit témoins"[36] (quatre Whitmer, Hiram Page, parent des Whitmer, et trois Smith) qui attestèrent l'existence des plaques d'or, traduites par Joseph Smith. Les témoignages des trois et des huit témoins ont été imprimés au début du Livre de Mormon, dès la première publication de 1830.

Quoique la plupart de ces témoins (6 sur 11) furent ensuite excommuniés, l'Église de Jésus-Christ des Saints des Derniers Jours se plait à rappeler la grande honorabilité de ces hommes et souligne le fait que, même sortis de l'Église, ils ne renièrent jamais leur témoignage.

Sa mère, Lucy Mack, dit qu'ensuite l'ange serait de nouveau apparu à Joseph, que ce dernier dut lui rendre les plaques et les autres objets, et qu'alors l'ange emporta tout. Aujourd'hui, les auteurs mormons expliquent que Moroni reprit les plaques pour épargner à Joseph Smith et aux croyants d'avoir à les protéger et à les cacher sans cesse et pour augmenter la foi du lecteur qui doit apprendre directement de Dieu et connaître par la révélation la véracité de ce livre.[37]

La "traduction" étant achevée, il s'agissait de trouver un imprimeur. C'est alors que Joseph Smith se serait rendu à l'atelier d'Egbert Grandin, éditeur du journal "the Wayne Sentinel".

Le Livre de Mormon : Texte sacré ou simple plagiat ?

Les détracteurs de Joseph Smith affirment que le "Livre de Mormon" a été rédigé par Joseph Smith, et probablement avec l'aide d'autres personnes plus instruites tels Olivier Cowdery ou Sydney Rigdon. L'idée que les Amérindiens fussent les descendants de tribus perdues d'Israël était répandue bien avant la naissance du mouvement mormon. On en trouve des témoignages dans de nombreuses publications antérieures à 1830. On accusa ainsi Joseph Smith d'avoir plagié un ou plusieurs ouvrages de son temps.

On parla d'abord du manuscrit de Spaulding. A partir de 1812, Solomon Spaulding (1761-1816), avait écrit un roman à trame biblique intitulé : "The Manuscript Found" (Le Manuscrit Retrouvé). Un imprimeur de Pittsburgh, Robert Patterson, reçut le manuscrit, mais alors qu'il attendait d'être payé pour l'imprimer, Spaulding décéda. Le roman ne fut finalement pas publié, et, selon des témoignages notariés de l'époque, le manuscrit de l'imprimeur aurait alors disparu. Or, Patterson avait comme ouvrier un certain Harrison, ami de Sidney Rigdon, qui fut plus tard un proche de Joseph Smith dans la nouvelle Eglise. De là à penser que Rigdon ait subtilisé le manuscrit et que celui-ci ait servi de base au livre de Mormon, il n'y avait qu'un pas... et ce pas fut franchi dès 1832, alors que les missionnaires mormons Samuel H. Smith et Orson Hyde prêchaient à Conneaut Ohio), des habitants affirmèrent que le Livre de Mormon ressemblait à l'histoire écrite dans cette ville, quelques années plus tôt, par Spaulding. Le frère de Spaulding, sa veuve et son fils déclarèrent sous serment qu'ils reconnaissaient le roman du défunt. En décembre 1833, l'ex-mormon Hilburt, qui avait obtenu de la veuve Spaulding, un manuscrit de l'ouvrage, le présenta dans des réunions publiques à Kirtland (Ohio), et, l'année suivante, Eber Dudley Howe(1798-1885), propriétaire de The Telegraph de Painesville, exposa dans son livre «Mormonism Unvailed» la théorie selon laquelle le Livre de Mormon serait un plagiat du manuscrit de Spaulding.[5]

En 1884, un certain Rice découvrit un manuscrit de Spaulding et le transmit à l'Oberlin College de l'Ohio. Le manuscrit ne s'intitulait pas «Le manuscrit trouvé», mais : «Manuscript Story : Conneaut Creek» et il présentait assez peu de similitudes avec le "Livre de Mormon", ce qui semblait démentir la thèse du plagiat orchestré par Smith et Rigdon. Le manuscrit traitait d'un groupe de Romains qui, en route pour la Grande-Bretagne, se perdaient et, parvenant en Ohio, décrivaient l'histoire des Indiens qui s'y trouvaient. L'anglais y était moderne, le style romanesque, et le roman 6 fois plus court que le Livre de Mormon. Afin de ruiner définitivement la thèse Smith-Rigdon, le "manuscrit d'Oberlin", fut publié en 1885 sous le titre : "The Manuscript Found" (Le Manuscrit Retrouvé) par l’Église réorganisée de Jésus-Christ des Saints des Derniers Jours (aujourd’hui rebaptisée Communauté du Christ), puis en 1896 et 1910 par l'Église de Jésus-Christ des saints des derniers jours.

Toutefois, les défenseurs de cette thèse affirment que, selon les témoignages de l'époque, Spaulding aurait rédigé plusieurs essais sur le même sujet, et que "le Manuscrit retrouvé" et le «Manuscript Story : Conneaut Creek» (ou Manuscrit d'Oberlin) seraient deux écrits différents de Spaulding. Ceci aurait été confirmé par une fille de Spaulding, Matilda McKinstry.[38]

L'autre ouvrage, souvent cité comme source possible de Joseph Smith, est l'ouvrage du pasteur Ethan Smith (1762–1849) : "View of the Hebrews" (Vue des Hébreux'), publié en 1823 et qui défendait lui aussi l'idée que les Amérindiens descendent des Hébreux. Isaac Woodbridge Riley (1869–1933)[39] fut apparemment le premier, en 1902, à établir un rapprochement entre "Vue des Hébreux" et le "Livre de Mormon". Cette thèse se trouva renforcée par le fait que l'auteur de "Vue des Hébreux", Ethan Smith, vécut à Poultney (Vermont), la ville natale d'Oliver Cowdery, où il fut de 1821 à 1826 le pasteur de la Congregational church que fréquentait la famille Cowdery. Quand le roman d'Ethan Smith fut publié en 1823, le journal de Palmyra, le "Wayne Sentinel" en fit la publicité, et plus tard, le 11 août 1826, le nom de Joseph Smith père fut mentionné dans ce même journal, attestant qu'il avait payé, pour l'acquérir, la somme de 5,60 dollars.

En 1922, Brigham H. Roberts (1857–1933), historien mormon et membre du premier collège des soixante-dix, releva 26 points de similitude entre "Vue des Hébreux" et le "Livre de Mormon". Il écrivit à ce propos : "La question qui doit être considérée est celle-ci: Est-ce qu'une telle connaissance (celle de l'origine sémite des Indiens) telle qu'elle est défendue dans le livre d'Ethan Smith concernant les théories de l'origine comme elles existaient dans le voisinage où Joseph Smith a passé sa jeunesse et l'imagination créatrice et vivante d'une personne auraient pu produire un ouvrage tel que le Livre de Mormon ? Il apparaît qu'une telle connaissance existait en Nouvelle-Angleterre et que Joseph Smith était en contact avec elle. Qu'un livre au moins, avec lequel il semble bien avoir été en contact ait pu fournir le matériel de base du Livre de Mormon et il apparaît que Joseph Smith possédait une semblable imagination créative, il en ressort qu'il est très possible que le Livre de Mormon ait pu être produit de cette façon."[40]Roberts termina son étude de "Vue des Hébreux" en posant la question : «Des points de ressemblance suggérant des contacts aussi nombreux et aussi convaincants peuvent-ils être une simple coïncidence ?».[41] Toutefois, Brigham H. Roberts resta convaincu jusqu'à sa mort de l'inspiration divine du Livre de Mormon.

En 1945, Fawn McKay Brodieécrivit : "On ne pourra jamais prouver que Joseph Smith a bien lu "Vue des Hébreux" avant d'écrire le Livre de Mormon, mais les parallèles saisissants entre les deux livres laissent peu de place à une simple coincidence."[42]

En 1985, le mormon John W. Welch[43] tenta de répondre à la question de B. H. Roberts et d'expliquer en quoi les différences entre les deux ouvrages, très générales selon lui, n'étaient ni nombreuses ni convaincantes. À son tour, et en réponse au travail de Roberts, il dressa une liste de 84 différences entre les deux ouvrages afin d'infirmer la théorie du plagiat.[44]

Les débuts de l'Eglise

Le 6 avril 1830, exactement onze jours après la mise en vente du Livre de Mormon, une soixantaine de personnes se réunirent dans la maison de rondins de Peter Whitmer, père, à Fayette (État de New-York). Là, Joseph Smith organisa officiellement l'Église, nommée huit ans plus tard l'Église de Jésus-Christ des saints des derniers jours.[45]

Les premières missions

Sydney Rigdon (1793–1876) - Après la mort de Smith, n'ayant pu lui succéder, il fonda avec ses partisans l'Église de Jésus-Christ des Enfants de Sion.

Joseph Smith envoya alors des missionnaires prêcher dans tout l'État de New-York.[46] Au printemps 1830, son jeune frère, Samuel, fut le premier à prendre la route. Dans une taverne de New York, il laissa un exemplaire du Livre de Mormon qui parvint entre les mains de Brigham Young. Ainsi fut baptisé celui qui devait devenir par la suite le deuxième président de l’Église de Jésus-Christ des saints des derniers jours et conduire les pionniers mormons en Utah.

Joseph Smith, lui-même, prêcha à Harmony, puis à Fayette (État de New-York). En août 1830, lors d'une de ces missions à Manchester (État de New-York), Parley P. Pratt, pasteur campbelliste, vint l'écouter afin de lui apporter la contradiction. Mais, le discours de Joseph Smith parvint à le convaincre. Dès le lendemain, il demanda le baptême, et, le 19 septembre, il baptisa à Chanaan (État de New-York) son propre frère Orson Pratt, âgé de dix-neuf ans, qui devint plus tard un important pilier de la jeune Église.

En septembre 1830, Joseph Smith envoya Oliver Cowdery et Parley P. Pratt chez les Indiens du Missouri.[47] Le voyage que firent ces missionnaires les conduisit dans la région de Kirtland (Ohio), où ils rencontrèrent un groupe religieux en recherche spirituelle et ils convertirent cent trente de ses membres, parmi lesquels Sidney Rigdon, qui devint plus tard membre de la Première Présidence de l’Église. Le groupe de saints de Kirtland atteignit ainsi plusieurs centaines de membres.

Dès lors, la croissance de l’Église fut rapide. En un an, il y eut plus de 500 baptêmes. En 1832, la population de l'Église était de 2000 à 3000, et s'approcha de 20.000 en 1835.

Installation à Kirtland (Ohio)

En même temps que l'Église grandissait dans l'État de New York, l'hostilité de la population augmentait. Joseph et Emma furent parmi les premiers à partir en Ohio, et ils arrivèrent à Kirtland vers le 1er février 1831. Ils s'installèrent au-dessus du magasin blanc (the White Store) de Newel K.Whitney qui, en 1832, devint le siège de l’Eglise. En 1832, Newel fut appelé à servir comme manager des opérations financières de l’Eglise. La plupart des ressources de la famille Whitney furent offertes pour l’édification du temple de Kirtland.

Dans les mois qui suivirent, la grande majorité des saints de l'État de New York vendirent leurs biens et se rassemblèrent à Kirtland (Ohio) où ils achetèrent des terres.

Les premières institutions de l'Église

C'est à Kirtland (Ohio), en 1832, que fut organisée la Première Présidence de l’Église. Le président Joseph Smith choisit pour conseillers Sidney Rigdon et Jesse Gause. Pour une raison inconnue, Jesse Gause fut excommunié le 3 décembre 1832 et quitta l'Église. L'historien et ex-mormon D. Michael Quinn pense que Gause aurait appris que Smith enseignait secrètement le mariage plural, ce qui aurait motivé son départ.[48] Jesse Gause fut remplacé, le 18 mars 1833, par Frederick G. Williams.

Un pieu fut organisé à Kirtland en 1834.

Joseph Smith organisa le Collège des douze apôtres qui se réunit pour la première fois à Kirtland, le 21 février 1835. Brigham Young, H. G. Kimball, Orson Hyde, Orson Pratt et Parley P. Pratt furent désignés apôtres. La même année, Smith créa un collège des soixante-dix.

Pendant cette période, Joseph Smith établit aussi des collèges de la Prêtrise d'Aaron et de Melchisédek pour administrer les besoins des membres locaux de l'Église.

Fondation d'une "nouvelle Sion" au Missouri

En juin 1831, Joseph Smith prétendit avoir reçu de Dieu la révélation que devait être fondée une "nouvelle Jérusalem", à 1 400 km de Kirtland, dans le comté de Jackson, au Missouri, à la limite des terres colonisées. Ils passèrent par Cincinnati, Louisville et Saint-Louis, d'où ils se rendirent à pied à Indépendance (comté de Jackson), qu'ils atteignirent au mois de juillet 1831. L'endroit plut à Smith et il proclama au nom de Dieu que c'était la terre promise réservée aux saints des derniers jours, que c'était là que devrait s'élever la cité de Sion.

Joseph Smith commença à y établir les fondations d'une nouvelle ville, destinée à recevoir 15 à 20.000 habitants. William W. Phelps reçut l'ordre d'établir et de diriger une imprimerie, et des hommes furent nommés à des fonctions dont le but était d'organiser la colonie et de la peupler, de recevoir des offrandes et d'ouvrir des magasins. En août 1831, il choisit et consacra un site pour la construction du temple, puis, revenu en Ohio, il incita des centaines de saints à se rendre au Missouri et à s'y installer.

Ainsi, entre 1831 à 1838, on trouvait les mormons principalement en Ohio et au Missouri. Les dirigeants de l'Église correspondaient par lettres et faisaient souvent le voyage entre les deux régions.

Formation du canon des Écritures mormones

En novembre 1831, les dirigeants de l'Église décidèrent de publier un grand nombre de "révélations" dans une compilation appelée : Le Livre des Commandements. Ce livre fut imprimé à Independence (Missouri), mais, en juillet 1833, des émeutiers détruisirent la presse et la plupart des exemplaires du livre. À cause de ces événements, le Livre des Commandements ne fut jamais mis à la disposition des membres de l'Église, mais, en 1835, on publia à Kirtland sous le titre de Doctrine et Alliances, un nouveau recueil de "révélations" et de déclarations "inspirées", donnant des instructions pour diriger l'Église dans les "derniers jours".

Pendant qu'il vivait dans la région de Kirtland, Joseph Smith poursuivit sa traduction de la Bible, par laquelle il prétendait corriger le texte de la King James - ou "Bible du roi Jacques" (Bible en anglais réalisée sous le règne de Jacques Ier d'Angleterre) - et rétablir ainsi des vérités perdues au fil des siècles. Ce travail ne put être achevé de son vivant, mais il fut l'occasion de publier des textes, à présent inclus dans le Livre de Moïse qui fait partie de la Perle de Grand Prix, un des ouvrages canoniques de l'Église de Jésus-Christ des saints des derniers jours.

Le 3 juillet 1835, à Kirtland (Ohio), un marchand d'antiquités, Michael H. Chandler, exposa des momies égyptiennes et des rouleaux de papyrus. Joseph Smith fit alors l'acquisition de quatre momies et de plusieurs dizaines de fragments de papyrus dont il affirma avoir tiré des papyri écrits par Abraham lui-même plus de 4000 ans auparavant. Smith produisit alors un récit, le Livre d'Abraham qu'il présenta comme la traduction de ces écrits. Par la suite, le Livre d'Abraham fut intégré à la Perle de Grand Prix.

Ces documents égyptiens ont donné lieu à un vif débat, notamment depuis leur redécouverte en 1966 au Metropolitan Museum of Art de New York, par le Dr. Aziz Suryal Atiya, spécialiste du Proche-Orient à l'université d'Utah. Celui-ci raconta ainsi sa découverte : « Pendant que j’étais là, je découvris un classeur avec ces documents. J’en reconnus immédiatement le dessin. Lorsque je le vis, je sus qu’il avait paru dans la Perle de Grand Prix. Je connaissais l’aspect général de l’image. (...) Je vis d’autres morceaux de papyrus empilés ensemble… Un autre document se trouvait avec eux, signé par la femme de Joseph Smith, son fils et quelqu’un d’autre, attestant que ces papyrus appartenaient à Joseph Smith…»[49]

Les momies et les papyrus acquis par Smith provenaient des fouilles réalisées à Thèbes par Giovanni Pietro Antonio Lebolo, dont Michael H. Chandler était le neveu et l'héritier. Pour les égyptologues, les papyrus de Smith proviennent d'un "Livre des Respirations", c'est-à-dire un livre funéraire qui, à partir du 1er siècle avant J.-C, succéda au très ancien Livre des Morts et dont les textes et les scènes qui y figurent et qu'on trouve fréquemment dans les tonbeaux égyptiens, n'auraient, selon eux, aucun lien avec Abraham (que les récits bibliques ne situent jamais hors de la Mésopotamie) ou même avec le peuple hébreu.[50]

L'Église de Jésus-Christ des saints des derniers jours soutient la véracité de la "traduction" faite par Smith et ajoute même qu'en dehors de ces papyri, il existerait des dizaines de mentions d’Abraham dans les textes égyptiens…[51] Toutefois, elle affirme aussi que "rien ne permet de croire que les papyrus retrouvés (par le Dr. Atiya) sont ceux qui ont permis la traduction du Livre d'Abraham. Au contraire, tout tend à démontrer que l'original n'a pas encore été retrouvé… »[52]

Le temple de Kirtland

Temple de Kirtland

En décembre 1832, Joseph Smith ordonna aux saints de construire un temple à Kirtland (Ohio).

Le 27 mars 1836, eut lieu la dédicace du temple de Kirtland, qui avait coûté 40,000 dollars. Une semaine plus tard, le 3 avril 1836, Joseph Smith prétendit que Jésus-Christ lui était apparu dans le temple, ainsi qu'à Oliver Cowdery, en déclarant : « J'ai accepté cette maison, et mon nom sera ici ; et je me manifesterai avec miséricorde à mon peuple dans cette maison ».[53]

Il ajouta que trois messagers de l’époque de l'Ancien Testament, Moïse, Élias et Élie, apparurent également et rétablirent des clés et l'autorité de la prêtrise qui, selon lui, avaient été perdues depuis longtemps sur la terre.[54]

Missions dans le monde

Dans les premières années de l'Église, des missionnaires furent appelés à prêcher l'Évangile dans divers endroits des États-Unis et du Canada. Puis, au cours de l'été 1837, il envoya des missionnaires en Angleterre. Il demanda à Heber C. Kimball, membre du Collège des Douze, de diriger un petit groupe de missionnaires dans cette entreprise. Kimball partit et, en l'espace d'un an, environ deux mille personnes s'étaient jointes à l'Église, en Angleterre. Par la suite, Joseph Smith envoya en mission des membres des Douze en Grande-Bretagne. En 1841, plus de six mille personnes s'étaient jointes à l'Église de Jésus-Christ des saints des derniers jours. Beaucoup de ces nouveaux fidèles émigrèrent aux États-Unis.

Expulsion du comté de Jackson et départ de Kirtland

Joseph Smith enduit de goudron et de plumes, à Hiram, près de Kirtland, en 1832

Dans le comté de Jackson (Missouri), au Camp de Sion, le nombre des fidèles n'avait cessé d'augmenter, il représentait alors 1 200 personnes, soit environ un tiers de la population.

L'arrivée de tant de mormons inquiétait les habitants qui craignaient de perdre le contrôle politique de leur comté. Ils se méfiaient aussi des doctrines particulières aux saints des derniers jours, et ils étaient mécontents que les mormons fassent prioritairement du commerce entre eux. Des émeutiers et la milice locale ne tardèrent pas à les harceler et, en novembre 1833, ils les chassèrent du comté de Jackson. La plupart des saints des derniers jours traversèrent le fleuve Missouri et s'enfuirent alors au nord, dans le comté de Clay (Missouri).

En mai et juin 1834, Joseph Smith dirigea une expédition, depuis Kirtland jusqu'au Missouri. Après avoir organisé un pieu dans le comté de Clay avec David Whitmer comme président, il retourna en Ohio.

La ville de Kirtland avait connu, elle aussi, une augmentation significative du nombre d'habitants, s'élevant de 1.000 en 1830 à 3.000 en 1836. Cette croissance démographique fut au moins partiellement responsable d'une augmentation rapide du prix des terres agricoles entre 1832 et 1837. Le prix moyen par acre de terre à Kirtland passa de 7 dollars en 1832 à 44 dollars en 1837. Dès lors, l'inquiétude de la population locale se transforma en une vive hostilité à l'égard des mormons.

Billet de 3 dollars de la Kirtland Safety Society Bank

En 1836, Joseph Smith avait créé à Kirtland, sous le nom de Kirtland Safety Society Bank (KSS), une maison de commerce qui faisait des opérations de banque. Mais, au mois de novembre 1837, la Kirtland Safety Society Bank fut obligée de suspendre ses paiements et fut déclarée en faillite. Joseph Smith fut poursuivi pour escroquerie et pour opérations bancaires illégales. Convoqué dans dix-sept procès, on lui réclama le remboursement de dettes s'élevant à plus de 30.000 dollars. Warren Parish, membre du Collège des soixante Dix, accusé par Smith d'avoir détourné des fonds, fut excommunié.

Beaucoup de mormons, ruinés, accusèrent Smith d'être responsable de ce scandale financier et quittèrent l'Église. Des dirigeants mormons, dont plusieurs membres du Collège des douze apôtres, tels Lyman E. Johnson, Luke Johnson, John F. Boynton, Martin Harris, Warren Parrish, Oliver Cowdery, David Whitmer, W.W. Phelps et John Whitmer formèrent une faction dissidente. Ils prirent le contrôle du Temple de Kirtland et excommunièrent Joseph Smith et Sidney Rigdon. Warren Parrish, rejoint par Martin Harris, un des témoins du Livre de Mormon, jugeant que Joseph Smith était un prophète déchu, fondèrent une Église dissidente : "l'Église du Christ" (Church of Christ), qui disparut peu après.

Le 12 janvier 1838, pour éviter d'être lynchés par la foule, Smith et Rigdon quittèrent furtivement la ville et trouvèrent refuge à Far West (Comté de Davies, Missouri) où fut établi le siège de l’Église. Tous les dissidents de Kirtland furent excommuniés pour "apostasie". Dans le décret d'excommunication, Smith parle d'une "bande de faussaires, de voleurs, de menteurs et de mauvais sujets de la plus noire teinte", et voici comment George A. Smith décrit cette première crise à l'intérieur de la jeune Église : "L'esprit d'apostasie devint plus général et le choc qui fut donné à l'Église fut plus grave que jamais auparavant : un de la Première Présidence, plusieurs des douze apôtres, un membre du grand conseil, les présidents des soixante-dix, les témoins du Livre de Mormon et un grand nombre d'autres ayant une position importante furent enveloppés dans cette apostasie..."[55]

Les mormons ne connurent pas longtemps la paix dans le nord du Missouri. À l'automne 1838, des émeutiers et la milice les harcelèrent à nouveau et attaquèrent plusieurs d’entre eux. Quand ils ripostèrent et se défendirent, Joseph Smith et d'autres dirigeants de l'Église furent arrêtés sur des accusations de trahison. En novembre, ils furent emprisonnés à Independence et à Richmond (Missouri) et le 1er décembre, ils furent emmenés en prison à Liberty (Missouri).

Pendant l'emprisonnement de Joseph Smith, des milliers de mormons, y compris sa propre famille, furent chassés du Missouri, pendant l'hiver et le printemps de 1838-1839. Sous la direction de Brigham Young et d'autres dirigeants de l'Église, les mormons partirent vers l'Est, en Illinois.

En avril 1839, Joseph Smith et ses compagnons furent transférés de la prison de Liberty à Gallatin (Missouri). Au cours d'un autre transfert, de Gallatin à Columbia (Missouri), les gardes permirent aux prisonniers de s'enfuir. Ceux-ci se rendirent à Quincy (Illinois), où le plus grand nombre de membres de l'Église s'étaient rassemblés après avoir fui le Missouri. Bientôt, sous la direction de Joseph Smith, la majeure partie des mormons commença à s'établir à environ quatre-vingt kilomètres au nord, à Commerce (Illinois), village situé dans un coude du fleuve Mississippi. Joseph Smith rebaptisa la ville du nom de Nauvoo et, dans les années qui suivirent, des membres de l’Église, dont de nouveaux convertis, arrivèrent en grand nombre à Nauvoo en provenance des États-Unis, du Canada et de Grande-Bretagne et transformèrent cette région en l'une des plus peuplées d'Illinois.

A Nauvoo (Illinois)

Le temple de Nauvoo

Le temple de Nauvoo, construit en 1846, détruit quelques années plus tard et reconstruit à l'identique en 2002

Quand les saints des derniers jours avaient dû quitter Kirtland, ils avaient laissé derrière eux le temple. À Nauvoo, ils entreprirent d'en construire un nouveau. La pose des pierres d'angle eut lieu le 6 avril 1841, lors d'une cérémonie présidée par Joseph Smith. Toutefois, ce dernier mourut sans avoir vu le temple terminé.

Joseph Smith crée alors la cérémonie de la "dotation du temple", et, le 4 mai 1842, à l'étage de son magasin, à Nauvoo, Joseph Smith administra les premières dotations à un petit groupe de frères, dont Brigham Young faisait partie.

Comme il est attesté qu'à Nauvoo, Joseph Smith fut initié à la franc-maçonnerie,[56] certains auteurs ont envisagé une éventuelle relation entre les rites maçonniques et la cérémonie de dotation du temple. Pour sa part, l'Église de Jésus-Christ des saints des derniers jours estime que la cérémonie de ladotation du temple est bien plus proche des Écritures que des rites maçonniques, même si elle partage avec eux quelques ressemblances dans les paroles et dans les gestes.[6]

Les enseignements tardifs de Joseph Smith

Joseph Smith commença à enseigner la doctrine du baptême pour les morts à partir du 15 août 1840. Le temple étant dans les premières phases de sa construction, les mormons accomplirent tout d'abord les baptêmes pour les morts dans les rivières et les ruisseaux des environs.[57] Au cours de l'été et de l'automne 1841, les mormons construisirent des fonts baptismaux temporaires en bois dans les sous-sols nouvellement creusés du temple. Les baptêmes pour les morts eurent lieu pour la première fois dans ces fonts baptismaux le 21 novembre 1841.

En 1841, les premiers scellements de couples eurent lieu et, en 1843, Joseph Smith dicta le texte décrivant la nature éternelle de l'alliance du mariage[58]. Les enseignements de ce texte étaient connus de Joseph Smith depuis 1831.[59] Il enseigna aussi la doctrine du mariage plural.

Article détaillé : mariage plural (mormonisme).

Lui-même et les dirigeants de l'Église pratiquèrent le mariage plural, mais cette pratique ne fut étendue à l'Église que quelques années plus tard.

Le mariage plural fut alors pratiqué par les dirigeants de l'Eglise et une part des fidèles jusqu'à son abandon en 1890, sous la présidence de Wilford Woodruff, troisième successeur de Joseph Smith. A ce propos, le journaliste Hugues Rondeau écrivait en 1995 : "Que ce soit par manque d'inclination, pour cause de ressouces insuffisantes ou en raison de l'opposition de la première épouse, la plupart des mormons ne s'engagèrent pas dans la pratique du "mariage plural"... Certains prirent de nombreuses épouses, tel Brigham Young qui eut des enfants de quinze femmes différentes. Mais la majorité des mormons polygames n'en avait que deux. Le pourcentage de population représenté par ces familles varie selon les endroits et les périodes. On a pu compter parfois jusqu'au tiers des habitants de petites collectivités issus de familles polygames, femmes et enfants compris ; mais une estimation générale plus proche de la réalité devrait se situer entre 10 et 20% de la population à la fin du XIXe siècle."[60]

Joseph Smith III, qui, après la mort de Smith, dirigea une Église mormone dissidente, considérera que les "enseignements tardifs" de son père au sujet de la pluralité des dieux, de l’exaltation, de la polygamie et du baptême pour les morts ont été mal compris, mal transcrits et qu’ils ne sont pas essentiels.

Famille, Vie privée et vie civile

À Nauvoo, Joseph Smith et sa famille s'installèrent d'abord dans une petite maison de rondins. Joseph gagnait sa vie en cultivant la terre, puis en gérant un magasin. Fin août 1843, la famille emménagea dans une maison neuve de deux étages : la Mansion House.

À Nauvoo, Joseph Smith était à la fois maire, commerçant, premier juge, rédacteur en chef du journal local, et commandant de la Légion de Nauvoo, une unité de la milice de l’État d’Illinois. En janvier 1844, Joseph Smith annonça sa candidature à la présidence des États-Unis d'Amérique. Bien que la plupart des observateurs aient reconnu qu'il n'avait que peu de chances d'être élu, sa candidature attira l'attention du grand public sur l'Église de Jésus-Christ des saints des derniers jours.

Emma Hale Smith

Joseph Smith et Emma Hale avaient alors quatre enfants. Entre 1828 et 1842, ils en avaient perdu six, décédés peu après leur naissance, et un autre devait naître en 1844, près de cinq mois après la mort de Joseph.

Les onze enfants du couple furent : Alvin, né et décédé le 15 juin 1828, les jumeaux Thadeus et Louisa, nés et décédés le 30 avril 1831, Joseph (Joseph Smith III), né en 1832, Frederick, né en 1836, Alexander, né en 1838, Don Carlos, né en 1840 et mort à l'âge de 14 mois, un enfant mort-né en 1842, et David, né en 1844, auxquels s'ajoutèrent les jumeaux Joseph et Julia, nés en 1831, enfants de John et Julia Murdock, recueillis par les Smith après la mort de leur mère.

Par ailleurs, après son mariage avec Emma Hale, et conformément à son enseignement sur le mariage plural, Joseph Smith contracta de nombreuses unions avec d'autres femmes. Aujourd'hui, tous les historiens, mormons ou non, s'accordent sur le fait que Joseph Smith fut polygame, mais, en raison des lacunes de la documentation, la question du nombre de ses épouses reste discutée.

La première liste, publiée en 1887 par l'historien mormon Andrew Jenson lui attribuait 27 épouses. Mais, généralement, les études récentes en mentionnent davantage : L'historien mormon Todd Compton[61][62] lui reconnaît 33 épouses, tandis que George D. Smith[63] en compte 43, D. Michael Quinn[64][65] 47 et Fawn McKay Brodie[66] 48.

La plupart de ces femmes furent épousées par Smith en 1842 et 1843, c'est-à-dire peu de temps avant sa mort (Smith a alors 37-38 ans) et sur une durée relativement courte.

Certaines étaient particulièrement jeunes, telles Helen Mar Kimbal et Nancy Maria Winchester, toutes deux agées de 14 ans. Merlin Compton estime qu'un tiers des épouses de Smith étaient agées de 14 à 20 ans au moment du mariage.[67]

D'autres étaient déjà légalement mariées quand elles devinrent les épouses de Joseph Smith (11 sur 33 pour Compton), telle Sylvia Porter Sessions, 23 ans, déjà mariée à Windsor Lyon, et qui en 1882, sentant sa mort prochaine, fit venir à son chevet sa fille, Joséphine Rosetta Lyon, et lui confia qu'elle était la fille de Joseph Smith.[68]

Arrestation et mort de Joseph Smith

Bien que les mormons aient tout d'abord joui d'une paix relative à Nauvoo, une vive hostilité s'éleva bientôt dans la population et Joseph Smith comprit dès lors que sa vie était menacée. Lors d'une réunion tenue en mars 1844, il chargea les Douze de gouverner l'Église après sa mort.[69]

Le journal Nauvoo Expositor dénonçait ouvertement la polygamie pratiquée par Joseph Smith et d'autres dirigeants de l'Église, et il réclamait la révocation de la charte de Nauvoo. Le 10 juin 1844, Joseph Smith, en tant que maire de Nauvoo, et les membres de son conseil municipal ordonnèrent la destruction du Nauvoo Expositor et de la presse sur laquelle il était imprimé.[70] En conséquence de quoi, les autorités de l'État d'Illinois accusèrent Joseph Smith, son frère Hyrum et d'autres officiers municipaux de Nauvoo. Thomas Ford, gouverneur d'Illinois, d'incitation à l'émeute et leur ordonna de se présenter immédiatement au tribunal de Carthage (Illinois), siège du comté de Hancock. Il leur fit aussi la promesse qu'ils seraient protégés.

Afin de se mettre à l'abri, Joseph et Hyrum Smith décidèrent d'abord de s'enfuir vers l'ouest et, le 23 juin, ils traversèrent le Mississippi. Toutefois, des mormons venus de Nauvoo vinrent les trouver et leur dirent que des troupes envahiraient la ville s'il ne se rendait pas aux autorités. Joseph et Hyrum Smith consentirent alors à se constituer prisonniers. Le 24 juin, ils partirent pour Carthage et, le lendemain, se rendirent à l'agent de police William Bettisworth. Les deux frères, accusés de trahison contre l'État d'Illinois, furent alors arrêtés et incarcérés, en attendant de passer en jugement. John Taylor et Willard Richards, alors seuls membres des Douze à ne pas être en mission, se joignirent volontairement à eux.

27 juin 1844 : Meurtre de Joseph Smith, gravure de 1851

L'après-midi du 27 juin 1844, une foule d'émeutiers, aux visages peints en noir, envahit la prison de Carthage.

Quoique les deux frères fussent armés et fissent tous deux usage de leurs pistolets, et compte tenu de l'inégalité des forces en présence, l'issue de l'affrontement ne faisait guère de doute. Hyrum Smith, le premier, fut tué. Puis, Joseph Smith tira sur les assaillants, déchargea son six-coups et blessa trois hommes : Selon les témoins oculaires, l'un d'eux, Wills, fut touché au bras, un autre, Gallaher, au visage, et un dernier, Voras, à l’épaule.[71] Selon ces mêmes témoignages : "ces trois-là avaient dit qu’ils avaient été les premiers à la prison, que l’un d’eux avait tiré à travers la porte, tuant Hyrum, que Joseph les avait blessés tous les trois avec son pistolet et que Gallaher avait abattu Joseph tandis que celui-ci courait vers la fenêtre..."[72].

Plus tard, l'État d'Illinois mit en accusation 9 hommes pour le meurtre de Joseph Smith : « John Wills, William Voras (Vorhees), William N. Grover, Jacob C. Davis, Mark Aldrich, Thomas C. Sharp, Levi Williams et deux hommes appelés Gallaher et Allen, dont les prénoms ne sont pas cités[73], lesquels auraient été acquittés.

Les circonstances de la mort de Joseph Smith ont été très controversées. John Taylor, apôtre mormon en compagnie de Joseph Smith lorsque celui-ci fut assassiné, déclara « avoir été informé » que des assaillants étaient morts dans l'affrontement, sous les tirs de Joseph Smith : « Joseph ouvrit la porte doucement et fit feu six fois successivement … je compris ensuite que deux ou trois furent blessés par ces décharges dont deux, j’en fus informé, moururent ».[74]

Cependant, l'Église de Jésus-Christ des saints des derniers jours dément et aucun élément décisif n'a pu être apporté permettant d'affirmer qu'un des assaillants blessés par Smith soit ensuite mort de ses blessures.

Par ailleurs, pour les détracteurs du mormonisme, le fait que Joseph Smith se soit défendu et ait répliqué avec son arme n'est pas compatible avec la qualification de "martyre" qui, selon eux, présuppose une mort consentie pour un idéal religieux. Pour sa part, l'Église de Jésus-Christ des saints des derniers jours souligne que le meurtre de Joseph Smith a été perpétré par une foule nombreuse et dans un déchainement de violence tel que cela ne laissait guère de chance aux détenus, qui peuvent dès lors être considérés comme des victimes. Elle estime que Joseph Smith et son frère se sont légitimement défendus selon le principe de la légitime défense et qu'ils ont été abattus à cause de leurs convictions religieuses, ce qui, selon elle, autorise à les qualifier de "martyrs".

John Taylor écrivit ainsi : « Nous annonçons le martyre de Joseph Smith, le prophète, et de Hyrum Smith, le patriarche. Ils furent tués à coups de fusil, le 27 juin 1844, vers cinq heures de l'après-midi, dans la prison de Carthage, par des émeutiers armés, peints de noir, forts d'environ cent cinquante à deux cents personnes. Hyrum fut abattu le premier et tomba calmement, s'exclamant : Je suis mort ! Joseph sauta par la fenêtre et fut mortellement atteint dans sa tentative, s'exclamant : Ô Seigneur, mon Dieu ! On tira brutalement sur eux, alors qu'ils étaient déjà morts, et tous deux reçurent quatre balles… Hyrum Smith eut quarante-quatre ans en février 1844, et Joseph Smith eut trente-huit ans en décembre 1843… ».[75]

Postérité

Après la mort de Joseph Smith, sa veuve, Emma Hale, resta en charge de leurs cinq enfants. Ouvertement opposée à la polygamie et en désaccord avec Brigham Young (le nouveau dirigeant de l'Église de Jésus-Christ des saints des derniers jours), elle ne suivit pas l’Église en Utah, mais se remaria, en 1847, devant un pasteur méthodiste, avec Lewis C. Bidamon, un non-mormon.

C'est elle qui revendit en 1856 à un certain Abel Coombs les papyrus acquis par Joseph Smith en 1835, lesquels avaient été à l'origine du Livre d'Abraham.

Un des fils de Joseph Smith et d’Emma Hale, prénommé lui aussi Joseph (Joseph Smith III), devint en 1860 le premier président d'un groupe mormon dissident : l’Église réorganisée de Jésus-Christ des Saints des Derniers Jours, aujourd’hui rebaptisée Communauté du Christ. Des descendants directs de Joseph Smith ont dirigé cette Église jusqu’en 1996.

À Salt Lake City, les 6e et 10e présidents de l'Église de Jésus-Christ des saints des derniers jours, Joseph F. Smith (1838-1918) et Joseph Fielding Smith (1876-1972) furent quant à eux, respectivement, le fils et le petit-fils d’Hyrum, frère aîné de Joseph Smith, qui fut assassiné avec lui à Carthage (Illinois), le 27 juin 1844.

Voir aussi

Articles connexes

Liens externes

Bibliographie


Sources

  1. The Destruction of the "Nauvoo Expositor"—Proceedings of the Nauvoo City Council and Mayor : « I immediately ordered the Marshal to destroy it without delay, and at the same time issued an order to Jonathan Dunham, acting Major-General of the Nauvoo Legion, to assist the Marshal with the Legion, if called upon so to do. »
  2. Jules Remy : "Voyage au pays des Mormons: relation, géographie, histoire naturelle, histoire, théologie, moeurs et coutumes", publié par Dentu, 1860, p. 197
  3. B. H. Roberts, A Comprehensive History of the Church, vol. 1, p. 40.
  4. Joseph Smith, History 1832, p. 1 ; Letter Book 1, 1829-1835, Joseph Smith, Collection, Archives de l'Église, Église de Jésus-Christ des saints des derniers jours, Salt Lake City, Utah
  5. Jules Remy : "Voyage au pays des Mormons: relation, géographie, histoire naturelle, histoire, théologie, moeurs et coutumes", publié par Dentu, 1860, pp. 199-200
  6. Orsamus Turner, History of the Pioneer Settlement of Phelps and Gorham’s Purchase, Rochester, Alling, 1851, p. 214
  7. "Records of the Session of the Presbyterian Church in Palmyra", 2:11-13, copie sur microfilm à la bibliothèque Harold B. Lee, BYU
  8. "Lucy Smith, Biographical Sketches of Joseph Smith the Prophet, and his Progenitors for many Generations Liverpool, 1853, p. 92
  9. Wesley P. Walters, "Joseph Smith's Bainbridge, N.Y., Court Trials", Westminster Theological Journal, 36:2, hiver 1974, pp. 123-155, réimprimé par Modern Microfilm Company, Salt Lake City, Utah, non daté.
  10. Isaac Hale, le beau-père de Smith, le 20 mars 1834, dans une déposition faite devant le juge de paix Dimon ; "Dictionnaire universel, historique et comparatif de toutes les religions du monde" de l'Abbé Bertrand, 1853, t. 3, pp. 761-762 ; voir aussi Rodger I. Anderson, "Joseph Smith’s New York Reputation Reexamined", Salt Lake City, 1990, pp. 126-128.
  11. John Clark : Testimonies of Book of Mormon Witnesses", 1842, p.226 "Martin Harris Interview"John Clark : Testimonies of Book of Mormon Witnesses", 1842, p.226 "Martin Harris Interview"
  12. Oliver Cowdery, The Messenger and Advocate, October 1835
  13. Joseph Smith : "Messenger and Advocate", volume 1 (octobre 1834), pp. 14–16
  14. Voici comment il a lui-même rapporté ces faits : "la famille du père de ma femme s'opposa fortement à notre mariage. C'est pourquoi, je me trouvai dans la nécessité de l'emmener ailleurs ; c'est ainsi que nous allâmes nous marier chez M. Tarbill, à South Bainbridge, comté de Chenango (New York). Immédiatement après mon mariage, je quittai M. Stoal et allai chez mon père travailler avec lui à la ferme pour la saison." (Joseph Smith : "Messenger and Advocate", volume 1, octobre 1834, pp. 14–16)
  15. Massimo Introvigne, "Les Mormons", Brepols, Turnhout (Belgique), p. 13
  16. En 1816 un pasteur nommé Elias Smith édita un livre dans lequel il raconta sa conversion, d'une manière qui présente de nombreuses similitudes avec le récit de Joseph Smith : « … Je suis entré dans les bois… une lumière est apparue du ciel… Mon esprit a semblé monter dans cette lumière au trône de Dieu et de l'agneau. » (La vie, la conversion, la prédication, les voyages, et les douleurs d'Elias Smith, de Portsmouth, N.H., 1816, pp.58-59).
  17. Asa Wild a prétendu avoir eu, en 1823, une vision du Père et du Fils, assez semblable à celle de Joseph Smith et dont le récit a été publié dans le journal "the Wayne Sentinel de Palmyra, le 22 octobre 1823"
  18. Épître de Jacques 1:5, Nouveau Testament
  19. Joseph Smith, Histoire 1:16-17
  20. Joseph Smith, Histoire 1:19
  21. Joseph Smith, Histoire 1:22
  22. Jerald et Sarah Tanner : "Joseph Smith’s Strange Account of the First Vision", Salt Lake City, n.d., p. 3
  23. "La description de la vision a été éditée pour la première fois par Orson Pratt dans ses «Remarkable Visions» en 1840, vingt ans après ce qui est supposé s'être produit. Entre 1820 et 1840, les amis de Joseph s’écrivaient de longs panégyriques ; ses ennemis le diffamaient dans un jet incessant de déclarations sous serment et de brochures... Mais personne dans cette longue période n'a même suggéré qu'il avait entendu l'histoire des deux dieux… Si quelque chose s’est produit ce matin de printemps 1820, cela est passé totalement inaperçu dans la ville natale de Joseph, et, apparemment, n’a laissé aucun souvenir dans sa propre famille. La vision impressionnante qu'il a décrite des années plus tard a pu… n’avoir été que pure invention, créée après 1834 quand le besoin s'est fait sentir d’écrire une tradition magnifique qui fasse oublier les histoires de divination et de « money-digging » ; Fawn McKay Brodie : "No Man Knows My History", New York, 1957, pp.24-25
  24. Wesley P. Walters : «New Light on Mormon Origins From The Palmyra (N.Y.) Revival”, Utah Christian Tract Society, 1967
  25. Minutes of the Annual Conferences, I, pages 312, 330, 346 et 366
  26. "The Methodist Magazine", avril 1825, pages 159 et suivantes
  27. Joseph Smith - Histoire 1:29
  28. "L'histoire relative, à ma prétendue déclaration que les inscriptions mormonites étaient des hiéroglyphes égyptiens réformés, est parfaitement fausse. Il y a quelques années, un fermier d'un extérieur fort ordinaire, et, selon toute apparence, fort simple aussi de cœur, se présenta chez moi avec une lettre du docteur Mitchel... me priant de déchiffrer, s'il était possible, un papier que le fermier me donna... Ce papier se composait d'une seule feuille, couverte de toutes sortes de caractères crochus, disposés eu colonnes, et évidemment combinés par une personne qui avait eu sous les yeux un livre contenant divers alphabets, entre autres, des alphabets grecs et hébraïques. Des lettres romaines, renversées ou placées de côté, s'y trouvaient aussi rangées en colonnes perpendiculaires, et le tout se terminait par la grossière délinéation d'un cercle, partagé, en divers compartiments couverts de signes bizarres et évidemment copiés du calendrier mexicain publié par M. de Humboldt, mais copiés de manière à déguiser la source d'où ils étaient tirés." (Howe, Mormonism Unvailed, p. 270 - Cité dans : Amédée PICHOT : « Les Mormons », 1854
  29. Lettre intégrale du 17 Février 1934 de Anthon à Howe
  30. [1]
  31. Joseph Smith : "Messenger and Advocate", volume 1 (octobre 1834), pp. 14–16
  32. Messenger and Advocate, octobre 1834, p. 14.
  33. Oliver Cowdery (1806-1850) fut excommunié en 1838 pour avoir accusé Joseph Smith d’adultère et pour avoir volé des marchandises.
  34. David Whitmer (1805-1888), fut excommunié le 13.04.1838...
  35. Martin Harris (1783-1875)fut excommunié en décembre 1837.
  36. Christian Whitmer, Jacob Whitmer, Peter Whitmer,Jr., John Whitmer, Hiram Page, Joseph Smith père, Hyrum Smith, et Samuel Harrison Smith. En 1838, lors d’une discussion à Far West, en Missouri, la famille Whitmer s'est brouillée avec Joseph Smith qui excommunia John Whitmer, le 10.03.1838. Jacob Whitmer quitta alors l'Église ainsi que son beau-frère, Hiram Page, à qui on reprocha de prétendre avec une recevoir des révélations souvent contraires à celles de Joseph Smith.
  37. [2]
  38. Matilda McKinstryqui écrivit dans une lettre datée de Washington le 20 novembre 1886 et adressée à Arthur B. Deming : "J'ai lu une grande partie du "Manuscript Story Conneaut Creek" que vous m'avez envoyée. Je sais que ce n'est pas le "Manuscrit trouvé" qui contenait les mots Nephi, mormon, Maroni et Laminites; Les mormons comptent-ils tromper le public en changeant le titre - Conneaut Creek - et en l'appelant "Manuscrit trouvé" ?" "I have read much of the Manuscript Story Conneaut Creek which you sent me. I know that it is not the Manuscript Found which contained the words 'Nephi, Mormon, Maroni, and Lamanites.' Do the Mormons expect to deceive the public by leaving off the title page - Conneaut Creek - and calling it Manuscript Found and Manuscript Story?" - Cité dans : "Who Really Wrote the Book of Mormon ?", de W. L. Cowdrey, H. A. Davis et D.R. Scales (1977), pp. 157-58 ; [3]
  39. Isaac Woodbridge Riley : "The Founder of Mormonism: A Psychological Study of Joseph Smith Jr.", thèse de doctorat à Yale, 1902
  40. Brigham H. Roberts : "Brigham H. Roberts's Manuscript, A book of Mormon Study", 1922, p. 8
  41. "Brigham H. Roberts's Manuscript, A book of Mormon Study", p. 242
  42. Fawn McKay Brodie : "No Man Knows My History : The Life of Joseph Smith, the Mormon Prophet", 2e. ed.,(New York : Alfred A. Knopf, 1971), pp. 46-47 : "It may never be proved that Joseph saw View of the Hebrews before writing the Book of Mormon, but the striking parallelisms between the two books hardly leave a case for mere coincidence."
  43. John W. Welch : « Finding Answers to B. H. Roberts Questions » and « An Unparallel », F.A.R.M.S. Preliminary Report WEL-85d.
  44. [4]
  45. Doctrine et Alliances 115:4
  46. Doctrine et Alliances 68:8
  47. Doctrine et Alliances 28:8
  48. Dennis Michael Quinn : "Jesse Gause: Joseph Smith's Little-Known Counselor," dans BYU Studies 23, n° 4 (Fall 1983): 487–493.
  49. Dr Aziz Atiya, propos rapportés dans « L’Étoile », n°5, mais 1968, tome CXVIII, « Les papyrus égyptiens redécouverts », par Jay M. Tood, rédacteur-adjoint de l’improvement Era, p. 161
  50. http://www.bdsr.org/morli3.htm]
  51. http://www.idumea.org/Etudes/Ecritures/PGP/Abraham_egyptien.htm
  52. http://www.idumea.org/Etudes/Ecritures/PGP/Contenu.htm
  53. Doctrine et Alliances 110:7
  54. Doctrine et Alliances 110:11-16
  55. George A. Smith, "Journal of Discourses", vol. 7, p 114 et 115
  56. "History of the Church", vol.4, page 551
  57. Doctrine et Alliances 124:29-31
  58. Doctrine et Alliances 132
  59. En-tête de Doctrine et Alliances 132
  60. Hugues Rondeau : "Les mormons, saints des derniers jours", dans "Notre Histoire", n°120, mars 1995
  61. Todd Merlin Compton (né en 1952) : "A Trajectory of Plurality : An Overview of Joseph Smith's Thirty-tree Plural Wives", Dialogue : A Journal of Mormon Thought (Dialogue Foundation), 1996
  62. Todd Merlin Compton : "In sacred Lonliness - The plural Wives of Joseph Smith", 1997 [www.signaturebooks.com/excerpts/insacred.htm]
  63. George D. Smith : "Nauvoo Roots of Mormon Polygamy, 1841-46 : A Preliminary Demographic Report", Dialogue : A Journal of Mormon Thought (Dialogue Foundation), 1994
  64. Dennis Michael Quinn (né en 1944, docteur en histoire, historien américain spécialiste du mormonisme, professeur à la Brigham Young University de 1976 à 1988, excommunié de l'Église de Jésus-Christ des Saints des Derniers Jours en septembre 1993 : "The Mormon Hierarchy : Origins of Power", Salt Lake City, 1994
  65. Dennis Michael Quinn : "LDS Church authority and new plural marriages, 1890-1904", 1985
  66. Fawn Brodie (1915-1981), Américaine, nièce du Président David O. McKay, et auteur de la première biographie non-hagiographique de Joseph Smith : "No Man knows my History : The Life of Joseph Smith, the Mormon Prophet" 1971
  67. Todd Merlin Compton : "In sacred Lonliness - The plural Wives of Joseph Smith", 1997 [www.signaturebooks.com/excerpts/insacred.htm] : "In the group of Smith's well-documented wives, eleven (33 percent) were 14 to 20 years old when they married him."
  68. Newell & Avery, "Mormon enigma : Emma Hale Smith", University of Illinois Press, Urbana and Chicago, 1994, p. 44 - Compton, "In sacred Lonliness - The plural Wives of Joseph Smith", 1997, p. 183 : "Just prior to my mothers death in 1882 she called me to her bedside and told me that her days were numbered and before she passed away from mortality she desired to tell me something which she had kept as an entire secret from me and from all others but which she now desired to communicate to me. She then told me that I was the daughter of the Prophet Joseph Smith
  69. Journal History of The Church of Jesus Christ of Latter-day Saints, 12 mars 1897, p. 2
  70. Résolution de l'Assemblée Générale de l'Illinois du 24 mars 2004 [lire en ligne] ; voir aussi : Entretien entre le gouverneur Ford et Joseph Smith le 26 juin 1844 [lire en ligne]
  71. Dallin H. Oaks et Marvin S. Hill, Carthage Conspiracy, Urbana, Illinois, University of Illinois Press, 1979, p. 53
  72. Dallin H. Oaks et Marvin S. Hill, Carthage Conspiracy, Urbana, Illinois, University of Illinois Press, 1979, p. 52
  73. Dallin H. Oaks et Marvin S. Hill, Carthage Conspiracy, Urbana, Illinois, University of Illinois Press, 1979, p. 51
  74. "The Gospel Kingdom -Discourses & writings of John Taylor", 1944, p. 360, et DHC, vol.7, pages 100-103
  75. Doctrine et Alliances 135
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