Kitchoua

Kitchoua

Quechua

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Quéchua
Runasimi
Parlée en Argentine, Bolivie, Chili, Colombie, Équateur, Pérou
Région Andes
Nombre de locuteurs 9,6 millions
Classement 83
Classification par famille
  • quéchua
(Dérivée de la classification SIL)
Statut officiel et codes de langue
Langue officielle de Bolivie, Colombie, Équateur, Pérou
Régi par Academia Mayor de la Lengua Quechua
IETF (en) qu
ISO 639-1 qu
ISO 639-2 que
ISO/DIS 639-3 Dialectes de plus de 30 000 locuteurs :

(en) qub - Huallaga Huánuco
(en) qva - Ambo-Pasco
(en) qvh - Huamalíes-Dos de Mayo Huánuco
(en) qvm - Margos-Yarowilca -Lauricocha
(en) qvn - Junín septentrional
(en) qvw - Huaylla Wanca
(en) qwh - Huaylas Ancash
(en) qxh - Panao Huánuco
(en) qxn - Conchucos septentrional
(en) qxo - Conchucos austral
(en) qvc - Cajamarca
(en) qug - Quichua du Chimborazo
(en) qvi - Quichua de l'Imbabura
(en) qvj - Quichua du Loja
(en) qxr - Quichua du Cañar
(en) quh - Bolivie australe
(en) qul - Bolivie septentrionale
(en) qus - Quichua de Santiago del Estero
(en) quy - Ayacucho
(en) quz - Cusco
(en) qve - Apurímac oriental
(en) qxp - Puno
(en) qwc - Quéchua classique (éteint)

type : L (langue vivante)
étendue : I (langue individuelle)
SIL Divers
Échantillon

Article premier de la Déclaration des Droits de l'Homme en Quéchua de Ayacucho, puis en Quéchua del Cusco (voir le texte en français)

Punta Kaq

Lliw runakunam nacesqanchikmantapacha libre kanchik, lliw derechonchikpipas iguallataqmi kanchik. Yuyayniyoq kasqanchikraykum hawkalla aylluntin hina kawsayta debenchik llapa runakunawan.

Juq Ñiqen

Llapa runan kay pachapi paqarin qispisqa, libre flisqa, allin kausaypi, chaninchasqa kausaypi kananpaq, yuyayniyoq, yachayniyoq runa kasqanman jina. Llapa runamasinwantaqmi wauqentin jina munanakunan..

standard (OHCHR).

Tukuy kay pachaman paqarimujkuna libres nasekuntu tukuypunitaj kikin obligacionesniycjllataj, jinakamalla honorniyojtaj atiyniyojtaj, chantaqa razonwantaj concienciawantaj dotasqa kasqankurayku, kawsaqe masipura jina, tukuy uj munakuyllapi kawsakunanku tian.

Le quéchua ou kitchoua ou runasimi (runa = humain; simi = langue) désigne un groupe de langues parlées au Pérou (où le quéchua a le statut de langue officielle depuis 1975), ainsi que dans d'autres régions des Andes, depuis le sud de la Colombie jusqu'au nord de l'Argentine. Il compte environ dix millions de locuteurs, dont deux millions en Équateur, quatre millions et demi au Pérou et un million et demi en Bolivie. Il se subdivise en de nombreuses variétés. La plus répandue (sud du Pérou et Bolivie) est le quéchua dit « cuzquénien », qui possède une tradition écrite ancienne remontant à l'époque coloniale (XVIe siècle).

Le quéchua était la lingua franca de la civilisation inca (mais non sa langue officielle, laquelle était l'aymara). La spectaculaire extension territoriale actuelle du quéchua est due au fait qu'il a été promu au rang de lengua general par le colonisateur espagnol.

Sommaire

Histoire

Avant le développement de l'empire inca, le quéchua était la langue des Chinchas qui vivaient dans la région côtière autour de l'actuelle ville de Lima et qui comprend notamment le temple de Pachacamac. Durant le premier millénaire après J.-C., la langue se serait propagée dans un premier temps via les échanges commerciaux entre les Chinchas et les peuples voisins, notamment à Cajamarca et jusqu'en Équateur[1], sans nécessairement s'y imposer comme langue vernaculaire. Selon le linguiste Nicholas Ostler, le quéchua est devenu la langue impériale des Incas après l'annexion « amicale » des territoires des Chinchas sous le règne de Pachacutec[1]. Durant les générations suivantes, la langue s'est propagée dans une grande partie de l'empire inca grandissant, soit par une politique de colonisation[2], soit comme le rapportait l'historien jésuite Blas Valera en éduquant directement à Cuzco les héritiers des territoires vassalisés, lesquels devaient en retour transmettre le quéchua à leur descendance[3].

Phonologie

Le quéchua dit "normalisé" a trois voyelles : i, a et u (ou).

Chaque consonne occlusive (labiale, dentale, palatale, vélaire et uvulaire) a une variante simple, une variante glottale et une variante aspirée (exemple : p, p' et ph).

Syntaxe et morphologie

Le quéchua est une langue agglutinante, construisant ses mots à l'aide de suffixes stables, au nombre d'une centaine.

Le syntagme nominal est constitué d'une base à laquelle viennent s'adjoindre d'éventuels suffixes possessifs (proches des personnes de la conjugaison), des suffixes modificateurs et des suffixes casuels (lesquels sont au nombre de 12). Un éventuel suffixe de non pluralité se place entre les premiers et les seconds.

Le syntagme verbal, situé en fin de phrase, est constitué de marques de temps, d'aspects, de transitions, de post-verbes et de marques de la personne.

La première personne du pluriel est dédoublée en "nous inclusif" (nous, y compris toi) et "nous exclusif" (nous, mais pas toi).

Le concept de genre est inopérant en quéchua, et celui de nombre a une importance moindre que dans les langues indo-européennes.

Le quéchua est particulièrement riche et nuancé pour exprimer l'implication du sujet dans les processus exprimés, et notamment les modalités de sa connaissance desdits procès (l'Évidentialité).

Valeurs graphiques

  • le « r » quéchua est roulé comme « à l'espagnole »
  • le « h » est aspiré
  • le « ch » se prononce « tch »
  • le « ll » se prononce « à l'espagnole » ( « l » mouillé )
  • le « p' », le t' et le « ch' » sont des « p », "t" et « ch » glottalisés ; en termes moins savants, cela signifie que la voix du locuteur s'interrompt une fraction de seconde après l'émission de la consonne, puis prononce la voyelle qui suit bien détachée de la consonne, au lieu d'enchaîner les deux sons comme dans une syllabe banale.

Lexique

Exemples

Mot français Traduction Prononciation approchée
terre hallp'a alpa
ciel hanaqpacha hanarpatcha
eau unu / yaku ounou / yacou
feu nina nina
homme runa rouna
femme warmi warmi
manger mikhu-y micouille
boire upya-y oupiaille
grand hatun hatoun
petit huch'uy houtchouille
nuit tuta touta
jour p'unchaw pountchaw


Emprunts français

Quelques mots d'origine quéchua se sont introduits en français par l'intermédiaire de l'espagnol, notamment alpaga, condor, coca, guano, lama, pampa, puma, quinoa, et vigogne.

Controverse orthographique

Une controverse orthographique interminable oppose les partisans de l'écriture du quéchua avec trois voyelles (trivocalistes) à ceux qui préfèrent employer les cinq voyelles de l'espagnol (pentavocalistes). Il est généralement admis que, d'un point de vue phonologique, les locuteurs totalement quéchuaphones ne distinguent que trois voyelles ([a], [i] et [u]). Cependant, les locuteurs bilingues (également hispanophones), qui ont souvent appris à écrire en espagnol, ont tendance à noter cinq voyelles comme dans cette dernière langue (ils noteront tantôt i, tantôt e là où les trivocalistes préconisent l'usage unique de i, et tantôt u, tantôt o, là où les trivocalistes préconisent de n'utiliser que u).

Trivocalistes et pentavocalistes sont généralement d'accord pour admettre que ces variantes (dites libres par les linguistes) ne sont pas porteuses de sens (elles n'ont pas de valeur phonologique), mais se manifestent systématiquement, pour des raisons de physique articulatoire, en présence des consonnes dites uvulaires ou post-vélaires, mais pratiquement pas dans d'autres cas.

L'opinion la plus couramment admise aujourd'hui parmi les universitaires préconise donc de limiter à trois voyelles la transcription de cette langue, afin d'éviter la multiplication inutile de variantes de graphies selon les dialectes et les transcriptions. Cette position reste cependant contestée par beaucoup d'autochtones, lesquels la jugent paradoxalement intellectualisante et déconnectée de la réalité (paradoxe, puisque le système phonologique du quéchua se réduit à trois voyelles; mais ce paradoxe s'explique par la prégnance des modèles hérités de la colonisation).

Elle présente aussi l'inconvénient de rendre caducs de nombreux ouvrages (dictionnaires, grammaires, anthologies...) rédigés avec l'orthographe pentavocaliste et qui ne semblent pas près d'être remplacés, faute de financement. Enfin, elle néglige le fait que le quéchua contemporain fait des emprunts de vocabulaire à la langue espagnole -- qui, elle, fait sans l'ombre d'un doute appel à cinq voyelles. Et dans ce cas, ou bien le mot conserve la trace de son origine étrangère au quéchua et il faut le transcrire avec les normes espagnoles, ou il s'intègre au système phonologique quéchua, c’est-à-dire à un système trivocalique.

Voir aussi

Notes et références

  1. a  et b (en) Nicholas Ostler, Empires of the word, Harper Collins, Londres, 2005, ISBN 0-00-711870-8
  2. Selon Inca Garcilaso (Comentarios Reales, part I, vii.2.), les « mítmacs » (colons quéchuas) étaient implantés dans les territoires conquis afin de les repeupler.
  3. Cité par Inca Garcilaso, Comentarios Reales, part I, vii.3.

Liens internes

Liens externes

  • Entretien vidéo sur : "la langue et à la tradition orale quechua" par César Itier
  • Runasimi.de Vocabulaire français-quechua avec variantes dialectales et textes en quechua
  • Dictionnaire Freelang Quechua argentin (de Santiago del Estero)-français/français-quechua argentin (de Santiago del Estero)
  • Dictionnaire Freelang Quechua de Cuzco-français/français-quechua de Cuzco
  • Quechua en Cochabamba (site hispanophone, mais avec un dictionnaire français-quechua/quechua-français)
  • De nombreux liens en anglais
  • [1] (Interview en quechua de Fredy Ortiz, chanteur du groupe quéchua Uchpa, dans le journal d'AlmaSoror, traduction espagnole disponible)
  • Portail des langues Portail des langues

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