Philipp Bouhler

Philipp Bouhler
Philipp Bouhler
Bundesarchiv Bild 183-H13374, Philipp Bouhler.jpg
Naissance 11 septembre 1899
Munich
Décès 19 mai 1945
Dachau

Philipp Bouhler (né le 11 septembre 1899 à Munich - décédé le 19 mai 1945 à Dachau) était un homme politique nazi, Reichsleiter du NSDAP, Chef de la Chancellerie et SS-Obergruppenführer. Il fut également chargé par Hitler de mettre en œuvre le Programme Aktion T4.

Sommaire

Vie

Origines, éducation et carrière militaire

Né d'un père colonel et chef de l'office de la guerre bavarois, Philipp Bouhler entre au Maximiliansgymnasium de Munich en 1909. Lorsqu'il en sort en 1912, il rejoint le corps des cadets de Bavière jusqu'en 1916. Il s'engage comme volontaire le 6 juillet 1916 dans le premier régiment d'artillerie à pied comme Fahnenjunker. Peu après son élévation au grade de lieutenant en juillet 1917, il est gravement blessé à Arras le 8 août 1917. Ses blessures lui laisseront un handicap moteur, il se fera soigner jusqu'en 1920.

En 1919, il passe le baccalauréat et devient membre du Deutschvölkischen Schutz- und Trutzbundes, une association nationaliste et antisémite. De 1919 à 1920, il étudie la philosophie et la germanistique à l'université de Munich mais il interrompt ses études après quatre semestres. Il travaille par intermittence jusqu'en octobre 1921 dans la maison d'édition de J.F. Lehmanns et dans une autre qui édite le magazine du Touring-Club allemand.

Adhésion au NSDAP

En novembre 1921 Bouhler travaille pour Max Amann comme rédacteur des annonces dans le Völkischer Beobachter alors publié aux éditions Franz-Eher. En juillet 1922, Bouhler devient membre du NSDAP et second chef du parti. Lors du putsch du 9 novembre 1923, Bouhler joue un rôle secondaire ; une enquête pour haute trahison est diligentée en 1924. Lorsque le NSDAP est dissous, Bouhler est à la tête de la Großdeutsche Volksgemeinschaft et parallèlement rédacteur du journal "Der Nationalsozialist". Lorsque le NSDAP est fondé à nouveau, il revient au sein du parti le 27 février 1925, il est le douzième membre. Du 27 mars 1925 au 17 novembre 1934 Bouhler est Reichsgeschäftsführer du NSDAP à Munich où il avait pour mission la coordination centrale du parti. Bien qu'il fasse partie du cercle restreint d'Adolf Hitler, il ne parvient à maintenir sa position de force : c'est à ses dépens que Rudolf Hess, en tant que secrétaire privé de Hitler, et Gregor Strasser, en tant que Reichsorganisationsleiter depuis 1926, ont pu assurer leurs positions dans l'appareil du parti. Entre 1926 et 1930 Bouhler travaille également pour le Illustrierter Beobachter.

Après la prise de pouvoir

Après la prise de pouvoir, Philipp Bouhler est élu au Reichstag le 5 mars 1933, un poste qu'il occupera jusqu'à la fin de la Seconde Guerre mondiale. Le 20 avril 1933, il intègre la SS (membre n° 54 932) comme Gruppenführer. Il est promu SS-Obergruppenführer le 30 janvier 1936 et Reichsleiter du NSDAP le 2 juin 1933. Bouhler fait également partie d'autres organisations, secondaires cette fois. À partir de 1933, il est représentant de la brigade sportive motorisée de la SS au sein de la Oberste Nationale Sportbehörde für die Deutsche Kraftfahrt, membre de la Chambre de la Culture du Reich à partir du 15 novembre 1933 et de la Chambre de la Presse du Reich à partir du 19 septembre 1934.

On suppose qu'il épouse en juillet 1934 une femme attirante, charmante et ambitieuse qui raviva l'intérêt que Hitler portait à Bouhler[1]. Le 29 août 1934, Bouhler est nommé président de la police de Munich mais n'entre jamais en service car en septembre 1934, il est appelé à Berlin pour y être le chef de la nouvelle Chancellerie du Führer. Il occupe le poste à partir du 17 novembre 1934. C'est dans ce bureau – une chancellerie privée qui avait pour but de renforcer le rôle de Führer de Hitler – que furent étudiées les demandes de grâce et les plaintes adressées à Hitler, mais également une partie de ses affaires privées.

L'intérêt de Bouhler pour la littérature et l'édition le conduit à devenir chargé des affaires culturelles à la Parteikanzler en janvier 1934. À partir d'avril 1934, Bouhler devient également président de la Parteiamtliche Prüfungskommission zum Schutze des nationalsozialistischen Schrifttums, une commission chargée de la défense des écrits national-socialistes. Cette commission contrôle les nouvelles publications ayant pour thème l'essence et les buts du mouvement national-socialiste ou ses dirigeants. Bouhler ne parvient cependant pas à obtenir un grand pouvoir de censure qu'exerçait avant tout le Ministère du Reich à l'Éducation du peuple et à la Propagande. Le 4 avril 1936, il est nommé Reichskultursenator et devient à partir du 3 décembre de l'année suivante chargé par le Führer de travailler à l'histoire du mouvement national-socialiste.

Bouhler écrit de son côté plusieurs livres dont une partie est publiée à très fort tirage et également traduits dans plusieurs langues. En 1932 paraît „Adolf Hitler: Das Werden einer Volksbewegung.“, et en 1938 „Kampf um Deutschland. Ein Lesebuch für die deutsche Jugend.“. Son livre publié en 1941 „Napoleon: Kometenbahn eines Genies.“ passe pour être le livre préféré de Hitler.

Bouhler et l'euthanasie

À partir de juillet 1939, la Chancellerie du Führer dirigée par Bouhler joue un rôle central dans l'élaboration et la préparation de l'Action T4 qui planifiait le meurtre en masse des malades mentaux et des handicapés. C'est à la Chancellerie du Führer que furent examinées les demandes d'interdiction de mariage conformément aux Lois de Nuremberg et les stérilisations forcées ordonnées par la Gesetz zur Verhütung erbkranken Nachwuchses. D'autant plus que Hans Hefelmann avait été chargé par la Chancellerie du Führer de l'organisation de l'euthanasie des enfants. Une note de Hitler datée du 1er septembre 1939, mais probablement écrite en octobre, nomme Philipp Bouhler et le médecin de Hitler Karl Brandt comme responsables de l'euthanasie[2].

Bouhler a participé à des séances de préparation de l'Action T4. En janvier 1940, il est témoin dans la vieille prison de Brandebourg lorsque l'on assassine des personnes dans une chambre à gaz et par injection devant des représentants du Bureau de la Santé et des hauts fonctionnaires de l'Action T4. Malgré le fait que l'Action T4 ait été tenue secrète, le public prend connaissances des meurtres perpétrés, ce qui conduit à des actions en justice. Lothar Kreyssig, à l'époque juge de tutelle dans la ville de Brandenbourg, porte plainte contre Bouhler à l'été 1940 pour meurtre, plainte qui restera sans suite. Bouhler rencontre à plusieurs reprises le ministre de la justice Franz Gürtner et lui transmet le 27 août 1940 une note de la main de Hitler en date du 5 septembre 1940 dans lequel Bouhler est désigné comme étant le responsable de l'application du projet[3].

Le ministre de la propagande du Reich Joseph Goebbels note le 31 janvier 1941 dans son journal : « Ai parlé avec Bouhler de la question de la liquidation silencieuse des malades mentaux. 40 000 sont morts, 60 000 le doivent encore. C'est un travail difficile mais également nécessaire. Et il doit être fait maintenant »[4]. Cependant, Bouhler intervient peu dans l'organisation concrète de l'Action T4 mais plutôt Viktor Brack, le représentant de Bouhler au sein de la Chancellerie du Führer, même si Bouhler signe le 30 janvier 1941 et le 10 mars 1941 des directives que les médecins de l'Action T4 ont suivies pour décider du choix des patients à tuer dans les soi-disant "expertises"[5].

Sur l'ordre de Hitler, l'Action T4 est suspendue le 24 août 1941. En réalité, les meurtres dans les instituts de soin continuent à être perpétrés par la sous-alimentation systématique et la surdose de médicaments dans le cadre de l'Opération Brandt. Probablement plus de 100 membres du personnel de l'Action T4 furent envoyés jusqu'à l'été 1942 en Pologne dans les camps d'extermination de l'Opération Reinhard. Ce cercle de personnes se trouvait militairement sous les ordres de Odilo Globocnik mais personnellement sous les ordres de la Chancellerie du Führer. D'après les déclarations de Viktor Brack lors du Procès des médecins à Nuremberg, Bouhler et lui était en septembre 1941 chez Odilo Globocnik, puis en avril 1942[6].

Perte de pouvoir à partir de 1942

C'est aux alentours de 1942 que Philipp Bouhler perd de son influence. La Parteikanzlei sous la direction de Martin Bormann est désormais compétente dans des domaines où la Chancellerie du Führer l'était auparavant. La commission de contrôle des écrits nationaux-socialistes qu'il présidait est intégrée en janvier 1943 dans la charge qu'exerce Alfred Rosenberg au sein du parti. Bouhler n'est donc plus directement soumis à Hitler[7].

Depuis juin 1940, Bouhler s'était efforcé d'obtenir de Hitler une mission dans la politique coloniale. À partir de juin 1942, il dirige l'équipe d'intervention d'Afrique de l'Est dans l'Organisation Sisal. Bouhler ambitionnait sans doute la charge de gouverneur d'Afrique de l'Est et par la suite celle d'un ministre des colonies du Reich qui était encore à créer. Il entre cependant en conflit avec l'Organisation du NSDAP qui s'occupe de l'étranger et que dirige Ernst Wilhelm Bohle, laquelle organisation se gardait le privilège du leadership dans les colonies[8]. Au vu du déroulement de la Seconde Guerre mondiale, les plans coloniaux restèrent du domaine de la fiction.

Sur ordre de Werner Best Bouhler et Brack se rendent en janvier 1945 au Danemark pour recruter dans les troupes d'occupation allemandes des soldats capables de rejoindre le front[9]. Vers la fin de la guerre, Bouhler rejoint l'entourage de Hermann Göring qu'il suit lorsqu'il quitte Berlin en avril 1945. Le 23 avril 1945, il est arrêté sur ordre d'Hitler à Berchtesgaden par la SS et déchu de toutes ses fonctions, puis relâché après le suicide du Führer. Les troupes américaines l'arrêtent le 9 mai 1945 avec tout l'entourage de Göring dans le château Fischhorn. Bouhler est enfermé le 19 mai 1945. Lors de son transfert pour le camp d'internement qui avait été entre temps construit sur le terrain du camp de Dachau, Bouhler se suicide en ingérant une capsule de cyanure.

Décorations

  • Croix de Fer (1914) 2ème classe
  • Insigne des blessés (1918) en Noir
  • Ordre du mérite militaire de Bavière de 4ème classe
  • Ehrenwinkel der Alten Kämpfer
  • Croix d'honneur
  • Blutorden
  • Goldenes Parteiabzeichen der NSDAP
  • Médaille de service du NSDAP de bronze, d'argent et d'or
  • Croix du mérite de guerre de 1ère et de 2ème classe
  • Ehrendegen des Reichsführer-SS
  • Bague Tête de Mort des SS

Bibliographie

  • Hans-Walter Schmuhl: Philipp Bouhler - Ein Vorreiter des Massenmords. in: Ronald Smelser, Enrico Syring et Rainer Zitelmann: Die braune Elite. Band 2. Darmstadt, 1993.
  • Joachim Lilla : Statisten in Uniform. Die Mitglieder des Reichstags 1933-1945. Droste Verlag, Düsseldorf, 2004. (ISBN 3-7700-5254-4)

Notes et références

  1. Hans-Walter Schmuhl, p.44
  2. Faksimile La note de Hitler en fac-similé
  3. Bouhler écrit au ministre une lettre citée dans : Thomas Vormbaum (Hrsg) : „Euthanasie“ vor Gericht. Die Anklageschrift des Generalstaatsanwalts beim OLG Frankfurt/M. gegen Dr. Werner Heyde u. a. vom 22. Mai 1962. Berlin 2005, (Heyde-Anklage) p.305.
  4. „Mit Bouhler Frage der stillschweigenden Liquidierung von Geisteskranken besprochen. 40 000 sind weg, 60 000 müssen noch weg. Das ist eine harte, aber auch eine notwendige Arbeit. Und sie muß jetzt getan werden.“, in : Elke Fröhlich (Hrsg.): Die Tagebücher von Joseph Goebbels. Teil 1, Band 9. K.G. Sauer, München, 1998. (ISBN 3-598-23739-1) P.119. Par contre, on peut préciser que dans : Ernst Klee: Personenlexikon zum Dritten Reich. Wer war was vor und nach 1945. Fischer Taschenbuch, Frankfurt am Main, 2003. (ISBN 3-596-16048-0) Page 68 et dans la Chronologie de l'holocauste qu'un chiffre de 80 000 assassinats est avancé. D'après les statistiques d'Hartheimer, des statistiques internes à l'Action T4, 39 276 personnes ont été tuées jusqu'à la fin du mois de janvier 1941. Les statistiques d'Hartheimer sont reproduites dans : Ernst Klee (Hrsg.): Dokumente zur "Euthanasie". 5. Auflage. Fischer Taschenbuch, Frankfurt am Main, 2001. (ISBN 3-596-24327-0). Document 88.
  5. Les directives sont citées dans : Ernst Klee: „Euthanasie“ im NS-Staat. 11. Auflage. Frankfurt/M. 2004, (ISBN 3-596-24326-2), pages 323 et 328.
  6. Henry Friedlander: Zur Entwicklung der Mordtechnik. Von der „Euthanasie“ zu den Vernichtungslagern der „Endlösung.“ Ulrich Herbert u.a. (Hrsg.): Die nationalsozialistischen Konzentrationslager - Entwicklung und Struktur. (Band I) Wallstein Verlag, Göttingen, 1998. (ISBN 3-89244-289-4) pages 499 et 506.
  7. Voir ce que dit Gottlob Berger à Heinrich Himmler le 29 janvier 1943 dans : Helmut Heiber (Hrsg.): Reichsführer!... Briefe von und an Himmler. Deutsche Verlagsanstalt, Stuttgart, 1968, Document 198
  8. Voir ce que Otto Ohlendorf écrit à Heinrich Himmler le 17 juin 1942, dans : Helmut Heiber, Document 116
  9. Déclaration tenant lieu de serment (en anglais) de Werner Best

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