Prostitution en République populaire de Chine

Prostitution en République populaire de Chine
Signalétique d'un club de Hong Kong en 2005 indiquant « Filles de Malaisie, femmes bustées du nord, femmes blanches de Russie, jeunes filles fraiches de Hong Kong »

La Prostitution en République populaire de Chine fut longtemps réprimée par le Parti communiste chinois[1].

Depuis les années 1980, bien qu'officiellement illégale, la prostitution se développe à nouveau, jusqu'à devenir présente dans toutes les couches de la société chinoise. Les données de la prostitution en Chine varient selon les sources : « les statistiques officielles les estiment à 3 millions, un rapport du gouvernement américain les situe à 10 millions, et un économiste chinois, Yang Fan, indique qu'ils les considèrent aux alentours de 20 millions, rapportant au pays 6 % de son produit intérieur brut »[2].

Sommaire

Introduction

Rapidement après son accession au pouvoir en 1949, le Parti communiste chinois entama une série de campagnes contre la prostitution en Chine continentale, ce qui, d’après les autorités, aboutit à son éradication au début des années 1960. Depuis le début des années 1980, avec la réduction du contrôle gouvernemental sur la société, la prostitution en République populaire de Chine est non seulement redevenue plus ostensible, mais est désormais présente aussi bien en milieu urbain que rural. Malgré les efforts du gouvernement, la prostitution a atteint un degré tel qu'elle constitue une véritable industrie, englobant un grand nombre de personnes et générant des revenus financiers considérables. La prostitution fait en outre rejaillir d’autres problèmes de société, tel le crime organisé, la corruption d'État et les MST.

En Chine continentale, les activités liées à la prostitution se caractérisent par des populations, des lieux et des tarifs spécifiques. Les travailleurs du sexe chinois proviennent d'horizons sociaux très divers. Cette population est essentiellement féminine, bien qu’on constate depuis quelques années une émergence de la prostitution masculine. Les lieux typiques de la prostitution chinoise sont les hôtels, les karaoké et les instituts de beauté.

Tandis que le gouvernement de la République populaire de Chine (RPC) a toujours adopté une ligne répressive extrêmement dure à l'endroit des organisateurs de la prostitution, son attitude est en revanche beaucoup plus fluctuante quant au traitement des prostituées elles-mêmes, traitant la prostitution parfois comme un crime et parfois comme de la simple délinquance. Depuis la réapparition de la prostitution dans les années 1980, les autorités ont réagi à la situation en utilisant en premier lieu les outils législatifs et juridiques existants, telles que les instances policières et judiciaires. En second lieu, elles se sont appuyées sur des opérations policières spécifiques, se caractérisant par des périodes de répression intense, afin de mettre en place un climat d’ordre social. Par ailleurs, en dépit du travail des ONG et des acteurs étrangers, la réglementation de l’industrie du sexe sur un plan légal ne trouve pas beaucoup de soutien et d’écho auprès du public, des organismes sociaux et du gouvernement chinois.

Prostitution durant la période maoïste

Un centre de rééducation pour prostituées dans les locaux d'un ancien bordel à Pékin, 1949.

Après la victoire du Parti communiste chinois en 1949, les autorités gouvernementales locales ont été chargées de l'élimination de la prostitution. Un mois après la prise de Pékin par les communistes chinois, le 3 février 1949, le nouveau gouvernement municipal dirigé par Ye Jianying annonce une politique visant à contrôler les bordels de la ville. Le 21 novembre, l'ensemble des 224 établissements de Pékin furent fermés : 1 286 prostituées et 434 propriétaires d'établissements et proxénètes furent arrêtés en l'espace de 12 heures par un effectif policier de 2 400 hommes environ. Cette capacité d'intervention rapide avec déploiement de moyens drastiques a constitué une démonstration exemplaire sur la capacité répressive du régime naissant.

En raison du nombre important de problèmes sociaux auquel le gouvernement était confronté, et d'une limitation à la fois des budgets et des ressources humaines dont disposaient les gouvernements locaux, la plupart des villes ont adopté une politique plus lente et modérée du contrôle puis de l'interdiction des bordels et de la prostitution. Cette situation a notamment caractérisé des villes comme Tianjin, Shanghai et Wuhan. Typiquement, ceci s'est traduit par la mise en place d’un système administratif contrôlant les établissements de prostitution, et décourageant leurs propriétaires. L'effet combiné de telles mesures devait réduire graduellement le nombre de bordels dans chaque ville jusqu'au point où une fermeture des établissements restants, dans la lignée du modèle de la politique de Pékin, soit possible et qu’une rééducation puisse commencer. Des programmes de rééducation ont été entrepris, notamment à Shanghai, où ils furent mis en œuvre à grande échelle.

Au début des années 1960, les mesures mises en œuvre ont éliminé les formes visibles de prostitution de la Chine continentale. Selon le gouvernement de la République populaire de Chine, les maladies vénériennes ont été presque totalement éliminées du continent, grâce au contrôle et à la lutte contre la prostitution. Pour marquer cette victoire, les 29 instituts de recherche sur les maladies vénériennes ont tous été fermés en 1964.

Selon la théorie marxiste, une personne qui vend son corps est considérée comme contrainte, afin de subvenir à ses besoins. L'éradication de la prostitution était ainsi vantée comme faisant partie des mesures gouvernementales majeures et comme application des principes du marxisme chinois. La prostitution n'a donc pas existé en Chine en tant que problème de société durant presque trois décennies. Les études récentes ont cependant démontré que la disparition de la prostitution sous le régime maoïste était loin d'être totale. Ainsi, Pan Suiming, l’un des principaux spécialistes en matière de prostitution en Chine[réf. nécessaire], avance que la prostitution « non-visible » – sous forme de services sexuels donnés aux cadres en échange de certains privilèges – est devenue une composante caractéristique de la Chine maoïste, en particulier vers la fin de la Révolution culturelle.

Prostitution après 1978

Développement de la prostitution

Arrestations liées à la prostitution pendant les campagnes de répression (1983-1999)
Année Arrestations
1983 46 534
1989-90 243 183
1996-7 approx. 250 000
1998 189 972
1999 216 660

La réapparition de la prostitution visible dans la Chine continentale a coïncidé avec l'introduction du libéralisme de Deng Xiaoping dans la politique économique chinoise, en 1978. Selon des statistiques incomplètes basées sur les mesures de répression prises à l'échelon national, la prostitution en Chine n'a cessé d'augmenter chaque année depuis 1982. Entre 1989 et 1990, 243 183 personnes ont été interpellées pour des activités liées à la prostitution. Zhang Ping estime de plus que ces chiffres de police ne comptabilisent que 25 à 30 % de la population réelle touchée par la prostitution. La prostitution constitue une partie de plus en plus importante de l'économie chinoise, faisant vivre un nombre de personnes que l'on estime avoisinant les 10 millions, générant un volume probable de 1 trillion de Yuan. Suite à une campagne de répression en 2000, l'économiste chinois Yang Fan estime que le PIB chinois s'est effondré de 1 %, en raison d’une baisse de la consommation due à la perte d'emploi d'un grand nombre de prostituées.

Du côté de la demande, la prostitution et son augmentation sont liées au déséquilibre des sexes, provoqué par la politique de l'enfant unique, qui engendre une surpopulation des hommes. Le ratio des naissances est de 123 garçons pour 100 filles, en 2005[3]. C'est en grande partie une conséquence de la limitation des naissances. Les garçons étant considérés comme plus avantageux économiquement dans les zones rurales, le recours à l'avortement sélectif, en théorie interdit, et aux abandons, ainsi que la reprise de la pratique traditionnelle d'infanticide des filles, ont engendré un surplus de garçons.

La prostitution est souvent directement liée à la corruption des petits fonctionnaires. Beaucoup de fonctionnaires locaux pensent qu'encourager la prostitution et la considérer comme un loisir récréatif pour milieux d'affaires apporte des avantages économiques, en développant l'industrie du tourisme et en produisant une source de revenus fiscaux. La police a été impliquée à plusieurs reprises dans l’exploitation de grands hôtels dans lesquels officient des prostituées, ou dans des affaires de dessous de table liées à certaines activités de prostitution. La corruption existe également sous une forme plus indirecte, l'abus le plus classique consistant à utiliser des fonds publics à des fins de consommation de services sexuels tarifés. Pan Suiming affirme que la Chine a un type de prostitution très spécifique, impliquant à la fois des individus utilisant leur pouvoir et leur autorité au sein du gouvernement afin d'obtenir des services sexuels, et ceux qui emploient le sexe et la prostitution pour obtenir des privilèges[4].

Luttes contre la prostitution

Les prostituées peuvent être envoyées en camps de rééducation par le travail dès 1982. En 1987, le ministère de la santé chinois indique que la lutte contre la prostitution doit être sévèrement appliquée pour endiguer la propagation du sida[5].

En 2006, les autorités locales de Shenzhen ont exhibé dans les rues les prostituées et leurs clients. Les images diffusées, ont fait l'objet d'indignations. La Fédération des femmes, organisme très officiel, a adressé une protestation au ministère de la Sécurité publique, évoquant une «insulte à toutes les femmes de Chine» [6]. De même le public a aussi condamné cette opération qui rappelait les humiliations publiques de la révolution culturelle[7].

En 2009 et dans la perspective de l'anniversaire du 1er octobre 1949, marquant l'accession du parti communiste, les autorités chinoises ont engagé une campagne de moralisation qui doit permettre la fermeture de salons de massage et de bars de nuit. Cette campagne fait suite à un scandale mettant en cause un cadre du parti communiste assassiné par une jeune femme contrainte de se prostituer. Celle-ci, soutenue par des milliers d'internautes, a été graciée par la justice chinoise[8].

Prostitution dans les régions chinoises

Prostitution au Tibet

Article détaillé : Prostitution au Tibet.

Avant 1950

D'après l'Association des femmes tibétaines en exil, une organisation créée avec le soutien du 14e dalaï-lama et défendant la « cause tibétaine », « Dans le passé, au Tibet, il n'y avait pas de bordels, de drogue, et l'usage immodéré d'alcool était faible »[9].

Le juriste tibétain Lobsang Sangay reconnaît, pour sa part, l'existence de la prostitution avant l'arrivée des Chinois (en 1951) mais fait remarquer que le phénomène était minime par rapport à son extension actuelle[10].

Le journaliste Thomas Laird, dans son livre d'entretiens avec le 14e dalaï-lama, rapporte l'existence de bordels à l'époque du 6e dalaï-lama, Tsangyang Gyatso (1683-1706)} : le jeune Tsangyang Gyatso, refusant de prendre ses vœux, « passait ses nuits à boire dans les bordels » de Lhassa[11].

De même, l'alpiniste autrichien Heinrich Harrer qui séjourna à Lhassa de 1944 à 1950, signale dans ses mémoires qu'au Barkhor, « des dames de petite vertu y exercent leur profession »[12].

Après 1950

Selon l'ONG Tibet Justice Center, un des groupes de pression tibétains[13],[14], des responsables chinois ont commis des violences contre les femmes tibétaines en les forçant à la prostitution. Des adolescentes tibétaines, croyant rejoindre l'Armée de Libération du Peuple ont rapporté avoir subi de multiples viols, entraînant des grossesses pour lesquelles elles subirent des avortements forcés. Ce type de traitement serait la norme pour les filles tibétaines au sein de l'armée chinoise[Quand ?][15],[16].

Aux dires de l'écrivain dissident chinois Wang Lixiong, ces propos sont très exagérés et il ne s'agit que de cas individuels. Dans son livre Funérailles célestes - le destin du Tibet, paru en 1998, il écrit : « En Occident, les persécutions subies par les Tibétains de la part des communistes chinois sont très exagérées, à savoir que les soldats de l'APL forçaient les lamas et les nonnes à avoir publiquement des rapports sexuels, que les gardes rouges violaient les femmes partout, tout cela, évidemment, est très loin de la vérité. Comme les gens qui ont vécu ces temps le savent bien, à l'époque (maoïste) les rapports sexuels étaient vus comme des mœurs très répréhensibles, les soldats de l'ALP et les gardes rouges, qui étaient plus forts idéologiquement, n'avaient pas la possibilité de faire ce genre de choses. S'agissant de quelques cas individuels, on ne peut qu'accuser la personne même (aucune population n'en est exempte) »[17].

La prostitution au Tibet se développe rapidement. L'introduction à grande échelle de la prostitution, particulièrement à Lhassa et Tsetang, a eu lieu en 1990 du fait de l'afflux d'une population ouvrière majoritairement masculine, s'ajoutant à l'importante population de soldats chinois déployé au Tibet[18]. En 1998, il y avait environ 8 890 prostituées à Lhassa, soit 9 % de la population féminine[19]. Bien que la prostitution soit proscrite en Chine, il est commun de trouver des maisons closes devant les casernes de l'armée et les bureaux du gouvernement à Lhassa[réf. nécessaire]. Lhassa étant une ville sainte pour les Tibétains, la prostitution y est particulièrement mal considérée par la population tibétaine[20]. En 2003, un documentaire de Marie Louville a été consacré à ce sujet[21]. L'augmentation de la prostitution induit une augmentation de la transmission du SIDA au Tibet[22].

Des estimations chiffrées concernant le nombre de « bordels » à Lhassa sont fournies par les organes de communication du Gouvernement tibétain en exil, par des organisations proches de celui-ci ou par Frédéric Lenoir. Les chiffres donnés vont de 300 à 1806 selon l'origine des sources. A contrario le gouvernement chinois n'indique pas d'estimation de ces établissements, la prostitution étant officiellement interdite en Chine. Le terme « bordel » recouvrirait des activités de prostitution ayant pour paravent certains salons de coiffure, instituts de beauté, salons de massage, bars à hôtesses, salles de karaoke[23],[24],[25],[26],[27],[28].

L'historien et journaliste anglais Patrick French indique que la prostitution à Lhassa « fait l'objet d'une ségrégation ethnique » il y a très peu de prostituées tibétaines, la majorité étant chinoises, originaire du Sichuan ou du Qinghai. Le commerce du sexe étant « contrôlé par des gangs chinois bénéficiant de protections politiques »[29].

Pour le juriste Barry Sautman, « les émigrés essaient d'attribuer les "vices" rencontrés dans les villes du Tibet aux effets culturels nocifs de la présence Han. Lhassa, comme bien d'autres villes de par le monde, abonde de lieux où sévissent prostitution, jeu et drogue ». Pourtant, ajoute Sautman, « aucun de ces vices n'est particulièrement "chinois". Le billard est une invention occidentale, le karaoké est originaire du Japon, et la prostitution et la drogue sont universelles. » Sautman affirme que « les "vices" au Tibet dénoncés par les émigrés sont pour la plupart d'entre eux également présents dans des centres religieux comme Dharamsala et Kathmandou et même ne sont pas rares chez les moines bouddhistes de certains pays »[30].

Prostitution à Hong Kong

La prostitution à Hong Kong sur le Wikipédia de langue anglaise.

Types et lieux de prostitution

Signalétique d'un lieu de prostitution à Hong Kong

La police chinoise classe les pratiques relatives à la prostitution selon une échelle à sept niveaux, bien que cette classification ne relate pas toutes les formes existantes de prostitution. Ces niveaux mettent en lumière l’hétérogénéité de la prostitution et de la population prostituée chinoise. La classification en tant que prostituée reflète donc un panel de services offerts très différent. Dans certaines catégories, par exemple, on rejette les pratiques de sexe oral ou anal. Parallèlement à l'éventail des formes de prostitution, la clientèle masculine est également constituée d'un éventail de milieux professionnels très divers.

Le retour des concubines

Le premier niveau, appelé baoernai (包二奶), fait référence aux femmes qui jouent le rôle de « secondes femmes » ou concubines d’hommes riches et influents, incluant politiques et entrepreneurs du continent aussi bien que des hommes d’affaires étrangers. Cette pratique est définie comme de la prostitution parce que les femmes en question sollicitent activement les hommes qui peuvent leur fournir un logement à durée déterminée et une allocation régulière. Les femmes qui s’engagent dans cette pratique cohabiteront parfois avec leurs clients, et ambitionnent parfois de devenir leur épouse[31].

Les Chinois enrichis affirment à nouveau leur rang social en exhibant voitures, maisons, costumes et jolies jeunes femmes. Des villes comme Shenzhen sont devenues des « villages de concubines »[32]. Parmi ces femmes, des campagnardes pauvres du sud, des demi mondaines de Shanghai, et des concubines de luxe élevées dans la bourgeoisie fortunée. On estime à 100 000 le nombre de femmes entretenues, rien que dans l’une des provinces les plus touchées par le phénomène, celle du Guangdong, aux portes de Hong Kong[33].

Les escort girls

Le second niveau de prostitution, appelé baopo (包婆), fait référence aux call girls ou escort girls qui accompagnent des hommes d’affaires pour une durée déterminée, par exemple lors d’un séjour d’affaires, et reçoivent une rémunération pour ce service.

Le premier et second niveau de prostitution décrits sont devenus un sujet de débat public houleux, car ils sont explicitement liés à la corruption qui existe au sein du gouvernement. Certains commentateurs locaux affirment que ces pratiques sont l’expression concrète des « privilèges bourgeois ». L’organisation All-China Women's Federation, principale organisation féministe soutenue par le Parti communiste chinois, ainsi que des organisations pour la défense des femmes à Hong Kong et à Taiwan, se sont impliquées dans la lutte contre cette forme de concubinage, qui viole les valeurs et l’esprit du mariage traditionnel.

La prostitution des bars et salons

Le troisième niveau, appelé santing (三厅), fait référence aux femmes qui offrent des actes et relations sexuelle avec des hommes dans les karaoké, bars, restaurants, salons de thé, et autres établissements qui reçoivent une compensation financière sous forme de pourboires que verse le client[7].

Trafic humain

Article détaillé : Trafic d'êtres humains.
Le désequilibre entre les sexes selon l'âge

À l'intérieur de la Chine

Le déséquilibre entre les sexes (117 garçons pour 100 filles en 2005) a pour conséquence la mise en place de trafic humain dans le cadre de la prostitution en Chine. Ainsi en 2002, un homme a été condamné à morts pour avoir enlevé puis vendu une centaine de femmes à des chinois célibataires dans la province du Guangxi.

Vers d'autres pays

Dans le monde, les principales sources de traite de personnes comprennent la Thailande, la Chine, le Nigéria, l'Albanie, la Bulgarie, la Biélorussie, la Moldavie et l'Ukraine[34].

Dans la province du Yunnan des dizaines de femmes ont pu être libérées avant d'être vendues à des réseaux mafieux de la prostitution. Elles étaient destinées à alimenter les lieux de prostitution comme esclaves sexuelles dans les centres urbains de l'Asie du sud-est. D'autres femmes devaient rejoindre Taïwan afin de s'y marier [35],[36].

Disparition d'enfants

Le chef adjoint des services d'enquêtes sur les crimes indique qu'entre 30 000 et 60 000 enfants disparaissent chaque année en Chine sans pouvoir indiquer toutefois le pourcentage attribué au trafic humain. En août 2009, le ministère chinois de la Sécurité publique a mis en place un programme pilote destiné à informer les populations migrantes de ce trafic[37].

Corruptions liées à la prostitution

Un récent scandale a concerné le politicien Chen Liangyu secrétaire du comité municipal du Parti communiste chinois de Shanghai et maire de cette ville du 26 février 2002 au 25 septembre 2006, date à laquelle il fut limogé. Chen Liangyu a indiqué avoir au moins 11 « maitresses ». Celles-ci travaillaient dans des endroits huppés de Shanghai. Chen s'y rendait pour passer une heure avec l'une d'entre elles dans un sauna ou passer la nuit avec une autre[38].

De même, le journaliste chinois Jiang Weiping a réalisé un reportage concernant le vice-maire de Daqing, Qian Dihua, accusé d'avoir obtenu illégalement des fonds pour payer des voitures et des chevaux pour chacune de ses vingt-neuf maîtresses[39].

À Chongqing, Wen Qiang, le responsable de la justice et le responsable adjoint de la police entretenait des relations avec des mineures ou des starlettes. Selon le journal Yangzi Evening News Wen Qiang aurait admis avoir violé certaines de ces femmes.

L'organisation non gouvernementale Amnesty International signale dans un rapport de 2001 des tortures exercées sur des prostituées par des policiers corrompus. Ces derniers arrêtent et torturent ces femmes qui subissent notamment des viols et autres sévices sexuels. Les policiers obtiennent ainsi leur liste de clients afin d'exercer sur eux des chantages. Des prostituées supposées et des clients présumés ont succombé à ces tortures[40].

En octobre 2009, les cadres du Parti communiste chinois ont été de nouveau rappelés à l'ordre afin qu'ils se tiennent à l'écart des prostituées[41].

Tourisme sexuel

Perception de la prostitution

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Même si la prostitution est officiellement interdite, le seuil de tolérance à cette activité est élevé. Ainsi lors d'un sondage en 2009, les prostituées sont jugées les plus dignes de confiance juste après les paysans et les religieux et devant les étudiants, les soldats et les fonctionnaires[42],[43].

Les prostituées en Chine sont issues de tous les milieux et la perception que les Chinois ont de cette activité est radicalement différente de celle ayant cours dans les sociétés judéo-chrétiennes. Il est fréquent que les jeunes filles envoient en fait une large partie de leurs cachets à leur famille restée dans les campagnes, où les revenus misérables sont complétés par une véritable manne. Une fille qui envoie 100 €/mois à sa famille échappera de fait à toute critique. Et cela ne peut être perçu comme immoral pour les Chinois.

Dans les saunas et les hôtels, une majeure partie de leurs revenus ira aux tenanciers. Il est ainsi courant de donner un montant supplémentaire (Xiao Fei) dont la totalité sera pour la jeune fille. Les conditions d'hygiènes sont le plus souvent parfaites et les filles parfaitement informées de la fonction du préservatif dans la prévention des maladies sexuellement transmissibles.

Certaines filles sont aussi victimes de réseaux mafieux qui les ont « achetées » à leur parents, lesquels ont la plupart du temps été trompés quant à la finalité de l'opération : promesse d'un travail en ville dans une société ou une usine. Ces filles sont réduites à l'état d'esclaves sexuelles par les proxénètes, parfois protégés par les officiels locaux.

Les filles indépendantes peuvent très bien gagner leur vie en Chine : de 2 000 à 5 000 €/mois. Les plus jolies peuvent se permettre de choisir leur clients. Elle publient leurs annonces sous forme de proposition de massages à domicile ou se rendent en boîtes de nuit.

Contamination du sida par la prostitution

En 2007, les cas de sida en Chine étaient estimés à 85 000 avec 700 000 séropositifs. Le directeur du Bureau municipal de la santé publique de Pékin indique que « 46,5 % des 90 000 travailleurs du sexe de la ville utilisent des préservatifs ». Comme il n'existe pas de programme de dépistage spécifique au milieu de la prostitution, le taux de transmission du VIH parmi les prostituées de Pékin n'est pas connu. Or la transmission sexuelle du VIH représente 54,6 % des cas devant l'utilisation de drogue intraveineuse[44].

La prostitution et la consommation de drogues par voies intraveineuses sont à l'origine de la transmission de la majorité des cas de sida en Chine[45]. L'OMS estime que 65 % des prostituées chinoises n'utilisent pas de préservatifs[46].

La prostitution chinoise à l'étranger

Article connexe : diaspora Chinoise.

Espagne

En Espagne, ou la prostition est légal sous certaines conditions, on trouve depuis les années 1990 plusieurs centaines de maisons closes tenue par des ressortissants chinois essentiellement en Catalogne.

France

La prostitution de chinoises en France s'est développée à partir de l'an 2000[47]. Selon l'ONG médecins du monde la majorité de ces prostitués viennent de la région de Dongbei, une région industrielle dans le nord-est de la Chine. Après la fermeture des usines elles se sont retrouvées au chômage, selon médecin du monde « Ce sont les pressions financières, souvent dues à l’importance des frais de scolarité de l’enfant ou à la préparation d’un mariage prochain, qui les ont poussées à quitter leur pays »[48].

Japon

Au mois d'août 2008, on estimait à plus de 150 000 le nombre de femmes étrangères au Japon qui étaient prostituées. Le rapport de la Police nationale japonaise fait état que, sur les 165 femmes étrangères arrêtées pour atteinte à la moralité publique dans l'exercice de leur métier (売春防止法違反?) en 2007, 37 (43,5 %) étaient originaires de Chine, 13 (15,3 %) de Thaïlande, 12 (14,1 %) de Taïwan et de Corée[49],[50].

Vocabulaire

Dans l'ancienne Chine une « fleur » ou un « saule » désignaient une prostituée. Ainsi la « rue des fleurs » et le « sentier des saules » regroupaient ces commerces.

Actuellement dans l'argot chinois, une poule (jinu) désigne une prostituée et un canard désigne un gigolo. Il y eu pendant des années des « poulaillers mobiles » c'est-à-dire des taxis mobiles qui abritaient les activités des prostituées[51]. Le terme « xiaojie » (小姐 en chinois simplifié), signifiant « demoiselle/mademoiselle », peut désigner une prostituée (en particulier au nord de la Chine).

Notes et références

  1. Aujourdhui la Chine
  2. Chine informations
  3. Thierry Sanjuan, « Atlas de la Chine, les mutations accélérées », Autrement, Paris, 2007, p.21
  4. Source : Times China
  5. Rapport alternatif au comité des droits économiques, sociaux et culturels des Nations unies
  6. Libération
  7. a et b Source : iprostitution
  8. RFI - Prostitution : Pekin veut « frapper fort »
  9. Association des femmes tibétaines, Report by the Tibetan Women's Association to the United Nations' Human Rights Council, 20 mars 2007 : « Historically in Tibet there were no brothels, no drugs and little alcohol abuse ».
  10. Lobsang Sangay, China in Tibet. Forty Years of Liberation or Occupation?, in Harvard Asia Quarterly, Vol. III, No 3 Summer 1999 : « This is not a claim that prostitution never existed in Tibet before the arrival of the Chinese. It did exist, but was very minor in comparison with the more widespread practice today ».
  11. Thomas Laird, «  The Story of Tibet. Conversation with the Dalai Lama, Grove Press, 2007, p. 182, ISBN 080214327X, 9780802143273 : « The teenager (...) went drinking in the brothels ».
  12. Heinrich Harrer, Seven Years in Tibet, E. P. Dutton, 1954; citation : « Ladies of easy virtue are also (in the Barkhor) professionally ».
  13. (en) Melvyn C. Goldstein, The United States, Tibet and the Cold War, p. 158 : « a number of Tibet lobbying groups such as the Washington-based International Campaign for Tibet, the Tibet Justice Center, Students for a free Tibet ».
  14. Site Internet.
  15. Commission on the status of women, Forty-second Session, Consideration of Beijing platform for action critical area of concern : violence against women : voir alinéa 13. « 13. In addition to gender-specific torture, and forced sterilizations and abortions, PRC officials perpetrate violence against Tibetan women by forcing young Tibetan girls into prostitution. Accounts have surfaced of teenage Tibetan girls, who believe they have been offered a great opportunity to join the Chinese People's Liberation Army, and who ultimately are duped into lives that involve multiple rape, pregnancy and abortion. This is said to be the norm for Tibetan girls in the Chinese army. ». Sur http://www.tibetjustice.org, le site du Tibet Justice Center, anciennement l'International Committee of Lawyers for Tibet. Version Pdf
  16. Mary Craig, Tears of blood (A cry for Tibet), London Harper Collins, 1992, p247-251
  17. «天葬 Tianzang- 西藏的命运le destin du Tibet 一九九九1999 王力雄Wang Lixiong » 十四章 chapitre 14 : 在西方广泛流行的中共对藏人的迫害说法也有许多的夸张,En Occident, les persécutions subies par les Tibétains de la part des communistes chinois sont très exagérées. 如: 解放军强迫西藏和尚与尼姑当众性交,à savoir que les soldats de L'APL forçaient les lamas et les nonnes à avoir publiquement des rapports sexuels, 红卫兵到处强奸妇女的说法,que les gardes rouges violaient les femmes partout, 显然距离事实相当远。tout cela, évidemment, est très loin de la vérité. 经历过那个时代的人都知道,Comme les gens qui ont vécu cette époque le savent bien, 性行为在那时被视为极其肮脏和邪恶的事情,à l'époque (maoïste) les rapports sexuels étaient vus comme des mœurs très répréhensibles, 对於意识形态观念最强的解放军和红卫兵,les soldats de l'ALP et les gardes rouges, qui étaient plus forts idéologiquement, 尤其不可能做出那样的事。, n'avaient pas de possibilité de faire ce genre de choses. 如果个别人有那种行为S'agissant de quelques cas individuels, 只应该归於背後犯罪 (对任何人群而言都免不了)的特例。, on ne peut qu'accuser la personne même (aucune population n'en est exempte).
  18. Growing sex workers in Tibet: Is It a Part of the Current Development Boom in Tibet?
  19. Tibet Times, 13 Nov. 1998, (Dharamsala, Inde). Cet article rapporte qu'il y a 1 270 maisons closes à Lhassa, principalement déguisé en salons de coiffure, et en moyenne, 7 prostituées par maison close. Le Tibet Times, journal bimensuel indépendant, a obtenu ces chiffre par ses propres investigations directes.
  20. China in Tibet: Forty Years of Liberation or Occupation?
  21. Marie Louville, Documentaire, France2, 2003, 30’, Les trottoirs de Lhassa
  22. Annual Report, 2000: Enforcing Loyalty Sur le site de l'ONG TCHRD
  23. Tariq El Kashef, Dating Girls and Guys in Lhasa, Tibet, 14 janvier 2007 : « Some streets in Lhasa have no less than thirty hairdressers, beauty salons and massage parlours, a brothel each and every one of them. »
  24. (en) Pankaj Mishra, [people.colgate.edu/vmansfield/Train2Tibet.pdf The Train to Tibet: What will the greatest rail journey on earth do to its destination?], The New Yorker, April 16, 2007 : « thoroughfares lined by (...) massage parlors and hair salons, which are often fronts for brothels. »
  25. (en) Steel Butterflies: Prostitution in Lhasa, site Phayul.com, 26 juin 2006 : « these places are "salons and bars by the day" and "by night they are brothels for young prostitutes, with storefronts distinguished by glowing pink neon lights". »
  26. (en) Lin Caifeng, The distorted image of Tibet (Part III), site Tibet Sun, 25 septembre 2008 : « hairdressers on the streets of Lhasa are mostly brothels. »
  27. (en) Vincanne Adams, Karaoke as Modern Lhasa, Tibet : Western Encounters with Cultural Politics, American Anthropological Association : « large and expensive karaoke bars that also serve as brothels. »
  28. Indira A.R. Lakshmanan, Deemed a Road to Ruin, Tibetans Say Beijing Railway Poses Latest Threat to Minority Culture, Boston Globe, 26 août 2002 : « « Hairdressers and bars conceal at least 1000 brothels. »
  29. Patrick French ; Tibet, Tibet Une histoire personnelle d'un pays perdu, Pages 253 et 254 traduit de l'anglais par William Oliver Desmond, Albin Michel, 2005.
  30. (en) Barry Sautman, "Cultural genocide" and Tibet, in Texas International Law Journal, April 1, 2003 : « The emigres try to attribute "vices" found in Tibet's cities to cultural corrosion due to the Han presence. Lhasa, like many cities around the world, has abundant outlets for prostitution, gambling, and drugs. [...] However, none of the "vices" complained of are particularly "Chinese." Billiards is a Western invention, karaoke was born in Japan, and prostitution and drugs are universals. […] "Vices" in Tibet decried by the emigres are for the most part also present in such religious centers as Dharamsala and Kathmandu and are not uncommon among Buddhist monks in some countries. »
  31. Source Chine information : Le retour des concubines en Chine
  32. Sources : Radio86 - Le retour de concubines par Axelle de Russé
  33. Source : Telégraphe
  34. BBC News 2007
  35. Chine un pays à la dérive sexuelle
  36. Trafic humain en Chine
  37. Chine informations; Chine : nouveau programme pour lutter contre le trafic humain
  38. Chine : la prostitution à tous les coins de rues
  39. Revue Politique Internationale
  40. Amnesty International : Tortures de prostituées supposées et des clients présumés par des policiers corrompus
  41. Aujourd'hui la Chine : Les cadres du Parti priés de se tenir à l'écart des prostituées
  42. Prostituées plus dignes de confiance que les fonctionnaires, Le Matin.ch
  43. Article, China Daily
  44. Article, Chine information, 25 novembre 2008
  45. « VIH/Sida en chine, l'épidémie change de visage », Destination santé
  46. Source :chine.homestead
  47. Source Arcat (mai 2006)- La prostitution chinoise. Celles dont on ne prononce pas le nom
  48. iprostitution - Prostitution Chinoise à Paris, 2 octobre 2009
  49. 来日外国人犯罪の検挙状況(平成19年), p.20
  50. CATW-Asia Pacific, Newsletter Volume 1.2, Hiver 1998
  51. Source: Université de Montréal - Des fleurs, des poules et des hors-la-loi: les prostituées de Chine

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