Arthur Ier de Bretagne

Arthur Ier de Bretagne

Arthur Ier

Prince Arthur and Hubert de Burgh.jpg

Arthur et Hubert de Burgh, par William Frederick Yeames
Duc de Bretagne
Règne 1201-1203
Dynastie Maison Plantagenêt
Titre complet Duc de Bretagne
Prédécesseur Constance de Bretagne
Successeur Guy de Thouars
Comte de Richmond, de Rennes et de Nantes
Période 11961203
Prédécesseur Constance de Bretagne
Biographie
Naissance 30 avril 1187
Décès 3 avril 1203 ?
Père Geoffroy II de Bretagne
Mère Constance de Bretagne

Duc de Bretagne

Arthur Ier de Bretagne ou Arthur Plantagenêt (29 mars 11873 avril 1203[1],[2]), fils posthume de Geoffroy Plantagenêt et de la duchesse Constance de Bretagne, fut duc de Bretagne de 1201 à sa mort, et héritier désigné au trône du Royaume d’Angleterre, devant succéder à Richard Cœur de Lion.

Sommaire

Biographie

Une enfance ballotée

Arthur Ier

Son prénom est rare pour l’époque mais témoigne de la popularité croissante du mythe d’Arthur chez les Plantagenêt[3]. Enfant, Arthur est élevé dans le duché de Bretagne sous la garde de sa mère Constance et avec l’accord des souverains Henri II Plantagenêt, son grand-père puis de Richard Cœur de Lion, son oncle. Pendant l’hiver 1190, ce dernier, sans enfant, fait savoir qu’il considère Arthur comme son héritier légitime au trône[4]. Après son retour de croisade, le roi semble vouloir prendre Arthur sous son aile. En 1196, Ranulph de Blondeville, comte de Chester, vicomte d’Avranches et de Bayeux, fidèle du roi, capture Constance, à laquelle il est marié depuis 1189, et Richard envahit brièvement le duché. Ces deux événements seraient des mesures de représailles face au refus des Bretons de confier le jeune Arthur à son royal oncle[5]. Réunis à Saint-Malo-de-Beignon, les principaux aristocrates bretons réagissent en faisant allégeance à Arthur.

Probablement peu après, il échappe à la garde des Bretons pour être élevé à la cour de Philippe Auguste, à l’abri des ambitions de Richard Cœur de Lion. Avant 1199, âgé d’une petite dizaine d’années, il retourne en Bretagne[6]. Sa mère l’associe au gouvernement du duché.

La compétition avec Jean sans Terre

La mort inattendue de Richard Cœur de Lion le 6 avril 1199 à Châlus accélère les événements. Arthur, étant le seul fils de Geoffroy Plantagenêt, frère puîné de Richard Cœur de Lion, revendique l’héritage de l’empire Plantagenêt (Angleterre[réf. nécessaire], Normandie, Anjou, Maine, Poitou, Aquitaine). Toutefois, l’autre frère du défunt Jean sans Terre prétend lui aussi à la succession. Immédiatement, l’héritier du duché de Bretagne pénètre en Anjou, confiant dans le soutien des aristocrates angevins. En mai, il rencontre Philippe Auguste et lui prête hommage pour les comtés d’Anjou, du Maine et de Touraine[7]. Arthur a derrière lui le soutien de sa mère Constance, des évêques de Vannes et de Nantes, de l'abbé de Saint-Melaine de Rennes et d'importants barons bretons dont Geoffroy III de Chateaubriant, Guillaume II de la Guerche, Geoffroy II d'Ancenis, Conan Ier de Léon et André III de Vitré. Ces personnages, ainsi que quelques seigneurs français, reçoivent différentes terres angevines. Arthur nomme sénéchal d’Anjou et du Maine Guillaume des Roches[7]. Jean sans Terre est toutefois le grand gagnant de la compétition puisqu’il devient roi d’Angleterre et duc de Normandie. Guillaume des Roches parvient très brièvement à réconcilier Arthur avec son oncle[8]. Mais dès la fin septembre de l’an 1199, l’enfant se met à nouveau sous la garde du roi de France. Il reste à Paris deux ans[9].

Jean sans Terre signe son triomphe en mai 1200 au Traité du Goulet : Philippe Auguste le reconnaît comme l’héritier de la totalité de l’empire Plantagenêt[10]. Abandonnés par le capétien, Arthur et sa mère n’ont d'autre choix que de prêter hommage au souverain anglais pour la Bretagne[réf. nécessaire]. En septembre 1201, la duchesse Constance meurt. Arthur devient le nouveau duc de Bretagne. Il ne semble pas hériter par contre du comté de Richmond que sa mère détenait en Angleterre, Jean l’aurait saisi pour récompenser un fidèle[11].

En avril 1202, Philippe Auguste rompt la paix faite avec Jean sans Terre et par conséquent, favorise à nouveau Arthur. Le jeune prince participe à la campagne du roi de France en Normandie. Après la prise de Gournay-en-Bray, il est armé chevalier par Philippe[12]. Ce dernier va jusqu’à le fiancer à sa fille Marie. Il est proclamé duc de Bretagne, comte d’Anjou, du Maine, de Touraine et de Poitou. À charge pour lui de s’emparer de ces territoires[13]. Âgé de 15 ans, Arthur peut maintenant jouer un rôle plus actif. Toutefois son élan est vite stoppé : en août 1202, alors que l’adolescent assiégeait la ville de Mirebeau (près de Loudun) où était réfugiée sa grand-mère Aliénor d’Aquitaine, principal soutien de Jean sans Terre contre Philippe Auguste, Guillaume de Briouze le capture. Ce dernier le détient sous sa garde à Falaise puis à Rouen.

Disparition et mort d'Arthur

De grandes incertitudes demeurent dans la façon dont Arthur trouva la mort :

  • seules les Annales de Margam donnent une date pour la mort d'Arthur, le 3 avril 1203, date à laquelle on sait par ailleurs que Jean était à Rouen[14] : « Après que le roi Jean eut capturé Arthur et l'eut tenu vivant pour quelque temps en prison, après dîner le jeudi précédant Pâques, comme Jean était saoul et possédé du démon ['ebrius et daemonio plenus'], il tua Arthur de sa propre main et jeta le corps, attaché à une lourde pierre, dans la Seine. Un pêcheur le trouva dans son filet, et ayant été ramené sur la rive et reconnu, il fut porté pour être secrètement inhumé, par crainte du tyran, au prieuré de Bec nommé Notre Dame des Prés[15]. » ;
  • d'après Walter de Coventry, Arthur disparut subitement et le lieu de sa sépulture est inconnu[16] ;
  • d'après Ralph, abbé of Coggeshall, Hubert de Burgh, l'officier commandant la forteresse de Rouen, reçut ordre du roi, avec le consentement de son conseil, d'énucléer Arthur et de lui faire subir d'autres mutilations de façon à le frapper d'incapacité au trône. Hubert l'épargna mais prétendit au roi qu'il en était mort et qu'on l'avait enterré à l'abbaye cistercienne de Saint André de Gouffen[16] ;
  • d'après d'autres sources Hubert de Burgh affirma avoir remis Arthur, autour de Pâques 1203, aux agents du roi, envoyés pour le castrer ; Arthur serait mort suite à l'opération[réf. nécessaire] ;
  • les annalistes français et bretons attribuent le crime à la main de Jean et notent que quinze jours après qu'il est commis, les Bretons s'assemblent en force à Vannes et envoient l'évêque de Rennes demander à Philippe Auguste de le faire juger par ses pairs. Il est déchu de ses biens en France et Philippe conquiert la Normandie l'année suivante[16] ;
  • lors du débarquement du dauphin Louis en Angleterre en 1216, le meurtre d'Arthur, pour lequel, est-il indiqué, Jean fut jugé et condamné par ses pairs, est un des principaux motifs invoqués dans ce qui est le seul document officiel faisant référence à cette mort[16] ;
  • ,n 1208 sur un prétexte apparemment futil, mais probablement plutôt en raison de fuites sur la mort d'Arthur, Jean sans terre saisit tous les domaines de Guillaume de Briouze, alors son principal favori, et exige qu'il lui remette son fils aîné en otage. Maud de Briouze répond qu'elle ne confierait aucun de ses enfants à quelqu'un qui a si vilement assassiné son propre neveu. Maud et son fils sont alors emmurés vivants à Corfe Castle et Guillaume, qui a réussi à fuir déguisé en mendiant, meurt à Paris peu après. Il y aurait fait une déposition, qui n'a jamais été retrouvée, sur les circonstances de la mort d'Arthur[réf. nécessaire] ;
  • beaucoup d'auteurs considèrent que c'est à partir de 1208 que la mort d'Arthur est connue[réf. nécessaire].

Sa sœur Aliénor de Bretagne, héritière légitime des Plantagenêts après la mort d'Arthur, restera en détention jusqu'à sa mort 38 ans plus tard sous Henri III d'Angleterre.

Conséquences de la mort d'Arthur

Le vainqueur de Jean, le roi de France Philippe Auguste, se rend maître de la Bretagne car la demi-sœur d’Arthur, Alix, est mineure. En effet, Guy de Thouars, père d'Alix et baillistre du duché, ne s’oppose pas au roi et, en 1213, Philippe Auguste marie Alix à son cousin capétien Pierre de Dreux, alors qu'elle est déjà fiancée à Henri II d'Avaugour.[réf. souhaitée] Les ducs capétiens seront globalement fidèles aux rois de France ; il faudra attendre la guerre de succession de Bretagne et l'avènement de la dynastie des Montfort pour que les ducs s'affranchissent à nouveau de la tutelle française.

Hommages

Dans la littérature

La mort d'Arthur

La Vie et la Mort du roi Jean

Parmi les événements historiques évoqués dans la pièce de théâtre La Vie et la Mort du roi Jean écrite par William Shakespeare entre 1593 et 1596, le traitement infligé au jeune Arthur prend une place importante, sans toutefois donner une réelle unité à la pièce.

Dans l'acte IV, Hubert de Burgh, le geôlier d'Arthur, s’apprête à sacrifier Arthur en lui brûlant les yeux au fer rouge sur les ordres du roi Jean. L'innocence du jeune prince l'en dissuade. Cependant, les nobles arrivent à convaincre Jean qu’il vaut mieux libérer Arthur que le tuer, car le peuple murmure. Quand Hubert se présente, tous interprètent son silence comme l’aveu d’une mission accomplie. Les nobles, indignés, quittent la cour. Jean apprend que les Français envahissent l’Angleterre, et que l’annonce de la mort d’Arthur a mis le peuple en émoi. Arthur meurt accidentellement, en tentant de s’évader. Les nobles jurent de venger sa mort. Ils passent à l'ennemi.

Hubert's Arthur

Arthur est le personnage principale de l'uchronie Hubert's Arthur de l'excentrique écrivain anglais Frederick Rolfe alias Baron Corvo. Cet ouvrage posthume a été publié en 1935 par A. J. A. Symons.

En musique

Notes et références

  1. Jean Flori, Aliénor d'Aquitaine - La reine insoumise, Payot, 2004, p. 281
  2. (en) Généalogie d'Arthur Ier de Bretagne sur le site de la Fondation pour le généalogie médiévale
  3. Christopher Daniell, From Norman Conquest to Magna Carta: England, 1066-1215, Routledge, 2003, p. 30.
  4. Nicholas Vincent, Jean sans Terre et les Normands avant 1199 : le comte de Mortain à la lumière de ses chartes - 1204. La Normandie entre Plantagenêts et Capétiens, sous la direction d'Anne-Marie Flambard Héricher et de Véronique Gazeau, Caen, Publications du CRAHM, 2007, p. 50.
  5. Judith Everard, Michael Jones, The Charters of Duchess Constance of Brittany and Her Family, 1171-1221, Boydell & Brewer, 1999, p. 109.
  6. Judith Everard, Michael Jones, idem.
  7. a et b Chronicon Turonense Magnum, 145.
  8. François Neveux, La Normandie des ducs aux rois, Rennes, Ouest France, 1998, p. 561.
  9. Chronicon Turonense Magnum, 146.
  10. François Neveux, idem
  11. Judith Everard, Michael Jones, ibid, p. 111.
  12. François Neveux, La Normandie des ducs aux rois, Rennes, Ouest France, 1998, p. 563
  13. François Neveux, ibid, p. 563-564.
  14. (en) Sydney Lee, Dictionary of National Biography - Arthur (1187-1203), p. 130
  15. Pierre-Claude-François Daunou, Recueil des historiens des Gaules et de la France - Rerum gallicarum et francicarum scriptores, Imprimerie royale, impériale, puis nationale, 1833, p. 247
  16. a, b, c et d Sydney Lee, ibid, p. 130

Annexes

Bibliographie

Articles connexes


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