Rayon sportif féminin

Rayon sportif féminin
Pour des informations plus générales sur ce sujet, voir Fédération sportive et culturelle de France.

Le Rayon sportif féminin (RSF), groupement sportif catholique, est un des premiers à organiser le sport féminin en France[1]. Fondé en 1919, il revendique à la veille de la Seconde Guerre mondiale, un effectif de 60 000 gymnastes réparties sur tout le territoire national[1].

Félix Mathey, professeur d'éducation physique, champion FGSPF d'athlétisme et directeur technique du RSF

Sommaire

Historique

Comme pour les hommes c’est dès la Restauration, que les établissements d’éducation féminine des religieuses font une place de plus en plus large aux exercices physiques : le succès de l’ouvrage de Clias Callisthénie pour les jeunes filles en témoigne. La III° République facilitera ensuite le développement de cette gymnastique chargée d’assurer chez les garçons la transition entre l’Ecole et l’Armée, s’efforçant de donner aux hommes républicains des compagnes républicaines. Les premières sociétés françaises de gymnastique féminine apparaissant dès 1899 à Paris et Valenciennes et l’Union Française de Gymnastique Féminine (UFGF) les fédère en 1912, cinq ans avant que n’apparaisse une Fédération Française Sportive Féminine (FFSF). Et pendant la Grande Guerre une jeune fille particulièrement dynamique, Irène POPARD - première diplômée féminine du cours supérieur d’éducation physique - introduit l’éducation physique dans le scoutisme féminin de la région parisienne.

Les Filles de la Charité (1919-1931)

Après la guerre, les « bonnes sœurs » exclues du champ de l’enseignement n'ont toujours pas renoncé à la pratique des « exercices » pour les jeunes filles qui fréquentent leurs œuvres. Et la Chambre bleu horizon autorisant un regain d’activité aux congrégations, une Fille de la Charité, sœur Roussel, demande dès 1919 à la FGSPF un moniteur pour ses Enfants de Marie du Raincy. Qui lui délègue Félix Mathey, huit fois champion fédéral d'athlétisme et membre du C.A. Rosaire, qui présente à la fois les garanties techniques et morales nécessaires. Il prendra en charge dès l’année suivante une seconde société parisienne, La Tour d’Auvergne. Des fêtes annuelles regroupent alors au Raincy les sociétés parisiennes, la hiérarchie religieuse appelant à la généralisation des sections sportives dans les patronages féminins afin de préserver les jeunes chrétiennes des mœurs libérales qu'elle suppute dans les société sportives laïques.

Le Rayon sportif féminin (1931-1937)

L’insigne du Rayon Sportif Féminin est présenté au concours de 1929 par le cardinal Gerlier en personne : grâce au dynamisme des filles de Catherine Labouré, l’éducation physique et le sport s’ajoutent aux rayons qui s’échappent des mains de la Vierge sur la médaille miraculeuse de la rue du Bac. Le succès va croissant et on dénombre 80 sociétés en région parisienne lorsque la fédération est déclarée sous ce nom en 1931. Son développement qui répond au souhait de Pie XI (de voir le catholicisme s’adapter au monde d’aujourd’hui intéresse l'Église de France et dès 1934 l’archevêque de Paris demande aux Filles de la Charité d’ouvrir l'œuvre aux patronages animés dans les paroisses par d’autres ordres religieux. La croissance s’accélérant, le Rayon Sportif Féminin commence à retenir l’intérêt des pouvoirs publics. Lors du festival de 1936 qui accueille de nombreuses sociétés montées de la province, c'est le Ministre de la Santé Publique lui-même qui remercie les Filles de la Charité au nom de la France.

La Fédération nationale éducation physique féminine (1937-1940)

Au début du Front Populaire le RSF troque son sigle pour celui de FNEPF et coupe le cordon ombilical avec les Filles de la Charité en quittant la protection de la Maison-mère du 104, rue du Bac pour le 19, rue de Varennes. La direction, laïcisée, calque son organisation sur celle de la FGSPF : comité central et comité technique à Paris, comités diocésains en Province. Le premier comité central regroupe l’ensemble des mouvements de jeunesse féminins. Sa jeune secrétaire permanente, Marie-Thérèse Eyquem, deviendra une personnalité majeure du sport féminin puis du paysage politique français.

La collaboration avec la FGSPF est très étroite au sein des trois commissions techniques (Éducation physique, jeux et sports et celle de l’Enseignement libre qui assure la formation initiale et continue des cadres scolaires) de nombreux moniteurs siégeant dans l’une ou l'autre. Une des conséquences est l'adoption en 1937 du certificat médical préalable à la pratique sportive, déjà en vigueur depuis sept ans chez la masculins à l'initiative du docteur Récamier[2].

Et l’osmose est encore plus importante au niveau des comités diocésains qui comportent de nombreux membres de l’union FGSPF. En 1939, cinquante-trois de ces comités organisent chacun un festival annuel pour les 650 associations affiliées. Paris à lui seul assure 10 % des effectifs mais Lyon et Bordeaux sont également bien représentés.

Un mariage forcé qui se termine plutôt bien (1940-1945)

Le 4 octobre 1940 une ordonnance du nouvel Etat Français oblige chaque fédération féminine à s’affilier à une fédération masculine. L’Eglise se trouve alors contrainte d’accepter une mixité qu’elle a toujours réprouvée et le RSF s’affilie à la FGSPF selon le protocole suivant : fusion des comités centraux mais indépendance des directions techniques. L’occupation oblige la FGSPF à se scinder en deux : le secrétaire général Armand Thibaudeau reste à Paris en zone occupée et délègue la zone libre à un cadre du RSF déjà à Lyon, Eugénie Duisit-Maucurier. Plus tard, celle-ci passe en Algérie pour rejoindre l’armée de la France Libre et s'illustre pendant la campagne d’Italie.

Pendant ce temps, Marie-Thérèse Eyquem poursuit sa carrière administrative à Vichy auprès de Jean Borotra puis Joseph Pascot. Cette position privilégiée lui permet de faciliter le fonctionnement du Rayon et de l'Union générale sportive de l'enseignement libre (UGSEL) féminine créée pendant l'Occupation au sein de l'Union gymnique et sportive des patronages de France (UGSPF) et dirigée par mère Sainte-Monique. Son expérience lui permet aussi de se distinguer en organisant, avec l'assistance d'Olga Batany, une autre monitrice du Rayon, de grandes manifestations de masse comme la fête de Coubertin et celle de la sportive[3].

La politique d’Education Générale de Vichy oblige tous les mouvements de la jeunesse chrétienne à pratiquer l’éducation physique. Cette pratique étant conditionnée à l’affiliation à un organisme reconnu, beaucoup de mouvements affluent à la FGSPF ; ce qui exige quelques adaptations de structures. Ainsi en 1941, la FGSPF qui possède déjà une commission scolaire masculine, l’UGSEL, créée l’UGSEL féminine confiée à Mère Ste Monique. Réunies le 1 Janvier 1945 les « dames du Comité Central » décideront de maintenir le Rayon au sein de la FGSPF qui choisit de devenir Fédération Sportive de France (FSF) le 22 Juin 1946. Ce qui sera bien acté au Journal Officiel le 22 mars de l'année suivante.

Les contenus techniques au RSF

Félix Mathey sera directeur technique du Rayon Sportif Féminin de 1923 à 1937. Diplômé de l'Ecole Joinville en 1919 après avoir été instructeur à Saint-Cyr puis à Saint-Maixent il laissera une profonde empreinte militaire qui perdure aujourd’hui à travers les défilés et les exercices d’ensemble. Après des évolutions qui évoquent les manoeuvres dans les cours de nos casernes, la leçon RSF repose alors sur une gymnastique segmentaire vite élargie à une gymnastique rythmique jugée moins rébarbative. On y ajoute ensuite des exercices d’application n’exigeant que peu de matériel : sauts, course et lancers. Seules les sections les plus riches pratiquent les barres parallèles dont l’usage est cependant vivement recommandé.

Le Brevet sportif populaire (BSP)- inspiré du brevet soviétique Prêt pour le travail et le service de la Patrie - créé par Léo Lagrange en 1937 connaît un franc succès au Rayon et sa préparation devient un des enjeux des séances. A Paris, des horaires sont réservés dans les piscines municipales pour initier les jeunes filles à la natation à l’abri des regards indiscrets. À la même époque le basket-ball se développe avec quarante équipes sur Paris en 1937. Enfin un chalet situé à Valloire accueille les adhérentes pour un prix de séjour raisonnable afin de les initier aux sports d’hiver.

Les monitrices du RSF

Les premiers cadres formés par Félix Mathey appartiennent aux Enfants de Marie. Consacrées à la Vierge et à Jeanne d’Arc - à Dieu et à la France - le Rayon est pour elles un véritable apostolat qui exige souvent un célibat recherché et accepté : celui de la Monitrice du RSF. Leur action dans les associations est bénévole mais les besoins de l’enseignement leur offrent souvent un véritable métier dans les établissements privés. Les plus dynamiques et les plus compétentes deviennent monitrices fédérales formatrices : Olga Batany, Eugénie Duisit, Geneviève et Marie-Thérèse Eyquem... voyagent à travers la France et au-delà pour des formations intensives de deux semaines.

C'est en effet déjà une priorité du RSF quand les congés payés de 1936 offrent aux jeunes travailleuses le temps nécessaire pour en profiter. A Paris cette formation s’organise en cours hebdomadaires et des cours par correspondance sont mis en place pour la province. Les programmes, préparatoires aux diplômes d’état (CAEP) permettent aux ressortissantes du RSF de s'y s'illustrer : plus de 80% de réussite en 1938. Les Enfants de Marie investissent là à la fois un nouveau métier et la citadelle de l’école de la République ; le Rayon et les Filles de la Charité ont bien contribué dans ce domaine à la réalisation du message de Pie XI.

Références

  1. a et b (fr) Laurence Munoz sous la direction de Thierry Terret, Sport et genre, Paris, Éditions L'Harmattan, 2005, « Le Rayon Sportif Féminin, de l'éducation physique aux sports (1937-1967) » 
  2. (fr) Fédération sportive et culturelle de France, , Paris, FSCF, 2010, « Programme fédéral » 
  3. (fr) Robert Hervet, La Fédération sportive de France, Paris, FSCF, 1948, p. 114 

Bibliographie

  • Robert Hervet, La Fédération sportive de France, Paris, FSF, 1948 
  • Thierry Terret, Sport et genre, Paris, L’Harmattan, 2005 
  • Yvon Tranvouez, Sport, culture et religion, Brest, UBO, 1999, p. 227-243 
  • Fédération sportive et culturelle de France (FSCF) 1898-2002 et du Rayon sportif féminin (RSF) 1936-1984, Archives nationales du monde du travail, septembre 2007, 56 p.
    Dépôts des archives de la Fédération sportive et culturelle de France aux Archives nationales du monde du travail, au sein du Pôle national des archives du monde sportif et dans le cadre du programme MéMoS (mémoire du sport).
     

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