Samuel Jacob Rubinstein

Samuel Jacob Rubinstein

Samuel Jacob Rubinstein (1888,Biała Podlaskal, Pologne -1964, Paris) est un grand-rabbin orthodoxe non-consistorial français du XXe siècle, d'origine polonaise.

Sommaire

Biographie

Samuel Jacob (Chmouel Yaakov) Rubinstein est né en 1888, à Biała Podlaska, dans l'Est de la Pologne. Il fut le rabbin de la Synagogue de la rue Pavée, au 10 Rue Pavée, dans le quartier du Marais (connu comme le Pletzl[1]), dans le 4e arrondissement de Paris.

Il succéda au Grand Rabbin Joël Leib HaLevi Herzog[2], père du Grand Rabbin Yitzhak HaLevi Herzog, le futur Grand Rabbin d'Israël, comme rabbin de Agudas Hakehilos (אֲגֻדָּת־הַקְּהִלּוֹת, Union des communautés)[3].

Il participa au renouveau de La communauté juive de France après la guerre et fut actif dans le retour des enfants Juifs confiés à des familles non juives durant la guerre. Il fut en contact avec des organisations humanitaires comme le Vaad Hatzalah et d'autres organismes américains[4].

Il était connu comme un grand orateur, avec une figure imposante[5].

Il publia en 3 volumes en hébreu, Sheerit Menahem (Paris, 1954) et Shemen LaNer en 2 volumes en hébreu (Paris, 1959)[6]. Le choix du nom de Sheerit Menahem pour son œuvre principale est une référence au nom de son père, le Rabbin Yirmeyahu (Jérémie) Menachem Rubinstein.

Le Rabbin Rubinstein se considérait comme un Kotzker Hassid, influencé par le Maître du Hassidisme, Menachem Mendel de Kotzk (1787-1859), à l'origine de la Dynastie hassidique des Gur.

On retrouve le nom du Rabbin Rubinstein dans des ouvrages rabbiniques, dans sa correspondance avec d'autres rabbins, comme Menashe Klein, le Ungvar Rebbe, de New York, qui passa par Paris, à la fin de la Seconde Guerre mondiale.

Dans le monde juif orthodoxe, particulièrement hassidique, Paris et la France, avant et après la guerre étaient synonymes avec lui.

Dans son ouvrage, Les Juifs, Roger Peyrefitte le décrit ainsi[7]: Cette nuit, il [Asher][8] avait rêvé également de son maître en judaïsme, le grand rabbin Rubinstein, dont la barbe blanche, la sagesse et l'éloquence étaient l'ornement de la synagogue de la rue Pavée.

Il est mentionné par Ruth Blau[9] de Netourei Karta dans son ouvrage: Les Gardiens de la Cité[10]. C'est lui qui préside à sa conversion orthodoxe au judaïsme[11],[12]:Mon fils[13] et moi-même fûmes confirmés comme prosélytes par un rabbin orthodoxe, le rabbin Rubinstein de la synagogue de la rue Pavée. Nous reçûmes un certificat de conversion validant notre admission dans la communauté juive en 1951.

Si la Rue Pavée était la Synagogue où on le trouvait quotidiennement, de fait, il était aussi considéré comme le rabbin de différentes Shtiebles du Pletzl.

La grand-mère de Richard Prasquier, président du Conseil représentatif des institutions juives de France (CRIF), depuis mai 2007, avait épousé le Rabbin Rubinstein en 1958[14],[15]. Le docteur Prasquier note que sa grand-mère avait épousé : le célèbre rabbin de la rue Pavée.

À son décès, dans la Synagogue de la rue Pavée, dont la première rangée de bancs avait été enlevée pour l'occasion, des éloges funèbres furent prononcés pour le Rabbin Rubinstein, en yiddish, la langue qu'il préférait, et en français par le Rabbin David Feuerwerker, en présence d'une foule considérable. Parmi les rabbins consistoriaux présents ce jour-la se trouvait le Grand Rabbin Ernest Gugenheim (1916-1977)[16]. Son successeur fut le Grand Rabbin Chaim Yaakov Rottenberg, d'Anvers, dont le fils, le Rabbin Mordechai Rottenberg est l'actuel rabbin de la Synagogue de la Rue Pavée.

Les petits-enfants du Grand Rabbin Rubinstein vivent en Israël : Rafi (Raphaël) Shimoni vit avec sa famille à Tel-Aviv, où il est ingénieur, directeur de service, dans l'industrie aéronautique israélienne (IAI, Israel Aerospace Industries); le Dr Marc Klutstein est cardiologue à l'hôpital Sharei Tzedek à Jérusalem; et Evy Kuppershmidt dirige une entreprise de consultants.

Le Rabbin Rubinstein et le Loubavitcher Rebbe

Le Rebbe de Loubavitch, Menachem Mendel Schneerson, dans une lettre datée de Brooklyn, New York le 1er Eloul 5711[17] [1950] écrit[18]à son propos: Il y a quelque temps, j'ai écrit au grand Rav [Rabbin], distingué 'Hassid qui craint D.ieu, Rav Chmouel Yaakov Rubinstein.' Ils se connaissaient d'avant-guerre. Le Rabbin Rubinstein racontait avec émotion que lors du recensement des Parisiens, des l'arrivée des nazis à Paris, le Rabbin Menachem Mendel Schneerson était absent de son domicile. Lorsqu'il apprit que l'on avait mis à côté de son nom, religion orthodoxe, il se rendit au bureau de recensement pour que l'on inscrive à la place Juif[19]. De Nice, en Tichri 5702[20] (1941) le Rabbin Menachem Mendel Schneerson se rendit à la frontière italienne pour se procurer un Etrog, pour la fête de Souccot. Il revint avec deux Etrogim[21], l'un pour lui-même, l'autre qu'il offrit au Rabbin Rubinstein, qui se trouvait lui aussi à Nice[19],[22].

Témoignage

Une description du Rabbin Rubinstein est donnée par Gutta Sternbuch en 2005 [23]:

Entretemps, nous sentions l'absence d'un leader rabbinique à Aix-les-Bains. Et quand nous avons entendu parler d'un rabbin Rubinstein, à côté de Lyon, je suis allée avec le Dr [Hillel] Seidman[24] lui rendre visite. Quand nous sommes entrés dans la maison du rabbin Rubinstein, son épouse nous a accueillis. Quand je lui ai dit mon nom et que je venais de Varsovie, elle me dit, attendez un instant, s'il vous plait, et elle sortit. Une minute plus tard, elle revint et m'indiqua le bureau du rabbin Rubinstein.

Le rabbin Rubinstein était assis derrière une table couverte de volumes de Guemara (Talmud). Il était très beau, avec une barbe longue et droite - mais ce qui frappait tout de suite chez lui c'était ses yeux, qui semblaient danser de rire et d'amour. Ils étaient tellement profonds que quand je les regardais je fus incroyablement touchée et je commençais pratiquement à trembler. Je ressentais comme si je regardais quelqu'un du Gan Eden [Jardin d'Eden].

Je dis au rabbin Rubinstein, Je suis Gutta Eisenzweig de Varsovie. Il me demanda, Êtes-vous la petite fille de Berel Gefen?

Je répondis que oui, je l'étais. A ce mot, il se leva et s'approcha de moi, me regardant droit dans les yeux et s'exclamant en Yiddish, Du bist an einikel fun Reb Berel. Du bist an einikel! Tu es une petite-fille de Rav Berel! Il ne pouvait croire que j'étais en vie. Lui et mon grand-père avaient grandi ensemble à Białystok [en Pologne] et avaient étudié ensemble au heder. Il fut paralysé d'émotion et ne put parler, et des larmes coulèrent de ses yeux.

Ce fut une des expériences les plus extraordinaires que j'ai eu après la guerre. Après cela, je suis allée maintes fois chez le rabbin Rubinstein. C'était un homme plein d'amour et il avait toujours un bon mot pour chacun. Dans un sens, il me redonnait mon grand-père et réveilla à nouveau l'amour que j'avais pour lui.

Gutta Sternbuch note que son mariage fut spécial car c'est le rabbin Rubinstein qui officia.

Coutumes du Rabbin Rubinstein

  • Le samedi après-midi, après l'office de mincha, les fidèles prenaient le repas communautaire de Seoudath Shelishis ensemble, dans la salle à droite en entrant de l’extérieur de l'immeuble. Ce troisième repas du Sabbat se faisait dans l'obscurité totale, ce qui donnait un cachet tout particulier. Personne ne voulait voir le Sabbat partir! Le Rabbin Rubinstein commentait en yiddish la portion de la Torah de la semaine. Des zemiros (chants) accompagnaient le repas qui consistait en des Matzos sur lesquelles on mettait des sardines à l'huile.
  • Le rabbin Rubinstein ne portait pas à Paris le Streimel. Son successeur, le Rabbin Chaim Yaakov Rottenberg le portera, mais seulement au cours du repas communautaire du samedi après-midi.
  • C'était un privilège d'être invité chez le Rabbin Rubinstein, le samedi matin, après l'office, pour manger le tcholent [il existe divers types de tcholent, le sien était fait de pommes de terre] préparé par son épouse. Il indiquait aux privilégiés de rester à la synagogue, pour ensuite monter chez lui. De même, il invitait des particuliers à sa Succah qui était construite dans la cour attenante à la synagogue.
  • Pour la récitation du Shema, lors de la prière du matin, le Gaon de Vilna observe que la mitzvah de voir les tzitzit ne doit pas être annulée par le fait de les embrasser. La coutume du Rabbin Rubinstein[25] était de faire un mouvement circulaire avec les tzitzit, il levait les tzitzit devant ses yeux (pour les voir), puis les embrasser.
  • Orateur reconnu, le Rabbin Rubinstein faisait des pauses durant ses discours. Il passait sa main dans sa longue barbe, du haut vers le bas, puis continuait son exposé. Cette courte attente se faisait dans un silence total et respectueux.

Liens internes

Notes et Références

  1. Voir Nancy L. Green, 1986
  2. Il était le fils du Rabbin Nafthali Hirsch HaLevi Herzog
  3. Cette Union des communautés était issue de neuf sociétés israélites orthodoxes
  4. Friedenson & Kranzler, 1984, p.206
  5. Des photos du Rabbin Rubinstein sont trouvées dans Friedenson & Kranzler, 1984, p. 122 et 206, ainsi que dans Sternbuch & Kranzler, 2005, p. 147
  6. Shapiro, 2007, p. 244, mentionne l'introduction et l'approbation par le Rabbin Weinberg des ouvrages du Rabbin Rubinstein
  7. Roger Peyreffite, 1965, p. 28.
  8. Asher est le jeune protagoniste principal de l'ouvrage. Dans la vie réelle, il était modelé sur le fils d'un Cohen, un Hassid d'Alexandre, qui fréquentait la Synagogue de la Rue Pavée
  9. Madeleine Ferraille deviendra Ruth Ben-David avant de devenir Ruth Blau
  10. Ruth Blau, 1978, p. 42
  11. Elle avait été convertie une première fois à la Synagogue libérale de la rue Copernic (Synagogue Copernic)
  12. Notons qu'en 1978, Ruth Blau parle du Temple de la rue Copernic
  13. Claude devenu Ouriel après sa conversion au judaïsme, à l'âge de 10 ans
  14. A coeur et à Crif
  15. Richard Prasquier: le dialogue à cœur
  16. Le Grand Rabbin Ernest Gugenheim 1916-1977 par Claude-Annie Gugenheim
  17. Dimanche 2 septembre 1950
  18. Iguerot Kodech No 1162
  19. a et b Le Rabbi et la France
  20. Soit fin septembre ou début octobre 1941, la date n'est pas précisée
  21. Pluriel d'Etrog
  22. Voir aussi, Rebbe Crosses Border Illegaly.
  23. Sternbuch & Kranzler, 2005, p.146-147
  24. Hillel Seidman est l'auteur de l'ouvrage: Du fond de l'abîme, Journal du ghetto de Varsovie, Plon: Paris, 1998
  25. Voir, Elie Feuerwerker, 2003, p. 76

Bibliographie

  • Roger Peyrefitte, Les Juifs, Flammarion: Paris, 1964.
  • Ruth Blau. Les Gardiens De La Cité. Histoire D'Une Guerre Sainte. Flammarion: Paris, 1978. ISBN 2-08-064118-2
  • Nancy L. Green. The Pletzl of Paris. Jewish Immigrant Workers in the Belle Epoque. Holmes & Meier: New York & London, 1986 ISBN 0-8419-06335-1
  • Joseph Friedenson & David Kranzler. Heroine Of Rescue. The incredible story of Recha Sternbuch who saved thousands from the Holocaust. Mesorah Publications: Brooklyn, N.Y., 1984, 1999 ISBN 0-89906-460-4
  • Elie Feuerwerker. Viewing And Kissing Tzitzit. Letter to the Editor. The Jewish Press, New York, Friday, January 24, 2003, p. 76
  • Gutta Sternbuch & David Kranzler. Gutta: Memories of a Vanished World. A Bais Yaakov Teacher's Poignant Acount of the War Years With a Historical Overview. Feldheim: Jerusalem, New York, 2005. ISBN 1-58330-779-6
  • Marc B.Shapiro. Between The Yeshiva World And Modern Orthodoxy. The Life and Works of Rabbi Jehiel Jacob Weinberg 1884-1996. The Littman Library of Jewish Civilization: Oxford, Portland, Oregon, 2007. ISBN 978-1-874774-91-4
  • Chmouel Albert (Rav). Anniversaire. Le Gaon rav Chmouel Yaacov Rubinstein zatsal de Paris. La symbiose entre l'érudition et le charisme. Hamodia International En Français. No. 158. 12 Adar Aleph 5771. Mercredi 16 février 2011, p. 20-21.



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