Spéléologie en Tunisie

Spéléologie en Tunisie

La spéléologie en Tunisie est une activité sportive qui a émergé à la fin des années 1970. De nos jours, elle connaît une expansion à travers le territoire en suscitant l'adhésion de pratiquants de tout âge et de toute catégorie.

La Tunisie a une plateforme géologique adaptée à cette pratique et possède plusieurs sites (grottes, gouffres, etc.) répartis dans le nord et le centre du pays.

Sommaire

Pratique

Histoire

Le Club spéléologique de Bizerte (CSB) voit le jour en 1977 au sein de la maison des jeunes de Bizerte, sous l'impulsion de Christian Certin et du jeune Lotfi Ghattas, avant d'être intégré au sein du club de l'AJST à Bizerte. La spéléologie tunisienne connaît une intense activité, notamment avec la découverte de nouvelles grottes vers Joumine dans le gouvernorat de Bizerte. Le club est aussi présent au huitième congrès international de spéléologie organisé par l'Union internationale de spéléologie (UIS) à Bowlin Green (États-Unis) en 1981.

C'est lors d'un stage de formation, organisé par le club bizertin en 1983 avec l'aide de la Fédération française de spéléologie, que viennent participer, outre les membres du club, des animateurs appartenant à des maisons de jeunes d'autres gouvernorats du pays, notamment Kamel Gmaty, fondateur du Club spéléologique de Zaghouan. Ce stage permet aux deux clubs de s'enrichir non seulement sur le plan de la formation mais aussi grâce au don de matériel fourni par la fédération française.

Vers 1986, toute activité spéléologique tunisienne cesse après la perte par le club bizertin de son local, de ses archives et de son matériel. En 1988, un jeune membre du club, Mohsen Khammar, aidé d'une bande d'amis formée de huit étudiants, relance l'activité à Bizerte et cherche à répandre la spéléologie dans tout le pays. C'est grâce à leurs efforts qu'une grande partie du matériel a pu être récupéré et un nouveau club lancé au sein de la maison des jeunes de Bizerte. S'ils parviennent pour un certain temps à faire revivre le club de l'ASJT à Bizerte, leur grand apport est d'assurer la continuité de l'activité spéléologique en formant une nouvelle génération de jeunes spéléologues et de relancer les sorties spéléologiques.

En 1994, Mohsen Khammar, connaissant l'existence du matériel spéléologique à la maison des jeunes de Zaghouan, s'y déplace et relance la spéléologie dans cette ville en formant de nouveaux jeunes qui figureront parmi les meilleurs spéléologues tunisiens, notamment Mohamed Kacem, qui devient le délégué de la Tunisie auprès de l'UIS, et Mohamed Khomsi, devenu président du club. Adel Hachani prend quant à lui les choses en main à Bizerte en enrichissant le club par l'acquisition de nouveau matériel, la formation de jeunes et en multipliant les sorties spéléologiques. Il a aussi l'idée de lancer un nouveau club au sein même de la faculté des sciences de Bizerte en 2000 ; ceci constitue la naissance de la spéléologie scientifique tunisienne.

L'idée de répandre la spéléologie en Tunisie et d'augmenter le nombre des spéléologues pousse le club à créer un deuxième club à la maison des jeunes de Metline en 2002, puis un troisième au centre de formation de Houmt Souk à Djerba en 2003. En 2005, Taoufik Hachani, vice-délégué de la Tunisie au sein de l'UIS, fonde également un club à la maison des jeunes d'Oued Ellil.

L'activité spéléologique ne cessant de se développer, Mohsen Khammar lance l'idée d'un congrès scientifique international co-organisé par les clubs de Bizerte et la faculté des sciences de Bizerte en mars 2009 : ce sera le premier congrès scientifique de spéléologie en Tunisie[1].

Clubs

  • Club spéléologique de Bizerte fondé en 1977 par Lotfi Ghattas ;
  • Club spéléologique de Zaghouan fondé en 1978 par Kamel Gmaty ;
  • Club spéléologique de la faculté des sciences de Bizerte fondé en 2000 par Mohamed Ouaked ;
  • Club spéléologique de Metline fondé en 2002 ;
  • Club spéléologique de Djerba fondé en 2003 par Wahida Bel Haj ;
  • Club spéléologique d'Oued Ellil fondé en 2005 par Taoufik Hachani ;
  • Club spéléologique des scouts marins de Bizerte ;
  • Club spéléologique de la faculté des sciences de Tunis fondé en 2009 par Mriem Ben Khedim ;
  • Club spéléologique d'El Menzah VI fondé en 2010 par Mohsen Khammar ;
  • Club des recherches écologiques et de spéléologie de Siliana fondé en 2010 par Mokhtar Zribi.

Sites

Grottes du Djebel Serj

Panorama du versant septentrional du Djebel Serj

Les deux massifs du Djebel Serj et du Djebel Bargou, un haut lieu de la spéléologie en Tunisie, appartiennent aux plis de la dorsale tunisienne. Ils culminent respectivement à 1 357 mètres et 1 268 mètres et sont orientés sud - ouest et nord - est. Le premier d'entre eux est formé de deux crêtes parallèles séparées par une profonde entaille. Toute l'ossature du massif est formée par des terrains d'âge aptien dont les calcaires récifaux du sommet constituent la presque totalité des affleurements. Les flancs du djebel sont très accentués, formant ainsi une structure en pli coffré. On note par ailleurs l'existence d'un réseau de failles orthogonales.

Le site est intéressant, tant du point écologique qu'archéologique. Il s'y trouve des sources émergeant dans une végétation sauvage et des ruines romaines telles que celles du pont de Sidi Amara.

On y trouve un grand nombre de grottes, la plus importante d'entre elles étant la grotte de Kef El Biadh et la grotte d'Aïn Dhab.

Grotte de la Mine

Spéléologue en descente

L'accès s'effectue par une succession de puits sous forme de conduits dont la plupart sont d'origine minière, ce qui correspondait donc à des galeries en terme minier ; en fin de descente se trouve une échelle ayant vraisemblablement appartenu aux travailleurs. La première grande salle de 1 608 mètres de longueur pour 267 mètres de profondeur abrite des concrétions et d'énormes éboulis et ses parois sont recouvertes de buissons d'excentriques. La salle se termine par une diaclase dans laquelle s'ouvre un puits. Elle mesure près de 150 mètres de long pour 50 mètres de large. La voûte se situe parfois à 30 mètres du sol. On accède ensuite à la seconde salle qui ressemble beaucoup à la précédente avec présence de concrétionnements, de vasques ou bassin de fontaine. Cette dernière salle se ferme sur une fissure remontant à deux mètres du sol. On y observe une importante colonie de chauves-souris et des montagnes de guano. Cette seconde salle mesure plus de 200 mètres de long pour 75 mètres de large et sa voûte se trouve à environ 40 mètres du sol par endroits.

Grotte de Aïn Dhab

La grotte de Aïn Dhab est composée d'une succession, sur 3 km de long, de neuf salles pourvues de gours et de concrétions[2], d'une rivière souterraine et surtout de longues fistuleuses atteignant les six mètres[3],[4].

Grotte des Fossiles d'Or

La grotte des Fossiles d'Or (ببَوش الذهب) doit son nom à la présence d'une énorme quantité de fossiles d'oursins, bivalves et bélemnites d'aspect jaunâtre, très probablement due au dépôt de sulfure de fer[5]. Elle est située sur le versant sud-ouest du Djebel Serj, à 830 mètres d'altitude, dans les environs du village de Kef Zriba ; l'entrée de la grotte se trouve au milieu d'une falaise de trente mètres de haut.

Grotte de Nefza

Draprerie
Stalactite

La grotte de Nefza se situe dans le prolongement de la mine de Ghanguet Kef, au niveau du Djebel El Damous qui culmine à environ 202 mètres. Ce dernier est formé par des terrains datant des âges du Crétacé maastrichtien, de l'Éocène et de l'Oligocène. À ces terrains est associé un gisement de zinc et de plomb.

La cavité, d'une longueur totale de 310 mètres pour 60 mètres de hauteur, se développe sur un accident tectonique : sa coupe transversale montre une forme générale de triangle avec une paroi occidentale rectiligne et une paroi orientale en forme d'escalier inversé. Une galerie de 30 mètres, couverte de concrétions concentriques à ovales, à environ huit mètres du sol, conduit vers une première salle qui mène à deux couloirs de 40 mètres de longueur, à niveaux différenciés, arrivant à une grande salle où se trouvent deux colonnes stalagmitiques et des excréments sous forme de guano de chauves-souris. Un étroit conduit mène vers une troisième salle abritant des concrétions et des excentriques. À ce niveau, la progression est bloquée par la présence d'un étroit conduit.

Grottes de Joumine

La région de Joumine présente des terrains datant des âges du Trias et du Crétacé. Les grottes dans ce secteur sont situées plus précisément dans la région d'Errouaha. Les grottes se trouvent au droit de contacts normaux, particulièrement au niveau des terrains du Crétacé.

L'accès à la grotte d'El Blida s'effectue difficilement à partir d'un étroit conduit qui mène à une très petite salle débouchant dans la salle principale ; le passage entre ces deux salles s'effectue par l'intermédiaire d'un conduit en pente (environ 20°).

L'accès à la grotte de Bou Touil est pour sa part relativement facile, l'entrée s'effectuant à partir d'un conduit assez large duquel partent d'étroits couloirs secondaires. Il mène vers une grande salle présentant de belles stalactites et stalagmites ainsi que des colonnes. Un grand couloir remonte ensuite en pente raide (environ 45° à 50°) pour se terminer par un étroit passage qui arrête la progression. Cette grotte a fait l'objet d'une étude approfondie, notamment des analyses pétrographiques et minéralogiques réalisées sur de nombreux échantillons.

Grotte de l'Ichkeul

La grotte de l'Ichkeul se situe dans le Djebel Ichkeul (511 mètres) situé à une vingtaine de kilomètres de la ville de Bizerte, au sein du parc national de l'Ichkeul couvrant une superficie de 12 600 hectares dont un lac de 8 500 hectares. Les roches de calcaire dolomitique et de marbre datent du Trias et du Jurassique et se situent au-dessus d'un fossé d'effondrement. L'écoulement de l'eau est d'une telle importance qu'il a conduit à l'apparition de sources sulfureuses, aménagées pour le thermalisme, et à la formation de la grotte par dissolution du calcaire dolomitique.

La grotte elle-même présente une entrée étroite donnant accès à une vaste salle qui présente de grandes cassures sur sa longueur et des parois montrant plusieurs cavités. La salle est suivie d'un étroit couloir, formé par la paroi et les concrétions géantes de calcites, qui se termine par une cheminée de 32 mètres. Sur les côtés de la deuxième salle se trouvent des draperies, de petites stalactites et de jeunes stalagmites. La grotte étant bien aérée et éclairée, elle présente une faune diversifiée : chauves-souris, oiseaux et reptiles.

Références

Liens externes



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Contenu soumis à la licence CC-BY-SA. Source : Article Spéléologie en Tunisie de Wikipédia en français (auteurs)

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