En atendant (ballet)

En atendant (ballet)
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En atendant
Le cloître de l'église des Célestins à Avignon où fut créée l'œuvre
Le cloître de l'église des Célestins à Avignon où fut créée l'œuvre

Genre Danse contemporaine
Chorégraphe Anne Teresa De Keersmaeker
Musique Ars subtilior
Interprètes 9 danseurs
4 musiciens
Scénographie Michel François
Texte Philippus de Caserta
Langue originale ancien français
Durée approximative 90 minutes
Dates d'écriture 2010
Création 9 juillet 2010
Festival d'Avignon

En atendant est un ballet de danse contemporaine de la chorégraphe belge Anne Teresa De Keersmaeker, écrit en 2010 pour la compagnie Rosas, constituant la première partie d'un diptyque avignonais avec Cesena. La création mondiale a eu lieu le 9 juillet 2010 lors du Festival d'Avignon.

Sommaire

Historique

En atendant (le titre utilise l'orthographe avec un seul t de l'ancien français) est une pièce pour neuf danseurs créée par Anne Teresa De Keersmaeker pour le Festival d'Avignon 2010 à la demande de Vincent Baudriller qui en commandite l'écriture. Troisième présentation d'un ballet de la chorégraphe au Festival d'Avignon après Rosas danst Rosas en 1983 et Mozart/Concert Aria's en 1992, En atendant a été présenté en création mondiale le 9 juillet 2010 au Cloître des Célestins[1]. Pour cette création 2010, De Keersmaeker a fait le choix d'un retour à une musique ancienne – après une précédente pièce The Song quasi-silencieuse – l'Ars subtilior du XIVe siècle qu'elle a découvert à cette occasion[2] et qui est caractéristique en partie du sud de la France de cette époque[1] et donc d'Avignon. Le titre de l'œuvre est une référence à une ballade du poète médiéval occitan Philippus de Caserta (ca. 1370-1420) intitulée En atendant souffrir m'estuet grief payne signifiant « en attendant, il me faut endurer de pénibles tourments »[3].

L'écriture de En atendant s'est, comme très fréquemment avec la chorégraphe flamande, bâtie autour de cette structure musicale qu'elle considère « hyper-sophistiquée, très mathématique, complexe, philosophique, presque abstraite » et qu'elle décide de faire interpréter par deux flûtistes (flûte ancienne et moderne), une vielle, et une chanteuse. Elle déclare à ce propos :

« Je n'ai jamais été plus proche de la musique qu'avec En atendant[4]. »

En atendant est en effet marqué par le retour de la chorégraphe au « rapport fusionnel » entre le corps et la musique[2] qui a constitué la base et la signature de son travail chorégraphique depuis 1980. Par ailleurs, la pièce lors de sa création à Avignon était marquée par un jeu précis de lumières naturelles avec le soleil couchant du crépuscule et la luminosité déclinante ; un second volet, intitulé Cesena, est confirmé pour l'été prochain, dans un premier temps pour le cloître avant d'être programmé dans la cour d'Honneur du palais des Papes, avec cette fois-ci des représentations données à l'aube à 4 h 30 et jouant avec le soleil levant[5].

Par ailleurs, De Keersmaeker assume un certain parallèle intellectuel entre les évènements qui ont marqué le XIVe siècleGuerre de Cent Ans, Grand Schisme d'Occident ayant conduit l'installation des papes en Avignon, épidémies de peste noire – et la période contemporaine qui a abouti à l'écriture de cette pièce sur cette musique[2] : « L'ars subtilior est la musique d'un temps de calamités. Il sied parfaitement à celles d'aujourd'hui[6] ».

Présentation générale

En atendant débute par l'arrivée seul sur scène d'un flûtiste qui durant environ 10 minutes réalisera une montée chromatique progressive et absolument continue par la technique de respiration circulaire faisant entendre d'une à trois voix musicales. Suit l'entrée de la chanteuse qui interprète a capella l'œuvre titre de la pièce et annonce l'arrivée des huit danseurs dans la lumière déclinante de la salle, éclairés par un série de lumières blanches depuis le devant de la scène. Alignés côté jardin, les danseurs entament leur déplacement côté cour et inversement qui marqueront l'espace chorégraphique du spectacle délimité sur toute la largeur du front de scène par un bourrelet de terre brune qui sera rapidement dispersée par un danseur sur la scène, rappelant les conditions de la première sur la terre battue du cloître des Célestins. Les mouvements chorégraphiques complexes donnés dans leur majorité en silence sont ponctuellement soulignés ou entrecoupés par les musiciens. À l'approche de la fin du spectacle, les lumières sur scènes déclinent insensiblement pour finir dans la quasi-obscurité laissant deviner le corps nu (une première pour la chorégraphe) d'un danseur.

Accueil critique

Lors de la création de la pièce à Avignon, dans des conditions d'éclairage naturel le soir à la tombée de la nuit[7], les spectateurs et les critiques furent tous très enthousiastes[8]. En atendant fut qualifié par Rosita Boisseau pour Le Monde de « retour magistral au Festival d'Avignon avec cette pièce resserrée, faussement pauvre dans son dénuement, d'une gravité sereine » soulignant la « simplicité et sophistication » ainsi que la « pureté vocale et surprise rythmique » de la musique[9]. Marie-Christine Vernay pour Libération juge le « spectacle enchanteur [...] de toute beauté, justement acclamé » par le public[10],[11]. La synergie entre la danse et la scénographie épurée, notamment l'utilisation du déclin de la lumière et du crépuscule, fut particulièrement remarquée, jugeant que l'« idée ce dispositif pauvre est lumineuse[8] ». Par ailleurs, tous les critiques ont noté un changement de vocabulaire chorégraphique notamment au niveau des bras et des mouvements d'ensemble qui ne se font plus sur la base de la spirale classique de la chorégraphe mais de déplacements latéraux de cour à jardin des danseurs qui fréquemment constituent aussi des amas, réalisant ainsi des figures inhabituelles chez la chorégraphe belge[9],[10],[12]. La capacité de renouvellement du langage chorégraphique De Keersmaeker avec cette création, après 30 années d'une carrière bien établie tant par son style que par sa renommée internationale, fut particulièrement remarquée sous la forme d'« une puissance d'invention sidérante »[4] d'une pièce « réalisée sans aucun fard ni artifice, portée par la seule puissance de corps dansants rendus palpables et de la musique prodiguée à vue, donn[ant] une fois de plus idée du talent protéiforme d’une artiste »[12]. La pièce fut reconnue comme l'une des « vraies réussites » de l'ensemble du festival 2010[13].

Lors de sa reprise au Théâtre de la Ville à Paris en janvier 2011, les critiques restèrent particulièrement élogieuses soulignant en particulier l'attention extrêmement précise du travail dans l'espace de la chorégraphe qui « avec En atendant, livre une calligraphie d'une richesse et d'une sophistication rarement atteintes[6] ».

Fiche technique

Notes et références

  1. a et b En atendant sur le site officiel du Festival d'Avignon.
  2. a, b et c La polyphonie de toutes choses, Journal du Théâtre de la Ville, hors-série janvier-mars 2011, p.6.
  3. Livret de En atendant lors de ses représentations au Théâtre de la Ville en février 2011.
  4. a et b De Keersmaeker : « Il y a trop de bazar dans l'art d'aujourd'hui » dans Le Figaro du 12 juillet 2010.
  5. Un Avignon qui s'annonce dansant dans Le Monde du 25 mars 2011.
  6. a et b Anne Teresa de Keersmaeker au Zénith dans Le Figaro du 25 janvier 2011.
  7. Anne Teresa De Keersmaeker déclare « le crépuscule sera notre éclairagiste ».
  8. a et b Avignon acclame Anne Teresa De Keersmaeker et son art subtil du mouvement dans Le Point du 11 juillet 2010.
  9. a et b Au coeur des bruits du corps et de la danse par Rosita Boisseau dans Le Monde du 14 juillet 2010.
  10. a et b Du souffle aux corps par Marie-Christine Vernay dans Libération du 13 juillet 2010.
  11. La danse subtile d'Anne Teresa de Keersmaeker par Marie-Valentine Chaudon dans La Croix du 12 juillet 2010.
  12. a et b La plus grande simplicité à la lueur du crépuscule par Muriel Steinmetz dans L'Humanité du 14 juillet 2010.
  13. Au Festival d'Avignon, de vraies réussites, quelques déceptions et un succès public dans Le Monde du 28 juillet 2010.

Liens externes


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