Jacques Tréfouël

Jacques Tréfouël
Jacques Tréfouël
Naissance 9 novembre 1897
Le Raincy (Seine) (France)
Décès 11 juillet 1977 (à 79 ans)
Paris (France)
Nationalité Drapeau de France Français
Champs Chimie organique, pharmacologie
Institution Académie de médecine
Académie des sciences
Société chimique de France
Institut Pasteur
Diplômé de Docteur en sciences
Renommé pour Ses travaux sur le sulfamide et la sulfone-mère
Distinctions Prix Parkin
Prix du général Muteau

Jacques Tréfouël est un chimiste français, né au Raincy (Seine), le 9 novembre 1897, et mort à Paris, le 11 juillet 1977. Il fut directeur de l’Institut Pasteur. Il est surtout connu pour sa contribution à la découverte des propriétés thérapeutiques des sulfamides.

Sommaire

Les premières années

Son père, Eugène Tréfouël, employé dans le commerce des soieries, est le petit-neveu par sa mère des comédiens Constant et Ernest Coquelin.

Après des études secondaires au lycée Carnot, Jacques Tréfouël s’inscrit à la faculté des sciences de Paris. Il y suit le cours de Maurice Caullery. Ses études sont interrompues par la guerre. Il est mobilisé en 1915. La paix revenue, il travaille pendant deux ans dans le laboratoire d’Albin Haller à la Sorbonne.

L’Institut Pasteur

Le laboratoire de chimie thérapeutique

En 1920, Tréfouël entre à l’Institut Pasteur. Il est assistant de laboratoire dans le service de chimie thérapeutique dirigé par Ernest Fourneau. L’année suivante, il épouse Thérèse Boyer, avec laquelle il signera de nombreuses publications.

Outre une étude sur les anesthésiques locaux[1], Jacques Tréfouël poursuit ses travaux, « indissociables de ceux de son maître, Ernest Fourneau[2] », dans deux directions principales : la chimie des antiprotozoaires et celle des antibactériens.

Dans le premier domaine, il synthétise nombre d’acides dérivés de l’Atoxyl, contribuant à démontrer l’étroitesse de la relation qui s’établit entre l’activité spécifique d’un composé d’une part, et la nature de la chaîne substituée et sa position sur le noyau aromatique d’autre part. Ainsi participe-t-il à la découverte de deux médicaments de choix : l’Orsanine, active contre la maladie du sommeil, et le Stovarsol[3], efficace contre la syphilis, les leishmanioses et l’amibiase. Il participe également à la recherche de médicaments antipaludiques, systématiquement entreprise par Fourneau à partir de 1930. Dans ce but, il synthétise de nombreux dérivés de la série des quinoléines, parmi lesquels la Rhodoquine[4] se montre d’une grande efficacité thérapeutique.

Dans le second domaine, la principale contribution de Jacques Tréfouël aux progrès de la chimie thérapeutique est certainement la découverte, en 1935, en collaboration avec Thérèse Tréfouël, Federico Nitti et Daniel Bovet, des propriétés thérapeutiques des sulfamides[5]. Les époux Tréfouël ayant synthétisé une longue série d’analogues du Prontosil, colorant antistreptococcique mis au point par Gerhard Domagk et commercialisé au début de la même année 1935, Nitti et Bovet montrent que seul le sulfanilamide, part incolore de tous ces azoïques, est actif contre les bactéries. Ils ouvrent ainsi la voie de la sulfamidothérapie.

Encouragés par la remarquable efficacité des sulfamides, Fourneau et Tréfouël s’intéressent alors à l’activité antibactérienne de la sulfone-mère et ils aboutissent, en 1937, à la mise au point de l’Acédapsone[6], active contre le streptocoque et contre les bacilles de Koch et de Hansen, ouvrant cette fois la voie à la sulfonethérapie.

La direction de l'Institut

En décembre 1940, tout en conservant ses fonctions de chef de service dans le laboratoire de chimie thérapeutique, que Fourneau dirigera jusqu’à la Libération, Jacques Tréfouël est nommé à la direction de l'Institut Pasteur. Il y succède à Gaston Ramon. Le nouveau directeur conserve Noël Bernard et s’adjoint René Dujarric de la Rivière à la sous-direction de l’Institut.

Pendant la guerre et sous la direction de Tréfouël, l’Institut acquiert un domaine en zone libre, à la Roche-Beaulieu, et y installe un laboratoire de production du vaccin contre le typhus exanthématique. Le directeur, soutenu par Louis Aublant, secrétaire général de la Santé, obtient la dispense du travail obligatoire pour le personnel de l’Institut. À partir de 1942, à la demande de Louis Pasteur Vallery-Radot et Paul Milliez, Federico Nitti approvisionne un dépôt de médicaments destinés à la Résistance.

En 1942, Jacques Tréfouël a soutenu sa thèse de doctorat en sciences physiques sur « Activité thérapeutique et spectres d'absorption des arylsulfamides et des acides arylarsiniques ».

À la Libération, Tréfouël préside le Comité militaire de la pénicilline et, avec Federico Nitti et Antoine Bonnefoi, il participe aux travaux du Centre militaire d'étude et de fabrication de la pénicilline.

Il organise en 1955 à l'Institut Pasteur, avec Ludwik Rajchman (en), cofondateur du Centre international de l'enfance et de la famille, et avec l'Institut d'hygiène de Varsovie, un symposium franco-polonais sur la bactériologie.

Jacques Tréfouël meurt à Paris, le 11 juillet 1977.

Récompenses et distinctions

  • Prix Parkin, de l’Académie des sciences (1927)
  • Prix Louis, de l'Académie de médecine (1931)
  • Prix Paultre, de l’Académie des sciences (1932)
  • Prix Buisson, de l'Académie de médecine (1940)
  • Prix Général Muteau, de l’Académie des sciences (1941)

Titres et fonctions

  • Docteur en sciences physiques (1942)
  • Vice-président (1948-1950) et président (1951-1953) de la Société chimique de France
  • Président de la Société française de thérapeutique et de pharmacodynamie (1954)
  • Président de l'Académie des sciences (1965) et de l'Académie de médecine (1967)
  • Président de la Société d'encouragement pour l'industrie nationale (1968-1973)
  • Président de la Société de biologie (1971)
  • Président du conseil d'administration de l'Institut de médecine et d'épidémiologie africaine (1973)
  • Assistant de laboratoire à l'Institut Pasteur (1920)
  • Chef de laboratoire à l'Institut Pasteur (1928)
  • Directeur de l'Institut Pasteur (1940)
  • Directeur honoraire de l'Institut Pasteur (1965)

Hommage

Place Jacques-et-Thérèse-Tréfouël
À côté de l'Institut Pasteur

Le terre-plein central d'une section du boulevard Pasteur, entre la rue de Vaugirard et les rues Edmond-Guillout et du Docteur-Roux, dans le XVe arrondissement de Paris, a été nommé place Jacques-et-Thérèse-Tréfouël par arrêté municipal du 9 janvier 1987.

Bibliographie

  • P. Broch, J. Kerharo, J. Nétik, J. Joffre, Fabrication de la pénicilline, Paris, Vigot frères, 1946.
  • Jacques Tréfouël, Titres et travaux scientifiques, Paris, Ancienne Imprimerie de la cour d'appel, 1946.
  • Marc Julia, « Jacques Tréfouël (1897-1977) », Annales de l'Institut Pasteur, vol. 128, n° 3, 1977.
  • Daniel Bovet, Une chimie qui guérit : Histoire de la découverte des sulfamides, Payot, coll. « Médecine et sociétés », 1988 (ISBN 2-228-88108-2).
  • Sophie Chauveau, L’Invention pharmaceutique : La Pharmacie française entre l’État et la société au XXe siècle, Institut d’édition Sanofi-Synthélabo, coll. « Les empêcheurs de tourner en rond », 1999, pp. 157-159 (ISBN 2-84324-131-6).
  • Marcel Lamy, « Une épopée pastorienne : L'Annexe de la Roche Beaulieu de 1941 à 1975 », Bulletin de l'Association des anciens élèves de l'Institut Pasteur, n° 173, 2002, pp. 181-186.

Sources

Les sources principales de cet article sont :

Notes et références

  1. J. et Th. Tréfouël, Ch. Barbelet, « Homologues et isomères de la novocaïne : Stovaïne et dérivés anesthésiques », Bull. Sci. Pharmacol., vol. 37, 1930, pp. 240-254.
  2. Claude Viel, op. cit., p. 521
  3. E. Fourneau, J. et Th. Tréfouël, G. Benoît, « Sur les isomères de l'acide para-oxy-3 aminophénylarsinique et son dérivé acétylé (Stovarsol) », Bull. Soc. chim. Fr., vol. 41, 1927, pp. 499-514.
  4. E. Fourneau, J. Tréfouël, Th. Tréfouël et Mlle Benoît, « Préparations en vue d’essais thérapeutiques. IV. Dérivés quinoléiques et quinoléine arsinique », dans Annales de l'Institut Pasteur, vol. 44, 1930, p. 719 
  5. J. et Th. Tréfouël, F. Nitti et D. Bovet, « Activité du p.aminophénylsulfamide sur l’infection streptococcique expérimentale de la souris et du lapin », C. R. Soc. Biol., 120, 23 novembre 1935, p. 756.
  6. E. Fourneau, J. et Th. Tréfouël, F. Nitti, D. Bovet, « Chimiothérapie de l'infection pneumococcique par la di-(p-acétylaminophényl)-sulfone (1399 F) », C. r. Acad. sci., vol. 205, 1937, pp. 299-300.

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