Marcel Valtat

Marcel Valtat
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Marcel Valtat, est né le 6 mars 1923 à Paris (XIIIe arrondissement). Résistant communiste français, chef d'entreprise en communication, il est connu comme étant : "Monsieur Amiante", journaliste à "L'Humanité"[1], éditeur. Il décède subitement le 22 décembre 1993, âgé de 70 ans.

Sommaire

Biographie

Après Serge et Claude, Marcel est le troisième enfant d'une famille originaire de Saint-Léger-Vauban, dans le Morvan. il voit le jour à Paris XIIIe. Son père: Claude " Louis" Valtat,(1872-1958) est un fonctionnaire des PTT, un des membres fondateurs de la CGT Poste. Sa mère Maria Valtat, née Layma,(1895-1977) est originaire de Tauriac, dans le Lot.

La famille est membre du Parti communiste et le père sera interné dès le début de la Guerre.

La Résistance

Sa mère, personnalité importante du Parti et de la Résistance entraînera son fils dans cette voie. Le 13 juin 1942, il se marie à Saint-Léger-Vauban et échappent de peu avec sa mère à une rafle. Trois officiers allemands se présentent au milieu de la noce, ils n'arrêtent personne, mais font une mise garde et donnent le nom de la personne qui les a dénoncé pour réunion de communistes: la veuve P... Maria prudente décide quelques jours plus tard de rentrer dans la clandestinité. Le secteur de Saint-Léger étant un nid de collaborateurs.

Arrêté, il est conduit à la Prison de la Santé, d'où il parviendra à s'évader.

Après Guerre

Il entre au cabinet de Charles Tillon, alors Ministre de l'Air, dans le Gouvernement de Charles de Gaulle du 10 septembre 1944 au 21 novembre 1945, où il se voit confié la mission d'aller en Allemagne essayer de convaincre Wernher von Braun de venir travailler pour la France. Echec regrettable, von Braun part en septembre 1945 aux États-Unis.

Au mois de novembre 1948, il offre à Armand Simonnot, Commandant " Théo " dans la résistance, ami et frère d'armes de sa mère, le poste de garde du corps de Charles Tillon, Armand acceptera et va naître entre les deux hommes une amitié indéfectible.

D'un second mariage, il aura un garçon en 1952 et quelque temps plus tard d'une troisième union naîtra une fille en 1955.

En 1962, il crée le CES, Communications économiques et sociales, cabinet spécialisé dans la promotion des entreprises, dont le siège social est à l'époque 10 avenue de Messine à Paris 8e arrondissement. Comprenant encore à ce jour une dizaine de collaborateurs dont son successeur Jean-Pierre Hulot, qui en assure la Direction et qui dira de lui: " il était flamboyant ".

C'est là que l'on va découvrir le visage de Marcel Valtat, révélant ses capacités d'entregent et qui " Va passer de l'autre côté du miroir " comme le dit poètiquement le journaliste Alain Claude Galtié, "nous présentant la vitrine du cynisme et de la corruption des instances représentatives de l'intérêt général"[2].

Il organise le 31 mai 1966, Colloque de Saint-Nom-la-Bretèche, pour le compte du Syndicat national des blanchisseries et teinturiers industriels que préside Roger Millot, Membre du Conseil Économique et Social, dont le thème est : le Souci de la qualité dans les professions de service[3].

En 1969, se tient à Stockholm un congrès scientifique qui dénonce les méfaits du DDT, les fabricants se rebiffent et font appel au cabinet de relations publiques de Marcel Valtat. Un autre Congrès plus ou moins "truqué" est organisé avec inauguration très officielle du Gouvernement de Jacques Chaban-Delmas par son Ministre de l'Agriculture: Jacques Duhamel[4].Et l'on continuera à vendre des pesticides à base de ce produit nocif.

Les industriels américains et européens producteurs d'amiante, se réunissent à Londres le 24 novembre 1971, suite aux pressions grandissantes des détracteurs de ce produit hautement cancérigène. Ce que l'on sait de façon scientique depuis 1965[5]. L'organisateur de cette conférence ne manque pas de mettre en garde les fabricants sur les pressions de plus en plus fortes qu'ils vont subir et les invite à organiser leur défense. l'organisation de cette défense va permettre de repousser l'échéance de l'interdiction jusqu'en 1996. Ce produit produisant encore aujourd'hui près de 3000 décès par an. Puis en 1975, à l'Université de Jussieu c'est une série de cas, dont la gravité va alerter l'opinion public.

Le Centre international de recherche sur le cancer (CIRC), organise en décembre 1976, une conférence à l'issue de laquelle l'amiante est classée cancérigène. Le professeur Jean Bignon, écrit à ce sujet au Premier Ministre Raymond Barre, dans une lettre très scientifiquement documentée et alertant les pouvoirs publics sur les dégâts de ce produit sur la santé des populations pour les trente ans à venir. Les fabricants ne tardent pas à réagir. Ils vont confier l'organisation de la propagande de leur produit à un homme remarquable et d'une grande habileté, comme le souligne Henri Pézerat, toxicologue, qui l'a bien connu et combattu avec virulence ses points de vue[6].

Il compte dès ce jour parmi ses clients: l'Association française de l'amiante (AFA), regroupant les industriels de ce produit. En 1982, il demande à Dominique Moyen, Directeur Général de l'Institut national de recherche et de sécurité, (INRS) qui est financé par la CNAMTS, Caisse nationale de l'assurance maladie des travailleurs salariés, son autorité de tutelle, de participer à la création du Comité Permanent Amiante, qui accepte[7]. Marianne Saux, sous Martine Aubry,entre 1991 et 1993, est alors chargé de définir les modalités d'application des textes de la médecine du travail tout en dirigeant 40 inspecteurs régionaux des médecins du travail et était auparavant médecin conseil chargé des problèmes de l'amiante chez Saint-Gobain[8]. Ce Comité n'a aucune existence juridique légale; pas de statuts, et aucun pouvoir. Mais sera un levier formidable pour les lobbys des fabricants qui le financent entièrement, assurant la conduite de la politique française sur le sujet. Marcel Valtat en assure le fonctionnement au travers du CES qui perçoit plus de 100 000 euros par an pour cela. Les déplacements d'études et autres voyages d'affaires seront financés de la même manière par les lobbies internationaux de la profession, dont Saint-Gobain, Eternit[9]. Les réunions ont lieu avenue de Messine dans les locaux de Marcel Valtat. Trois scientifiques serviront de caution au discours tenu: " C'est un produit naturel".

La seule organisation à ne pas rentrer dans ce jeux est FO, dont le délégué est Paul Manoë[10]. En 1992, on découvre la présence d'amiante dans les plafonds d'une école de Pontoise. L'école est fermée. Un instituteur alerte la CGT qui renvoie consulter le CPA dont 5 membres viendront rassurer les familles. L'école rouvre ses portes sur les simples dire de ces cinq personnes et dont Marcel Valtat pourra écrire dans son procès verbal, rendant compte de cette réunion: " leur témoignage rassure les parents et permet de dédramatiser la situation ".

En 1986, la France ne donne pas raison aux États-Unis lorsqu'il décide d'interdire l'amiante. Elle prend cette position en fonction du rapport du CPA. Ce qui permettra à Marcel Valtat de dire le 30 septembre 1986: " Il faut noter que notre démarche a été totalement relayée par l'administration française ". Le succès du CPA va cesser brutalement au décès soudain et imprévu de Marcel Valtat le 22 décembre 1993. Il sera remplacé à son poste par Jean-Pierre Hulot, qui sera moins virulent à défendre la cause. Le 25 septembre 1995, après le retrait discret des syndicats, ce sont les ministres qui quittent le navire, indiquant qu'ils nétaient là qu'en qualité d'observateurs. Ce n'est que vingt six ans après la réunion de Londres que le lobby français baissera les bras avec l'interdiction de l'utilisation de l'amiante le 1er janvier 1997.

Décorations

Bibliographie

  • Fabrice Nicolino & François Veillerette:" Pesticides, révélations sur un scandale français ", Edt Fayard 2007. 384. pp.(ISBN 221362934X)
  • Benoît Hopquin:" Amiante, vingt-cinq ans d'intox " article dans: Le Monde du 23 avril 2005, texte en ligne [3]
  • Sylvie Colley-Fromentelle & Marie-Hélène Olivier: " Roger Millot, (1909-1973) " inventaire du fonds Roger Millot, texte en ligne [4]
  • François Malye, Grand-Reporter au Point: " Amiante, 100.000 morts à venir ", Edt: Le Cherche-Midi Paris le 21 octobre 2004. 225. pp.(ISBN 2749103088)

Voir aussi

Liens internes

Liens externes

  • Bienvenue au Sénat [5]
  • Archives du CPA [6]
  • CPA création [7]
  • Assemblée Nationale, Rapport sur les risques et les conséquences de l'exposition à l'amiante, Tome II, n°2884 du 4 octobre 1958. Auditions de Dominique Moyen, le 27 septembre 2005, ancien Directeur de l'INRS et co-fondateur du CPA.Texte en ligne: [8]

Notes et références

  1. Article du Monde du 22 avril 2005. Consulté le 2 novembre 2011
  2. Alain Claude Galtié: " L'engrenage de la domination, ou la loi du plus fou' " robin woodard, texte en ligne [1]
  3. Fonds Roger Millot à la BDIC à Nanterre, F delta 1065, don déposé en 1983, n°68383, carton 76, pièce 405
  4. Fabrice Nicolino & François Veillerette:" Pesticides, révélations sur un scandale français "
  5. Professeur Claude Got, rapport sur la toxicité de l'amiante 1998
  6. Benoît Hopquin: " Amiante,vingt cinq ans d'intox " in Le Monde du 23/04/05.
  7. Auditions de Mr Moyen par l'Assemblée Nationale rapport n°2884 du 27 septembre 2005
  8. Pierre Bitoum: " Les Cumulards" Ed. Stock 1998, p. 42. Texte en ligne [2]
  9. Benoît Hopquin: op cité
  10. Lettre de Paul Manoë au CPA 22 mai 1986

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