Nomination dans le judaïsme

Nomination dans le judaïsme

En plus de son prénom civil, l'enfant juif se voit attribuer, au cours d'une cérémonie dans la semaine qui suit sa naissance, un prénom hébraïque à usage religieux. Dans certaines circonstances de la vie religieuse, il est appelé sous son nom hébraïque complet qui est constitué de ce prénom hébraïque suivi de celui du père ou de la mère, ou des deux parents, selon les traditions.

Sommaire

Noms de famille et noms hébraïques

Dans la culture juive comme de nombreuses autres cultures il est d'usage que les conjoints et les enfants soient identifiés par le même nom de famille, qui passe de génération en génération. Le nom de famille lui-même n'indique pas nécessairement la parenté entre les personnes, et il est souvent difficile de prouver la parenté des personnes qui portent le même nom de famille. Dans les temps anciens, les noms de famille n'étaient pas couramment utilisés, et les personnes étaient identifiés de la façon un tel, fils d'un tel. Par exemple, « Yehouchoua bin noun », ou le nom plus complet : « Noah Ben Lemech Ben Mathushelah Ben Hanoch ».

Les Juifs français portent un nom et un prénom français officiels inscrits à l'état civil depuis le décret impérial du 20 juillet 1808 sur les noms, (le décret de Bayonne), selon lequel les « sujets de culte hébraïque » sont tenus d'adopter un nom patronymique et un prénom fixe.

Outre ceux-ci, ils portent également un nom hébraïque lequel est constitué d'un prénom accompagné de celui du père, ou de la mère, ou des deux, selon les traditions et en fonction des circonstances. Par exemple : « Shmuel ben Moshé » (Samuel, fils de Moïse) ou « Rahel bat Shmuel » (Rachel, fille de Samuel).

Choix du prénom

Le prénom hébraïque est donné par le père de l'enfant âgé de 8 jours lors de sa circoncision (Brit milah) pour les garçons, ou lors de la cérémonie correspondante pour les filles (nomination de la fille, appelée holograh' chez les ashkénazes et Zeved habat chez les séfarades[1]). Ce n'est pas forcément le même que le prénom officiel français. Quelquefois on choisit un prénom hébraique très proche du prénom français, mais il peut aussi être complètement différent[2]. Selon les traditions il est d'usage de chosir le prénom d'un aïeul décédé (ashkénazes), ou au contraire d'un aïeul vivant (séfarades)[3]. On ne donne pas le même prénom que les parents. Chez les hassidim, il est d'usage de nommer les enfants d'après le nom d'un Rabbi ou d'une Rabbanith.

Les prénoms hébraïques peuvent être regroupés en quatre grandes catégories :

  • noms d'objets ou de lieux : Gilad, rosée (Tal), perle (Margalit ou Pénina), pierres précieuses diverses...
  • noms de végétaux (fleurs, arbres) : cèdre (erez), rose (Shoshana), etc.
  • noms d'animaux : chamois (Yaël), lion (Ariê), abeille (Débora), colombe (iona), etc.
  • noms de personnages bibliques : Abraham, Isaac, Jacob, Rachel, Moïse, etc. Seule une infime partie des noms bibliques est couramment utilisée (moins de 140 sur un total de 2800[3]).

Le prénom est supposé déterminer les qualités de l'enfant. Certains prénoms très courts sont évités comme par exemple le prénom Dan qui signifie "il juge" et qui exprime rigueur et sévérité. Dan est l'un des 12 fils de Jacob et son emblème est le serpent : "Dan jugera son peuple, comme une des tribus d’Israël. Que Dan soit un serpent sur le chemin, une vipère sur le sentier qui mord les talons du cheval, alors que son cavalier tombe en arrière." (Genèse 49,16-18).

Article détaillé : Liste des prénoms hébraïques.

Usage du prénom hébraïque

Dans les familles juives pratiquantes, le prénom hébraïque est utilisé au quotidien dans la vie courante (de préférence au prénom officiel de l'état civil), ainsi qu'à l'école pour les enfants qui fréquentent une école juive.

Le nom hébraïque complet est utilisé lors de certaines situations ou pratiques religieuses, par exemple on utilise le nom hébraïque avec le nom du père :

  • lors de l'appel pour monter à la Tora (participation à la lecture biblique à la synagogue)
  • lors de la cérémonie du mariage, et sur la Ketouva, le contrat de mariage
  • sur la pierre tombale (chez les ashkenazes)

on utilise le nom de la mère plutôt que celui du père (par exemple Shmuel ben Chana) :

  • sur la pierre tombale (chez les sépharades)
  • dans la rédaction d'un Kvitel
  • dans la prière pour les malades

Rabbi Nahman est connu le plus souvent sous le nom de "Nahman ben Feyga" où Feyga est le prénom de sa mère.

Le nom hébraïque des lévites est toujours suivi par Ha-Levi, le lévite. Par exemple l'auteur du poème liturgique Lekha Dodi, Salomon Alkabetz, y a inscrit son nom hébraïque en acrostiche : שלמה הלוי (Salomon le lévite).

Il existe dans le judaïsme une tradition consistant à choisir un verset de la Bible qui commence et se termine par les mêmes lettres que son prénom hébraïque. Ce verset est récité à voix basse lors des prières quotidiennes, vers la fin de la Amida.

Par exemple pour le prénom Samuel (en hébreu Chmouel) qui commence par un shin et se termine par un lamed on pourra choisir le verset Psaume 119, 165 : Chalom rav lé ohavé toratékha, vééïne lamo mikhchol (Un grand bonheur pour ceux qui aiment Ta Torah, et pour eux il n'y a pas de cause de chute).

Changer de nom

Le prénom hébraïque peut être changé en certaines circonstances, comme lors d'une maladie ou d'une épreuve. Le malade conjure le danger en adoptant un second prénom ‘bénéfique’, souvent c'est le prénom Haïm, qui signifie "vie". On en a un exemple célèbre avec l'ancien grand rabbin de France Joseph Sitruk qui est devenu Joseph Haïm Sitruk, lors d'une attaque cérébrale qui l'avait laissé mourant le 5 décembre 2001.

Il existe dans la Bible plusieurs cas de changements de nom, par exemple Abram devient Abraham, Jacob devient Israël, Josué s'appelle d'abord Hoshea (Nombres 13.16), Reouël (רְעוּאֵל exode 2,18) se transforme en Jethro (Exode 3,1), , etc.

Selon Rabbi Josué ben Lévi, les enfants d’Israël ont été délivrés de l'esclavage en Egypte, parce qu'ils n'ont pas changé leurs noms, leur langue et leur costume (Midrash Sifrei sur Deutéronome 12:30), c'est-à-dire qu'ils ont gardé leurs prénoms hébraïques et n'ont pas adopté les prénoms égyptiens[4].

Le converti adopte un nom hébraïque (en plus ou parfois en remplacement de son nom de naissance).

Pour les Juifs qui « montent » en Israël, il n'est pas rare d'abandonner leurs nom ou prénom de la diaspora (ou les deux) et de se choisir un nom hébraïque. Un exemple célèbre en est David Ben Gourion qui s'appelait lors de sa naissance en Pologne David Grün.

Références

  1. "Le judaïsme pour les nuls", Josy Eisenberg, chapitre 6, paragraphe intitulé "Et les filles?", page 101 (voir bibliographie)
  2. "Le judaïsme pour les nuls", Josy Eisenberg, chapitre 6, paragraphe intitulé "Le jeu des prénoms", page 102 (voir bibliographie)
  3. a et b "Le judaïsme pour les nuls", ibidem.
  4. Chémote Rabba 1, 28

Bibliographie

  • "Le livre des prénoms bibliques et hébraïques", Marc-Alain Ouaknin, Dory Rotnemer, Albin Michel, Volume 77 de Espaces libres Spiritualités, 1997, ISBN 2226094105, 9782226094100, 431 pages
  • "Le judaïsme pour les nuls", Josy Eisenberg, Ted Falcon, David Blatner, Editions Générales First, 2008, ISBN 275400596X, 9782754005968, 376 pages

articles connexes


Liens externes


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