Rémy Pautrat

Rémy Pautrat

Rémy Raymond Pautrat (né le 30 février 1940 à Nevers (Nièvre)[1])est un haut fonctionnaire français, ex-directeur de la Direction de la surveillance du territoire (DST, d'août 1985 à avril 1986) succédant à Yves Bonnet. Nommé ensuite conseiller à la sécurité du Premier ministre Michel Rocard (1988-1991)[2], puis préfet de l'Essonne (1991-1994), il fut ensuite directeur du Secrétariat Général de la Défense Nationale (SGDN) de 1994 à 1996, sous Balladur puis Juppé [3]. Préfet de Basse-Normandie puis du Nord-Pas-de-Calais, il siège aujourd'hui au comité d'éthique de la ville de Paris sur la vidéosurveillance. Il est l'un des initiateurs en France du développement de l'intelligence économique.

Sommaire

Études et début de carrière

Né d'un père ouvrier à la SNCF, il obtient une licence en droit aux facultés de droit et des sciences économiques de Clermont-Ferrand et de Paris [1]. Inspecteur élève (1963-1965), puis inspecteur des impôts (1965), il est détaché en qualité de coopérant technique auprès du ministre algérien des Finances et du Plan (1966-1969)[1].

Intégrant l'ENA, il fait partie de la promotion Simone Veil (1974) [1], avec Élisabeth Guigou et Hubert Védrine. Il devient chef du bureau de la production, du transport et de la distribution de l’électricité au ministère de l'Industrie et secrétaire général adjoint du Conseil supérieur de l'électricité et du gaz (1er juin 1974)[1].

Nommé sous-préfet et directeur de cabinet du préfet de la Manche (15 septembre 1978), il devient secrétaire général de l'Yonne (22 janvier 1979)[1]. Administrateur civil hors classe, chef de cabinet du ministre des Relations extérieures Claude Cheysson (11 juin 1981) après l'élection de François Mitterrand[1]. Préfet, commissaire de la République des Hautes-Alpes (26 mars 1984), il est titularisé préfet (26 mars 1985)[1].

Devenu préfet hors cadre, il dirige la Direction de la surveillance du territoire (DST) à partir d'août 1985 [1] et est également secrétaire général de la préfecture de la région Ile-de-France.

Conseiller à la sécurité de Rocard

En tant que conseiller technique puis conseiller à la sécurité du Premier ministre, il essaie de relancer le comité interministériel du renseignement (CIR[4]) et un Plan national de renseignement[2].

SGDN (1994-1996)

Au SGDN, il met en place en 1995 un « dispositif national de compétitivité et de sécurité économique » [5]; présidée par le ministre de l'Economie, cette instance préfigure le poste de haut responsable chargé de l'intelligence économique qui sera créé 10 ans plus tard[3], avec Alain Juillet comme titulaire. En 2007, la journaliste Nicole Chevillard témoignera devant la justice avoir eu une discussion avec Pautrat en 1996, suite à une étude sur l'armée algérienne, au cours de laquelle celui-ci lui aurait dit que les responsables des services secrets algériens se « sont vantés d'avoir retourné Djamel Zitouni », l'émir des Groupes islamiques armés (GIA), responsables des huit attentats commis en 1995 [6]. En 2002, Rémy Pautrat avait confirmé au journaliste Jean-Baptiste Rivoire, lors d'une interview enregistrée pour Canal plus, avoir appris dès 1994 que Djamel Zitouni avait été volontairement épargné par la sécurité militaire algérienne lors d'une embuscade, parce qu'elle le contrôlait : « Ils avaient effectivement épargné Zitouni, déclara notamment Remy Pautrat à Canal plus, alors que tout avait été fait pour que l’embuscade soit un succès et qu’ils auraient pu tuer tout le monde s’ils l’avaient voulu. Ils l’avaient donc épargné volontairement » Et l'ancien patron de la DST ira plus loin, trahissant le fait que dès 1994, il savait que la sécurité militaire entretenait des contacts avec Djamel Zitouni : « Qu’on ait épargné un type parce qu’on avait déjà des contacts avec lui et qu’on pensait qu’après, il prendrait la relève, ce qui s’est effectivement passé, et qu’il serait plus accommodant, cela me paraissait dans l’ordre des choses … ». Selon Remy Pautrat, qui connaissait Smain Lamari pour avoir dirigé la DST de 1985 à 1986, ce dernier entretenait donc des « contacts » avec Djamel Zitouni et il trouvait « accommodant » l’émir du GIA censé avoir assassiné 5 français à Alger début aout 1994. Toujours selon Pautrat, en cette fin 1994, la sécurité militaire algérienne avait « épargné volontairement » Djamel Zitouni et l’avait laissé repartir dans les maquis pour qu’il « prenne la relève » de Gousmi à la tête du GIA. Quelques semaines plus tard, Zitouni parvint effectivement à prendre le contrôle du principal mouvement terroriste algérien[7]. et [8]

Préfet

Nommé préfet de Basse-Normandie et du Calvados le 6 mai 1996 [1], il conçoit un schéma régional d’intelligence économique [3] et lance l'idée des pôles stratégiques [3]. Avec son chargé de mission sur l'intelligence économique, Philippe Clerc, et Philippe Caduc, PDG de l'Agence pour la diffusion de l'information technologique (ADIT), Pautrat organise aussi à Caen les premières assises régionales de l'intelligence économique (29 mai 1997) [9],[3]. Suite à la dissolution de l'Assemblée nationale, le président Jacques Chirac annule sa visite à ces assises [9].

Il signe le 10 juillet 1998 la convention "pour le développement de l'intelligence économique et l'internationalisation des PME en Basse Normandie" avec le secrétaire d'État au commerce extérieur et le Président du Conseil régional de Basse-Normandie, René Garrec (UDF)[9].

Il évoquera par la suite le cas de Moulinex comme exemple de faible anticipation par la direction de l'environnement économique [2].

Devenu préfet du Nord Pas-de-Calais en 1999, il y crée, en partenariat avec des chefs d’entreprise de la région et l’université Lille 2, le Comité de développement de l'intelligence économique et stratégique (CDIES) [3], qui employait en 2009 80 personnes, étant le deuxième centre après Metz [10].

Il est nommé en 2002 Président du conseil d’administration de l’Agence de l'eau Artois-Picardie [1], puis, après l'élection présidentielle de 2002, Préfet en mission extraordinaire chargé auprès du ministre de l’Intérieur, de la sécurité intérieure et des libertés locales, de l’évaluation de l’action des préfets en poste territorial (19 décembre 2002) [1]. En service détaché, il devient en 2004 vice-président exécutif de l'Agence pour la diffusion de l’information technologique (ADIT) [1].

Activités ultérieures

A la retraite, Rémy Pautrat a ensuite été délégué général de France Intelligence Innovation, Président de l'IERSE (Institut d'études et de recherches pour la sécurité des entreprises) à partir du 3 juin 2005 [1] et siège aujourd'hui au comité d'éthique de la ville de Paris sur la vidéosurveillance [11]. Il est aussi l'un des dirigeants de la Compagnie européenne d'intelligence stratégique (CEIS) [10]. Enfin, avec Jean-Pierre Mignard et Mireille Delmas-Marty, il fait partie de la Haute autorité chargée de veiller à la régularité du processus des primaires pour 2012 du Parti Socialiste12.

Bibliographie

  • Préface à L'intelligence économique : une nouvelle culture pour un nouveau monde d'Éric Delbecque (PUF, 2006)

Sur Pautrat

  • Faligot, Roger et Krop, Pascal, DST police secrète, Paris, Flammarion, 1999, p. 397-398, 401-403, 408.
  • Leclerc, Marcel, De l’antigang à la criminelle, un grand flic ouvre ses dossiers, Paris, Plon, 2000, p. 393.

Références

  1. a, b, c, d, e, f, g, h, i, j, k, l, m et n Notice biographique, Société française d'histoire de la police
  2. a, b et c Entretien avec Remy Pautrat, Observatoire français des think tanks, 30 août 2007
  3. a, b, c, d, e et f Préfet Rémy PAUTRAT : Lauréat du Prix Spécial du 10e anniversaire de l’Académie, IE-News.com
  4. Décret n° 89-258 du 20 avril 1989 fixant la composition et les attributions du comité interministériel du renseignement
  5. Des remous dans la "piscine", Nouvel Observateur, 7 mars 1996
  6. David Servenay, Attentats de 1995 : la piste des généraux algériens, Rue 89, 22 octobre 2007
  7. Voir Françalgérie, crimes et mensonges d'États, L. Aggoun et J. B. Rivoire, La découverte, Paris, 2004.
  8. Attentats de Paris : enquête sur les commanditaires, 90 minutes, Canal plus, novembre 2002
  9. a, b et c Repères chronologiques sur l'intelligence économique
  10. a et b Intelligence économique : l'ancien préfet Rémy Pautrat revient dans le Nord, Nord éclair, 20 mars 2009
  11. Un comité d’éthique pour faire passer la pilule, Souriez vous êtes filmés, 16 septembre 2010

12 . http://www.liberation.fr/politiques/01012317530-le-ps-nomme-les-membres-d-une-haute-autorite-en-vue-des-primaires-pour-2012

Voir aussi

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