Théophile-Malo de La Tour d'Auvergne-Corret

Théophile-Malo de La Tour d'Auvergne-Corret
Malo de La Tour d'Auvergne-Corret
Théophile-Malo de La Tour d'Auvergne-Corret
Théophile-Malo de La Tour d'Auvergne-Corret

Origine Drapeau de France France
Hommages nom gravé sous l'Arc de triomphe de l'Étoile

Théophile Malo de La Tour d'Auvergne-Corret, né le 23 novembre 1743 à Carhaix (Bretagne) et mort le 27 juin 1800 à Oberhausen (Bavière), est un militaire français, premier grenadier des armées françaises.

Sommaire

Biographie

Ancien Régime

Fils de l'avocat Olivier Corret et de Jeanne Lucrèce Salaün, il naquit à Saint-Hernin (où son père était régisseur du château de Kergoat) et fut baptisé à Carhaix . Mais ce lieu de naissance a donné lieu à des controverses et les historiens ont dénombré pas moins de neuf lieux de naissance supposés, dont huit sont identifiables : à Pontivy, Laniscat, Carnoët, Maël-Carhaix, Trébrivan, Trémargat, Saint-Hernin et finalement Carhaix.

À la sortie du collège des Jésuites à Quimper, il choisit l'armée (vers 1765 ?) alors que son père voulait qu'il devienne avocat et sa mère un dignitaire de l'Église.

En 1767, il entra, en qualité de soldat, dans la deuxième compagnie des mousquetaires. Né Théophile-Malo Corret, il ajouta à son nom de famille celui de Kerbauffret précédé d'une particule, sans pouvoir prétendre être de condition noble.

Prétendant descendre d'un fils naturel de Turenne et d'Adèle Corret, nommé Henri Corret, il ajouta à son nom celui de La Tour d'Auvergne en 1777, après avoir obtenu d'un descendant du duc de Bouillon un courrier attestant d'une souche commune, le 23 octobre de cette même année. Le 20 mai 1785 un diplôme autorisa Malo Corret à faire précéder son nom de naissance de celui de La Tour d'Auvergne[1].

Il passa ensuite au service de l'Espagne, où il fit preuve de sa valeur militaire. Pendant une action meurtrière, il sauva la vie à un officier espagnol blessé en le rapportant au camp sur ses épaules, puis il revint au combat. Le roi d'Espagne lui accorda une décoration qu'il accepta, mais en refusant la pension qui y était attachée.

Révolution française

Il rallia les armées de la République française et fut promu capitaine de grenadiers en 1792. Lazare Carnot, ministre de la guerre, dit de lui qu'il était « le plus brave parmi les braves ». Engagé dans l’ancien régiment de Bretagne, le 46e régiment d’infanterie, il servit dans les armées révolutionnaires de Savoie et l’armée des Pyrénées orientales, où il commandait toutes les compagnies de grenadiers formant l'avant-garde et appelées colonnes infernales. Presque toujours cette phalange avait décidé de la victoire lorsque ce corps d'armée arrivait sur le champ de bataille.

Ses loisirs étaient consacrés à des méditations ou à des travaux littéraires, et il était appelé pour ses avis à tous les conseils de guerre.

Malade, il quitta l'armée, s'étant embarqué après la paix avec l'Espagne pour se rendre dans sa province, il fut pris en 1794 par un corsaire britannique alors qu'il rentrait chez lui : le voilier sur lequel il avait embarqué à Bayonne à destination de Brest fit naufrage au large de Camaret, et La Tour d'Auvergne fut fait prisonnier par une escadre britannique en même temps que l'équipage. On voulut le forcer à quitter sa cocarde ; mais la passant à son épée jusqu'à la garde, il déclara qu'il périrait plutôt en la défendant.

Il fut interné sur des pontons dans le sud-ouest de l'Angleterre. Durant son internement, il se consacre à l'écriture d'un dictionnaire français-celtique. Il fut libéré en 1797.

À son retour en France, il se rend à Paris, où il apprit qu'un de ses amis nommé Le Brigant, vieillard octogénaire, venait d'être séparé de son jeune fils (le seul encore en vie) par la réquisition ; il se présenta aussitôt au Directoire, obtint de remplacer le jeune conscrit qu'il rendit à sa famille. Il rejoignit l'armée en tant que simple soldat afin de servir à la place du jeune fils de son ami. Il se rendit célèbre par son courage et sa modestie.

Il partit pour l'armée du Rhin, comme simple volontaire. Il fit la campagne de 1799, en Suisse, fut élu membre du Corps législatif, après le 18 brumaire, mais refusa de siéger, en disant : Je ne sais pas faire des lois, je sais seulement les défendre, envoyez-moi aux armées. Il refusa plusieurs promotions et fut alors nommé « premier grenadier de la République » par Napoléon Bonaparte.

Le 27 juin 1800 au soir du combat de Oberhausen, en Bavière, il est touché au cœur par un coup de lance alors que la 46e demi-brigade de l'armée du Rhin est assaillie par la cavalerie adverse.

Statue à Carhaix-Plouguer

Hommages

Toute l'armée regretta ce vieux brave qu'elle aimait à nommer son modèle. Son corps enveloppé de feuilles de chêne et de laurier fut déposé au lieu même où il fut tué. On lui éleva un monument sur lequel on grava cette épitaphe : LA TOUR D'AUVERGNE. On sait que son cœur embaumé était précieusement conservé par sa compagnie, et qu'à l'appel par son régiment jusqu'en 1814, le plus ancien sergent répondait au nom de La Tour d'Auvergne : Mort au champ d'honneur. Il devint ensuite, via Madame Guillart de Kersauzie, héritière de La Tour d'Auvergne, dont la fille se maria avec un ancêtre de la famille du Pontavice de Heussey, propriété de cette famille qui possédait le château de La Haye en Locmaria-Berrien[2].

Sa carrière militaire lui valut d'être cité sur l'Arc de Triomphe sous le nom « L Tr Dauvergne » sur la 18e colonne.

Sa dépouille, venant de Bavière, fut déposée au Panthéon de Paris le 4 août 1889 lors des cérémonies du centenaire de la Révolution française.

Une statue en bronze sculptée par le baron Carlo Marochetti a été érigée à Carhaix-Plouguer le 27 juin 1841. En cette occasion, le cœur embaumé de La Tour d'Auvergne fut transporté en grande cérémonie de Paris à Carhaix via Rennes. Le journal "La Presse" écrit ainsi en mars 1841 : "Lundi 8 mars est passé à Rennes M. Du Pontavice de Heussey, porteur de l'urne qui renferme le cœur de La Tour d'Auvergne, premier grenadier de France. L'urne est en argent et a trente centimètres de hauteur en y comprenant la grenade en vermeil qui la surmonte. Au milieu est un cœur surmonté d'une lance. (...). À la partie inférieure de l'urne est gravé le dystique suivant:

La Tour d'Auvergne est mort, mais c'est au champ d'honneur.
Envions son trépas, et conservons son cœur"[2].

À Carhaix, en 1900, les fêtes du centenaire de son décès durèrent quatre jours en présence d'une foule énorme, présidées par le ministre de la guerre, le général André[3]. En 1904, l'urne d'argent renfermant son cœur est remise au cours d'une cérémonie militaire et patriotique aux Invalides par la famille du Pontavice de Heussey.

Œuvre pour la langue celtique

Parallèlement à sa carrière militaire, La Tour d'Auvergne fut également un celtisant (il semble qu'on lui doive les mots "menhir" et "Dolmen" inspiré du breton), amateur d'antiquités gauloises et étudiant les langues celtiques (principalement le breton), notamment avec l'avocat Le Brigant (archéologue à ses heures), que les spécialistes du XXe siècle Guyonvarc'h et Françoise Le Roux qualifieront tous deux de celtomanes (mouvement qui allait éclore de la fin du XVIIIe siècle jusqu’au milieu du XIXe siècle, avant que les études scientifiques ne remplacent ce type de travaux). La mort l'a empêché de publier un dictionnaire polyglotte où il comparaît 45 langues avec le bas-breton. Il l'avait mis au net avant son dernier départ pour l'armée du Rhin.

« J'ai près de 800 livres de rente, quelques livres, mes manuscrits, de bonnes armes, disait-il, c'est beaucoup pour un grenadier en campagne, c'est assez pour un homme qui ne s'est pas fait de besoins dans sa retraite. »

Le prince de Bouillon qui avait obtenu par le crédit de La Tour d'Auvergne la restitution de ses biens, lui offrit une terre à Beaumont-le-Roger, rapportant 10 000 livres de rentes; mais le modeste guerrier refusa, ne voulant pas mettre de prix à ses services. La famille de La Tour d'Auvergne était une branche bâtarde de celle de Bouillon.

Un député lui vantait son crédit et lui offrait sa protection. Vous êtes donc bien puissant, lui dit La Tour d'Auvergne, qui se trouvait alors dans le plus grand dénûment. — Sans doute. — Eh bien ! demandez pour moi.... — Un régiment ? — Non, une paire de souliers.

Il lègue sa bibliothèque à Eloi Johanneau. Carnot dit également de lui que « Son érudition égale sa bravoure » dans une lettre au Consul.

Références

  1. Journal du palais, Volume 43 France. Cour de cassation, Cour royale de Paris, Cours d'appel. France
  2. a et b "L'intermédiaire des chercheurs et des curieux", année 2, volume 28, 1883, consultable http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k61466g.r=Locmaria-Berrien.langFR
  3. "La Presse n° 2952 du 28 juin 1900, consultable http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k549558r.hl.r=carhaix.f4.langFR

Bibliographie

  • Origines gauloises. Celles des plus anciens peuples de l'Europe puisées dans leur vraie source ou recherche sur la langue, l'origine et les antiquités des Celto-bretons de l'Armorique, pour servir à l'histoire ancienne et moderne de ce peuple et à celle des Français, publié entre 1792 et 1796.

Anecdote

Une ballade de William McGonagall prétend que La Tour d'Auvergne défendit à lui tout seul une tour face aux Autrichiens mais cela n'est pas avéré.

Source partielle

  • « Théophile-Malo de La Tour d'Auvergne-Corret », dans Charles Mullié, Biographie des célébrités militaires des armées de terre et de mer de 1789 à 1850, 1852 [détail de l’édition]
  • F. Calohar, Notice historique sur La Tour-d'Auvergne Corret, premier Grenadier de France, Paris, Gaultier-Laguionie, 1841.

Liens externes


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