Foederati

Foederati

Peuple fédéré

Les peuples fédérés (en latin fœderati) sont pour l'Empire romain des groupes de population ayant passé un traité d'alliance ou de soumission (fœdus) avec l'Empire. Une fois fédéré de Rome, les peuples entrés dans l'Empire sont sommés de cesser leurs exactions en échange de la paix ; il s'agit donc de diplomatie dans le monde antique tardif.

Associé à l'intégration des troupes auxiliaires dans l'armée, ce dispositif fonctionne pour l'Empire les IIIe siècle et IVe siècle. Il se délite au Ve siècle lorsque les peuples germaniques se sédentarisent au cœur même des provinces, commençant à régner (et bientôt, légiférer) sans en rapporter à la structure de pouvoir impériale [1]. En quelque sorte, dès lors que l'Empire ne peut plus assurer la paix armée par ses propres moyens en plus du passage d'un foedus, son pouvoir cesse sur ses provinces.

Sommaire

Les fédérés au IIIe siècle

Les premiers groupes de fédérés apparaissent à la fin du IIe siècle et au IIIe siècle, quand Rome impose, lorsqu'elle est victorieuse, la fourniture de contingents de troupes auxiliaires.

Rapidement, Rome accepte l'installation de petits groupes (d'abord des captifs, puis des colons libres) sur des terres cultivables abandonnées ; en contrepartie, les fédérés ainsi installés participent à la défense statique du limes et aux actions militaires romaines comme troupes auxiliaires.

Les peuples fédérés provenaient essentiellement des zones européennes limitrophes de l'Empire romain :

Les fédérés au IVe siècle

Au début du IVe siècle, la fixation de nombreux fédérés francs autour de Cologne et au nord de l'actuelle Belgique en territoire romain, comme colons et comme auxiliaires diminua la pression sur la zone rhénane.

Un fœdus en 332 avec les Goths assura la paix sur la frontière du Danube pendant une génération, période qui vit leur conversion au christianisme arien

Mais la pression de l'empire hunnique sur les Goths bouleversa ce fragile équilibre et provoque en 376 l’installation massive des Wisigoths dans l'Empire romain, aux bouches du Danube . Après leur révolte en 378, de nouveaux fœdi en 382 puis en 392 leur accordent des territoires en Mésie. Nombreux et puissants, les Wisigoths vont se déplacer au sein de l’Empire, épuisant une province après l’autre : Balkans et Grèce en 395, fœdus leur donnant l’Épire en 395, pénétration en Italie en 401, en Gaule en 412, où finalement ils s'installent.

Certains fédérés intégrés dans l'armée romaine et remarqués par les empereurs romains y firent de brillantes ascensions, parvenant à de hauts grades : les francs Arbogast et Bauto, le demi vandale Stilicon, les goths Gaïnas et Alaric.

Les fédérés au Ve siècle

Les traités que passe l'Empire romain d'Occident après les grandes invasions ne sont plus que des trêves qui concèdent des territoires déjà perdus. Et cette fois, l’Empire d'Occident cède des provinces entières, s’amputant peu à peu de ses ressources vitales : Pannonie aux Sarmates puis aux Huns, Aquitaine seconde aux Wisigoths en 418, Galécie aux Suèves vers 410, Numidie (435) puis toute l’Afrique romaine (442) aux Vandales.

Quelques groupes moins nombreux obtiennent du patrice Aetius un statut de fédérés avec un contrôle romain mieux assuré, comme des groupes d'Alains autour d’Orléans et de Valence (Drôme) et les Burgondes en Sapaudie. Enfin des fédérés francs comme Childéric Ier continuent à combattre aux côtés des Romains jusqu'aux dernières années de l'Empire d'Occident.

Comme au siècle précédent, des officiers fédérés parviennent à de hautes dignités, avec le rang de patrice dans le réduit romain d’Italie : le suève Ricimer, le burgonde Gondebaud, le skire Odoacre. Les alains Aspar en Orient et Goar en Gaule servent aussi les autorités romaines.

L'Empire romain d'Orient parviendra à survivre, en remplaçant les forces armées fédérés, essentiellement wisigothes, massacrées ou expulsées, par le recrutement de populations autochtones de l'Empire, comme les montagnards Isauriens. Le recours aux auxilaires étrangers continua néanmoins, avec des contingents huns ou lombards.

Voir aussi

Notes

  1. du reste, elle disparaît à Ravenne sur le plan concret en 455 dans le contexte de chaos dans laquelle la péninsule italique est plongée.

Sources

  • Lucien Musset, Les invasions, les vagues germaniques, PUF, collection Nouvelle Clio – l’histoire et ses problèmes, Paris, 1965, 2e édition 1969.

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