Gringoire

Gringoire
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Gringoire
Pays Drapeau de France France
Langue Français
Périodicité Hebdomadaire
Genre Politique, littéraire, xénophobe, vichyste
Date de fondation 1928
Date du dernier numéro 1944
Éditeur Paris

Gringoire est un hebdomadaire politique et littéraire français d'extrême droite fondé en 1928 par Horace de Carbuccia assisté de Georges Suarez et Joseph Kessel[1].

C'est l'un des grands hebdomadaires de l'entre-deux-guerres, selon une formule initiée par Candide, et qui est reprise, non seulement par Gringoire, mais aussi par les hebdomadaires de gauche Vendredi et Marianne : une place importante accordée à la politique, une page littéraire de qualité, de grands reportages et de grands feuilletons (en l'occurrence avec Pierre Drieu La Rochelle et Francis Carco), des dessins satiriques (le principal dessinateur de Gringoire est Roger Roy), une présentation simple.

Sommaire

Du centre droit à la droite nationale

D'emblée, Gringoire est pamphlétaire. C'est même le principal trait commun d'un journal que Carbuccia lui-même définit comme « une macédoine ». Le marxisme et la gauche en général sont ses cibles favorites. Mais, initialement, ce n'est pas un journal d'extrême droite. Il se contente de représenter la frange la plus à droite de l'Union nationale dirigée par Raymond Poincaré, avec un esprit ancien combattant qui imprègne le journal jusqu'à la fin. Anticommuniste, Gringoire mène des campagnes de presse, ainsi contre le communiste Hugo Eberlein.

Après le 6 février 1934, suivant le mouvement général de radicalisation, le journal devient antiparlementariste. L'influence de l'Action française se fait sentir. En octobre 1935, il se prononce contre les sanctions internationales imposées à l'Italie suite à son invasion de l'Éthiopie. Gringoire se montre depuis longtemps très favorable au fascisme italien, ainsi qu'au régime de Salazar au Portugal. Il développe également une anglophobie de plus en plus marquée. Henri Béraud, rédacteur du journal, publie, dans l'édition du 11 octobre 1935, un article intitulé « Faut-il réduire l'Angleterre en esclavage ? ». De 1930 à 1936, le journal, d'abord germanophobe et nationaliste, glisse vers une très nette hostilité à toute guerre, et même à toute intervention militaire en Europe.

Pour l'anecdote, Romain Gary publia deux nouvelles dans le Gringoire : L'Orage (le 15 février 1935), puis Une petite femme (le 24 mai 1935), sous son véritable nom, Roman Kacew. Lorsque le journal, « fortement orienté à droite, puis à l'extrême-droite », afficha des idées fascistes et antisémites, Gary renonça à envoyer ses écrits, malgré l'importante rétribution versée à la publication (1000 francs la page - six colonnes - en 1935)[2].

De l'antibellicisme au vichysme

À partir de 1936, a lieu une deuxième radicalisation. L'antibellicisme et l'hostilité (devenue haineuse) à l'égard de la gauche convergent : les partisans de la guerre sont les partisans de l'extension du communisme. Cette thèse se teinte d'antisémitisme et de xénophobie. Les Juifs sont accusés de vouloir la guerre pour renverser le régime nazi (que Gringoire n'approuve pas explicitement mais se garde de critiquer) et, en même temps, diffuser la révolution rouge de Moscou. Les Juifs seraient aussi les meilleurs agents du communisme en France, et favoriseraient l'immigration — honnie par Gringoire —, génératrice de troubles. Le 10 novembre 1938, Gringoire titre : « Chassez les métèques ».

Le Front populaire français et le Front populaire espagnol sont vitupérés par l'hebdomadaire. Il prend parti pour les franquistes pendant la guerre civile espagnole. Après la publication, par L'Action française d'un article accusant Roger Salengro d'avoir déserté pendant la Première Guerre mondiale, Gringoire lance une véritable campagne de diffamation contre le ministre de l'Intérieur (L'Action française ne fait plus que reprendre les accusations de Gringoire, désormais à la pointe). Quand Salengro se suicide, Gringoire ne manifeste aucun regret. André Tardieu est éditorialiste de 1936 à 1939. Après l'attaque cérébrale de celui-ci, Philippe Henriot et Roland Dorgelès rejoignent la rédaction.

Dans les années 1930, Gringoire est très apprécié — de même que Candide, L'Action française et Je suis partout — dans les milieux de la droite et de l'extrême droite roumaine. Ses numéros se vendent très bien à Bucarest.

L'hebdomadaire approuve les accords de Munich, ce qui provoque un conflit entre Tardieu (opposé aux accords) et Béraud (qui y est favorable). Au printemps 1939, Gringoire critique l'invasion de la Tchécoslovaquie par l'Allemagne, et, de juillet 1939 à mai 1940, se rallie à la politique de défense nationale. Le ton change dès la défaite. Gringoire, replié à Vichy, approuve pleinement l'armistice, puis la Révolution nationale de Philippe Pétain. Cependant, si la majorité des journalistes pratiquent une collaboration idéologique, Horace de Carbuccia opte plutôt, selon Pascal Ory, pour une collaboration « de calcul ». Il arrête la parution du journal le 25 mai 1944.

Parmi les collaborateurs du journal figurent Pierre Gaxotte, historien, académicien français, maurassien, Robert Desnos, mort en déportation à Theresienstadt, et Irène Némirovsky, écrivain d'origine russe, juive convertie au catholicisme, gazée à Auschwitz. Plus tard, Pierre Drieu La Rochelle tentera de faire libérer Robert Desnos, mais aucun collègue de Gringoire ne semble être intervenu dans le cas d'Irène Némirovsky.

Principales sources

  • Jacques Julliard et Michel Winock (dir.), Dictionnaire des intellectuels français, éd. du Seuil, 2002
  • Pascal Ory, Les Collaborateurs, éd. du Seuil, « Points »-histoire, 1980
  • Eugen Weber, L'Action française, éd. Fayard, 1985 et Hachette, coll. « Pluriel », 1990

Notes

  1. Myriam Anissimov, Romain Gary, Le Caméléon, éditions Folio, 2006, chapitre 19, p. 145.
  2. Myriam Anissimov, Romain Gary, Le Caméléon, éditions Folio, 2006, chapitre 19, p. 145 et p. 147).

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