Jean Laffite

Jean Laffite

Jean Lafitte

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Tableau anonyme du début du XIXe siècle.

Jean Lafitte ou Laffite (né dans les années 1770 - date de décès inconnue[1]) était un flibustier de nationalité française qui écuma le Golfe du Mexique au début du XIXe siècle. Il créa son propre « royaume de Barataria » dans les marais et les bayous près de La Nouvelle-Orléans afin de contrôler l'embouchure du Mississippi après l'achat de la Louisiane en 1803. Il aurait eu sous ses ordres environ mille hommes. Il joua un rôle décisif en soutenant le général Andrew Jackson lors de la bataille de la Nouvelle-Orléans, en 1815. Il prit part au trafic des esclaves, qui était alors interdit. Le souvenir de son action est resté vif aux États-Unis, particulièrement en Louisiane et au Texas où plusieurs lieux portent son nom.

Sommaire

Biographie

On suppose qu’il est né soit en France[2], soit sur l'île d'Hispanola, actuelle Haïti[3],[4]. Il quitte la France peu de temps après que celle-ci a cédé la Louisiane aux États-Unis (en 1803) et retrouve son frère Pierre dans les Caraïbes afin d'y faire fortune. Il s'engage dans la contrebande et la flibuste, opérant au nom de son Royaume de Barataria[5], ne reconnaissant de ce fait la souveraineté d’aucune autre nation.

Carte dressée par l'U.S. National Park Service, montrant les itinéraires que, selon cette administration, Lafitte aurait le plus logiquement empruntés pour se livrer à la contrebande.

Jean et Pierre s'installent à Barataria dans les îles côtières de la Louisiane vendue par Napoléon aux américains en novembre 1803. Il faudra attendre dix ans avant que ce territoire ne devienne un État à part entière et les frères Lafitte vont profiter de ces vides institutionnels et juridiques pour développer une économie parallèle. Après l'achat de la Louisiane, l'importation d'esclaves est interdite en 1807 par le congrès des États-Unis, ce qui fait monter en flèche le prix des esclaves. Lafitte fait de ce trafic son fonds de commerce clandestin. Parmi ses relations d'affaires, Rezin Bowie, renommé James Bowie, futur fondateur du Texas, et son frère John Bowie, qui revendent, avant de s'y installer, des esclaves dans la paroisse de Saint-Landry où est installé le planteur de coton Hippolyte Chrétien ami de Laffite, ainsi Rosette Rochon, métisse et fille du planteur et premier armateur de Mobile Pierre Ronchon, ainsi que de nombreux Réfugiés français de Saint-Domingue en Amérique.

Barataria est un territoire difficile d'accès composé de trois îles principales toutes idéales pour dissimuler ses bases, sa flotte navale et les « produits de contrebande » : les esclaves qu'il a volés aux Espagnols. La navigation incessante de ses navires autour de ses possessions en interdit presque totalement l'accès[5].

En 1812, l'Angleterre entre en guerre contre les États-Unis, trente ans après la guerre d'indépendance. L'armée américaine est faible. Lafitte, avec 500 de ses hommes et des canons volés aux espagnols est sollicité par les anglais. Il décide de se ranger du côté américain avec le général Andrew Jackson (qui deviendra Président des États Unis en 1829) qu'il avertit de l'imminence d'une attaque. Il négocie son aide contre le pardon pour lui et ses hommes. Jackson refuse d'abord de collaborer avec un criminel mais finit par accepter son aide après avoir lancé seul une première attaque désastreuse.[6],[4]. Le 8 janvier 1815, les canons de Lafitte volés aux espagnols vont contribuer à tuer près de 2000 Anglais à la bataille de Chalmette - plus communément appelée bataille de la Nouvelle-Orléans - pour huit hommes perdus côté américain[7]. Cette bataille permet à Jean Lafitte de gagner une certaine notoriété, ainsi que le pardon pour ses actes répréhensibles, mais il perd la souveraineté sur son Royaume au profit des américains[2]. Jean Lafitte est aussi soutenu par ses amis Hippolyte Chrétien et James Bowie.

Au sommet de son activité, Jean Lafitte commandait une cinquantaine de vaisseaux rapides et bien armés ainsi qu'un millier d'hommes[5].

Jean Lafitte reste avant tout un contrebandier. Afin de continuer ses trafics, il décide en 1817 de quitter la Louisiane américaine pour s'installer à Galveston au Texas, d'où il chasse le corsaire français Louis-Michel Aury, qui harcelait un empire espagnol en proie à l’anarchie. Il poursuit son commerce jusqu'en 1820-1821, période à laquelle il est forcé de quitter sa base opérationnelle qu'il livre aux flammes[2]. Sa trace se perd ensuite.

Le Congrès des Etats-Unis a entretemps voté en 1820 une loi qui punit de pendaison le trafic d'esclaves[8].

Ce qui lui arrive ensuite reste obscur et les théories sont nombreuses[9]. S'il est attesté que Pierre meurt dans la région du Yucatán fin 1821[10], selon les sources les moins douteuses, Jean Lafitte serait mort soit en 1823 lors d'un combat naval entre son navire, le General Santander, et une flottille espagnole[11], soit en 1826 au cours d'un ouragan. D'autres dates sont citées par nombre de généalogistes et historiens, amateurs ou professionnels, mais il est en tous cas impossible de trouver de témoignage irréfutable concernant la fin de vie de Jean Lafitte après 1822, date de son évasion d'une prison cubaine[10].

Un manuscrit controversé, connu sous le nom de Journal de Jean Laffite[4], raconte comment, après que sa mort fut annoncée dans les années 1820, il aurait vécu dans plusieurs états des États-Unis, fondé une famille à Saint-Louis, Missouri et écrit ce journal avant de décéder aux alentours de 1840. Dans les années 1950, le journal est traduit du français vers l'anglais et édité aux États-Unis. Le manuscrit original est acheté par Price Daniel, Gouverneur du Texas, et est aujourd’hui exposé à la bibliothèque Sam Houston Regional Library and Archives, à Liberty, au Texas. Rien ne permet d'affirmer que ce manuscrit soit une contrefaçon, ni au contraire qu'il soit authentique[4].

Lafitte et son frère Pierre avaient amassé une immense fortune durant leur séjour aux Amériques ; malheureusement étant tombé en disgrâce, les Américains l’auraient menacé de lui confisquer tous ses droits et ses biens[réf. nécessaire], il aura probablement enfoui son butin aux fin fonds des bayous réputés inexpugnables. Certains encore aujourd’hui cherchent le « trésor » de Lafitte.

Jean Lafitte dans la mémoire collective

Littérature, bande dessinée

  • Jean Lafitte est le sujet d'un poème de Lord Byron intitulé The Corsair[12] :
He left a corsair's name to other times,
Linked with one virtue, and a thousand crimes.[13]
  • Les romans La Désirade de Jean-François Deniau et La Baie des Maudits de Alain Dubos retracent aussi, avec une certaine liberté due au genre romanesque, le parcours de Jean Lafitte.
  • Georges Blond a écrit Moi, Laffite, dernier roi des flibustiers, qui retrace les aventures de Jean Laffite.
  • Le scénariste Marc Bourgne et le dessinateur Franck Bonnet sont les auteurs d'une série en bande dessinée intitulée "Les pirates de Barataria" (Glénat) qui s'inspire très largement de l'histoire des frères Laffite.
  • Dans le livre "Zorro" d'Isabel Allende, les héros rencontrent et vivent chez Jean Laffite en barataria.

Cinéma

La légende de Jean Lafitte a été racontée dans trois films américains :

Sites

Un parc national des États-Unis porte aujourd’hui son nom ; le Parc Historique National et Réserve Jean Lafitte est divisé en six emplacements physiquement séparés dans le sud est de la Louisiane, respectant la culture acadienne locale.

La Réserve de Barataria tente de préserver l'histoire naturelle et culturelle des montagnes et marais de la région. Au sud-est de La Nouvelle-Orléans se situe le champ de bataille de Chalmette et le Cimetière National, emplacement réel de la bataille de la Nouvelle-Orléans et lieu de repos éternel pour les soldats de la guerre de Sécession, de la guerre hispano-américaine, des Première et Seconde guerres mondiales, ainsi que de la Guerre du Viêt Nam.

Jean Lafitte est également le nom d’un village de pêcheurs cadiens et d’un site touristique situés près de la ville de Barataria.

Autres

Le Capitaine Crouche, personnage mascotte des céréales du même nom, distribuées en Amérique du Nord, eut pendant un moment pour adversaire un pirate appelé Jean La Foote, d’après le nom de Lafitte.

Voir aussi

Bibliographie anglophone

  • (en) Bibliographie anglophone assez complète à propos de Jean Lafitte et autres flibustiers contemporains (sur larryroyer.com).
  • (en) "Origin and Development of The African Slave Trade in Galveston," East Texas Historical Journal, (1971) par Fred Robbins.
  • (en) Filibustering, Piracy and the African Slave Trade, par W. T. Block

Bibliographie francophone

  • (fr) Georges Blond, Moi Laffite, dernier roi des flibustiers, Editions Albin Michel, 1985.
  • (fr) Madeleine Fabiola Kent, Jean Laffite, corsaire, Editions Calmann-Lévy, 1957.
  • (fr) Louis-Jean Calvet, Baratia, Editions Plon, 1998.

Notes et références

  1. (fr). Parmi les hypothèses émises quant aux dates et lieux de naissance et décès de Jean Lafitte, certaines sources affirment qu'il est né en 1774 à Saint-Seurin, près de Gradignan, et décédé en 1858 dans cette dernière ville (Article biographique). Néanmoins, ces affirmations se basent sur des documents familiaux non encore authentifiés.
  2. a , b  et c (en) A Biography of Jean Laffite par Krzysztof Wilczyński, biographie résumée.
  3. (en) Voir cette notice biographique issue du site helium.com.
  4. a , b , c  et d [pdf] (en) Ce document .pdf offre une chronologie des événements concernant Lafitte et expose les principales théories circulant à son sujet.
  5. a , b  et c (en) Voir cette série d'articles sur crimelibrary.com (par Joseph Geringer) qui proposent de nombreux détails biographiques et théories sur Lafitte.
  6. (fr) Voir l'article d'Encarta concernant cette bataille.
  7. (fr) La Nouvelle Orléans et nous les Haïtiens, article évoquant la participation massive d'anciens esclaves à cette bataille aux côtés de Lafitte.
  8. http://www.wtblock.com/wtblockjr/slavetra.htm
  9. (en) cet article permet de se faire une idée du nombre de théories circulant autour de sa fin de vie et sa disparition et propose une bibliographie très complète en anglais (voir p. 14).
  10. a  et b (en) Voir la FAQ du site de la Lafitte Society.
  11. (en) Hypothèse retenue par la Lafitte Society sur son site officiel.
  12. (en) C.f. bibliographie de la Lafitte Society.
  13. (fr) : « Il légua le nom d'un corsaire à d'autres temps / lié à un acte vertueux et à un millier de crimes. »

Liens externes

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