Alpha Condé

Alpha Condé
Alpha Condé
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Mandats
4e président de la République de Guinée
Actuellement en fonction
Depuis le 21 décembre 2010
Élection 7 novembre 2010
Premier ministre Mohamed Saïd Fofana
Prédécesseur Moussa Dadis Camara
Sékouba Konaté (par intérim)
Biographie
Date de naissance 4 mars 1938 (1938-03-04) (73 ans)
Lieu de naissance Boké, Basse-Guinée (Afrique-Occidentale française)
Parti politique Rassemblement du peuple
de Guinée
Diplômé de Université Paris I Panthéon-Sorbonne, Sciences Po Paris (France)
Profession Professeur de droit
Résidence Conakry

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Présidents de la République de Guinée

Alpha Condé, né le 4 mars 1938 à Boké (Basse-Guinée), est un homme d'État guinéen. En 1970, il est victime du régime du président Sékou Touré, qui le condamne à mort par contumace[1], et contraint, comme bon nombre de ses compatriotes intellectuels, de rester en exil hors de son pays. De retour à Conakry le 17 mai 1991, chef du Rassemblement du peuple de Guinée (RPG), il est emprisonné pendant plusieurs mois. Il devient président de la République de Guinée le 21 décembre 2010, à la suite du premier scrutin libre depuis l'indépendance.

Sommaire

Parcours universitaire

Alpha Condé, qui appartient à l'ethnie malinké, part pour la France à l'âge de 15 ans poursuivre des études secondaires et universitaires. Après un passage à la Sorbonne, Alpha Condé obtient un diplôme d'études supérieures (DES) avant de devenir docteur d’État en droit public à la Faculté de droit de l'Université Paris I Panthéon-Sorbonne. La carrière professionnelle d’Alpha Condé débute en tant que professeur : il dispense des cours à la Faculté de droit et sciences économiques de Paris I Panthéon Sorbonne pendant plus de dix ans, puis à l’École supérieure des télécommunications (PTT)[réf. nécessaire].

Il milite parallèlement au sein du Syndicat national de l'enseignement supérieur (SNESUP) et cumule des fonctions de responsable au sein de l’Association des étudiants guinéens en France (AEGF), ainsi qu’au sein de la Fédération des étudiants d'Afrique noire en France (FEANF) où il est, de 1967 à 1975, le coordinateur de la direction des groupes nationaux africains (GN), qui supervisent les activités de la direction de la FEANF. Il en est le président en 1963.

Du MND au RPG

En 1977, dans la foulée de la rencontre tripartite de réconciliation à Monrovia entre les Présidents Sékou Touré, Félix Houphouët-Boigny et Léopold Sédar Senghor, Alpha Condé crée le Mouvement national démocratique (MND) avec le professeur Alfa Ibrahima Sow, Bayo Khalifa et d’autres membres fondateurs. Le MND subira plusieurs mutations de la lutte clandestine à la lutte semi-clandestine et enfin à la lutte légale depuis 1991. Le MND devient d’abord l’UJP (Unité, Justice, Patrie), puis le RPG (Rassemblement des patriotes guinéens) pour enfin être l’actuel RPG (Rassemblement du peuple de Guinée).

Scrutin présidentiel de 1993

À son retour en Guinée, Alpha Condé réussit, aux côtés d'autres caciques de l'opposition guinéenne (Bah Mamadou Bhoye, Siradiou Diallo, Jean-Marie Doré, Masour Kaba, etc), à faire imposer le multipartisme intégral[2] qui autorise la présence de plusieurs partis d’opposition en Guinée. Puis, il prend part à la première élection multipartite du pays, en décembre 1993, après trente ans de régime autoritaire. Lors du scrutin, Condé est un des chalengeurs de Lansana Conté, président depuis le coup d'État de 1984. Le général Conté est déclaré vainqueur avec 51,7 % des voix[3], tandis que les observateurs nationaux et internationaux chargés de la supervision du scrutin dénoncent un fort climat de fraude et que l’opposition conteste unanimement les résultats officiels. Les partisans de Condé s’insurgent particulièrement contre l’annulation par la Cour suprême de la totalité des résultats pour les préfectures de Kankan et Siguiri, où Alpha Condé était vraisemblablement fortement majoritaire. Condé demande à ses militants de ne pas prendre le risque d’entraîner une guerre civile et de concentrer leurs efforts sur le scrutin suivant.

Scrutin présidentiel de 1998

Aux élections présidentielles suivantes, en décembre 1998, Alpha Condé se présente de nouveau mais il est enlevé et emprisonné sans procès, avant la fin du scrutin[4].

Les résultats officiels publiés par le gouvernement déclarent Lansana Conté vainqueur du premier tour avec 56,1 % suivi de Mamadou Boye Bâ (24,6 %). Le 16 décembre, deux jours après le scrutin, nombreux dirigeants de l'opposition sont arrêtés pour préparation présumée d'une rébellion contre la dictature en place. Les mois suivants, des exactions vont être commises par des forces militaires sur les sympathisants de l'opposition.

Emprisonnement

Alpha Condé est maintenu en prison pendant plus de vingt mois avant que le gouvernement ne constitue une cour spéciale, pour le juger. Cette incarcération sans procès soulève un fort mouvement de protestation international. Amnesty International dénonce une violation des Droits de l'homme et le Conseil de l’Union interparlementaire une violation de l’immunité parlementaire dont Alpha Condé bénéficie en tant que député guinéen. De nombreuses voix s’élèvent tout au long de son emprisonnement pour demander sa libération immédiate. Parmi lesquelles celles d’Albert Bourgi, qui organisent un important mouvement de soutien « le comité de libération » à Alpha Condé, ou de Tiken Jah Fakoly, auteur de « Libérez Alpha Condé » adressé au général Lansana Conté, et que la jeunesse transforme en hymne à la gloire des martyrs et prisonniers politiques africains. Condé reçoit également le soutien de chefs de diplomatie étrangers, à l’instar de Madeleine Albright (États-Unis) qui se déplace à Conakry même. En France, le Président Jacques Chirac s’implique personnellement[5]. Sa mobilisation vient renforcer les multiples requêtes d’autres chefs d’État en demandant officiellement la relâche rapide d’Alpha Condé.

Condé est condamné, en 2000 à cinq ans de prison pour « atteintes à l’autorité de l’État et à l’intégrité du territoire national » au terme d’un procès retentissant décrié dans la presse africaine et internationale[6]. Il est finalement libéré en 2001, faisant l’objet d’une grâce présidentielle.

« L’affaire Alpha Condé »

« L’affaire Alpha Condé »[7], comme elle est souvent décrite dans la presse, donne lieu à un procès retentissant et marque un tournant politique important pour la Guinée.

Alpha Condé est libéré le 18 mai 2001, date à laquelle il fait l’objet d’une grâce présidentielle, 28 mois après son arrestation et huit mois après son procès organisé par la « Cour de sûreté de l’État guinéen », qui est spécialement constituée à cet effet. Ce procès de cinq mois qui débute le 12 avril 2000, après plusieurs reports, le condamne tout d’abord à cinq ans de réclusion criminelle pour « atteinte à la sûreté de l’État guinéen » et « emploi illégal de la force armée », le lundi 11 septembre 2000.

Junte militaire et élection présidentielle de 2010

Depuis la mort de Lansana Conté en décembre 2008 et la prise du pouvoir par la junte militaire de Dadis Camara, Alpha Condé a centré son action politique sur le retour à un pouvoir civil et la tenue d’élections justes, transparentes et inclusives. Il l’a fait au sein des « Forces Vives constituées de l'opposition, des syndicats et des autres acteurs de la société civile. Dans une tribune publiée par le journal Le Monde en janvier 2010,[8] il déclare que les massacres du 28 septembre au stade de Conakry[9] mettent en évidence la nécessité d’une rupture complète avec le passé : « Le traumatisme subi, une fois de plus, ce jour-là, par la population, discrédite définitivement tous ceux qui, de près ou de loin, ont leur part de responsabilité dans lesdits massacres. Les conséquences de cette tragédie ordonnent obligatoirement une rupture par rapport à tout ce qui a été envisagé précédemment. Elles doivent désormais inciter tous les acteurs guinéens, avec le soutien des partenaires extérieurs, à organiser au plus vite des élections, qui seules permettront de légitimer les futurs dirigeants sur la base d'autres mécanismes que ceux qui ont conduit à l'émergence du système à abolir. ».

En février 2010, il annonce à Conakry la candidature de son parti pour le scrutin présidentiel de juin. Alpha Condé arrive en deuxième position du premier tour le 27 juin, avec 18,25 % des voix, se qualifiant ainsi pour le second tour[10], face à Cellou Dalein Diallo qui obtient 43,69 % des voix. Le 15 novembre 2010, il est déclaré vainqueur du scrutin du 7 novembre par la Commission électorale nationale indépendante (Ceni) avec 52,52 % des voix face à l'ancien Premier ministre Cellou Dalein Diallo[11]. La Cour suprême valide l'élection le 3 décembre suivant[12] et Cellou Dalein Diallo reconnaît sa défaite.

Président de la République de Guinée

Alpha Condé est investi président de la République le 21 décembre 2010 à Conakry, en présence de 13 chefs d'État africains et de délégations gouvernementales d'autres continents. Il promet « une ère nouvelle » et annonce son intention de devenir « le Mandela de la Guinée » en unifiant et développant son pays[13]. Trois jours après son investiture, il nomme l'économiste Mohamed Saïd Fofana au poste de Premier ministre[14].

Le 19 juillet 2011, des militaires attaquent sa résidence privée de Conakry, dont une partie est soufflée par une roquette[15]. Alpha Condé s'en sort indemne, mais un membre de la garde présidentielle est tué[15].

Quelques jours plus tard, le 28 juillet, l'ONG Reporters sans frontières publie un rapport dans lequel elle demande à Alpha Condé « d'affirmer publiquement son attachement à la liberté de la presse et au respect du pluralisme des médias », tandis que la France l'appelle à ne pas entraver la liberté de la presse et à organiser des élections législatives dans les meilleurs délais[16].

Publications

Alpha Condé est l’auteur de plusieurs ouvrages et publications. En juin 2010, il publie un livre d’entretiens en collaboration avec Jean Bothorel[17] « Un africain engagé : ce que je veux pour la Guinée » aux éditions Picollec. Il y raconte son parcours politique et ses ambitions pour la Guinée en tant que candidat à la magistrature suprême pour le premier scrutin présidentiel, réellement démocratique, de l’histoire de son pays. Avant cela, Alpha Condé avait déjà publié un ouvrage politique intitulé : « Guinée, Albanie d'Afrique ou néo-colonie américaine » (éditions Gît-le-cœur, 1972) ou il présentait sa vision de l’histoire politique et économique de son pays. Il s’est assez jeune initié à l’écriture politique en participant au journal « l’Etudiant Guinéen » avant d’écrire pour d’autres journaux et des ouvrages universitaires. Il poursuit à travers différentes publications, tant des brochures : (« Quel avenir pour la Guinée », en mai 1984, « Propositions pour la Guinée » en décembre 1984, « Pour que l’espoir ne meure » en août 1985, « Où allons-nous », « Trois ans après », et « Le poisson pourrit par la tête ») que des journaux (« Le Patriote » créé en janvier 1985 et interdit trois mois après) ; « Segueti » et « Malanyi ».

  • « Un africain engagé : ce que je veux pour la Guinée » (éditions Picollec 2010)
  • « Guinée, Albanie d'Afrique ou néo-colonie américaine » (éditions Gît-le-cœur, 1972)
  • « Pour que l’espoir ne meure » août 1985
  • « Quel avenir pour la Guinée », mai 1984
  • « Où allons-nous »,
  • « Trois ans après »,
  • « Le poisson pourrit par la tête »,

Notes et références

Annexe

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