Osmanly

Osmanly

Empire ottoman

دولتِ عَليه عُثمانيه
Devlet-i Âliye-i Osmâniyye


1299 — 1922

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Drapeau Armoiries

Devise :
دولت ابد مدت
Devlet-i Ebed-müddet

(« L'empire éternel »)

Carte de l'Empire ottoman en 1683
Carte de l'Empire ottoman en 1683

Informations générales
 Statut Sultanat
 Capitale Söğüt (1299-1326)
Bursa (1326-1365)
Edirne (1365-1453)
İstanbul (1453-1922)
 Langue(s) Turc ottoman
 Religion(s) {{{religion}}}
 PIB {{{pib}}}
 PIB/hab. {{{pib hab}}}
 Monnaie Akçe, kuruş, livre
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 Dom. internet {{{domaine internet}}}
 Ind. tél. {{{indicatif téléphonique}}}
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Population
~ 35 000 000 hab. au maximum
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Superficie
~ 5 500 000 km² (1680)
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Histoire et événements
 1299 Conquête de Bilecik
 17 novembre 1922 Partition
 24 juillet 1923 Création de la Turquie
 3 mars 1924 Abolition du califat
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Pouvoir exécutif
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Pouvoir législatif
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Entités précédentes Entité suivante
Seldjoukides Seldjoukides
Empire byzantin Empire byzantin
Turquie Turquie
Histoire de la Turquie
Armoiries de la république de Turquie
Turquie pré-ottomane
jusqu'au XIIIe siècle
Asie mineure et Thrace
Époque hellénistique
jusqu'en 189 av. J.-C.
Période romaine 189 av. J.-C.1453
Seldjoukides Xe siècleXIIIe siècle
Sultanat de Rûm 10601327
Époque des beylicats XIIIe siècle
Armoiries ottomanes
Empire ottoman (1299–1923)
Naissance 12991453
Croissance 14531683
Stagnation 16831827
Déclin 18281908
Dissolution 19081922
Drapeau de Turquie
République de Turquie (1919 – Présent)
Guerre d'indépendance 19191923
Période de l'unipartisme 19231945
Période du multipartisme 1945 – Présent

L’Empire ottoman (Osmanlı İmparatorluğu en turc moderne), est un empire multiethnique, qui a existé de 1299 à 1922 (soit 623 ans). Il a laissé la place, entre autres, à la République de Turquie. Fondé par un clan turcique oghouze en Anatolie occidentale, l'Empire ottoman s'étendait au faîte de sa puissance sur trois continents : toute l'Anatolie, le haut-plateau arménien, les Balkans, le pourtour de la mer Noire, la Syrie, la Palestine, la Mésopotamie, la péninsule arabique et l'Afrique du Nord (à l'exception du Maroc).

Sommaire

Histoire

Fondation

L'Empire ottoman est fondé par une famille issue des Kayi, l'une des vingt-quatre tribus turciques oghouzes qui avaient conquis l'Anatolie au XIe siècle, au détriment de l'Empire byzantin. Pendant que le premier sultanat turc des Seldjoukides se décompose, cette tribu monte en puissance sous le règne d'Osman Ier (Othmane, عُثْمان en arabe, qui fait Osmanlı en turc, et Ottoman en français d'alors). En 1299, Osman Ier conquiert la ville byzantine de Mocadène, aujourd'hui Bilecik. Cette date marque le début de l'Empire ottoman et le début de la constitution de la première véritable armée ottomane. Jusqu'à sa mort en 1326, Osman Ier conquiert plusieurs autres villes et places fortes byzantines, ainsi que certaines principautés turques voisines.

Ses successeurs continuent sa politique d'expansion. L'Empire ottoman conquiert Gallipoli, son premier territoire européen, en 1347, puis s'étend à travers les Balkans. En 1389, la victoire décisive à la bataille du champ des Merles en Serbie, dans l'actuel Kosovo, marque la fin de l'existence des royaumes serbes. La Serbie est définitivement annexée par les Ottomans après la chute de Smederevo, en 1459. En 1453, commandées par le sultan Mehmet II, les armées ottomanes provoquent la chute de Constantinople et mettent fin à l'Empire byzantin, établissant ainsi sa domination sur la partie à majorité chrétienne de la Méditerranée orientale. Les Ottomans appellent les populations chrétiennes Roumis, en référence à leur origine issue de l'Empire romain d'orient. L'Empire établit ensuite progressivement sa souveraineté sur toute la partie à majorité musulmane du monde méditerranéen. Les communautés sont organisées selon le système des millet.

Les sultans ottomans voient leur titulaire s'enrichir au XVe siècle du vieux titre turc de khan, puis de celui de calife au XVIe siècle, c'est-à-dire successeur de Mahomet et chef de l’oumma, la communauté musulmane. Le contrôle qu'ils exercent sur leurs terres est variable ; les provinces lointaines de Tunis et d'Alger ou le khanat de Crimée jouissent d'une large autonomie. Certains États à majorité chrétienne, comme les anciennes principautés roumaines de Valachie, Moldavie et pour un temps la Transylvanie, payent au sultan un tribut aux XVe siècle-XVIe siècle, mais ne deviennent pas pour autant provinces ottomanes, comme le montrent par erreur la plupart des ouvrages occidentaux. Enfin en Afrique, l'Égypte et son khédive, théoriquement soumis au sultan ottoman, mènent en fait une politique indépendante, allant parfois jusqu'à lui faire la guerre.

L'Empire ottoman est organisé selon le système des milliyet. Les populations chrétiennes des Balkans, de l'Anatolie, de Syrie et d'Égypte fournissent à l'Empire (le plus souvent par la conscription forcée des jeunes garçons) son principal corps militaire, celui des janissaires (mot dérivé du turc yeniçeri « nouveau soldat »), institué au XIVe siècle par le sultan Orhan. De nombreux chrétiens pauvres (Slaves, Grecs, Arméniens, etc.) se convertissent à l'islam pour ne plus payer le haraç, la capitation dont les non-musulmans doivent s'acquiter. Ils deviennent Ottomans mais revendiquent une ascendance européenne que n'ont pas les turcophones d'Asie centrale.

Apogée

En 1517, Sélim Ier conquiert l'Égypte et met fin au sultanat mamelouk. Le calife abbasside Al-Mutawakkil III est emmené à Istanbul comme otage, et aurait cédé son titre de Commandeur des croyants (Emir al-mumimin). Sélim revendique alors une primauté honorifique dans l'islam et prend le titre de calife, ou « successeur du Prophète ». Moins d’un siècle après avoir mis fin à l’Empire byzantin moribond, les Turcs ottomans prennent la succession de la dynastie arabe des Abbassides.

Soliman le Magnifique.

Au XVIe siècle, sous le règne de Soliman le Magnifique, les armées ottomanes parviennent jusqu'à Vienne en 1529 et 1532, dont elles font le siège en vain. Cette avancée marque la limite de l’expansion de l'Empire en Occident (comme Aden en fixera la limite au sud).

De 1533 à 1536, l'Empire ajoute l’est de l’Anatolie, l’Azerbaïdjan et le Yémen. Les corsaires turcs installés à Alger prennent Tunis aux Hafsides en son nom en 1534, puis la perdent face aux troupes de Charles Quint. Le pacha turc de Tripoli prend Kairouan en 1557 et Tunis est reconquise, définitivement cette fois, en 1569.

L'Empire crée une flotte militaire, tente de s'imposer en Méditerranée au détriment des cités italiennes et y parvient un moment. La défaite navale de Lépante en 1571, devant les flottes espagnole et vénitienne, met fin à sa suprématie. Réorganisée par Sokullu Mehmed pacha, la flotte ottomane restera certes ensuite une puissance importante, et les possessions vénitiennes (Chypre et des îles en mer Égée) rejoindront progressivement l'Empire mais une partie toujours plus importante du commerce méditerranéen était sous le contrôle de Venise, de Gênes, du Portugal et de l'Espagne[1].

L'Empire trouve sa place dans le jeu diplomatique européen où il est un allié traditionnel de la France, dans une alliance de revers contre les Habsbourgs, dès le règne de François Ier.

Déclin

L'Empire décline lentement à partir du XVIIIe siècle, ne parvenant pas à suivre la croissance rapide des pays européens. L'échec de l'ultime siège de Vienne, en 1683, est une défaite désastreuse pour les Ottomans, souvent considérée comme le début du déclin effectif, déclin marqué par les premières pertes territoriales.

Un empire stagnant

La mort de Soliman le Magnifique en 1566 marque le début d'une ère de stagnation de l'Empire ottoman. Les nations d'Europe se sont armées avec de puissantes marines. Le commerce vers les Indes par les terres diminue avec l'évolution des Empires coloniaux d'Amérique. Pourtant, dans cette période d'instabilité, l'Empire ottoman se sent encore la force d'assiéger la ville de Vienne, capitale des Habsbourg d'Autriche, en 1683. Cela marquera la fin des ambitions et expansions territoriales des Ottomans. Le but des Européens à l'époque est sans conteste de faire plier l'Empire ottoman face à leur pouvoir économique. Ils ont besoin de nombreuses ressources et de produits exotiques qui ne peuvent arriver que par les voies commerciales ottomanes. Pour développer son pays face à ses ambitions, Sokullu Mehmed pacha, Grand Vizir de Selim II, commence un projet de canal à Suez et entre la Volga et le Don. Cela n'aboutira pas. Dans l'Europe du Sud, une coalition d'états compte alors vaincre l'Empire ottoman sur les mers, puisqu'elle ne le peut sur les terres. À Lépante, envoyé par le Roi Philippe II d'Espagne, une flotte coalisée (États Pontificaux, Venise et Espagne) affronte la grande flotte turque, réputée invincible. En 1571, Lépante voit la destruction de plus de 250 galères turques. Ainsi, le Grand Vizir ottoman dira à un ministre vénitien durant des négociations : « En vous prenant Chypre, nous vous avons coupé un bras. En envoyant par le fond notre flotte, vous nous avez coupé la barbe. » En 1573, la flotte ottomane reconstituée pousse les Vénitiens à la paix. Cela permet au sultan de tourner ses ambitions sur l'Afrique du Nord. Les frontières ottomanes ne changent guère entre 1566 et 1683. Les guerres finissent sur des statu quo et les victoires de Soliman le Magnifique apparaissent un glorieux passé. Les Séfévides de Perse repoussent les assauts turcs, tandis que Vienne se montre de plus en plus agressive pour la possession des Balkans.

Sur les champs de bataille, les Ottomans ont peu changé. De grandes armées, des janissaires d'élite, et toujours des légions de soldats armés d'arquebuse ou de fusils. La Longue Guerre contre l'Autriche (1593-1606), a demandé de grandes ressources humaines aux Ottomans. Leur population forte de trente millions d'habitants va leur permettre de soutenir de vastes efforts de guerre.

Le temps des troubles

En 1648 et 1656, une période se démarque alors : le Sultanat des Femmes. En fait, la plupart des Sultans de cette période ont peu de pouvoir. Le harem impérial, dirigé par la mère du Sultan, dirige en fait le pouvoir politique. La première aurait été Nurbanu, véritable maîtresse de l'Empire dans les années 1530. Le Vénitien Baylo Andrea Giritti décrit la « Femme Sultan » Hürrem Sultan (Roxelane) comme une femme au pouvoir extraordinaire et dotée d'une force de caractère rare. Lors de la succession d'Ibrahim Ier (1640-1648), le harem impérial est le théâtre d'un conflit généralisé entre certaines concubines et la mère de Mehmed IV, le successeur d'Ibrahim. Finalement, le temps des femmes sultans se termine avec le meurtre de Turhan Hatice, en 1651, commandité par Kösen Sultan, sa sœur dite « de rang ».

Une petite renaissance

Carte des conquêtes de l'Empire ottoman jusqu'en 1683.

Finalement, cette période voit la naissance d'un contre pouvoir, celui des Grands Vizirs, avec les élections comme Grands Vizirs des membres de la famille Köprülü. Entre 1656 et 1703, ils entament une restructuration de l'Empire et de sa grandeur. Mehmed Pacha Köprülü commence par réformer l'armée. Ensuite, son fils, et successeur, supprime le pouvoir des « femmes sultans ». Le vizirat Köprülü a profité de la baisse du pouvoir des sultans pour mener à bien leur désir de pouvoir et de gloire. C'est surtout au niveau militaire qu'ils réussissent à redorer le blason terni des Ottomans. Leur pouvoir est restauré en Transylvanie, la Crète est complètement conquise en 1669, la Podolie est prise aux Polonais en 1676. Cette période de conflit continu est prolongée avec le vizirat de Kara Mustafa (toujours un Köprülü, mais adopté par la famille) qui déclenche une guerre avec les Autrichiens en ne renouvelant pas la paix de Vasvár conclue en 1664. Il assiège Vienne en 1683. Finalement, le roi Jean III Sobieski de Pologne bat les Turcs. Le pouvoir des Köprülü est alors presque tombé avec l'assassinat de Kara Mustafa par ses janissaires. L'alliance chrétienne de la Sainte Ligue finit par vaincre les Turcs et à leur imposer le Traité de Karlowitz en 1699. Pour la première fois, l'Empire Ottoman perd des territoires dont la Hongrie, qu'il avait repris, ainsi que la Banat. Économiquement ruiné, militairement asphyxié par ses ennemis, il s'enfonce dans une période de stagnation.

Seuls deux sultans auront su marquer leur temps par leur propre pouvoir : Murad IV (1612-1640) qui reprend Erevan en 1635 et Bagdad en 1639, au grand dam des Séfévides, et Mustafa II (1695-1703), qui mena les Ottomans dans la guerre contre les Habsbourgs pour finalement être vaincu à la Bataille de la Zenta (11 septembre 1697).

La véritable stagnation (1697-1730)

Le sultan Ahmed III.

Durant cette période de stagnation, une partie des territoires ottomans en Europe, dans les Balkans plus précisément, est cédée à l'Autriche. Dans la période qui commence alors, des territoires comme l'Algérie ou l'Égypte deviennent de plus en plus indépendants vis à vis du Sofa d'Istanbul. Certains finiront par tomber sous l'influence de puissances européennes comme la France ou les Britanniques. Des séries de guerres au nord de l'Empire, en particulier en Ukraine actuelle, contre la Russie impériale, font reculer le pouvoir ottoman dans la seule péninsule de Crimée pour finalement quitter la région sous le règne de Catherine II de Russie en 1782. Cette longue période se caractérise par une tentative, de la part des Sultans et des Vizirs, de réformer leur Empire en déliquescence. Alors que l'éducation, les techniques et les universités ottomanes étaient admirées sur la fin du Moyen-âge, la Renaissance européenne a éclipsé ces dernières. À l'inverse, de grandes forces vives, aussi bien intellectuelles que financières, sont venues renforcer la Grande Porte. On peut ainsi citer les migrations et installations des juifs, fuyant l'Espagne répressive de l'Inquisition, dans les territoires ottomans.

L'Ère des Tulipes (Lâle Devri en turc), ainsi nommée en hommage à l'amour que portait le sultan Ahmet III à la plante, semble une sorte de retour de l'Empire Ottoman sur le devant des scènes européennes, aussi bien économiques que politiques. Alors qu'une guerre contre Venise vient d'être à nouveau perdue en 1718, et que l'Empire s'est vu humilié au traité de Passarowitz la même année, Ahmet III tente de nouvelles réformes envers le peuple : les taxes sont moins fortes, l'image de l'Empire est redorée, et des entreprises, semblables aux manufactures européennes, sont créées. Cette période finit pourtant avec la mort d'Ahmet III.

La naissance de l'« homme malade » de l'Europe

En 1730, un Janissaire d'origine albanaise, Patrona Halil, fomente un complot contre le sultan Ahmet III. Ce dernier n'avait pas suivi les propositions de réformes proposées par Halil. Face à cela, Patrona Halil et d'autres janissaires proclame Mahmud Ier sultan. Ahmet III aura eu le temps de faire exécuter Halil mais doit quitter le pouvoir après cette insurrection.

Un autre problème s'installe, en 1731, sur la situation déjà mauvaise de l'Empire Ottoman, celui du Caucase. Les Russes puis les Perses, en viennent la réclamer la suzeraineté. D'un côté, les Russes se disent légitimes de ces territoires car habités par d'anciens Cosaques ; de l'autre, les Perses les réclament car ayant autrefois été sous leur domination. En effet, estimant que la plus grande population cosaque habitant en Russie, il paraît normal pour l'Empire russe de les réunir. Ces Circassiens (autre nom pour les habitants du nord du Caucase), seraient en fait d'anciens cosaques immigrés d'Ukraine. Cette politique de l'ethnicité ne plait pas à la Sublime Porte, qui ne conçoit pas sa politique ainsi. Face à cela, les Russes menacent l'Empire Ottoman et finalement, engagent une nouvelle guerre russo-turque qui durera de 1735 à 1739. Les Russes marchent sur la Crimée et les principautés danubiennes (Valachie et Moldavie). Durant cette guerre, le commandant russe Von Münnich écrase les Tatars vassaux des ottomans puis passe le Dniestr. Il conquiert aussi la Bessarabie. La Russie n'a jamais autant contrôlé de terres autrefois ottomanes.

Profitant de la situation d'empêtrement militaire des Ottomans, le nouveau shah de Perse, Nâdir Shâh, s'attaque à la Sublime Porte. Il ménage finalement le sultan en conquérant des villes précieuses ou des provinces importantes (Bagdad ou l'Arménie) puis les échangent contre celles qui lui semblent plus intéressantes. Nâdir Shâh n'hésite pas à conquérir Bagdad et à la rendre aux Ottomans en échange de l'Arménie et de la Géorgie. En 1735, il signe un traité avec les Russes, qui, parmi d'autres termes, met fin à sa guerre contre les Ottomans.

La puissance des Janissaires

Soldats janissaires. Les janissaires, à l'instar de la Garde prétorienne de la Rome antique, vont imposer leur politique aux sultans sur la fin du XVIIIe siècle.

Des règnes vont s'avérer responsables de la décadence de l'Empire au XVIIIème siècle. Celui de Mustafa III est de ceux-là. Lorsque son vizir, Ragihb Pasha, meurt en 1763, il décide de régner seul. Il n'est pas un bon politicien et n'arrive pas à se lier à de bons conseillers ou commandants militaires. Face à cela, les janissaires arrivent à s'imposer et bloquent toutes réformes voulues par le sultan. Le pouvoir de ces gardes va alors ne faire que grandir. Voltaire le compara à un « gros ignorant ». Son frère, Abdülhamid Ier, ne peut empêcher l'annexion de la Crimée tatare par l'Empire russe de Catherine II en 1782. Désormais, la mer Noire n'est plus sous le contrôle total des Ottomans. Dans cette série des règnes destructeurs pour l'Empire, celui de Sélim III, successeur du précédent, s'illustre par l'apogée du pouvoir des janissaires qui, n'acceptant pas ses idéaux réformateurs, se révoltent et l'assassinent en 1807.

Tentative de modernisation

Au XIXe siècle, l'Empire — surnommé « l'homme malade de l'Europe » par la Russie — diminue territorialement, mais entame un processus de modernisation afin de retrouver sa puissance et sa prospérité d'antan. Cette période débute en 1808 avec la charte de l'Union (Sened-i Ittifak) signée entre le sultan et les chefs féodaux et qui confirme le pouvoir de ces derniers face à l'administration centrale. Vient ensuite l’édit de Tanzimat (Tanzimat Fermani) en 1839 où l'administration centrale annonce des mesures législatives dans le but de moderniser l'empire. Durant cette période, des pays européens tels que la France et le Royaume-Uni ont beaucoup influencé l'Empire ottoman. Une autre réforme entreprise à cette époque est l'abolition de l'esclavage en 1847. Cette période de réformes qui est appelée « Tanzimat » se poursuit par la Ire Constitution monarchique du 23 novembre 1876.

Carte postale de 1895 saluant la Constitution ottomane du 23 décembre 1876, figurant le sultan Abdul-Hamid, les différentes communautés de l'empire et la Nation Ottomane se relevant de ses chaînes

En 1830, la Grèce, soutenue par les puissances occidentales, obtient son indépendance. Le gouverneur de l'Égypte, Méhémet Ali, se comporte comme un souverain indépendant et obtient que son fils lui succède, ce qui constitue un précédent. La France envahit l'Algérie. L'Empire ne fait face à l'expansion de la Russie que parce que le Royaume-Uni et la France le protègent, notamment au cours de la guerre de Crimée. Mais ces « défenseurs » d'un jour deviendront les envahisseurs du lendemain.

Au tournant du siècle, l'Empire finit de perdre les Balkans, sauf un petit territoire en Thrace orientale où se situe sa capitale.

Dissolution

Dissolution de fait

Article connexe : Génocide arménien.

En 1913, la défaite de la seconde guerre balkanique amène les Jeunes-Turcs (Parti Union et Progrès) au pouvoir.

En 1915, le noyau du parti organise, sous le commandement du ministre de l'Intérieur Talaat Pacha, une politique de déportation et de massacre contre les Arméniens ottomans, politique appelée génocide arménien, faisant entre 800 000 et 1 500 000 morts selon la majorité des historiens, et 300 000 victimes selon l'État turc actuel, qui refuse le terme « génocide » et préfère plutôt parler de massacres (Talaat Pacha et les autres responsables ont pourtant été condamnés par la justice ottomane à l'époque). En fait, certains considèrent qu'il s'agit du premier génocide du XXe siècle : les deux tiers de la population arménienne de l'Empire ottoman furent exterminés sans que les puissances occidentales n'interviennent.

La Première Guerre mondiale achèvera son démembrement car l'Empire ottoman, allié aux Austro-Hongrois et aux Allemands, se trouve dans le camp des vaincus; les territoires arabes qu'il contrôle (Syrie, Palestine, Liban, Irak, Arabie) sont placés par décision de la Société des Nations sous « mandat » britannique et français (voir accord Sykes-Picot), le Caucase est perdu.

Dissolution de droit

En 1922, le maréchal Mustafa Kemal Atatürk abolit l'Empire ottoman et fonde en 1923 sur le territoire restant, l'Anatolie et la Thrace orientale, la Turquie moderne ou la République de Turquie, État successeur de l'Empire ottoman. En 1924, il met fin au califat, dernière trace des institutions impériales.

Blason de l'Empire ottoman.

Organisation

Article détaillé : Organisation de l'Empire ottoman.

Provinces

Article détaillé : Provinces de l'Empire ottoman.

Culture

Article détaillé : Culture de l'Empire ottoman.

Notes et références

  1. Louis Gardet, Les Hommes de l'Islam: approche des mentalités, Editions Complexe, 1999, 445 p. (ISBN 2870271298), p. 287 

Annexes

Articles connexes

Liens externes

Bibliographie

Ouvrages généraux
  • Empire ottoman, Yves Ternon (historien des génocides), éditions du Félin.
  • Histoire de la Turquie, Ibrahim Tabet, L'A.
  • Halil Inalcik et Donald Quataert, An economic and social history of the Ottoman empire: 1300-1914, Cambridge, Cambridge University Press, 1994
  • Dimitri Kitsikis, L'Empire ottoman, Presses universitaires de France, 3e éd.,1994
  • Robert Mantran (dir.), Histoire de l'empire ottoman, éd. Fayard, 1989
  • Jean-Paul Roux, Histoire des Turcs, éd. Fayard, 2000
  • Stanford Jay Shaw, History of the Ottoman Empire and Modern Turkey, deux volumes, Cambridge University Press, 1976-1977. Le premier volume a été traduit en français : Histoire de l'Empire ottoman et de la Turquie, Horvath, 1983
  • Id., Studies in Ottoman and Turkish History: A Life with the Ottomans, Istanbul, Isis Press, 2000
Monographies
  • Paul Dumont et François Georgeon, Vivre ensemble dans l’Empire ottoman. Sociabilités et relations intercommunautaires. XVIIIe ‑ XIXe siècles, éd. L'Harmattan 1997
  • Edward J. Erickson (lieutenant-colonel), The Sultan's Army: A History of the Ottoman Military, 1300-1923, Londres, Routledge, 2006
  • Daniel Goffman, The Ottoman empire and early modern Europe, Cambridge University Press, 2002
  • Bernard Lewis, Istanbul et la civilisation ottomane, éd. Jean-Claude Lattès, 1990
  • Nicolas Vatin et Gilles Veinstein, Le Sérail ébranlé. Essai sur les morts, dépositions et avènements des sultans ottomans (XIVe- XIX e{{{5}}} siècles), éd. Fayard, 2003
  • Nicolas Vatin et Gilles Veinstein (dir.), Insularités ottomanes, Maisonneuve et Larose / Institut français d’études anatoliennes, 2004
  • Robert Mantran, Histoire d'Istanbul, éd. Fayard, 1996
  • Gilles Veinstein, Les Ottomans et la mort. Permanences & mutations, Brill, Leyde, 1996
XVe au XVIIIe siècle
  • M. Berindei et Gilles Veinstein, L’Empire ottoman et les Pays roumains. 1544-1545, Éditions de l’École des hautes études en sciences sociales / Harvard Ukrainian Research Institute, Paris-Cambridge, 1987
  • André Clot, Mehmed II le conquérant de Byzance, éd. Perrin, 1990
  • Halil Inalcik, The Ottoman Empire. The Classical Age: 1300-1600, Londres, éd. Weldenfeld and Nicolson, 1973
  • Steven Runciman, La Chute de Constantinople, éd. Tallandier, coll. « Texto », 2007
  • Gilles Veinstein, État et société dans l'Empire ottoman. La terre, la guerre, les communautés, Londres, éd. Variorum, 1994
  • Id., Mehmed efendi. Le Paradis des Infidèles. Un ambassadeur ottoman en France sous la Régence, éd. François Maspero, 1981, rééd. La Découverte, 2004
  • Gilles Veinstein (dir.), Soliman le Magnifique et son temps. Actes des Xe rencontres de l'École du Louvre, Paris, 7-10 mars 1990, La Documentation française, Paris, 1992
XIXe et XXe siècles
  • Histoire de la Turquie contemporaine, Hamit Bozarslan, la découverte.
  • Paul Dumont, Mustapha Kemal invente la Turquie moderne, éd. Complexe, 1983, nouv. éd. 1997 et 2006 (ouvrage couronné par l'Académie française)
  • Id., Du socialisme ottoman à l'internationalisme anatolien, Istanbul, éd. Isis, 1997
  • Paul Dumont et Georges Haupt, Les Mouvements socialistes dans l'empire ottoman, Gözlem-Istanbul, 1977
  • Edward J. Erickson, Defeat in Detail, The Ottoman Army in the Balkans, 1912-1913, Westport, Connecticut, Praeger Publishers, 2003
  • François Georgeon, Abdülhamid II, le sultan calife, éd. Fayard, 2003
  • Nora Lafi, Une ville du Maghreb entre ancien régime et réformes ottomanes. Genèse des institutions municipales à Tripoli de Barbarie (1795–1911), Paris: L'Harmattan, 2002, 305 pp.
  • Nora Lafi (dir.), Municipalités méditerranéennes. Les réformes municipales ottomanes au miroir d'une histoire comparée, Berlin: K. Schwarz, 2005.
  • Bernard Lewis, Islam et laïcité. Histoire de la Turquie moderne, éd. Flammarion, 1988
  • Justin McCarthy, Muslims and Minority. The Population of Ottoman Anatolia and the End of Empire, New York University Press, 1983
  • Id., Death and Exile: The Ethnic Cleansing of Ottoman Muslims, 1821-1922, Darwin Press, 1996
  • Justin McCarthy et alii, The Armenian Rebellion at Van, University of Utah Press, 2006
  • Odile Moreau, L'Empire ottoman à l'âge des réformes, Institut français d'études anatoliennes / éd. Maisonneuve et Larose, 2007 (ouvrage issu d'une thèse de doctorat en histoire)
  • Gilles Veinstein, Salonique, 1850-1918. La « ville des Juifs » et le réveil des Balkans, éd. Autrement, 1992
  • Erik-Jan Zürcher, The Unionist Factor. The Role of the Committee of Union and Progress in the Turkish National Movement (1905-1926), 1984
  • Erik-Jan Zürcher, Turkey. A Modern History, Londres-New York, I. B. Tauris, 2004 [L'empire ottoman de 1780 à 1923]
Articles
  • Olivier Abel, « Le conflit des mémoires. Débris ottomans et Turquie contemporaine », Esprit, janvier 2001
  • André Ducellier, « La conquête de Byzance par les Turcs », L'Histoire, n° 35, juin 1981, pp. 39-46
  • Henry Laurens, « Comment l’Empire ottoman fut dépecé », Le Monde diplomatique, avril 2003
  • V. Monteil, « Les Janissaires », L'Histoire, n° 8, janvier 1979, pp. 22-30
  • Gilles Veinstein, « Retour sur la question de la tolérance ottomane au XVIe siècle », in Bartolomé Bennassar et R. Sauzet (dir.), Chrétiens et musulmans à la Renaissance. Actes du 37e colloque international du CESR, éd. Honoré Champion, 1998, pp. 415-426.
  • Id., « Charles Quint et Soliman le Magnifique : le grand défi », in Carlos V. Europeismo y Universalidad. Los escnerarios del Imperio, III, Sociedad Estatal para la Conmemoración de los Centenarios de Felipe II y Carlo V, Madrid, 2001, pp. 519-529
  • Id., « Pauvres et riches sous le regard du sultan ottoman », in J.-P. Pascual (dir.), Pauvreté et richesse dans le monde musulman méditerranéen, Maisonneuve et Larose, 2003, pp. 199-216
  • Id., « De Soliman à Atatürk, les Turcs regardent vers l’Europe » , entretien, L'Histoire, n° 273, février 2003, pp. 16-17.
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