Centre (politique)

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Centrisme

Le terme centrisme est utilisé pour désigner les courants se situant à mi-chemin entre la droite et la gauche, qui se veulent un juste milieu entre le conservatisme et le progressisme.

Sommaire

En Belgique

Les partis démocrates chrétiens (Centre démocrate humaniste et Christen-Democratisch en Vlaams) sont généralement considérés comme centristes, car ils se situent au centre de l'échiquier politique, entre les courants libéral et socialiste. Ce sont des défenseurs assidus de l'économie sociale de marché.

Les divergences entre ces deux partis sont clairement apparues après les élections fédérales de 2007 et l'échec de la formation d'un gouvernement Orange bleue. Ainsi, le Centre démocrate humaniste est plutôt considéré comme un parti de centre-gauche et le Christen-Democratisch en Vlaams comme centre-droit à tendance nationaliste flamande, vu son alliance avec les indépendantistes flamands de la N-VA.

En France

Le centrisme est un courant politique et philosophique possédant un comportement caractéristique, des structures propres et une culture spécifique. Ce courant peut se constituer au sein de partis de gauche ou de droite, ou bien au contraire défendre une position indépendante, au-dessus des clivages traditionnels.

En France, le centrisme peut-être regroupé au sein de trois grandes familles politiques : les modérés, démocrates et démocrates-chrétiens, les radicaux et les sociaux-démocrates et chrétiens de gauche.

Historique

Sous la Révolution

Un centre politique est apparu lors de la Révolution française. Dans l’Assemblée de 1791, la force principale (plus de 300 députés) mais inorganisée, est constituée par des députés qui sont attachés aux principes et aux conquêtes de 1789. Ils craignent la surenchère des proches du roi et ceux des révolutionnaires extrémistes.

En 1793, ils seront baptisés la « Plaine » (ou du terme plus péjoratif de « Marais » par leurs détracteurs). Ce terme vient de l'opposition entre eux et les Montagnards qui sont les révolutionnaires extrémistes et qui ont décidé de se placer en haut et à gauche de l'Assemblée (puis, lorsqu’ils prendront plus de place, en haut à gauche et à droite). C'est ainsi que naît la lutte entre la Montagne et la Plaine.

XIXe siècle

Au XIXe siècle, le centre est incarnée par les modérés qui regroupent plusieurs tendances, royalistes (orléanistes), libérales et républicaines qui s'opposent au bonapartisme, tout en refusant un retour à l'Ancien Régime ou l'avènement d'une république autoritaire comme le fût la Ire République, ou encore plus tardivement l'adhésion aux thèses socialistes.

XXe siècle

Au XXe siècle, le centre est mû par deux grandes évolutions. En premier lieu, le ralliement définitif de la droite orléaniste à la République qui positionnera la démocratie-chrétienne au centre de l'échiquier politique, d'autant qu'elle est rapidement concurrencée à sa droite par l'émergence de forces plus conservatrices ou héritières de la tradition bonapartiste (gaullistes). En second lieu, la modération d'une partie des socialistes abandonnant les références au marxisme et assumant leur adhésion à une économie sociale de marché.

Familles et formations politiques centristes

Modérés, démocrates et démocrates-chrétiens

Les modérés, démocrates et démocrates-chrétiens constituent la principale famille politique du centre en France.

Issus des traditions orléaniste et libérales de la droite française, les modérés, démocrates et démocrates-chrétiens se sont principalement structurés en partis politique après la Libération.

Le Mouvement républicain populaire (MRP), sous la IVe République, puis l'Union pour la démocratie française (UDF), sous la Ve, constituent les deux forces politiques majeures qui les ont rassemblé. La Ve République et l'élection au suffrage universel direct du président de la République instituée en 1962 rendront plus difficiles les succès électoraux des formations centristes.

L'UDF (créée en 1978) réussit cependant à se constituer comme une force politique de gouvernement grâce à la légitimité de son fondateur, Valéry Giscard d'Estaing, qui a démontré par son élection en 1974 à la présidence de la République, que cette fonction n'était pas uniquement dévolue aux héritiers du Général de Gaulle ou au leader des forces de gauche. Cependant, après l'échec de Valéry Giscard d'Estaing à l' élection présidentielle de 1981, l'UDF ne peut maintenir son influence qu'en s'alliant avec les forces de droite, disputant au Rassemblement pour la République néogaulliste le leadership sur l'électorat « conservateur ». Une partie de l'UDF, pour l'essentiel des membres du Centre des démocrates sociaux, prennent néanmoins part au gouvernement d'ouverture mené par Michel Rocard de 1988 à 1991. Un groupe distinct (Union du centre) de l'UDF est constitué à l'Assemblée nationale.
A partir du milieu des années 90, l'UDF connaît plusieurs scissions voyant les libéraux la quitter en 1998, puis une majorité de ses cadres et de nombreux militants au profit de l'UMP en 2002.

En 2007, François Bayrou, président de l'UDF, atteint 18,57% des suffrages au premier tour de l'élection présidentielle. L'UDF disparaît finalement par son intégration au sein du nouveau parti fondé par François Bayrou, le Mouvement démocrate (MoDem) qui adopte un positionnement indépendant des forces de droite et de gauche. Ses membres refusant un abandon de l'alliance avec la droite créent parallèlement le Nouveau Centre.Jean-Marie Cavada quitte le MoDem avant son congrès fondateur et crée un nouveau mouvement centriste ACDE-Avenir démocrate. En juin 2008, Jean Arthuis, qui a quitté le MoDem, crée une association nationale, Rassembler les centristes, regroupant élus et militants attachés à l'héritage politique de l'UDF.

Parti Années de création/dissolution Fondateur Président Composantes, structures associées
Alliance démocratique 1901-1940 Adolphe Carnot Adolphe Carnot, Charles Jonnart, Pierre-Etienne Flandin Gauche radicale ; Républicains de gauche
Action libérale populaire 1901-1927 Jacques Piou et Albert de Mun Jacques Piou Force politique de centre-droit dominant la droite française au début du siècle, la formation disparaît presque complètement dès 1919.
Parti démocrate populaire 1923-1942 Georges Thibout George Thibout, Auguste Champetier de Ribes Bureau d’action civique
Mouvement républicain populaire 1944-1967 Georges Bidault Maurice Schumann, Pierre-Henri Teitgen, Pierre Pflimlin, André Colin, Jean Lecanuet -
Centre démocrate 1966-1976 Jean Lecanuet Jean Lecanuet Fondateur du Centre des démocrates sociaux en 1976
Centre démocratie et progrès 1969-1976 René Pleven, Jacques Duhamel Jacques Duhamel Fondateur du Centre des démocrates sociaux en 1976
Centre des démocrates sociaux 1976-1995 Jean Lecanuet Jean Lecanuet Fondateur de l'Union pour la démocratie française en 1978 et de Force démocrate en 1995.
Union pour la démocratie française 1978-2007 Jean Lecanuet, Valéry Giscard d'Estaing François Bayrou Parti fondateur du MoDem en 2007 (sans activité réelle depuis, sa disparition définitive étant fixée à 2010).
Force démocrate 1995-1998 François Bayrou François Bayrou Fusionne en 1998 avec le PRIL et les adhérents directs de l'UDF au sein de "la nouvelle UDF".
Parti populaire pour la démocratie française 1995-2002 Hervé de Charette Hervé de Charette Composante de l'UDF, le parti prend la forme d'un club lorsque ses membres rejoignent l'UMP en 2002.
Parti chrétien-démocrate 2001 Christine Boutin Christine Boutin Parti associé à l'UMP depuis 2002. De sa fondation au 20 juin 2009, il portait le nom de Forum des républicains sociaux.
Nouveau Centre 2007 Hervé Morin Hervé Morin Fetia Api
Mouvement démocrate 2007 François Bayrou François Bayrou UDF ; Cap 21
ACDE-Avenir démocrate 2008 Jean-Marie Cavada Jean-Marie Cavada -
Alliance centriste 2009
(2008 pour RC)
Jean Arthuis Jean Arthuis Fondée en juin 2008 sous la forme de l'association Rassembler les centristes (RC), qui s'est transformée en parti politique le 27 juin 2009.

En gras, partis encore en activité.

Personnalités incarnant cette famille

Radicaux

Le radicalisme est l'une des plus anciennes familles politiques qui se soit structurée en France. Partisan d'une république laïque et sociale, ils sont issus de l'extrême-gauche du XIXe siècle.

Fondé en 1901, avant même la loi autorisant la création d'associations et de partis politiques, le Parti républicain, radical et radical-socialiste évoluera progressivement vers un positionnement central sur l'échiquier politique. Cela est très certainement dû à son rôle de parti pivot sous la IIIe République, et à la structuration de deux familles concurrentes à gauche : les socialistes et les communistes. Sous la Ve République, le parti perd l'essentiel de son influence électorale et rassemble des hommes politiques attachés aux valeurs radicales, mais prônant pour les uns une alliance avec les autres forces de gauche, pour les autres une alliance avec les centristes issus du MRP et les Républicains indépendants de Giscard d'Estaing. Finalement, le parti connaît en 1971 une scission voyant la création par la tendance minoritaire du Mouvement des radicaux de gauche. En 1978, le Parti radical dit "valoisien" intègre l'Union pour la démocratie française au sein de laquelle il conserve cependant une forte autonomie. Enfin, en 2002, le parti quitte l'UDF pour s'associer avec l'UMP. Le MRG, devenu Parti radical de gauche, a quant à lui conclu dès sa création une alliance programmatique, électorale et financière durable avec le Parti socialiste tout en conservant son indépendance juridique.

Parti Année de création Fondateur Président Composantes, structures associées
Parti radical 1901 Léon Gambetta (1863), Jean-Jacques Servan-Schreiber (1971) Jean-Louis Borloo parti associé à l'UMP depuis 2002
Parti radical de gauche 1972 Maurice Faure, Robert Fabre Jean-Michel Baylet
Union des républicains radicaux 2002-2008 Emmanuel Dupuy Issue des radicaux ayant soutenus Jean-Pierre Chevènement en 2002, l'U2R soutint François Bayrou en 2007 avant de se rapprocher des Progressistes pour intégrer finalement Gauche moderne.

En gras, partis encore en activité.

Personnalités incarnant cette famille

Sociaux-démocrates, sociaux-libéraux et chrétiens sociaux

Au-delà des radicaux, le centre-gauche rassemble en France plusieurs courants issus du socialisme (sociaux-démocrates, sociaux-libéraux) et des modérés et chrétiens sociaux.

Ces courants se sont peu structurés en forces politiques homogènes. Aussi, la sociale-démocratie française s'est essentiellement exprimée au sein du Parti socialiste dont plusieurs membres se réclament. Ils ne revendiquent cependant pas un positionnement central sur l'échiquier politique, mais au contraire un ancrage à gauche qui reste aujourd'hui très majoritaire et incarné notamment par des personnalités comme Dominique Strauss-Kahn. Les chrétiens de gauche se sont quant à eux d'abord structurés dans le secteur syndical (Confédération française des travailleurs chrétiens) et des organisations de jeunesse (Jeunesse étudiante chrétienne), participant pour certains au MRP, puis au Parti socialiste, comme Jacques Delors. De nombreuses personnalités socialistes protestantes (ou issus de familles protestantes), comme Michel Rocard, ont incarné au sein de la « Deuxième gauche » un socialisme plus proche des forces du centre que de la gauche communiste. Courant plus récent, les sociaux-libéraux sont issus des sociaux-démocrates. Ils se sont progressivement structurés au sein du Parti socialiste (tout en restant extrêmement minoritaires) en revendiquant une ligne politique inspirée de la social-démocratie et du nouveau travaillisme britannique incarné par Tony Blair.

Parti Année de création / dissolution Fondateur Président Composantes, structures associées
Le Sillon 1902-1910 Marc Sangnier "Renaît" en 1912 sous la forme de la Ligue de la jeune république.
Ligue de la jeune république 1912-1957 Marc Sangnier Fondateur de l'Union de la gauche socialiste en 1957.
Union démocratique et socialiste de la Résistance 1945-1964 François Mitterrand, René Pleven François Mitterrand Se dissous dans la Convention des institutions républicaines en 1964-1965.
Union de la gauche socialiste 1957-1960 Fondateur du Parti socialiste unifié en 1960.
Convention des institutions républicaines 1964-1971 François Mitterrand François Mitterrand Fondateur du Parti socialiste au congrès d'Épinay en 1971.
Objectif socialiste 1965-1971 Robert Buron Robert Buron Créé par Robert Buron, issu du MRP, ses membres intègrent le Parti socialiste au congrès d'Épinay de 1971. La motion qu'ils y présenteront recueillera 0,5% des suffrages.
Parti socialiste unifié 1967-1989 Michel Rocard Michel Rocard Une partie importante de ses membres rejoint le Parti socialiste en 1974.
Parti de la démocratie socialiste 1970-1973 Emile Muller Emile Muller Fondateur du Mouvement démocrate-socialiste (devenu par la suite le Parti social-démocrate)
Parti socialiste 1969, 1971 François Mitterrand (1971) François Hollande Courant "Socialisme et démocratie" qui rassemble les sociaux-démocrates du PS derrière Dominique Strauss-Kahn.
Parti social-démocrate 1973-1995 Max Lejeune, Emile Muller Max Lejeune, André Santini Fondateur de l'UDF en 1978 et de Force démocrate en 1995.
Initiative européenne et sociale 2006 Marc d'Héré Marc d'Héré Fondée par d'anciens membres du PS, IES s'est alliée au Nouveau Centre aux élections législatives de 2007. Son président est devenu secrétaire général des Progressistes en septembre 2007.
Gauche moderne 2007 Jean-Marie Bockel Jean-Marie Bockel
Les Progressistes 2007 Eric Besson Eric Besson

En gras, partis encore en activité.

Personnalités incarnant cette famille

Autres formations centristes

Il est également possible de placer au centre de l'échiquier politique certains mouvements écologistes (Génération écologie, MEI d'Antoine Waechter) ou encore des partis « thématiques » comme par exemple Chasse, pêche, nature et traditions (CPNT) ou le Parti blanc qui milite en faveur de la reconnaissance du vote blanc ou encore le Parti fédéraliste.

Dans la mouvance royaliste, le Rassemblement démocrate (RD) est un petit groupe centriste regroupant le centre-gauche et droit ainsi que les gaullistes royalistes. Leur courant est la démocratie royaliste.

En Suisse

Le Parti démocrate-chrétien est un parti anciennement chrétien-conservateur qui est aujourd'hui à cheval entre le centre-droit et le centre-gauche. Le Parti chrétien-social s'étale quant à lui entre la gauche modérée et le centre-gauche.

Le centrisme chez les trotskistes

Les trotskistes utilisent le terme centrisme pour désigner un mouvement ou un parti politique oscillant entre réformisme et révolution.

Bibliographie

Idées politiques

Débats et problématiques.

  • Serge Berstein, "Le centre à la recherche de sa culture politique", pp.19-24, Vingtième siècle. revue d'histoire, octobre 1994.

En Europe

Généralité.
  • Sylvie Guillaume (dir.), Centre et centrisme en Europe au XIXe et XXe siècles : regards croisés, Bordeaux, MSH, 2006.

En France

Généralité
  • Sylvie Guillaume (dir.), Le centrisme en France aux XIXe et XXe siècles : un échec ?, Bordeaux, MSH, 181p, 2005.
  • François Roth, Les modérés dans la vie politique française 1870-1965, Nancy, PUN, 585p, 2000.
Travaux sur les partis politiques centristes
  • Jean-Claude Delbreil, Centrisme et démocratie chrétienne. Le Parti Démocrate Populaire des origines au MRP 1919-1944, Paris, Publications de la Sorbonne, 485p, 1990.
  • Rosemonde Sanson, L'Alliance républicaine et démocratique. Une formation du centre (1901-1920), Rennes, PUR, 562p, 2003.

Notes et références


Voir aussi

Articles connexes

Liens externes


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