Emile de Marcere

Emile de Marcere

Émile de Marcère

Emile de Marcère
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Parlementaire français
Naissance 16 mars 1828
Décès 26 avril 1918
Mandat Député 1871-1884
Sénateur 1884-1918
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Fin du mandat {{{fin du mandat}}}
Circonscription Nord
deuxième circonscription du Nord
Groupe parlementaire centre gauche
Opportuniste
IIIe république

Émile Louis Gustave Deshayes de Marcère est un homme politique et magistrat français, né le 16 mars 1828 à Domfront dans l'Orne et décédé le 26 avril 1918 à Messei.

Représentant en 1871, ministre, député de 1871 à 1884 et membre du Sénat, il est surtout connu pour avoir été le dernier sénateur inamovible de la IIIème République. Son action parlementaire, marquée par une vive défense des idées républicaines contre les attaques monarchistes, a contribué à affermir les institutions et à décentraliser le pouvoir, en donnant notamment plus de libertés aux conseils généraux et municipaux.

Sommaire

Biographie

Le magistrat

Fils de Louis Émile Deshayes de Marcère (1791-1828), ancien garde du corps du roi, officier au 8ème régiment d'infanterie légère, maire de Banvou (1826-1827), et de Renée Françoise de Neufville[1][2], Émile de Marcère, lauréat de la Faculté de droit de l'Université de Caen, fut d'abord attaché quelque temps au ministère de la Justice. Il entra dans la magistrature sous le Second Empire et devint substitut à Soissons le 12 novembre 1853, puis à Arras le 1er janvier 1856, procureur à Saint-Pol-sur-Ternoise en 1861, président du tribunal d'Avesnes-le-Comte, en 1863, et enfin conseiller à la Cour impériale de Douai en 1865.

Le député

Il fit son entrée en politique en 1871, en publiant au moment des élections de l'Assemblée Nationale une Lettre aux électeurs à l'occasion des élections pour la Constituante de 1871.

Élu député du Nord le 8 février 1871[3], il se rallia à l'idée républicaine et siégea au centre-gauche, groupe dont il fut l'un des fondateurs, et soutint la politique d'Adolphe Thiers. Il se montra attaché aux idées de décentralisation et au maintien des institutions républicaines, idées qu'il défendit dans une brochure intitulée La République et les conservateurs.

Entre 1871 et 1875, il prononça de nombreux discours portant notamment sur l'organisation des conseils généraux et les élections municipales. Il attaqua très habilement la disposition de prorogation des conseils municipaux dans un projet de loi dont le rapport lui avait été confié et qu'il publia à profusion, aux frais des gauches, dans les départements.

Le 27 février 1873, il réaffirma à la tribune de l'Assemblée Nationale une formelle adhésion à la République, en déclarant: "Dans un pays de démocratie et de suffrage universel, la République est seule possible".

Il vota "contre" le septennat, considéré comme une manœuvre politique visant à faciliter la venue au pouvoir du comte de Paris, "contre" la loi des maires et contribua en mai 1874 au renversement du cabinet de l'ordre moral du monarchiste Albert de Broglie.

Il vota l'Amendement Wallon sur les Lois constitutionnelles de 1875 et se retrouva ensuite membre de la commission des Trente, chargée d'élaborer les lois constitutionnelles complémentaires.

Le 20 février 1876, il est élu député du centre-gauche de la 2ème circonscription d'Avesnes (Nord)[4]. Il avait déclaré dans sa profession de foi: "Aujourd"hui, la République est fondée; il faut la garder. Tout changement serait une cause de révolutions nouvelles et successives."

Le ministre

Il entra au gouvernement présidé par Jules Dufaure le 11 mars 1876 comme sous-secrétaire d'État à l'Intérieur puis comme ministre de l'Intérieur (15 mai 1876) à la mort d'Amable Ricard, son beau-frère. Il tenta alors, malgré les difficultés venues en partie de l'entourage du Maréchal de Mac-Mahon, quelques modifications dans le personnel de l'administration départementale et évoqua souvent l'intention du gouvernement de laisser plus de liberté dans les élections et sur la nomination de certains maires.

En butte aux attaques des monarchistes pour ses idées républicaines, il dut donner avec le gouvernement dont il faisait partie sa démission en décembre 1876. Jules Simon succède à Jules Dufaure comme Président du Conseil.

Il devint alors président du parti de centre-gauche à l'Assemblée et remit en avant ses idées républicaines. En ralliant les Républicains à sa cause, de Devoucoux à Louis Blanc, il obtient la dissolution de la Chambre, suite à l'ordre du jour de défiance qui fut voté par le célèbre "Manifeste des 363" et qui demandait le 19 juin 1877 la démission du gouvernement d'Albert de Broglie formé le 17 mai "contrairement à la loi des majorités".[5]

Il parvient à se faire réélire le 14 octobre 1877 dans sa circonscription d'Avesnes (Nord)[6]. Nommé au comité directeur des gauches (comité des dix-huit), il forme, le 15 novembre 1877 une commission d'enquête parlementaire sur les agissements de l'administration née de la crise du 16 mai 1877. Devant la formation d'un nouveau gouvernement présidé par Gaétan de Rochebouët, franchement antiparlementaire, et dont les membres sont choisis en dehors de la majorité parlementaire, Marcère dépose une motion par 315 voix contre 204 dans laquelle la Chambre déclare refuser d'entrer en rapport avec lui et se décider à « ne reconnaître qu'un ministère formé selon les règles parlementaires et respectueux des droits du suffrage universel ».[7] Le maréchal de Mac-Mahon pliant devant l'attaque et acceptant de modifier sa politique, Marcère revint aux affaires le 13 décembre 1877 avec le portefeuille de l'Intérieur dans le nouveau cabinet Dufaure. Il remplaça, dès le 18 décembre, 83 préfets installés par le gouvernement d' Albert de Broglie en mai 1876 et montra un esprit très libéral pour toutes les élections en modifiant notamment le personnel des maires, dans un sens républicain. Il nomma ainsi un jeune sous-préfet, Paul Deschanel, futur président de la République. Il déclara à cette occasion qu'il irait "non jusqu'au bout de la légalité, mais jusqu'au bout de la liberté".

Il conserva son portefeuille dans le cabinet de William Henry Waddington (4 février 1879) mais dut démissionner le 3 mars 1879 suite à un scandale à la préfecture de police dévoilé par le journal La Lanterne, au sujet d'abus graves commis par la police. Il défend le même jour, à la tribune, la nécessité d'une police politique pour protéger la République de ceux qui ont encore l'espoir de la renverser: "Est-ce qu'il n'y a plus de partis adversaires de la République? Certes ces partis sont impuissants, ils le savent bien, mais vous admettrez bien avec moi qu'il est utile qu'on les surveille et qu'on sache ce qu'ils font."[8] En réalité, Marcère fait les frais de pressions exercées par Gambetta qui jugeait le gouvernement trop ressemblant à ceux de la monarchie de Juillet[9]. Il est remplacé par Charles Lepère, précédemment ministre de l'agriculture et du commerce.

Il ne cesse cependant pas ses travaux parlementaires. En février 1881, il est rapporteur en faveur du projet de rétablissement du divorce. Il appuie également les projets de loi sur les délits de presse et de colportage.

Le sénateur à vie

Réélu député le 21 août 1881[10], il dirige un temps le journal Le Soir (1882).

En 1882, il est rapporteur du projet d'organisation municipale. Puis il est élu sénateur inamovible le 28 février 1884[11], par 130 voix sur 167[12]. Il devient le président du centre-gauche à la Chambre haute et poursuit la même ligne politique qu'à l'Assemblée Nationale. Il rapporte le projet d'augmentation du nombre des conseillers généraux. Farouche défenseur des idées républicaines, il vote toutefois contre l'expulsion des princes. Le 13 février 1889, il soutient le rétablissement du scrutin d'arrondissement.

Le 12 avril 1889, il est élu le 6ème, par 187 voix, membre de la commission sénatoriale des Neuf, chargée de l'instruction et de la mise en accusation du Général Boulanger devant la Haute cour. Parallèlement, il fonde la même année un nouveau parti, "l'Union libérale" qui a pour but de moderniser le vieux centre-gauche[13].

Le 13 novembre 1897, il préside une commission extraparlementaire chargée de "rechercher les moyens propres à assurer une surveillance plus étroite des vagabonds et gens sans aveu, et à faciliter la découverte des auteurs de crimes et délits".

Comme de nombreux hommes politiques de son temps, Marcère ne reste pas étranger au monde des Affaires; il est président du Conseil d'administration des mines de Béthune et administrateur du Crédit foncier.[14]

Il est un des fondateurs du Comité antimaçonnique de Paris, qui se transforme en 1904 en Association antimaçonnique de France[15].

Il publia en 1914 un ouvrage historique, Vision d'un siècle, rassemblant ses opinions sur l'évolution politique de la France au XIXe siècle, ouvrage défendant sa vision d'une république libérale, conservatrice et favorable à la religion catholique, mais dont n'étaient pas absentes certaines dérives antimaçonniques et antisémites.

Il siégea au Sénat jusqu'à sa mort en 1918. Il était le dernier des sénateurs inamovibles. Son corps est inhumé au cimetière de Banvou, dans l'Orne.

Famille

Marié à Charlotte-Louise Simmonneau de Songois (1839-1870), il eut trois enfants: Édouard de Marcère, haut-fonctionnaire, fut sous-préfet d'Abbeville et maire de Messei pendant la Seconde Guerre Mondiale et publia plusieurs ouvrages historiques[16]; Edmond-Louis Deshayes de Marcère (1858-?), préfet de l'Yonne et de la Haute-Savoie, puis trésorier-payeur général de la Haute-Saône, receveur des finances à Paris, épousa Marie Flament dont il eut deux enfants: Yvonne-Joséphie-Marie(1860-1920), propriétaire, sans alliance, et Gabrielle, morte enfant; Renée-Émilie-Alexandrine Deshayes de Marcère (1866-1945) épousa Georges-Albert Christophle, le fils du député de l'Orne Albert Christophle[17].

Mandats électifs

Mandats nationaux

Mandat local

Fonctions ministérielles

Citations

  • "Si les Français veulent conserver et reconstituer l'héritage d'honneur et de puissance que nos pères nous ont laissé, il faut qu'ils consentent à vivre sous l'empire des institutions républicaines. Il faut que le parti conservateur se donne tout entier, sans réserve, et qu'il consente à accepter jusqu'au nom de républicain, de telle sorte qu'il ne soit plus vrai de dire qu'on fonde la République sans républicains, ce que M. Gambetta appelait naguère une impertinente théorie politique." (La République et les conservateurs)

Publications

  • A publié de manière anonyme : Politique d'un provincial, lettres d'un oncle à son neveu, Charles Douniol libraire éditeur, Paris, 1869, in 8°. Apparemment absent de la B.N.
  • Lettre aux électeurs à l'occasion des élections pour la Constituante, impr. de Vve Céret-Carpentier, Douai, 1871, 28 p.
  • La République et les conservateurs, E. Lachaud, Paris, 1871, 110 p.
  • Exécution de la loi du 4 avril 1873 relative aux tombes des militaires morts pendant la guerre de 1870-1871. Rapport présenté au président de la République par M. de Marcère, ministre secrétaire d'État au département de l'Intérieur, Imprimerie Nationale, Paris, 1878, 548 p.
  • Le Seize mai et la fin du septennat, Plon, Nourrit et Cie, Paris, 1900, XI-320 p.
  • Entretiens et souvenirs politiques...[I. 1892-1893 ; II. 1893-1894], Société des écrivains français, 2 vol. in-18, Paris, 1894.
  • L'Assemblée nationale de 1871, [I. Gouvernement de M. Thiers - II. La Présidence du maréchal de Mac-Mahon], Plon, Nourrit et Cie, Paris, 1904-1907, 2 vol., 270 p.
  • Histoire de la République, de 1876 à 1879...[1. De la fin de l'Assemblée nationale au 16 mai 1877 ; 2. Le Seize mai et la fin du septennat], Plon-Nourrit et Cie, 2 vol. in-16, Paris, 1908-1910.
  • Vision d’un siècle. Souvenirs d’un témoin, Plon, Paris, 1914, 302 p.

Références

Notes

  1. Édouard de Marcère, Les de Neufville de Banvou d'Auvilliers et du Boisguillaume, Follope, s.d., 68 p.
  2. Archives départementales de l'Orne
  3. par 204 588 voix sur 262 967 votants.
  4. par 10.202 voix sur 17.413 votants.
  5. HARDY-HEMERY, Odette, L'Envers d'une fusillade, L'Harmattan, p.44
  6. par 9 526 voix sur 18 748 votants, contre 8 945 voix à M. Bottieau.
  7. FREYCINET, Charles (de), Souvenirs 1848-1878, vol. 1, chap. XII, "Le 16 mai - La Dissolution", Delagrave, 1912.
  8. BERLIÈRE, Jean-Marc, Le Monde des polices en France, Editions complexe, p.136
  9. Guillaume Sacriste, Droit, histoire et politique en 1900. Sur quelques implications politiques de la méthode du droit constitutionnel à la fin du XIXème siècle, dans La Science juridique entre politique et sciences humaines (XIXè-XXè s.), Frédéric Audren et alii, Revue d'Histoire des Sciences Humaines, Presses Universitaires du Septentrion
  10. par 10 173 voix sur 16 007, contre 5 012 à M. Lecomte, radical.
  11. en remplacement de M. Gauthier de Rumilly, décédé.
  12. contre 7 voix à M. Leroy-Beaulieu et 18 bulletins blancs.
  13. La République en quête de Constitution, séminaire préparatoire de Sciences Politiques, 9 janvier 2006
  14. HARDY-HEMERY, Odette, L'Envers d'une fusillade, L'Harmattan, p.44
  15. http://www.19e.org/chronologie/francmaconnerie.htm
  16. Les Sociétés d'assurances mutuelles contre la mortalité du bétail et les syndicats agricoles de l'arrondissement de Domfront, H. Delesques, 1904, 21 p., La Prusse et la rive gauche du Rhin, le traité de Bâle, 1794-1795, d'après des documents inédits tirés du ministère des Affaires étrangères, F. Alcan, 1918, 244 p., La Région de Flers depuis la Révolution française, H. Delesques, Caen, 1905, 249 p., La Décentralisation. Projet de réforme de la loi municipale du 5 avril 1884, L. Larose, Paris, 1895, 135 p.
  17. Vincent Wright, Les Préfets de l'Orne, PUPS

Liens externes

Bibliographie

  • BERLIÈRE, Jean-Marc, Le Monde des polices en France, Éditions complexe.
  • FREYCINET, Charles (de), Souvenirs 1848-1878, vol. 1, chap. XII, "Le 16 mai - La Dissolution", Delagrave, 1912.
  • GARRIGUES, Jean, Léon Say et le Centre gauche 1871-1896. La grande bourgeoisie libérale dans les débuts de la Troisième République, Thèse de doctorat "nouveau régime", Université de Paris X - Nanterre, janvier 1993, 3 vol. 1253 + 80 p. d'annexes.
  • HARDY-HEMERY, Odette, L'Envers d'une fusillade, L'Harmattan.
  • PRZYBYLA, Francis, Les parlementaires du Nord et leur activité législative au début de la Troisième République (1881-1889), Thèse de doctorat, Université Charles de Gaulle - Lille III, décembre 2004, 5 vol., 1036 p.
  • PRZYBYLA, Francis, Le blé, le sucre et le charbon. Les parlementaires du Nord et leur action (1881-1889), Presses Univ. Septentrion, 2007, 448p. + dépliant
  • « Émile de Marcère », dans Adolphe Robert, Edgar Bourloton et Gaston Cougny, Dictionnaire des parlementaires français (1789-1891), XIXe siècle [détail de l’édition] (Wikisource)

Chronologie

Précédé par Émile de Marcère Suivi par
Amable Ricard
Ministre français de l'Intérieur
15 mai 1876 - 12 décembre 1876
Jules Simon
Charles Welche
Ministre français de l'Intérieur
13 décembre 1877 - 3 mars 1879
Charles Lepère

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