Histoire de l'alsace

Histoire de l'alsace

Histoire de l'Alsace

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Costume traditionnel, 1915

Cet article résume l'histoire de l'Alsace de la préhistoire à aujourd'hui.

Sommaire

Préhistoire

Les premières traces de présence humaine en Alsace sont très rares. Il s'agit surtout de restes d'ossements, de silex, de poteries.

L'Homme de Néandertal alsacien

Deux stations de grand intérêt pour la recherche en préhistoire paléolithique ont été découvertes au cours de la dernière décennie dans le Bas-Rhin. Elles sont en cours d'étude. D'ores et déjà des informations tant exceptionnelles que pertinentes en ressortent. L'Homme du Paléolithique moyen (l'Homme de Néandertal) est très présent en vallée de la Bruche (rivière) (Bas-Rhin) tant à Achenheim la station historique (aires de chasses paléolithiques du sol 74 fouillé par André Thévenin et Jean Sainty), qu'à Mutzig Felsbourg où il s'est installé à demeure sur les terrasses gréseuses du massif du Felbourg (outils, faunes, foyers, niveaux cendreux nombreux indiquant une implantation néandertalienne de durée), ou près du château du Nideck, à Nideck Kleineck, où il exploitait des roches vocaniques siliceuses (rhyolites) pour son industrie lithique (nombreux nucleus à débitage Discoïde découverts).

L’abris sous roche du Felsbourg est situé sur terrasses du grès vosgien (commune de Mutzig, Bas-Rhin). Il a révélé une occupation préhistorique sur une quinzaine d’horizons d’habitats successifs rythmiques à foyers, niveaux cendreux et à une industrie lithique moustérienne avec des vestiges osseux nombreux de la grande faune qui y fut prédatée durant le Pléistocène supérieur récent (Paléolithique moyen). L'homme de Néandertal y pratiquait un débitage de type moustérien, en y taillant des roches siliceuses volcaniques et volcano-sédimentaires du Paléozoïque, provenant des terrains du paléovolcanisme Permien du Nideck pour la rhyolite, mais aussi des terrains du Dévonien et Dinantien (Dévono-dinantien), et du Houiller, pour les diabase, spilite, kératophyre, phtanite, grauwacke. L'Homme préhistorique de ces vallées débitait aussi des roches filoniennes et cristallophylliennes ( voir métamorphisme), ou d'origine cristallophylliennes pour les schistes siliceux, galets de quartz, quartzite du grès du Trias vosgien de faciès Buntsandstein. Toutes ces variétés pétrographiques débitées par Néandertal ont été prélevées dans la vallée de la Bruche qui pourvoyait en ressources lithiques siliceuses de qualité en alluvions, sur éboulis, ou en gîtes rocheux affleurants.

Des ateliers à industrie paléolithique au Nideck, à 15 km en amont, confirment l’origine locale des roches. La technique de débitage sur rhyolite y est spécifiquement de type Discoïde (les éclats sont plus larges que hauts, les nucléus bipyramidés (+/- en "toupie") : c’est une adaptation opportuniste à la roche siliceuse choisie, fonction de sa structuration en affleurements et modules des blocs exploitables.

L’Homme préhistorique du val de Bruche chassait principalement renne et cheval, également mammouth, bison, aurochs, saïga, mégacéros, cerf élaphe, chevreuil, renard, loup. Il consommait ses chasses au Felsbourg, ainsi qu’en témoignent des foyers avec vestiges osseux carbonisés. Un approvisionnement local et de moyenne distance en roches « non-silex » est dominant dans l'industrie lithique néandertalienne du val de Bruche. Il se retrouve dans d’autres stations néandertaliennes à industrie prédominante « quartzite-quartz » comme à Lellig près de Grevenmacher (Luxembourg), principalement sur plaquettes de quartzite siégénien de type Taunus provenant de Sierck-les-Bains, et sur galets mosellans et ardennais. À Alle (Jura) ( Alle Pré-Monsieur, Jura suisse), les moustériens de passage privilégiaient l'exploitation de nodules de silex du Jurassique à Jurassique supérieur (Dogger, Malm). On y trouve des outils significatifs en roches vosgiennes, abandonnés au profit du silex : les Néandertaliens venaient ou circulaient probablement depuis le sud des Vosges (Belfort).

L’organisation paléo-socio-économique est totalement autarcique : bruchoise ou régionale jusqu’au Paléo-Rhin. Les roches débitées esquissent des circulations et approvisionnements. L’aire d’implantation des groupes moustériens de Mutzig s’étale entre Rhin et montagne vosgienne.

L'apport de ces stations à la recherche en préhistoire est important. On trouve à Mutzig la paléofaune complète de type "steppe à mammouth" chassée par Néandertal, ce qui est fort rare. L'industrie de Mutzig est variée et sur outils en roches diversifiées (plus de 15 types pétrographiques différents du silex). Des foyers, une structure d'habitat originale en terrasses y ont été prospectés en surface. L'industrie lithique de Mutzig est reliée aux industries du Paléolithique moyen rhénan, comme en témoignent plusieurs racloirs rectangulaires du type rhénan "Bogenspitzen". À Nideck une industrie principalement de type débitage Discoïde prédomine sur roches volcaniques. C'est une des rares stations en Europe où ce type de débitage rare est prédominant. On connaît aussi ce débitage de type Discoïde selon Tavoso à Kulna en République tchèque ou dans les Asturies (Espagne)...

Le lègue de Néandertal n'est pas génétique, il est bien plus et fonde nos valeurs, il est pluriel : rites et religiosité, solidarité et entraide sociale, économies à industries standardisées. Néandertal est l'hominidé nous ayant précédé, il est tout à fait conscient de son humanité et a transmis ou échangé ses valeurs à Sapiens. Il est si proche de nous qu'il nous fascine encore tout en restant par bien des aspects énigmatique (Thierry Rebmann, préhistorien & géologue, 2007).

Les autres sites où des restes préhistoriques ont été retrouvés se situent aux alentours de Ferrette, de Bollwiller, d'Eguisheim et dans la grotte d'Oberlag dans le Sundgau. Ils concernent plutôt le Paléolithique supérieur et Magdalénien.

L'Antiquité

Les Celtes arrivent en Alsace au cours du IIe millénaire av. J.-C. L'Alsace est alors une terre de transition pour les Celtes migrant vers le sud de l'Europe. Les Celtes s'établissent définitivement au cours du VIIIe siècle avant notre ère. l'Alsace était divisée entre deux tribus celtes : les Séquanes et les Éduens. Ces deux peuples sont affaiblis par l'installation d'une peuplade germanique dans la région, les Suèves, sous le commandement d'Arioviste. Ceux-ci domineront la totalité de la plaine en l'an -63.

Au cours de l'année -58, les troupes romaines de Jules César pénètrent en Alsace afin de soumettre la totalité de la Gaule et battent les Germains aux alentours de Cernay. Les Triboques, tribu celto-germanique issu des Suèves, s'installent dans le nord de l'Alsace aux environs de Brumath. La conquête de l'Alsace par les Romains est suivie d'une période de paix longue de cinq siècles. C'est à cette période que se développent les premières villes (Strasbourg est fondée sous le nom d'Argentorate), les premières routes, et surtout la viticulture. La latinisation, puis la christianisation de l'Alsace se déroulent dans un climat de paix.

Paix interrompue par les invasions barbares dans l'Empire romain à partir du Ve siècle. Les Romains sont définitivement chassés d'Alsace en 378 et les Alamans s'installeront pour y répandre leur culture et construire des villes. Les Alamans importent avec eux leur langue qui deviendra le dialecte alsacien parlé de nos jours dans la région. Ils entrent en conflit avec les Francs, peuple germanique installé dans le nord de la France actuelle. Les Francs battent les Alamans à Tolbiac en 496. Les Alamans restent prédominants en Alsace, malgré leur incorporation dans le Royaume franc de Clovis. Après la mort de Clovis (511), l'Alsace est rattachée au royaume d'Austrasie.

Moyen Âge

L'époque mérovingienne est marquée par une certaine régression sociale, et la multiplication des guerres protoféodales, encouragées par la coutume germanique de la division des héritages. Après l'épisode final des Rois fainéants, la dynastie carolingienne rend à l'Alsace une certaine prospérité. La christianisation est relancée avec la construction de nombreux monastères, abbayes et couvents : Marmoutier, Wissembourg, Murbach, Munster, Hohenbourg (ou Mont Sainte-Odile) dont Sainte Odile, sainte patronne de l'Alsace fut la première abbesse. La viticulture devient une des principales activités économiques de la région, dont la situation centrale permet de profiter de l'extension des marchés au sein de l'Empire.

Après la mort de Louis le Pieux, successeur de Charlemagne, son royaume est divisé entre ses fils. C'est en Alsace que deux d'entre eux, Charles II le Chauve et Louis le Germanique s'allient contre le troisième, Lothaire Ier lors des Serments de Strasbourg (842), premier monument tout à la fois de la langue romane et de la langue germanique. En 870, après la mort de Lothaire II, faisant fi des droits de son frère Louis II le Jeune, Charles et Louis se partagent la Lotharingie (traité de Meerssen) : la région alsacienne est alors rattachée à la Francie orientale, ancêtre de l'Allemagne.

Durant huit siècles, le sort de l'Alsace est indissociable du monde allemand. Les possessions de ses seigneurs (notamment les Habsbourg et les Hanau-Lichtenberg) sont profondément imbriquées au Palatinat et au pays de Bade. Le XIIIe siècle voit se développer un mouvement d'émancipation des villes : le pouvoir temporel des évêques est supplanté par des institutions bourgeoises. Cet essor de la vie municipale s'exprime dans la prospérité de Strasbourg et dans la formation de la ligue des villes libres de la Décapole, sous la présidence de Haguenau. À la fin du Moyen Âge, l'Alsace ne dispose toujours d'aucune définition politique ni historique susceptible de remédier à son manque d'unité territoriale.

Renaissance et période moderne

Renaissance artistique

Au XVe siècle, la Renaissance fit sentir ses premiers effets en Alsace plus tôt qu'en France. En effet, la région était à l'écart de la guerre de Cent Ans qui ravageait la France au début du siècle. Cette période vit un développement culturel à Strasbourg, ville d'humanistes, de savants, d'artistes (Hans Baldung Grien), et à Colmar, avec par exemple le peintre Martin Schongauer, de l'école flamande. En architecture, on trouve encore des constructions de style gothique, dit flamboyant, comme la collégiale de Thann.

Révoltes populaires

À partir de la fin du XVe siècle, et dans la première moitié du XVIe siècle, l'Alsace est le théâtre de révoltes populaires. Un premier mouvement de révolte, le Bundschuh, éclate à Sélestat. Il commence en 1493, et se généralise à toutes les régions du Rhin supérieur en 1517.

Des mesures prises contre les prédicateurs luthériens provoquèrent en 1525 un soulèvement général contre les seigneurs laïcs et ecclésiastiques, qui se répandit très rapidement dans toute la région. Ce soulèvement, connu sous le nom de révolte des paysans, fut sévérement réprimé par le duc Antoine de Lorraine.

Réforme

La Réforme commença à Strasbourg avant 1520, par la diffusion des écrits de Luther et d'autres réformateurs. Elle s'étendit dans la plus grande partie de l'Alsace. Le principe Cujus regio, ejus religio, l'emporta, surtout après la paix d'Augsbourg (1555).

Guerre de Trente Ans

Cette guerre fut particulièrement destructrice en Alsace.

Elle commença en 1621, avec l'invasion du nord de la région (Wissembourg, Haguenau) par les troupes d'Ernst de Mansfeld, l'un des généraux de Frédéric V.

Cette guerre se poursuivit avec l'arrivée des troupes suédoises, qui pillèrent la région (1632-1634).

Les troupes françaises du cardinal de Richelieu occupèrent ensuite la région. Les places occupées par les Suédois passèrent à la France par un traité signé à Strasbourg (1634).

Les années les plus dures, entre 1635 et 1648, virent plusieurs armées déferler : Impériaux, Croates, Polonais, Lorrains, Français, Suédois, Espagnols. Pillages et destructions de villages, puis la famine et la peste finirent de ravager la région qui perdit une partie importante de la population.

Avec le traité de Westphalie (1648), la région fut finalement rattachée à la France, à l'exception de Strasbourg, de Mulhouse, d'une dizaine de villes qui restèrent villes impériales (Décapole), et de quelques territoires au statut particulier (enclaves lorraines telles que Saint-Hippolyte, une partie de la vallée de Sainte-Marie-aux-Mines, ...).

Repeuplement et administration française

La France mit en place un Conseil souverain d'Alsace pour asseoir sa présence (1658).

La mortalité lors des années de guerre fut telle que Louis XIV invita des étrangers à venir dans la région pour la repeupler, par un édit de 1662. C'est ainsi que de nombreux villages prirent des noms à consonance française, et non germanique : par exemple, Diedolshausen devint Bonhomme, Urbeis devint Orbey, etc.

La France continua les annexions : le maréchal de Turenne battit les Impériaux à la bataille de Turckheim (1675), et la France annexa les dernières villes (Strasbourg en 1681).

Toutefois, de nombreux territoires appartenaient encore à des seigneurs, le plus souvent de l'Empire, qui reconnaissaient la suzeraineté du roi de France. Cette particularité des princes possessionnés fut une des causes de la déclaration de guerre contre l'Autriche en 1792.

Amélioration de la situation au XVIIIe siècle

Le XVIIIe siècle fut marqué par un longue période de paix et de prospérité, dont témoigne l'architecture des nombreux villages du vignoble alsacien.

L'esprit de tolérance gagna du terrain, et les luttes contre le protestantisme s'assagirent.

Il y avait en Alsace une communauté relativement importante de Juifs, dont la situation était meilleure que dans le reste du Royaume. Cependant, les Juifs n'étaient pas aimés par la population, souvent en raison de l'usure, le prêt à intérêt étant en principe interdit à cette époque. En 1780, la population juive en Alsace était de 20 000 personnes.

Après 1870

Article détaillé : Alsace-Lorraine.

Après la défaite française lors de la guerre franco-allemande de 1870, l'Alsace (sauf l'arrondissement devenu Territoire de Belfort) est rattachée à l'Allemagne avec l'actuel département de la Moselle. Cet ensemble devient une province au statut particulier au sein de l'Empire germanique entre 1871 et 1918.

Le retour à la France est suspendu pendant la Seconde Guerre mondiale où la région est de nouveau sous administration allemande.

Démographie

Le premier recensement date de 1697, réalisé par l'intendant La Grange. Il décompte 257 200 habitants dont 171 800 catholiques, 81 700 protestants et 3 700 juifs.

Le recensement de 1707, un des plus soigneusement réalisé, et qui tient compte de la cession par la France de Brisach et d'autres territoires, compte 238 000 habitants dont 156 000 catholiques et 78 000 luthériens et calvinistes.

En 1750 on décompte 445 000 habitants, 600 000 en 1780. En 1795 : 702 000 habitants.

En 1797 un recensement indique 722 693 habitants, 428 239 dans le Bas-Rhin et 294 454 dans le Haut-Rhin.

Voir aussi

Filmographie

Bibliographie

  • Rodolphe Reuss, Les églises protestantes d'Alsace pendant la Révolution (1789-1802).
  • Lucien Sittler, L'Alsace terre d'histoire, éditions Alsatia, 1972.

Liens externes

  • (fr) [1] : Rodolphe Reuss, Les Églises protestantes d'Alsace pendant la Révolution (1789-1802)
  • (fr) [2] : Thierry Rebmann (préhistosite Web.) Néandertal en Alsace-Vosges, à Mutzig et Nideck
  • (fr) [3] : Thierry Rebmann, Diss. phil.-nat., 2007 (Dr. phil. nat. in Ur- u. Frühgeschichte) Caractérisations pétroarchéologiques, provenances et aires de circulations des industries moustériennes différentes du silex en Région du Rhin Supérieur, entre la Moselle et le Jura : stations de Mutzig et Nideck (Alsace, France), de Lellig (Luxembourg), et Alle (Canton du Jura, Suisse). Petroarchäologie, Herkunft und Rohmaterialversorgung der anderen Werkzeuge des Feuersteins im Mittelpaläolithikum des Hochrheingebietes zwischen der Mosel und dem Jura : prähistorische Stationen von Mutzig und des Nideck (Elsass, Frankreich), von Lellig (Luxemburg) und Alle (Kantons des Jura, Schweiz).
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